1
t à l’Amérique en particulier, c’est de croire au
diable
. On sortit de table. C’était au club. Tandis que nous attendions l’as
2
Philosophe1 : — Fort bien, mais si je parlais du
diable
, c’est moi qui passerais aussitôt pour un personnage diabolique, ou q
3
ur un personnage diabolique, ou qui sait, pour le
diable
lui-même ! — Peut-être devriez-vous accepter le risque ? répondit-il
4
enfin une situation tragique nouvelle : se faire
diable
soi-même pour prouver qu’il existe ! — Je sais une belle histoire, re
5
remit à parler des nouvelles du jour comme si le
diable
n’existait pas. Pourtant le Philosophe me prit encore à part : — Pour
6
: — Pourquoi n’écririez-vous pas un livre sur le
diable
? J’y songeais depuis quelques instants. ⁂ Ce n’est pas sans quelque
7
ait-on jamais lequel a choisi l’autre ? Parler du
diable
, écrire sur lui, n’était-ce pas une manière imprudente de le provoque
8
des artifices de séduction les plus efficaces du
diable
, c’est de nous provoquer au combat. C’est comme la lutte avec une fem
9
sprits pas assez égarés ? Faut-il encore jeter le
diable
dans la bagarre à l’heure où nous aurions besoin, dit-on, d’un « mess
10
de redouter le vrai Péril. Montrer la réalité du
diable
dans ce monde, ce n’est pas augmenter la peur, c’est lui donner son v
11
outefois, qu’on ne s’attende pas à un portrait du
diable
: il faut tenir tous ses portraits pour autant de victoires qu’il rem
12
orte sur notre complaisance ou nos crédulités. Le
diable
est l’anti-modèle absolu, son essence étant précisément le déguisemen
13
ent pittoresque, on tentera de décrire l’œuvre du
diable
au temps présent, en face de nous et parmi nous : le grand Truquage.
14
ge. La plupart des auteurs qui se sont occupés du
diable
, au cours des siècles, me paraissent d’accord sur ce point : comme to
15
oyait un effort pour « démontrer » l’existence du
diable
. Il ne s’agit ici que d’un essai d’interpréter certains déboires de n
16
par un moderne sur Satan : La plus belle ruse du
diable
est de nous persuader qu’il n’existe pas. 2. L’incognito Reconn
17
royons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au
diable
que l’on m’accusera certainement d’obscurantisme, ou simplement de ma
18
e lui consacrer tout un livre. Le premier tour du
diable
est son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis. » Mais le di
19
. Dieu dit : « Je suis celui qui suis. » Mais le
diable
toujours jaloux d’imiter Dieu, fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d
20
Nobody. Comme le chat de Cheshire dans Alice, le
diable
a, de nos jours, achevé de disparaître, ne laissant plus flotter dans
21
essés. Cependant, la Bible dénonce l’existence du
diable
à chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent
22
ssible de douter un seul instant de la réalité du
diable
. Mais qui croit encore à la Bible, sérieusement, dans un monde où l’o
23
’indulgente incrédulité : — « Vous croyez donc au
diable
? Auquel ? Celui du Moyen Âge avec ses cornes rouges ? Ou au vrai dia
24
du Moyen Âge avec ses cornes rouges ? Ou au vrai
diable
? » Ces questions sont inévitables à notre époque. Elles traduisent f
25
nant au ciel violent de la Sixtine. On nous dit «
diable
», et nous voyons un démon ricanant et cornu, qui circule dans l’ombr
26
nt qu’il s’agisse là d’un camouflage prémédité du
diable
. À première vue, il paraîtra rudimentaire, et pourtant il est fort ha
27
nsif aux yeux des personnes instruites. Car si le
diable
est simplement le démon rouge armé d’un grand trident, ou le faune à
28
matique et médiévale qu’éveille en nous le nom du
diable
est devenue la Tarnkappe, le manteau qui rend invisible et que Satan
29
évidemment puérile, ils ne se doutent pas que le
diable
agit ailleurs, sans queue ni barbe, par leurs mains peut-être. Ce qui
30
tre. Ce qui me paraît incroyable, ce n’est pas le
diable
, et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et la crédulité de
31
sophisme dont ils se montrent les victimes : « Le
diable
est un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis cro
32
ouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au
diable
. » C’est tout ce qu’il demandait. Et ceux qui en restent aux contes d
33
es femmes, ce sont ceux qui refusent de croire au
diable
à cause de l’image qu’ils s’en font, et qui est tirée des contes de b
34
t, c’est ainsi qu’elle se pose à nous. (Ou que le
diable
nous la pose.) — Le diable n’est qu’un mythe, nous dira l’historien.
