1 1942, La Part du diable. Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 général, et à l’Amérique en particulier, c’est de croire au diable. On sortit de table. C’était au club. Tandis que nous atten
2 alpestre sont des gens simples et réalistes. Ils crurent l’apôtre. Ils le crurent si bien qu’ils le tuèrent ! Et le plus beau,
3 imples et réalistes. Ils crurent l’apôtre. Ils le crurent si bien qu’ils le tuèrent ! Et le plus beau, c’est que cela réussit :
4 peur de regarder en face ses vraies causes. Nous croyons à trente-six-mille maux, redoutons trente-six-mille périls, mais nous
5 trente-six-mille périls, mais nous avons cessé de croire au Mal et de redouter le vrai Péril. Montrer la réalité du diable dan
6 nt d’accord sur ce point : comme tous ceux qui ne croient pas au bien, à la délicatesse, à la grandeur, à l’âme, — le Malin est
2 1942, La Part du diable. L’Incognito et la Révélation
7 que dans l’époque contemporaine. Même quand nous croyons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera
8 Même quand nous croyons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’obscurantisme, ou
9 tout au moins dans les textes originaux). Si l’on croit à la vérité de la Bible, il est impossible de douter un seul instant
10 pur. Comme un artiste qui a perdu son génie et ne croit plus à la peinture, mais qui a conservé son « métier » et l’envie d’ê
11 le déluge » et des « tant pis pour moi ». Il faut croire au pardon pour oser confesser le mal qu’on a commis ; pour oser quali
12 ique. La duplicité infernale, c’est de nous faire croire qu’il n’y a pas de juge, ni d’ordre divin du réel, et aussitôt que no
13 ordre divin du réel, et aussitôt que nous l’avons cru , de nous accuser de contravention devant le Juge. Ainsi la morale laï
14 onnaître celui qu’il sert ! Satan veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’autre monde. Si nous le croyons, il se trouve qu’au
15 croire qu’il n’y a pas d’autre monde. Si nous le croyons , il se trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Dieu ni à Sat
16 ns, il se trouve qu’aussitôt nous ne pouvons plus croire à Dieu ni à Satan ! S’il n’y a pas de ciel, comme nous le dit Satan,
17 te, agit et réussit, c’est justement que nous n’y croyons plus. Mais à l’inverse, il n’est pas douteux que ce Dissimulé ne perd
18 endes populaires, il est vraiment trop facile d’y croire  : qui s’en donnerait encore la peine ? De fait, j’ai connu beaucoup d
19 e en souriant un diable de ce genre, mais non pas croire en Dieu ; ce qui revient à ne pas croire au diable. Cette mascarade a
20 non pas croire en Dieu ; ce qui revient à ne pas croire au diable. Cette mascarade anachronique et bouffonne n’a pas médiocre
21 à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis croire à un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pa
22 me à cornes rouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au diable. » C’est tout ce qu’il demandait. Et ceux qui en resten
23 es de bonnes femmes, ce sont ceux qui refusent de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’en font, et qui est tirée des c
24 lle se cacher dans le péché même, pour nous faire croire qu’il n’a point d’existence personnelle, qu’il n’est en somme qu’une
25 ituations extrêmes, sans issue. Mais dès que vous croyez l’apercevoir, parce qu’il en a fait un peu trop, dès que vous tentez
26 u traitement. On ne demanderait pas mieux que d’y croire . Mais les psychanalystes et les Christian Scientists eux-mêmes savent
27 être vraie. Comme on demandait à C. G. Jung s’il croyait aux phénomènes occultes, le grand psychanalyste se contenta de répond
3 1942, La Part du diable. Hitler ou l’alibi
28 est ainsi qu’à partir de 1933, le diable nous fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d’autre. Ce fut s
29 réellement diabolique que ne l’imaginent ceux qui croient qu’Hitler est le diable en personne. Si le Führer était le diable ou
30 vaillac, parce que sa mission le protège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il soit un instrument de la Providence comm
31 nie machinée par la Providence : — « Ah ! vous ne croyez plus au mystère ? Eh bien, je pose ce fait dans votre histoire, expli
32 plus ni Juifs ni Grecs. Elle ne demande pas : que crois -tu ? qu’espères-tu ? mais elle demande : quels sont tes morts ? Relig
4 1942, La Part du diable. Le diable démocrate
33 je n’y étais pas ! Celui qui n’est jamais où vous croyez le prendre, où les sanctions l’attendent, où le mal se confesse. Eh b
34 n fouet contre nous-mêmes. Beaucoup de démocrates croient sincèrement qu’Hitler incarne seul tout le mal de notre temps. Or ce
35 des choses. Si nous sommes révolutionnaires, nous croyons qu’en changeant la disposition de certains objets — en déplaçant les
36 du siècle. Si nous sommes des capitalistes, nous croyons qu’en déplaçant vers nous ces mêmes objets, nous sauverons tout. Si n
37 e braves démocrates, inquiets ou optimistes, nous croyons qu’en rôtissant quelques dictateurs, profanateurs du droit, ou « sorc
38 e du démon, l’un de ses nouveaux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de l’homme. Par gentillesse pour les autres, évid
39 s, évidemment… Mais c’est toujours une manière de croire aussi à sa propre bonté. Et donc de s’aveugler sur le mal que l’on po
40 aisser le champ libre pour nous duper. Nous avons cru que le mal était relatif dans le monde, qu’il provenait d’une mauvais
41 fondamental doit être lui-même très méchant. Nous croyons qu’en avouant le mal, nous le créons d’une certaine manière. Nous pré
