1 1965, Fédéralisme culturel (1965). I. « Toute culture est création de diversité »
1 I. « Toute culture est création de diversité » J’aime beaucoup les anniversaires. Ils
2 it acquise qu’au prix d’une uniformisation de nos cultures diverses et de nos originalités régionales ou locales. Ils redoutent,
3 satellisées, et j’ajouterai : au détriment de la culture . Car ces nations qui se disent encore « grandes », sont en réalité dé
4 lisme, en Europe, me paraît liée à la cause de la culture . Car la culture européenne a dépendu pendant des siècles de l’existen
5 , me paraît liée à la cause de la culture. Car la culture européenne a dépendu pendant des siècles de l’existence et de la vita
6 omme elles l’étaient toutes aux origines de notre culture commune, Padoue, Bologne, la Sorbonne, Oxford, Coimbra ou Cracovie. O
7 acovie. Or s’il est vrai que la vitalité de notre culture dépend de celle de ces foyers locaux de création, on ne peut la maint
8 e. Ceci me paraît important du point de vue de la culture en Europe. Car toute culture est création de diversité, de différence
9 u point de vue de la culture en Europe. Car toute culture est création de diversité, de différences de niveau, toute culture es
10 ion de diversité, de différences de niveau, toute culture est lutte permanente contre ce que les physiciens ont baptisé la loi
11 différence générale annonciateur de la fin. Toute culture digne de ce nom est une victoire sur l’entropie, sur l’uniformité des
12 ur l’uniformité des goûts et des couleurs ; toute culture consiste à maintenir ou à recréer des centres d’énergie plus élevée q
13 ens que la technique moderne met au service de la culture des masses : TV, radio et cinéma, voyages à bon marché, livres de poc
14 gens qui trouvent ainsi l’occasion d’accéder à la culture . Mais d’autre part, je ne puis pas oublier qu’il s’agit là seulement
15 s culturels les plus hétéroclites — et non pas de culture graduellement enseignée et assimilée, moins encore de culture créatri
16 uellement enseignée et assimilée, moins encore de culture créatrice. Cette culture de masse peut devenir un danger dans la mesu
17 similée, moins encore de culture créatrice. Cette culture de masse peut devenir un danger dans la mesure où elle habituera des
18 t donc, plus que jamais, ranimer les foyers de la culture régionale et locale. Il faut que chaque cité vivante redevienne comme
19 devant les promesses mais aussi les dangers de la culture de masse, il importe plus que jamais de maintenir ou de créer des foy
20 de maintenir ou de créer des foyers régionaux de culture vécue, assimilée par une communauté bien liée et consciente de ses va
2 1965, Fédéralisme culturel (1965). II. « Devenons nous-mêmes ! »
21 rvation tout à fait simple : s’il est vrai que la culture au sens actuel dérive son nom de l’agriculture, c’est-à-dire de la cu
22 rive son nom de l’agriculture, c’est-à-dire de la culture des produits de la terre, il n’en est pas moins vrai que son progrès
23 la pire réputation en littérature : le navet. La culture , les valeurs créatrices, se transmettent comme des graines ailées, vo
24 ues, qu’il faut chercher les justifications d’une culture régionale, ni même ses véritables origines. Des analyses de ce type,
25 foyers d’art et de pensée qui ont illustré notre culture européenne sont tous nés aux points d’intersection de grands courants
26 épète, qu’il est « fini ». Ainsi en va-t-il d’une culture — nationale, régionale, cantonale ou locale. Des hommes entreprenants
27 risque de les renouveler, on réduit rapidement la culture au folklore, l’Écosse aux cornemuses et la Bretagne aux coiffes, l’Es
28 La vraie question qui se pose aux créateurs de la culture et de ses moyens, ce n’est donc pas de rester nous-mêmes, mais bien d
29 on reçoit un passeport suisse. Sur le plan de la culture , cet exemple précis me paraît plein d’enseignement. Celui qui veut pa
30 n d’enseignement. Celui qui veut participer de la culture européenne doit s’intégrer d’abord à une communauté, qui a transmis c
31 er d’abord à une communauté, qui a transmis cette culture et qui lui donne ses conditions de réalité, de création, de significa
32 de création, de signification. Le but final de la culture est, en effet, de donner un sens à la vie, plus de sens à la vie de p
33 iose dans la richesse de ses diversités qu’est la culture européenne, si l’on n’est pas d’abord de quelque part. Tout de même q
34 one, Oxford, Leyde ou Prague. L’originalité d’une culture ne vient pas seulement des grandes œuvres, celles qui font prime sur
35 ressé. Ce sont les conditions de base d’une vraie culture . Que faut-il pour les réaliser ? Il faut des maîtres, tout d’abord. D
36 le cœur, par la sagesse du cœur, qui est la vraie culture .