35
ose à nous. (Ou que le diable nous la pose.) — Le
diable
n’est qu’un mythe, nous dira l’historien. Preuve en soit que je puis
36
s hommes ont créé ce fantôme. Et tout d’abord, le
diable
est une invention juive. C’est-à-dire que le diable est juif comme l’
37
able est une invention juive. C’est-à-dire que le
diable
est juif comme l’automobile est américaine, ou comme la Panzerdivisio
38
vision est allemande. En fait, l’idée première du
diable
fut donnée aux Juifs par l’Orient et ses mystères dualistes, lorsqu’I
39
rciers disparaissent. Et bientôt à leur suite, le
diable
quitte la scène, comme l’évêque à la fin d’une procession. Rien de pl
40
ir que cette histoire : les hommes ont inventé le
diable
, ce fantôme les a tourmentés pendant des siècles d’ignorance, et fina
41
étend prouver quelque chose quant à la réalité du
diable
. Car tout cela revient à dire que le diable est un être mythique, une
42
té du diable. Car tout cela revient à dire que le
diable
est un être mythique, une réalité de l’esprit. Dès lors, si l’on me d
43
lité de l’esprit. Dès lors, si l’on me dit : « Le
diable
n’est qu’un mythe donc il n’existe pas » — formule rationaliste — je
44
pas » — formule rationaliste — je réponds : « Le
diable
est un mythe, donc il existe et ne cesse pas d’agir. » C’est ici le f
45
u mythe. Car lorsqu’il déclare par exemple : « Le
diable
est un mythe, donc il n’existe pas », il entend dire plus exactement
46
e et nom, tout est personnifié. Ainsi, parler du
diable
ne sera pas ici quelque moyen facile d’illustrer des idées. Le réel n
47
écrire dans ce livre porte le nom traditionnel de
diable
. Ce diable-là n’est pas sorti d’une série de textes plus ou moins aut
48
ce livre porte le nom traditionnel de diable. Ce
diable
-là n’est pas sorti d’une série de textes plus ou moins authentiques o
49
n, quand ce mal prend un sens, nous les dénommons
diable
, et j’accepte ce nom. Dans les pages qui suivent, je voudrais exposer
50
nt, je voudrais exposer la conception biblique du
diable
, non pas dans ses aspects théologiques proprement dits, mais en tant
51
e d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du
diable
. Il ne la manquera pas… 7. Le Tentateur Le serpent était le pl
52
tincts qu’aux yeux de Dieu — pas même aux yeux du
diable
, toujours la dupe d’un acte de charité qu’il tiendra pour sottise. C’
53
ent à dire que le mal n’existe pas. Pour agir, le
diable
est forcé d’utiliser ce qui existe, et qui est bon par définition, ay
54
de notre liberté et des biens de la terre. Ni le
diable
ni l’homme pécheur ne peuvent réellement faire le mal, comme nous por
55
ituation fondamentale et primitive. Cependant, le
diable
étant jaloux de Dieu, il entend nous faire croire qu’il peut aussi cr
56
otre orgueil la Création parfaite et la figure du
diable
. C’est plus tard, c’est après plusieurs générations de pécheurs dans
57
s par le détail de notre vie présente, comment le
diable
arrive à s’insérer dans les structures de l’être, donc du bien. J’ai
58
dieusant » du désir… Comprenons maintenant que le
diable
ne pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’
59
énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est le
diable
lui-même qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est deux m
60
ertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre propre du
diable
. À partir de l’instant où vous faussez la mesure même de la vérité, t
61
u mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le
diable
est menteur et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cit
62
l de ce passage est infiniment plus étrange. « Le
diable
est menteur, nous dit-on, et il est le père de son propre mensonge. »
63
l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le
diable
est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien n
64
sse pas n’en connaîtra jamais toute l’étendue. Le
diable
est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour no
65
on prochain ou soi-même, soyons sûrs que c’est le
diable
qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon pour une simple faute de
66
olte. 11. Légion Enfin, la Bible appelle le
diable
: Légion. Ici nous n’en finirions pas de commenter, conformément à la
67
nous les suivrons tout au travers du livre. Si le
diable
est Légion, cela signifie d’abord que tout en étant un, il peut revêt
68
r le monde. Mais cela peut signifier aussi que le
diable
est la masse anonyme. Et finalement, qu’étant tout le monde, ou n’imp
69
ous venons d’énumérer les rôles principaux que le
diable
revêt dans la Bible : ils sont tous, en quelque manière, des déguisem
70
qu’il attribue la défaite aux seuls chefs. Ici le
diable
joue avec notre terreur de nous reconnaître responsables de nos vies.
71
son triomphe est son incognito. La preuve que le
diable
existe, agit et réussit, c’est justement que nous n’y croyons plus. M
72
comme le soleil fait renaître les ombres ? 13.
