1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 triompher ; l’autre est un parfait gentleman qui croit que les bonnes manières viendront à bout de tout. Mais, si la brute s
2 comme les élites échappent aux Églises. Elles ne croient plus qu’en l’ici-bas, qu’en cette vie-ci, qu’en un bonheur cinématogr
3 e pessimisme, et que plusieurs des rides que j’ai cru distinguer sur le visage spirituel du continent — je ne dis rien de s
4 rofondissement de la conscience. En Russie, je ne crois pas être injuste en affirmant que ces rencontres seraient simplement
5 oyance toute mystique au sujet de la vocation. Je crois qu’un être est maintenu en vie par la vie même de sa vocation, et qu’
6 tre accomplie… Mais cette raison irrationnelle de croire à nos chances de durée, ne peut ni ne doit nous suffire. J’en indique
7 ette petite parabole à mes amis américains « Vous croyez , leur disais-je, que le plus grand est nécessairement le meilleur. Et
8 calembour, mais qui formule non sans bonheur, je crois , l’attitude d’engagement et de solidarité qui doit ici nous inspirer,
9 s d’être ses satellites elle nous déclare et nous croit ses ennemis, et les esclaves de l’Amérique. Et tout le verbiage des c
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10 dins, plus riche ou plus peuplé que les autres, a cru pouvoir imposer sa primauté, les autres se sont ligués contre lui, l’
11 éjà beaucoup plus unie, en réalité, qu’elle ne le croit . C’est sur le plan de l’action gouvernementale que les oppositions et
12 attirer l’attention sur des tics de langage qu’on croit inoffensifs, et qui dépriment en fait tant de bonnes volontés, quand
13 ’Europe nécessaire On me dit encore : « Vous y croyez , à cette fédération de l’Europe ? » Je réponds qu’il s’agit plutôt de
14 dire, d’une manière un peu différente : « Vous y croyez , à cette fédération de l’Europe ?… » Derrière ce scepticisme en quête
15 leue de passer pour utopistes et d’avoir l’air de croire un peu à quelque chose) se cachent en réalité trois formes de sabotag
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16 ri de l’expansion soviétique. Ils ont tort, s’ils croient un instant que l’un des buts de la fédération soit de faire la guerre
17 tion soit de faire la guerre à la Russie. Mais le croient -ils ? Il y a un an, en Amérique, je parlais de ces choses avec un hom
18 public européen. À ce propos, et sans sortir, je crois , du cadre de cette conférence, je voudrais saisir l’occasion d’une mi
19 ommes pas ce qu’ils ont parfois presque raison de croire que nous sommes : des démissionnaires de l’Histoire. La véritable tro
20 la même séance inaugurale, M. Paul Ramadier ayant cru devoir dire : « Nous ne sommes pas ici pour faire une révolution fédé
21 at présent de l’Europe. Certes, il existe — et je crois la connaître — une doctrine orthodoxe du fédéralisme. Et parfois ses
22 à La Haye : Si nous votons ceci ou cela, que nous croyons juste, nous ne serons pas suivis at home, on ne voit pas les choses d