1 1942, La Part du diable (1944). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 t ! Et le plus beau, c’est que cela réussit : ils devinrent chrétiens. Nous suivions le groupe qui se dirigeait vers les salons.
2 ges tacitement admis, sans lesquels « l’existence deviendrait impossible »… L’eau, remarquait un humoriste, est ce liquide si impur
2 1942, La Part du diable (1944). L’Incognito et la Révélation
3 médiévale qu’éveille en nous le nom de diable est devenue la Tarnkappe, le manteau qui rend invisible et que Satan lui-même agi
4  Dieu créa l’homme à son image », le second terme devient normal. Si l’homme ne « rendait » pas à Dieu cette forme dont l’idée
5 me, c’est-à-dire pour se spiritualiser, s’il veut devenir humain au plein sens de ce terme. Car dans le monde de l’esprit, tout
6 z la communication, le courant « tombe ».) Il est devenu le messager de soi, et comme il n’est qu’un esprit pur, une fois coup
7 , une fois coupé de la source de l’Esprit, il est devenu le messager du Néant et de ses mystères. Mais quoique déchu, il a gar
8 t refusé de servir Dieu, de servir à Dieu, il est devenu celui qui sert le Rien, ne sert à Rien. Et tout ce qui ne sert à Rien
9 il est vrai, seront toujours stériles. Car on ne devient pas père en volant un enfant. On peut voler l’enfant, non la paternit
10 l. Celui-ci prend alors une valeur objective : il devient une réalité autonome et concrète, qu’il s’agit de détruire ou de comb
11 ombé du Ciel pour avoir voulu singer Dieu. Il est devenu le messager qui n’a plus de message réel, l’agent du Néant parmi nous
12 apparence encore, mais active, contre nature mais devenue seconde nature. Et c’est à ce moment-là que Baudelaire peut écrire :
13 se rend à la loi de Satan. Mais du même coup, il devient incapable de connaître celui qu’il sert ! Satan veut nous faire croir
14 tre part, pour le déjouer. Certes, le péché étant devenu notre seconde nature, il peut sembler qu’il agit de soi-même et sans
15 et s’embrouillent, vous ne savez pourquoi ; elles deviennent inextricables, vous ne distinguez plus le bien du mal, le faux du vra
16 i par notre orgueil et par l’inertie de nos âmes, devient presque invisible à la conscience humaine. Un vice, c’est une vertu d
3 1942, La Part du diable (1944). Hitler ou l’alibi
17 nne. Toutefois, l’incognito du Prince de ce monde devint difficile à maintenir au cours du premier tiers de notre siècle, tand
18 , et qu’on savait mensongères. La politique était devenue gâteuse, l’économie incontrôlable et délirante, la morale en pleine d
19 suivante : « Comment se peut-il que des individus deviennent volontairement nazis ? Que des populations entières se laissent sédui
20 in du monde le plus rationnellement organisé. Que deviendra , dans l’ère gnostique, le christianisme ? J’imagine que Satan va nous
4 1942, La Part du diable (1944). Le diable démocrate
21 r hors de moi seulement, puisque je risquerais de devenir à mon tour un autre criminel ? Il n’y a qu’un crime, en moi et hors d
22 dans l’ensemble et à la longue, alors le Progrès devient le plus dangereux des soporifiques, une véritable drogue du démon, l’
23 faut-il qu’il y ait des croyants ! Or nous étions devenus d’incurables sceptiques. De même que nous disions, en présence d’un m
24 II, 2) Lorsque le sel perd sa saveur, gouverner devient un plaisir, qu’il s’agisse de conduire un peuple ou nos passions. Sur
25 sens spirituel s’endort, la correction des mœurs devient un idéal, la verdeur de langage passe pour une inconvenance, la franc
26 autre et lui régler son compte — voici qu’il est devenu vous-même ! — Mais alors ?… 37. Une bonne adresse — Si vous v
5 1942, La Part du diable (1944). Le diable dans nos dieux et dans nos maladies
27 l’Église vient à peine d’être posée est-elle déjà devenue pierre d’achoppement ? Pourquoi cet homme, auquel le Christ vient de
28 . (Tout homme qui croit, dans l’instant de la foi devient Pierre à son tour, et fondement de l’Église.) Mais lorsque Pierre se
29 des foyers éclatants de purification. Elles sont devenues des forces de conservation, s’opposant par leur esprit même au proces
30 difient la cathédrale. J’imagine que ce diable va devenir à son tour une des pierres de la cathédrale, la pierre d’angle grotes
31 Peter Schlemihl ayant vendu son ombre au diable devint très riche, mais perdit le goût de vivre. C’est l’une des plus belles