diable
et péché Imaginez que le diable aille se cacher dans le péché même
73
mbres ? 13. diable et péché Imaginez que le
diable
aille se cacher dans le péché même, dans le péché en général, tel que
74
out d’abord, nous serions induits à croire que le
diable
n’est « rien d’autre » qu’une figuration naïve du péché ; en second l
75
u, nous n’aurions plus l’idée d’aller chercher le
diable
dans nos vertus. En vérité, le diable n’est pas dangereux là où il se
76
chercher le diable dans nos vertus. En vérité, le
diable
n’est pas dangereux là où il se montre et nous fait peur, mais là seu
77
fait moins peur qu’envie. Si nous savions voir le
diable
dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents. Son astuce sera d
78
mes charmantes qui se récrient dès qu’on parle du
diable
: — C’est trop affreux, vous me faites trop peur, je sens que je ne p
79
trouble de conscience. Elles ne conçoivent pas le
diable
comme l’instigateur de leurs péchés, mais comme une sorte d’apparitio
80
leur veut du mal. Elles ne se doutent pas que le
diable
est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par
81
irituels mieux réveillés : « Pourquoi parler d’un
diable
personnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable. Ne peut-on
82
ersonnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le
diable
. Ne peut-on pas en faire l’économie ? Si l’on dissipait le péché, l’o
83
qu’il n’y a personne derrière l’écran. » Ici, le
diable
au lieu de se distinguer abusivement de notre péché, a choisi de se c
84
chancetés de toute espèce. Il est possible que le
diable
en personne ne se dérange pas pour si peu. Comme un directeur de jour
85
t les seuls où j’essaierai de décrire l’action du
diable
dans nos péchés catalogués8. Pour les autres, je les laisse aux moral
86
à un sport beaucoup plus excitant : la chasse au
diable
dans nos idéaux et dans l’insignifiance de nos actes. Et ce n’est poi
87
récède tendait à dégager. En dernière analyse, le
diable
ne peut agir que dans le bien, par le moyen de nos vertus. Car nous s
88
ices mêmes ne sont pas de véritables créations du
diable
, mais seulement des vertus mal orientées. Le sens originel de leur él
89
duite à l’insignifiance. C’était le bien, mais le
diable
s’y est mis, à l’instant même où nous avions le choix entre l’usage l
90
s de ce bien. Si donc j’évite d’aller chercher le
diable
là où chacun s’attend à le trouver, dans les mauvais lieux des faubou
91
part nul désir de surprendre. Tout simplement, le
diable
habite ailleurs en temps normal. Poussé par la logique impérative du
92
, de ces pages. Dès que vous croyez apercevoir le
diable
, parce qu’il en a fait un peu trop, dès que vous tentez de le démasqu
93
es des alchimistes. Nous essayons de dissoudre le
diable
dans les eaux troubles du subconscient. Ce n’est encore qu’une varian
94
scientifique du sophisme de l’incognito. Point de
diable
aux yeux des freudiens, mais seulement une croyance au diable, résult
95
eux des freudiens, mais seulement une croyance au
diable
, résultant de la « projection » d’un sentiment de culpabilité. Guéris
96
ce sentiment-là, vous n’aurez plus de croyance au
diable
, ni donc de diable. Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelq
97
us n’aurez plus de croyance au diable, ni donc de
diable
. Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelque chose qui se soi
98
conclusion, non démentie depuis, que le règne du
diable
comprend 72 princes et 7 405 926 diables, divisés en 1111 légions de
99
règne du diable comprend 72 princes et 7 405 926
diables
, divisés en 1111 légions de 6666 suppôts chacune, « sauf erreur de ca
100
ous n’avons pas su composer une vision moderne du
diable
. Seul Kierkegaard l’avait peut-être reconnu précisément sous les espè
101
t vécu de religion. — Si cela continue, se dit le
diable
, les hommes s’apercevront que j’existe toujours. Or il faut que cela
102
me tour Et c’est ainsi qu’à partir de 1933, le
diable
nous fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d
103
ne l’imaginaient ceux qui ont cru voir en lui le
diable
en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, ce serait
104
lui le diable en personne. Si le Führer était le
diable
ou l’Antéchrist, ce serait peut-être un peu trop simple. Il suffirait
105
i est dans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le
diable
était le Führer, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous n
106
diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le
diable
, nous faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autrichien ; m
107
és de les prendre au sérieux ! Pour n’être pas le
diable
en personne, on peut être tout de même passablement diabolique. Et je
108
ortent en évidence l’insigne satanique. 18. Le
diable
en chemise brune Certes Hitler ne fut pas le grand ange déchu. Mai
109
e invincible. Il leur répète les vieux slogans du
diable
: « Vous ne mourrez pas ! Vous serez comme des Dieux ! » En combattan
110
t, pitié pour eux, sans doute ? (Et pitié pour le
diable
et son angoisse…) Mais le pardon ne nous appartient pas. Et le nation
111
pitié, justement, nous rappelle l’un des noms du
diable
que nous citions plus haut : l’Accusateur. Nous ne savions plus dist
112
a grandeur de nos misères secrètes. En Hitler, le
diable
avait trouvé l’alibi le plus populaire qu’il eût jamais imaginé. C’es
113
absence, pourtant certaine. Et c’est la chance du
diable
pour demain. Hitler battu, nous n’aurons plus d’Ennemi 12. Une dimens
114
es grands délires qui rythment notre Histoire. Le
diable
, admettons-le, n’est pas si court de vue. Il n’oublie pas que l’homme
115
l’image de Dieu et qui veut s’emparer du Ciel. Le
diable
a tiré bon parti des égarements rationalistes de l’Occident, maître d
116
l’Histoire — faute de concevoir un équilibre. Le
diable
prétendra nous faire choisir follement entre les deux moitiés de la r
117
en tenant compte de tous les éléments en jeu. Le
diable
nous dira : il faut choisir. Nous choisirons sans doute la folie, au
118
f l’Évangile et la sobriété de la Croix. Et si le
diable
échoue dans certains peuples, dans certains groupes, dans certaines â
119
Troisième partieLe
diable
démocrate 24. Erreur fatale des démocrates Avec une aisance al
120
mi nous. Le tour est joué. Nous voilà pris. Si le
diable
est Hitler, nous sommes du bon côté ? C’est un ennemi battu, nous som
121
st un ennemi battu, nous sommes donc quittes ? Le
diable
n’en demandait pas plus ; il adore notre bonne conscience. C’est la g
122
ettons pas qu’il est une part de nous, la part du
diable
dans nos cœurs. L’adversaire est toujours en nous. Et c’est pourquoi
123
se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le
diable
? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous
124
risme, chez les nazis et chez nous. C’est le même
diable
. Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nou
125
e faisons pas notre métier. 27. Signalement du
diable
déguisé en démocrate N’ayant pas su reconnaître l’un des traits le
126
Progrès automatique n’était qu’un déguisement du
diable
. Non pas qu’aucun progrès réel soit diabolique en soi ! Mais si l’on
127
vons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du
diable
. Mais cela nous scandalise et nous effraie. Alors nous essayons de co
128
nière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. Le
diable
a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout
129
aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez le
diable
qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à H
130
cessé d’y croire. Puis nous avons imaginé que le
diable
était Hitler. Et le diable s’est frotté les mains (Hitler aussi). Pe
131
s avons imaginé que le diable était Hitler. Et le
diable
s’est frotté les mains (Hitler aussi). Peut-être serait-il plus féco
132
ement plus vrai, d’essayer de nous représenter le
diable
sous les traits d’un playboy dynamique et optimiste vierge de toute p
133
its d’un intellectuel libéral qui ne croit pas au
diable
… 28. L’Humour et la démocratie Il faut se moquer de la démocra
134
al presque entièrement profane. Voici comment. Le
diable
est sardonique et ironique à souhait, mais il ne supporte pas l’humou
135
vais passer en revue les principaux démons que le
diable
délègue au soin de faire de nos démocraties ses colonies-modèles.
