1 1942, La Part du diable (1982). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 t à l’Amérique en particulier, c’est de croire au diable . On sortit de table. C’était au club. Tandis que nous attendions l’as
2 Philosophe1 : — Fort bien, mais si je parlais du diable , c’est moi qui passerais aussitôt pour un personnage diabolique, ou q
3 ur un personnage diabolique, ou qui sait, pour le diable lui-même ! — Peut-être devriez-vous accepter le risque ? répondit-il
4 enfin une situation tragique nouvelle : se faire diable soi-même pour prouver qu’il existe ! — Je sais une belle histoire, re
5 remit à parler des nouvelles du jour comme si le diable n’existait pas. Pourtant le Philosophe me prit encore à part : — Pour
6  : — Pourquoi n’écririez-vous pas un livre sur le diable  ? J’y songeais depuis quelques instants. ⁂ Ce n’est pas sans quelque
7 ait-on jamais lequel a choisi l’autre ? Parler du diable , écrire sur lui, n’était-ce pas une manière imprudente de le provoque
8 des artifices de séduction les plus efficaces du diable , c’est de nous provoquer au combat. C’est comme la lutte avec une fem
9 sprits pas assez égarés ? Faut-il encore jeter le diable dans la bagarre à l’heure où nous aurions besoin, dit-on, d’un « mess
10 de redouter le vrai Péril. Montrer la réalité du diable dans ce monde, ce n’est pas augmenter la peur, c’est lui donner son v
11 outefois, qu’on ne s’attende pas à un portrait du diable  : il faut tenir tous ses portraits pour autant de victoires qu’il rem
12 orte sur notre complaisance ou nos crédulités. Le diable est l’anti-modèle absolu, son essence étant précisément le déguisemen
13 ent pittoresque, on tentera de décrire l’œuvre du diable au temps présent, en face de nous et parmi nous : le grand Truquage.
14 ge. La plupart des auteurs qui se sont occupés du diable , au cours des siècles, me paraissent d’accord sur ce point : comme to
15 oyait un effort pour « démontrer » l’existence du diable . Il ne s’agit ici que d’un essai d’interpréter certains déboires de n
2 1942, La Part du diable (1982). L’Incognito et la révélation
16 par un moderne sur Satan : La plus belle ruse du diable est de nous persuader qu’il n’existe pas. 2. L’incognito Reconn
17 royons « encore » en Dieu, nous croyons si peu au diable que l’on m’accusera certainement d’obscurantisme, ou simplement de ma
18 e lui consacrer tout un livre. Le premier tour du diable est son incognito. Dieu dit : « Je suis celui qui suis. » Mais le di
19 . Dieu dit : « Je suis celui qui suis. » Mais le diable toujours jaloux d’imiter Dieu, fût-ce à rebours puisqu’il voit tout d
20 Nobody. Comme le chat de Cheshire dans Alice, le diable a, de nos jours, achevé de disparaître, ne laissant plus flotter dans
21 essés. Cependant, la Bible dénonce l’existence du diable à chaque page, de la première où il apparaît sous la forme du serpent
22 ssible de douter un seul instant de la réalité du diable . Mais qui croit encore à la Bible, sérieusement, dans un monde où l’o
23 ’indulgente incrédulité : — « Vous croyez donc au diable  ? Auquel ? Celui du Moyen Âge avec ses cornes rouges ? Ou au vrai dia
24 du Moyen Âge avec ses cornes rouges ? Ou au vrai diable  ? » Ces questions sont inévitables à notre époque. Elles traduisent f
25 nant au ciel violent de la Sixtine. On nous dit «  diable  », et nous voyons un démon ricanant et cornu, qui circule dans l’ombr
26 nt qu’il s’agisse là d’un camouflage prémédité du diable . À première vue, il paraîtra rudimentaire, et pourtant il est fort ha
27 nsif aux yeux des personnes instruites. Car si le diable est simplement le démon rouge armé d’un grand trident, ou le faune à
28 matique et médiévale qu’éveille en nous le nom du diable est devenue la Tarnkappe, le manteau qui rend invisible et que Satan
29 évidemment puérile, ils ne se doutent pas que le diable agit ailleurs, sans queue ni barbe, par leurs mains peut-être. Ce qui
30 tre. Ce qui me paraît incroyable, ce n’est pas le diable , et ce ne sont pas les anges, mais bien la candeur et la crédulité de
31 sophisme dont ils se montrent les victimes : « Le diable est un bonhomme à cornes rouges et à longue queue ; or je ne puis cro
32 ouges et à longue queue ; donc je ne crois pas au diable . » C’est tout ce qu’il demandait. Et ceux qui en restent aux contes d
33 es femmes, ce sont ceux qui refusent de croire au diable à cause de l’image qu’ils s’en font, et qui est tirée des contes de b
34 t, c’est ainsi qu’elle se pose à nous. (Ou que le diable nous la pose.) — Le diable n’est qu’un mythe, nous dira l’historien.
