1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 uelle par le rassemblement des forces vives de la culture , au-delà des frontières et des nationalismes. Tout est parti de La Ha
2 on peut fonder l’union de l’Europe sur l’unité de culture qu’elle forme et qui la forme depuis deux ou trois millénaires. Je vo
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
3 I. L’unité de culture L’Europe, avant d’être une alliance militaire ou une entité économ
4 est-elle vraiment une unité de civilisation et de culture  ? Peut-on fonder son union sur une unité préexistante ? Et comment dé
5 e aux yeux de l’historien et de l’observateur des cultures , mais c’est un dernier refuge pour les nationalistes. Or il se trouve
6 on politique et font douter d’abord de l’unité de culture qui donnerait une assise à cette union. Mais : 1° les différences de
7 ment au regard des autres, c’est l’unité de notre culture pluraliste. J’ajoute une précision qui est capitale : il ne faut pas
8 us ou moins équilibrés. L’unité de l’Europe comme culture est une communauté de valeurs antinomiques et d’origines très diverse
9 matérielle des peuples. L’unité de l’Europe comme culture se définit en termes de compréhension, tout comme une « société » sel
10 être comprise globalement qu’en tant qu’unité de culture , et en retour, notre actuelle culture occidentale ne nous devient int
11 qu’unité de culture, et en retour, notre actuelle culture occidentale ne nous devient intelligible que dans le cadre continenta
12 dans son ensemble, qui n’a jamais encore connu de culture commune, s’il est vrai qu’elle essaie d’en confectionner une au moyen
13 e base Que l’Europe ait été d’abord un fait de culture , voilà qui ne signifie pas un instant qu’elle soit l’affaire des seul
14 cultivés ou conscients de ce qu’ils donnent à la culture , et qu’elle n’intéresse pas vitalement tous les autres. Les valeurs i
15 tout prend sens et saveur dans le passé de notre culture commune. L’option fondamentale de toute recherche humaine conditionne
16 n de presque tous les résultats typiques de notre culture  : sciences physiques et naturelles ; technique ; respect de la person
17 son « vrai moi ». À partir d’un certain niveau de culture , en Occident, le non-conformiste est bien vu, tandis que la banalité
18 nos diversités La pluralité des sources de la culture commune des Européens et les relations d’exclusion, de complémentarit
19 ntières étatiques ; – et enfin qu’il n’y a pas de cultures nationales. 12. L’Europe comme source d’énergie Ce qui a fait q
20 matières premières, population), soit m, par une culture dont les effets induits se multiplient en progression géométrique, et
21 omme suit : Europe = cap de l’Asie multiplié par culture intensive. Or, cette culture dont l’intensité surcompense un support
22 ’Asie multiplié par culture intensive. Or, cette culture dont l’intensité surcompense un support matériel déficient, d’où lui
23 nt que tels n’ont rien apporté de valable à cette culture qui a fait la force et la grandeur de l’Europe. Au siècle qui les a v
24 les diversités, voire les contradictions de notre culture , ont été le ressort de notre histoire, les États-nations modernes n’o
25 mpérialiste des régions. 14. Il n’y a pas de «  cultures nationales » Ce qui s’oppose à l’union de l’Europe et à la formati
26 ntaient l’Europe comme un puzzle de nations et sa culture comme l’addition d’une vingtaine de « cultures nationales » bien dist
27 sa culture comme l’addition d’une vingtaine de «  cultures nationales » bien distinctes, autonomes et rivales. Cette conception
28 art, il n’est pas une seule des branches de notre culture qui ne résulte de mille échanges, tissant l’œuvre commune des Europée
29 européenne est coextensive dans le temps, avec la culture européenne. Elle embrasse donc une période de vingt-six siècles (d’Ho
30 de plus de l’existence d’une unité européenne de culture . b) La différenciation de nos littératures par leur langue est relat
31 démontré dans ses Notes towards the Definition of Culture . L’anglais, selon lui, est la langue la plus riche pour un poète, par
32 e, plus sûrement que par ceux qui attaquent notre culture démocratique au nom des idéaux qu’elle seule leur enseigna. 18. L’
33 éducation, dans tous les temps et dans toutes les cultures connues, a toujours consisté en deux efforts conjoints : – transmettr
34 ra tout cela. On sait le rôle de la danse dans la culture hindoue. Danser, pour un Indien, c’est « s’inscrire dans le jeu circu