136
plaît, et vous ferez probablement ce qui plaît au
diable
. Mais soyez libres de rejoindre et d’accomplir la vocation que Dieu v
137
cation, la liberté qu’il revendique est vide ; le
diable
s’y mettra sous mille formes diverses, dont l’Opinion publique est la
138
portance pratique, ou inconnu. Quand il serait le
diable
en personne, vous n’en sauriez pas davantage et n’auriez pas plus qu’
139
t pas mieux en cour que son client. Je dis que le
diable
a toutes les chances de mener le jeu partout où le sens s’évanouit, q
140
r pour affronter la mort. J’imagine volontiers le
diable
en agent d’assurances générales. Il comprend tout et il a tout prévu.
141
rtu, l’ordre et la santé. Ils ont raison, mais le
diable
les mène, car ils voudraient la paix sans lutte et la vertu sans tent
142
ns combat. Tout l’avantage, désormais, revient au
diable
. On sait l’histoire du Grand Vizir qui rencontre la Mort dans un jard
143
te dire que je t’attendrais ce soir ici. Ainsi le
diable
nous fait signe dans nos vices et nous attend dans nos vertus. Sachan
144
On passe. C’est la vie, c’est le monde… C’est le
diable
, vous dis-je ! Car si vous « passez » là, vous passerez aussi avec l’
145
t à vous rendre contemporain de son éternité. Le
diable
est insignifiant, au sens propre du mot, et sa plus grande victoire d
146
si l’Incarnation et le miracle. Caricaturé par le
diable
, l’absurde est au contraire la fixation d’une réalité temporelle dans
147
toutes les créatures qui aient jamais existé, le
diable
est celle qui sait le mieux « how to win friends and influence people
148
otre « progrès moral ». Allez donc reconnaître le
diable
dans un monde où chacun ne profère que les banalités profitables aux
149
on. Le beau travail ! Le bel avenir ! Revenons au
diable
. 36. La cinquième colonne de tous les temps J’ai dit du mal de
150
autres, de nous, et donc de moi aussi. Mais si le
diable
est partout, sa figure se brouille. Et les définitions que j’en ai do
151
de se compenser, finissent par se neutraliser. Le
diable
n’est pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’est pas non plus
152
nnaissable de la personne de Satan ? C’est que le
diable
, par nature, ne sera jamais clairement et honnêtement définissable. I
153
ement de vraies et de fausses nouvelles. Voilà le
diable
à l’œuvre dans nos vies : le maître du confusionnisme dirigé ! Hitler
154
eci doit me rendre prudent, personnellement —, le
diable
est l’être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cache
155
se — Si vous voulez déjouer le premier tour du
diable
, et son second tour du même coup, si vous tenez sérieusement à l’attr
156
Quatrième partieLe
diable
dans nos Dieux et dans nos maladies 38. Le diable dans nos dieux
157
le dans nos Dieux et dans nos maladies 38. Le
diable
dans nos dieux Certes, il existe aussi un incognito divin, et c’es
158
entier de village. Mais l’incognito et l’alibi du
diable
sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va s
159
nous confabulons en dehors de la foi révélée. Le
diable
nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse,
160
es dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des
diables
. Toutefois, le diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous t
161
t sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le
diable
est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il préte
162
les armées stériles n’entrent en ligne. 39. Le
diable
dans l’Église Un jour l’Église a été qualifiée de « Satan » par Jé
163
ait selon le Père, parle-t-il maintenant selon le
diable
? Ce coup de théâtre, l’un des plus stupéfiants de l’Évangile et de l
164
moi Satan ! Car tu m’es en scandale. » 40. Le
diable
théologien Mais tout cela, dira-t-on, c’est de la théologie. Je co
165
ériences spirituelles. Tout porte à croire que le
diable
en est ravi. Car selon le dicton médiéval et renaissant, « le diable
166
Car selon le dicton médiéval et renaissant, « le
diable
est bon théologien ». Notre inculture lui donne une chance inespérée.