32 de redescendre. Plus vous montez et plus l’effort devient pénible, et plus l’abîme vous tente, mais l’horizon s’étend. Si tout
33 certaine de découvrir l’avenir, craignons qu’elle devienne dans l’avenir une découverte de la science. Nous regretterons alors l
34 le sang court plus vite, que les yeux brillent et deviennent fixes, et que les passions bouillonnent. À quoi pouvait penser Kierk
35 , n’être plus responsable, donc plus coupable, et devenir du même coup participant de la puissance divinisée de l’Anonyme. Or l
36 dans le monde moderne, c’est que les cadres sont devenus trop grands. Mais pourquoi les avoir agrandis, depuis un siècle, au-d
37 and pour échapper à notre condition, nous voulons devenir comme des dieux, c’est le diable encore qui nous accueille au sommet
38 x, monter au ciel par leurs propres moyens pour y devenir des dieux à leur manière. Le résultat, que l’Ange pervers devait prév
39 ies qu’elles ont échappé aux regards : elles sont devenues chiffres abstraits, puissances lointaines, dont les économistes se so
40 l’espace de cinquante à cent ans, la société est devenue trop gigantesque pour être dominée d’un seul regard. Une seule intell
41 ues par les statistiques de l’État. Mais pourquoi devenons -nous collectivistes, si vraiment nous n’aimons pas cela ? Il faut cro
42 à l’esprit ces phrases de Kierkegaard : « Comment devenir chrétien ? prenez n’importe quelle règle d’action chrétienne. Essayez
43 gardée du démon. Parce que n’importe quoi peut y devenir tentant, si c’est assez intense ou excitant, flatteur, facile, et pré
44 nt les agents de diffusion. Cette obsession était devenue la grande affaire de notre civilisation en temps de paix, — la religi
45 ertus viriles et dures. Le bonheur individuel est devenu notre tabou : signe de décadence d’une civilisation. Auguste obligé d
46 s sentez dans votre droit ! Or à ce point l’amour devient indiscernable de l’égoïsme ou même de la haine. Non seulement la luci
47 ur elle-même et comme un abandon. Les passions ne deviennent vraiment fortes que chez ceux qui d’abord leur résistent. L’importanc
48 épuisantes tortures. À quel moment l’amour est-il devenu souffrance ? Dans le langage de la théologie, il est aisé de définir
49 premiers plis de la panique à votre front. Que va devenir votre bonheur ? Pourquoi l’être aimé vous manque-t-il ? Pourquoi s’él
50 sprit, et c’est par là qu’elle va se pervertir et devenir à son tour source de perversion. La paillardise joyeuse est certainem
51 ans cette mesure moins dangereux. La sexualité ne devient proprement démoniaque que lorsque l’esprit s’en empare, la contamine,
52 it à l’homme ou à elle-même — perd sa féminité ou devient son esclave. Dans ce dernier cas, elle ne conçoit sa « liberté » que
6 1942, La Part du diable (1944). Le Bleu du Ciel
53 ’ironie et l’intelligence froide, vous risquez de devenir méchants, c’est-à-dire que plus vous cherchez à être forts à la maniè
54 gique et une discipline de fer, elles risquent de devenir totalitaires, c’est-à-dire que plus elles cherchent à être fortes à l
55 é ne passera point pour sage ; mais nous, nous ne deviendrons pas fous. La solution est de résister au diable par la ruse et la sub
56 main de celui qui te tuera. Face aux Tyrans tout devient clair et décisif. À l’épreuve de la guerre et du meurtre, nos illusio
57 mais qui, on ne sait comment, grandit ensuite et devient insurmontable ; comme un faible roseau, arrêté dans le courant d’un f
58 ue la condition de cette victoire, c’est que nous devenions , chacun pour notre compte, un homme, une personne responsable. Le seu
59 i donc oserait même, sérieusement, souhaiter d’en devenir un ? Mais pour devenir ou pour rester des hommes, simplement, dans l’
60 rieusement, souhaiter d’en devenir un ? Mais pour devenir ou pour rester des hommes, simplement, dans l’érosion universelle par
61 Le vrai moyen de rencontrer un homme, c’est d’en devenir un soi-même. (Si ce n’est pas le seul moyen, c’est assurément le plus
62 point de liberté civique possible : la dictature devient inévitable dans toute société dont la maxime est le « chacun pour soi
63 cadre des lois. Alors l’État pour subsister doit devenir totalitaire, c’est-à-dire que l’abstraite contrainte doit se doubler
64 faut aider les hommes si faibles d’aujourd’hui à devenir un peu plus responsables, un peu plus dignes d’être libres, un peu pl