35 abole des trois colombes Du point de vue de la culture au sens large, trois régions se sont dessinées au cours du second tie
36 a-t-elle tout inventé ? Le dynamisme de notre culture , résultant d’un complexe de tensions intérieures, et le mouvement bro
37 ut-être existé chez les sages de plusieurs autres cultures , mais ce sont les Européens qui lui ont donné son contenu concret et
38 élaboré les préalables d’une science comparée des cultures et des civilisations, des religions et des arts, des morales et des g
39 on reste de savoir si cette unité fomentée par la culture européenne ne va pas se réaliser aux dépens de l’Europe et à ceux du
40 pengler va plus loin ; il est convaincu que toute culture est un organisme et correspond morphologiquement à un individu, anima
41 u végétal. Il en résulte inexorablement que toute culture est mortelle, et l’on rejoint la phrase de Valéry. Enfin, dans un eff
42 ut à fait admirable pour embrasser l’ensemble des cultures connues, Toynbee croit pouvoir établir empiriquement, par l’examen co
43 e-grandeur-décadence soit la même pour toutes les cultures dans tous les temps. Les prophètes de la décadence de l’Occident, Spe
44 es ? Il se pourrait, bien au contraire, que notre culture présente des caractères nouveaux, qui déterminent un destin non compa
45 à tous par l’État. Comparée à ces deux groupes de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît
46 s de cultures homogènes, uniformes et sacrées, la culture de l’Europe nous apparaît immédiatement comme à la fois pluraliste et
47 ilisation européenne s’est trouvée fondée sur une culture de dialogue et de contestation. Elle n’a jamais pu, et surtout, elle
48 olents que ceux que nous vivons. L’unité de notre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre ch
49 tre culture et de la civilisation créée par cette culture n’a jamais été autre chose qu’une unité paradoxale consistant dans la
50 temps qu’elle redécouvrait et faisait revivre des cultures disparues ou en voie d’extinction. Valéry nous disait que « les circo
51 de l’Europe, et je les vois s’européaniser par la culture plus profondément que l’Europe ne s’américanise par le costume et le
52 nventés par l’Europe et parties intégrantes de sa culture . Quant à l’Afrique, observons simplement que son émancipation actuell
53 nc dans tout cela « l’éclipse » de l’Europe comme culture  ? Dans l’esprit de ses intellectuels, et pas ailleurs. 25. Le péri
54 ons mêmes de l’économie, de la technique et de la culture au xxe siècle, le nationalisme n’en poursuit pas moins ses ravages d
55 ilan, 1966. 16. Notes towards the Definition of Culture , Appendice : The Unity of European Culture, Faber et Faber, Londres,
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
56 taire et si hautement diversifiée que fonde notre culture commune, je répondrai que la solution se trouve dans les termes mêmes
57 hèse : étant donné que notre base d’unité est une culture pluraliste, on ne peut fonder sur elle qu’une union fédérale. Ce qui
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
58 pour la religion, l’a remplacé par le concept de culture nationale. On prétend que les idées ne connaissent pas de frontières,
59 u’ils prolongent. Si nous croyons qu’il est une «  culture nationale » française ou danoise par exemple, comme la culture compre
60 nale » française ou danoise par exemple, comme la culture comprend en fait les sciences aussi bien que les lettres, les arts et
61 administration, à la langue, à l’économie et à la culture , c’est-à-dire aux contraintes et aux libertés, nous jette en plein dé
62 tats-nations n’existent pas dans l’histoire de la culture , et que le « cheminement des esprits » dont parlait Robert Schuman tr
63 ce plan, elles n’existent pas. Il n’y a pas de «  cultures nationales », nous l’avons vu, il n’y a que des divisions tout arbitr
64 s opérées après coup dans l’ensemble vivant de la culture européenne. Et les diversités que nous devons respecter ne sont pas c
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
65 eut fermé, complet, suffisant en soi tant pour sa culture que pour son économie, et seul juge non seulement de ses intérêts, ma
66 et leurs dimensions : petite patrie originelle et culture continentale, idéal national et religion universelle, cité régionale
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
67 ni mascaret de béton écrasant nos jardins et nos cultures . Seule, la révolution régionaliste, fédéraliste, européenne, subordo