167
nd il se contente de « faire du bien »… 41. Le
diable
et le philanthrope Un jour un Philanthrope marchait le long de la
168
r. À quelques mètres, derrière lui, suivaient le
diable
et l’un de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’un œil cr
169
uf. « Tu n’as pas peur de lui ? dit le compère au
diable
, il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans sont irréprochables, pa
170
lligents et généreux, idéalistes, réalistes… » Le
diable
ne répondit rien, il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’il
171
gnais. Mais moi je vais l’organiser ! » 42. Le
diable
homme du monde Qui donc disait que le diable est un monsieur très
172
e diable homme du monde Qui donc disait que le
diable
est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le Prince de c
173
vaguement satanique. Il imaginerait volontiers un
diable
en cravate blanche et monoclé. Le diable, affirme un proverbe espagno
174
tiers un diable en cravate blanche et monoclé. Le
diable
, affirme un proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est s
175
rrect et moral peut fort bien être préféré par le
diable
à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se disent volontiers
176
Mr. Time : c’est le temps qui l’a. On sait que le
diable
est le Prince du Temps, comme Dieu le Roi de l’Éternité. Le temps san
177
La présence parfaite, voilà l’Éternité. 44. Le
diable
auteur « Point d’œuvre sans la collaboration du démon », dit André
178
des rares hommes que j’aie connus qui croient au
diable
et qui en parlent bien. La discussion de cette sentence inconfortable
179
« et l’étendue célèbre l’œuvre de ses mains ». Le
diable
a voulu faire aussi son propre Ouvrage. Mais il ne peut œuvrer que pa
180
: dès qu’ils prennent le pinceau ou la plume, le
diable
est là pour les guider. Et comment faire la part de son incitation ?
181
riser dans un monde autonome. Il est fatal que le
diable
s’en mêle, et que les meilleurs se voient tentés plus que les autres
182
s. C’est qu’il était un vrai poète et du parti du
diable
sans le savoir ». Cette opinion s’est curieusement vulgarisée, dans n
183
rai danger subsiste. Comment éliminer l’apport du
diable
aux plus sublimes créations de l’esprit ? Je ne pense pas qu’aucun cr
184
dans la rêverie aux yeux fixes qui la médite, le
diable
est là. Il n’est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le f
185
res fins. On connaît la légende du Moyen Âge : le
diable
portant pierre parmi les ouvriers qui édifient la cathédrale. J’imagi
186
iers qui édifient la cathédrale. J’imagine que ce
diable
va devenir à son tour une des pierres de la cathédrale, la pierre d’a
187
fécondée ? Pourrons-nous un jour concevoir que le
diable
est finalement un mystère du Bien ? Peut-être Dante a-t-il raison lor
188
e qui justifie les moyens ambigus de l’art. Si le
diable
même y collabore, qu’importe : la dédicace est le vrai sens de l’œuvr
189
ue vaut la mission qu’il accepte et s’assigne. Le
diable
y sera sans doute encore, dans tous les artifices du délire créateur,
190
de ne pas croire au bien. 45. Le pacte avec le
diable
Peter Schlemihl ayant vendu son ombre au diable devint très riche,
191
iable Peter Schlemihl ayant vendu son ombre au
diable
devint très riche, mais perdit le goût de vivre. C’est l’une des plus
192
ait son âme ? », dit l’Évangile. Le Pacte avec le
diable
consiste exactement à gagner le monde au prix de notre âme et de notr
193
t figure l’expression légendaire de pacte avec le
diable
. Nous sentons tous obscurément qu’un succès trop rapide dans le monde
194
en croix. Ce sacrifice a rompu le Pacte entre le
diable
et notre humanité. Et ce sang a racheté l’âme du monde, que nous avio
195
s avions vendue pour un peu de plaisir… 46. Le
diable
tire les cartes On pressent assez facilement pourquoi les arts div
196
cette puissance diabolique est une erreur que le
diable
lui-même entretient soigneusement dans nos esprits. Car la divination
197
ccueillir avec une amoureuse astuce… Ceci dit, le
diable
a deux chances de se glisser en nous par la voie clandestine, lorsqu’
198
mes d’attitudes intérieures. La seconde chance du
diable
est de flatter notre tendance à nous sentir irresponsables, par le mo
199
e nous verrons se déployer la Grande Stratégie du
diable
dans ce siècle. La meilleure interprétation des phénomènes collectifs
200
es, et montrer comment l’humanité qui se donne au
diable
, de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rass
201
italisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le
diable
à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres, à nous, nations démocratiques
202
sicut dii. Or quand nous nous perdons, c’est le
diable
qui nous trouve. Et quand pour échapper à notre condition, nous voulo
203
n, nous voulons devenir comme des dieux, c’est le
diable
encore qui nous accueille au sommet de notre ascension. Comme le mont
204
é dans le récit du chapitre onze de la Genèse, le
diable
est de toute évidence le principal Entrepreneur de la Tour primitive
205
mieux armée pour les détruire. « Montez ! dit le
diable
, et soyez comme des dieux, oubliez votre mesure d’hommes ! » Mais, pl
206
des vices et des vertus se modifie, selon que le
diable
renouvelle la stratégie des tentations. Je crois pourtant qu’un senti
207
ive. J’y vois trop facilement le coup de pouce du
diable
. Certes, je n’accuse pas la Science — rien de moins diabolique qu’une
208
ement les sophismes qui s’en autorisent. C’est le
diable
qui m’intéresse, et les prétextes qu’il nous sert pour justifier nos
209
combattre les doctrines nationalistes ? 51. Le
diable
au cœur This passion hath its floods in very times of weakness. Fr
210
C’est une affaire si tragiquement confuse que le
diable
seul est sûr de s’y retrouver. Niera-t-on qu’il s’en donne à cœur joi
211
oyen court de le dépister, ici encore. La part du
diable
dans « l’amour », c’est simplement tout ce qui n’est pas de l’amour.