42 Voilà le grand secret. Le diable a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout le mal, qu’ils ne le dés
43 es citoyens se disait sincèrement antinazi, et se croyait parfaitement à l’abri de ce genre de tentation. Il avait sa bonne con
44 américaine, après toutes les autres. Elle aussi a cru et croit encore que les nazis sont des animaux d’une tout autre race
45 ine, après toutes les autres. Elle aussi a cru et croit encore que les nazis sont des animaux d’une tout autre race que les A
46 Regardez le diable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à Hitler ou à ses émules, car c’est à vou
47 tion moderne du démon. Nous avions donc cessé d’y croire . Puis nous avons imaginé que le diable était Hitler. Et le diable se
48 sous les traits d’un intellectuel libéral qui ne croit pas au diable… 25. La Cinquième Colonne de tous les temps J’ai
49 e de ce terme. Il est beau aux yeux des naïfs qui croient que le mal doit toujours être laid ; et il est d’une laideur irrésist
50 ssuré dans sa bonne conscience. Au moment où vous croyez l’attraper chez un autre et lui régler son compte — voici qu’il est d
5 1942, La Part du diable. Le diable dans nos dieux et dans nos maladies
51 op de recettes éprouvées : elle finit par ne plus croire au bien, ni au sérieux, ni à la naïveté, cette insondable ruse des cœ
52 ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se croiraient volontiers damnés. C’est, je crois, parce que, dans le monde, un mira
53 es qui se croiraient volontiers damnés. C’est, je crois , parce que, dans le monde, un miracle paraît plus qu’ailleurs improba
54 Gide, l’un des rares hommes que j’aie connus qui croient au diable et qui en parlent bien. La discussion de cette sentence inc
55 il ignore ; car sa faiblesse unique est de ne pas croire au bien. 31. Le pacte avec le diable Peter Schlemihl ayant vend
56 , il a recours au même et unique artifice : faire croire à l’homme qu’il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que l
57 se perdre dans les masses ou dans l’énorme, qu’il croie la science ou invoque le mystère, l’homme d’aujourd’hui montre une co
58 avait, dans cette exhortation, de diabolique. Je croyais alors que j’étais le seul à parler et que ce dialogue spécieux je l’e
59 ore pas. Il avait fait de moi sa conquête ; je me croyais victorieux, oui : victorieux de moi-même parce que je me livrais à lu
60 — devises de faibles. ⁂ L’amour moderne, si j’en crois nos romanciers et les statistiques de divorce, atteint un degré de co
61 commun que les romans et l’opéra nous l’ont fait croire . Je mets en fait qu’il n’y a guère plus de grands amants que de vrais
62 ù le fruit mangé par Ève signifierait ce que l’on croit , notez que ce n’est pas le geste de manger une pomme qui était mauvai
63 ffre toute la bourgeoisie. Au point qu’un Freud a cru pouvoir « tout expliquer » par les censures et refoulements de la mor
64 tan, c’est ce que fait voir le récit de la Chute. Croyez bien que ce n’est point par politesse que le serpent s’adresse à Ève
65 femme l’a persuadé qu’elle était opprimée. Il la croit , par fatigue, par gain de paix, ou par idéalisme mal placé. Tous ces
66  : — Si je lui dis qu’elle ne m’aime pas, elle le croira . Si je lui dis : — « Cesse donc d’être méchante », elle me demandera
67 qui néantit. 41. Le coup de pistolet Je me crois en Enfer, donc j’y suis. Rimbaud. Évidemment, je n’aurais pas dû e
68 û entrer. On fait de ces bêtises, par négligence, croit -on. Bref, je suis entré, c’était tout juste pour voir si par hasard e
69 -moi donc seul. C’est mon ordre. Et si vous ne me croyez pas, je vais tirer ! 42. Ce livre est-il sans issue ? Le monde
70 Nous le pouvions peut-être et nous n’y avons pas cru . Peut-être aussi que rien n’était possible. Ces pensées augmentent l’
71 encore moins créer ? Pour cette démocratie qui ne croyait qu’au bonheur ? Mais voudrait-on mourir pour garder du bonheur ? Pour
72 gagner. Mais à quel Bien et à quel Mal avons-nous cru , pour montrer tout d’un coup tant d’assurance ? Se faire tuer pour la
73 e à s’y méprendre à notre époque. Mais si vous ne croyez pas au diable, je me demande à quel Mal vous croyez. Contre quoi lutt
74 oyez pas au diable, je me demande à quel Mal vous croyez . Contre quoi lutterez-vous jusqu’à la mort ? Car la mort est un absol
75 fort que le mal même dans son éclat ? Et si vous croyez à Satan, vous savez bien qu’il est aussi dans vous : intelligence ave
76 ans vous : intelligence avec l’ennemi ! Et si j’y crois , je sais qu’il est aussi dans moi. Il est donc aussi dans mon livre.
77 s’en délivrer ? Dira-t-on que je suis un fou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est
6 1942, La Part du diable. Le Bleu du Ciel
78 écho lointain du grand cri de saint Paul : « J’ai cru , c’est pourquoi j’ai parlé ! » Qu’ai-je donc cru, qui m’ait permis d’
79 cru, c’est pourquoi j’ai parlé ! » Qu’ai-je donc cru , qui m’ait permis d’articuler ce peu que j’ai pu dire de nos maux ? E
80 le sentiment de la culpabilité, et de nous faire croire que c’est l’autre toujours, la force des choses ou la fatalité qui on
81 terventions ordonnatrices du Créateur. Nous avons cru pouvoir nous libérer de l’interdépendance de toutes les choses créées
82 hacun pour soi et Dieu pour tous » de ceux qui ne croient pas en Dieu. C’est ce que nous voyons se produire dans les États atte
83 ons qui m’apparaissent résulter de notre état. Je crois à la vertu de l’élucidation, qui dit le vrai en baissant le ton, sans