212
se glisse en nous sous le couvert du mot. Car le
diable
est celui qui n’aime pas, et qui n’aime pas qu’on aime, et dont tout
213
age de l’amour, avec si peu d’exigence réelle. Le
diable
nous a fait nommer « amour » une vague obsession contagieuse dont le
214
e révèle de la manière la plus précise l’œuvre du
diable
. Ce qui distingue l’amour dans notre siècle, ce qui devrait disqualif
215
Il faudrait un critère absolu… Mais justement le
diable
a substitué dans nos esprits le respect de la sincérité au respect —
216
t l’aveugle penchant ? » C’est par le cœur que le
diable
nous a pris. Certes, ce n’est pas d’hier qu’on trompe sa femme, et qu
217
its drastiques, des préjugés solides — même si le
diable
en propose quelques-uns — et le sens sacré du contrat, sous peine de
218
on risque bien d’en faire un possédé. Où donc le
diable
est-il intervenu ? Ce Désir qui prenait son essor comme une question
219
on s’enclot avec l’image de l’objet aimé. Mais le
diable
est assis dans un coin de la cellule. Il ne fait rien, il vous attend
220
pour traverser une grande passion sans réjouir le
diable
ou susciter les plus subtils de ses démons. Il faudrait une abnégatio
221
amour est confiance. Contre cette alliance-là, le
diable
ne peut rien. « L’amour parfait bannit la crainte. » 53. diable et
222
en. « L’amour parfait bannit la crainte. » 53.
diable
et sexe Le jeune lecteur qui parcourt le sommaire de ce livre se r
223
animale, comme les autres fonctions du corps, le
diable
ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’espri
224
ités de l’esprit, que la sexualité donne prise au
diable
. Et certes il ne s’y intrique pas davantage que dans nos créations le
225
el féminin L’amour n’est pas un crime, mais le
diable
s’en sert, et de préférence à toute autre passion, pour aveugler notr
226
des valeurs. Le sexe n’est pas une honte, mais le
diable
y trouve l’occasion la plus commune de nous faire abuser de notre lib
227
ire un ange ou un démon. « Instrument dont use le
diable
pour posséder nos âmes », dit saint Cyprien, et Tertullien plus énerg
228
s situations sans issue, reconnaissons l’œuvre du
diable
. Il intervient, pour les porter au pire, dans les circonstances limit
229
dre à notre époque. Mais si vous ne croyez pas au
diable
, je me demande à quel Mal vous croyez. Contre quoi lutterez-vous jusq
230
? Dira-t-on que je suis un fou qui croit voir le
diable
partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus dangereux
231
ortunes puritaines soient nées d’un pacte avec le
diable
, béni et enregistré par les pasteurs. Mais sans entrer dans une discu
232
partieLe Bleu du Ciel 59. La lutte contre le
diable
Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie De peur que tu ne lui r
233
ral, qu’il s’agisse de la résistance d’une âme au
diable
, ou de la guerre des démocraties contre les dictatures totalitaires.
234
e les dictatures totalitaires. Si vous opposez au
diable
la ruse, la subtilité, l’ironie et l’intelligence froide, vous risque
235
e plus vous cherchez à être forts à la manière du
diable
, plus vous lui donnez d’avantages, son but étant de vous rendre sembl
236
iendrons pas fous. La solution est de résister au
diable
par la ruse et la subtilité, par l’ironie et l’intelligence froide, e
237
réserver de l’abus des vertus mineures, par où le
diable
pourrait nous asservir. La solution est d’attaquer le tyran — puisqu’
238
eur. J’ai tenté jusqu’ici de dénoncer l’action du
diable
, en me servant parfois de ses propres armes. Et pendant que j’écris,
239
r, tout serait bientôt gâché et dans les mains du
diable
. Si nous étions des dieux, il n’y aurait plus d’espoir : la catastrop
240
? « Qui est comme Dieu ? » Et ce cri terrasse le
diable
, cette lance transperce le serpent qui sifflait : « Vous serez comme
241
les et frappantes, la tactique et la stratégie du
diable
. Elles nous aident, elles nous forcent à reconnaître, par la plus évi
242
: L’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le
diable
et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un ju
243
s… 61. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le
diable
et sa colonne d’anges noirs « qui n’ont pas conservé leur dignité, ma
244
layés ! Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du
diable
étant d’obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous
245
une vie plus responsable est une défaite pour le
diable
, d’ores et déjà, pour les Tyrans aussi ; une défaite absolue et sans
246
pose dans la certitude que nos méfaits et ceux du
diable
ne changent rien à l’Ordre de ce monde, où le hasard n’existe pas, si
247
je veux dire dans l’insignifiance. Ah ! comme le
diable
se réjouit du bavardage aimable ou ému des speakers ! Lui qui est le
248
détruire la vraie Parole ! Tous les mensonges du
diable
, et tous nos bavardages, s’évanouissent dès que l’Esprit nous parle,
249
est clair et juste de nouveau. N’opposons pas au
diable
des injures, qu’il prendrait pour autant d’hommages. Détournons-nous
250
Car le pardon connaît le péché aussi bien que le
diable
lui-même. Mais il connaît mieux le pécheur, puisqu’il réveille en lui
251
abo te in sapphiris. Isaïe 54, 11. J’oppose au
diable
toutes les choses du monde dont il ignore la vertu et la splendeur. J
252
m’ayant remarqué, je l’entends dire : « Voilà le
diable
! » Ils se retournent à demi et rient. J’ai fui. Pas d’autre restaura
253
Bergamin assure que le printemps est la saison du
diable
. Mais j’aurai terminé dans peu. 23 mars Une lettre du propriétaire m’
254
crypte de pierre nue. Exorciser en moi la part du
diable
, celle qu’il a sans doute prise à mon ouvrage. Idée bizarre : si j’ai
255
un de nous avait écrit : « Qu’arriverait-il si le
diable
entrait dans cette pièce ? » Le partenaire lut sa réponse : « Toutes
256
lité. Est-ce que je crois encore à l’existence du
diable
? Je crains bien de ne pouvoir donner à cette question directe une ré
257
ble. En effet, si je dis que je ne crois plus au
diable
, c’est qu’il m’a eu, selon le premier chapitre de ce livre ; et s’il
258
en doute ? En revanche, si je dis que je crois au
diable
, ce n’est nullement une preuve qu’il existe, ou qu’il n’ait plus ni r
259
e dire aux lecteurs de cette réédition, ce que le
diable
signifie pour moi dans la conjoncture actuelle. Projection ? L’u
260
ommes simples et qui n’ont pas lu Freud. Ainsi le
diable
ne serait rien qu’une projection. Si vous voulez savoir le sens du te
261
une illusion au second degré que de croire que le
diable
n’est rien parce que Jean de Roma se trompait, alors que son erreur t
262
s que son erreur témoigne du contraire, révèle le
diable
, est typiquement œuvre du diable. La projection est illusion, dit-on.
263
raire, révèle le diable, est typiquement œuvre du
diable
. La projection est illusion, dit-on. Si le diable est projection, il
264
diable. La projection est illusion, dit-on. Si le
diable
est projection, il est donc illusoire. Mais cette illusion-là opère ;
265
é de quoi, sinon de ce qui n’est pas ? Réalité du
diable
, donc. Quant à la seconde forme de projection, on ne peut dire qu’ell
266
non de nous, voilà ce qu’implique la croyance au
diable
. Il est à l’œuvre dans l’intimité la mieux gardée de mon individu, ma
267
de « méconnaissance » : je sais très bien que le
diable
est en moi et que c’est là que je puis l’attraper. Il s’agit encore m
268
onc nullement établi l’existence « objective » du
diable
en décrivant le mécanisme de la projection, mais j’ai montré comment
269
latent installé dans tout cœur humain »44. Ni le
diable
ni Dieu n’existeraient pour nous si nous n’avions aucun moyen de les
270
désert mystique. — La question de l’existence du
diable
(ou de l’existence de Dieu) n’est donc pas une question détachée, dét
271
ui se pose ensuite : à savoir si « Dieu » ou « le
diable
», produits en nous et projetés par nous, coïncident avec Dieu ou le
272
et projetés par nous, coïncident avec Dieu ou le
diable
tels qu’ils agissent hors de nous. Autocritique Je n’ai donc pa
273
e répondu à ma propre question sur l’existence du
diable
: j’ai fait sentir seulement que ce n’est pas si simple… En ce point,
274
ou moins radicalement impossible de connaître le
diable
que Dieu. Comme si j’étais donc dans l’idée que nous avons tous une e
275
réalisables : ce nombre représentant le Mal. (Le
diable
est Légion.) Mal est ce qui empêche le bien de s’épanouir. Je me form
276
on transistor. L’homme a peu de chances contre le
diable
. L’intervention d’un agent différent (qu’on appelle transcendance, en
277
i peu de critiques s’en soient avisés jusqu’ici…
diable
et Invention. — À Madrid, dans le parc du Retiro, on peut voir une st
278
ans le parc du Retiro, on peut voir une statue du
diable
Créateur. C’est une espèce de Prométhée. J’ai cru voir la même à Cata
279
is d’un ordre du monde, voulu par Dieu, auquel le
diable
nous incite à contrevenir. Mais aujourd’hui je ne suis plus sûr du to
280
des énergies. Ai-je assez montré l’efficacité du
diable
en tant que dénonciateur, contestateur, semeur de doute et négateur,
281
ne peut rien que par Faust.) Il est clair que le
diable
inspire les techniques, c’est-à-dire les moyens de changer la Créatio
282
eau piqueur et la Bombe H procèdent évidemment du
diable
, mais aussi tous les remèdes, instruments de chirurgie, avions, laser
283
reprise. L’Administrateur. — Cioran écrit que le
diable
n’est « qu’un administrateur, qu’un préposé aux basses besognes, à l’
284
t-être aurais-je dû consacrer un bref chapitre au
diable
bureaucrate, fonctionnaire de l’État, impeccable jusqu’au sadisme. Ce
285
ns leurs versions contemporaines. On dira que mon
diable
est « bien intellectuel »… Mais ma seule crainte est d’avoir laissé c
286
a Production, ou un social-fascisme.) L’action du
diable
est le modèle de l’action des intellectuels : ils n’ont jamais le pou
287
s, le divan remplacera le lit de torture. Mais le
diable
sera, comme avant, chez les Inquisiteurs et non chez leurs victimes —
288
rsonne n’a parlé — même pas moi ! — de la mort du
diable
. Et pourquoi cette étrange omission ? Parce que le diable était mort
289
Et pourquoi cette étrange omission ? Parce que le
diable
était mort depuis longtemps déjà, et qu’on n’avait même plus l’idée d
290
de n’avoir pas été le premier à proclamer : « Le
diable
est mort ! » Ou bien devrais-je m’en féliciter ? Et d’avoir été le pr
291
t été son triomphe majeur ? Se garder de haïr le
diable
. — La plus grave, peut-être, des critiques que je me fais, c’est d’av
292
pression que je me croyais radicalement contre le
diable
et le condamnais sans rémission, mais surtout que je le haïssais comm
293
e se fouetter pour le haïr serait de condamner ce
diable
sans lequel nous n’irions pas loin. Car en fait nous ne pouvons le tu
294
nde est ce qu’il est — et n’est rien d’autre — le
diable
en est le Prince inéluctable. Une longue patience et une maîtrise int
295
e analogue : oui, je suis bien forcé de croire au
diable
quand j’éprouve son action dans la nôtre et que j’en souffre dans mon
296
n Je rappelais dans ma première version que le
diable
, selon l’Évangile, est « le père de son propre mensonge ». Et j’ajout
297
tait des vers du Faust de Goethe dans lesquels le
diable
lui-même désigne son adversaire : ce n’est pas ce qui est saint et bo
298
perte, celle des personnes, celle de l’espèce. Le
diable
est là. On craignait l’incendie, on attendait l’éruption volcanique,
299
arrêtant le criminel, vous ne tiendrez jamais le
diable
. Pas plus qu’en brûlant le martyr vous n’atteindrez la foi ni l’hérés
300
homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce
diable
-là devient étrangement fuyant, trop difficile à reconnaître, et je se
301
faut-il être pour dire non, un peu, du moins. Le
diable
augustinien serait forcément muet, le méphistophélique est négateur.
302
cation de la vertu, de la vérité et de la vie. Le
diable
est le Néantissant, le devenir du Rien, pôle d’anti-Esprit. Dieu suje
303
le d’anti-Esprit. Dieu sujet pur personnalise, le
diable
dépersonnalise, agent de la dissolution des structures créatrices, do
304
uvement même de toute création, qui est amour. Le
diable
se retire du crime admis pour tel, et il renie le criminel : il aband
305
énée nous apprend que ces gnostiques faisaient du
diable
leur instrument pour exténuer les vices à force d’y céder. L’orgie le
306
3. Pardonner. G. Papini, dans un bon livre sur le
diable
paru quelques années après le mien (comme sa formule le prouve plus e
307
le livre. Mais enfin, pour pouvoir être sauvé, le
diable
devrait exister en tant que personne. Or on a vu qu’il n’est qu’un an
308
as ipso facto sa suppression. Le pacte avec le
diable
Newton a toute une théorie sur la position géographique de l’Enfer
309
a personne devant l’espèce et l’uniforme. Mais le
diable
nous dit : Et d’abord qui es-tu ? Es-tu sûr d’être ? Vas-tu passer ta
310
ent au long d’une vie : le fameux « pacte avec le
diable
». Chaque fois que m’échoit un « succès » qui ne répond à rien de ce
311
omme une greffe. Le désir même de traiter avec le
diable
dans l’espoir mal dissimulé de le rouler, traduit toujours une certai
312
une et beau sorcier venu d’Italie pour évoquer le
diable
et traiter avec lui. Il se flattait d’obtenir du démon la puissance a
313
oyens de vivre ? On voit ici que le pacte avec le
diable
est non seulement inévitable mais vital, et de fait, presque universe
314
) du jeu de l’Éros impérialiste. Le pacte avec le
diable
résume en un seul acte un procès perpétuel, qui semble continu, mais
315
se de l’Attrait universel. L’irréductible part du
diable
est en fin de compte celle de la dure nécessité de prolonger dans le
316
je trouve ceci : qu’il dirige l’attention sur le
diable
non pas imaginé en Enfer ou au Ciel, c’est-à-dire refoulé dans l’inco
317
is pris sur le fait dans nos vies. J’ai montré le
diable
à l’œuvre dans nos créations — c’est la part de « l’esprit qui toujou
318
ns le vice catalogué que j’ai cherché la trace du
diable
, mais dans l’immense, lente et sûre dégradation des énergies humaines
319
ieu est Amour. » 39. Il s’agit de La Part du
diable
, qui devait paraître à New York à la fin de 1942, dans une première
320
946, puis à Paris en 1947. 40. Conférence sur Le
diable
au xxe siècle, août 1941. 41. Voir Journal d’une époque, Gallimard