35 ose à nous. (Ou que le diable nous la pose.) — Le diable n’est qu’un mythe, nous dira l’historien. Preuve en soit que je puis
36 s hommes ont créé ce fantôme. Et tout d’abord, le diable est une invention juive. C’est-à-dire que le diable est juif comme l’
37 able est une invention juive. C’est-à-dire que le diable est juif comme l’automobile est américaine, ou comme la Panzerdivisio
38 vision est allemande. En fait, l’idée première du diable fut donnée aux Juifs par l’Orient et ses mystères dualistes, lorsqu’I
39 rciers disparaissent. Et bientôt à leur suite, le diable quitte la scène, comme l’évêque à la fin d’une procession. Rien de pl
40 ir que cette histoire : les hommes ont inventé le diable , ce fantôme les a tourmentés pendant des siècles d’ignorance, et fina
41 étend prouver quelque chose quant à la réalité du diable . Car tout cela revient à dire que le diable est un être mythique, une
42 té du diable. Car tout cela revient à dire que le diable est un être mythique, une réalité de l’esprit. Dès lors, si l’on me d
43 lité de l’esprit. Dès lors, si l’on me dit : « Le diable n’est qu’un mythe donc il n’existe pas » — formule rationaliste — je
44 pas » — formule rationaliste — je réponds : « Le diable est un mythe, donc il existe et ne cesse pas d’agir. » C’est ici le f
45 u mythe. Car lorsqu’il déclare par exemple : « Le diable est un mythe, donc il n’existe pas », il entend dire plus exactement 
46 e et nom, tout est personnifié. Ainsi, parler du diable ne sera pas ici quelque moyen facile d’illustrer des idées. Le réel n
47 écrire dans ce livre porte le nom traditionnel de diable . Ce diable-là n’est pas sorti d’une série de textes plus ou moins aut
48 ce livre porte le nom traditionnel de diable. Ce diable -là n’est pas sorti d’une série de textes plus ou moins authentiques o
49 n, quand ce mal prend un sens, nous les dénommons diable , et j’accepte ce nom. Dans les pages qui suivent, je voudrais exposer
50 nt, je voudrais exposer la conception biblique du diable , non pas dans ses aspects théologiques proprement dits, mais en tant
51 e d’« enfants de Dieu ». C’est la seule chance du diable . Il ne la manquera pas… 7. Le Tentateur Le serpent était le pl
52 tincts qu’aux yeux de Dieu — pas même aux yeux du diable , toujours la dupe d’un acte de charité qu’il tiendra pour sottise. C’
53 ent à dire que le mal n’existe pas. Pour agir, le diable est forcé d’utiliser ce qui existe, et qui est bon par définition, ay
54 de notre liberté et des biens de la terre. Ni le diable ni l’homme pécheur ne peuvent réellement faire le mal, comme nous por
55 ituation fondamentale et primitive. Cependant, le diable étant jaloux de Dieu, il entend nous faire croire qu’il peut aussi cr
56 otre orgueil la Création parfaite et la figure du diable . C’est plus tard, c’est après plusieurs générations de pécheurs dans
57 s par le détail de notre vie présente, comment le diable arrive à s’insérer dans les structures de l’être, donc du bien. J’ai
58 dieusant » du désir… Comprenons maintenant que le diable ne pourrait rien sans notre liberté. Car c’est par nous seulement qu’
59 énergiquement, que lorsque nous mentons, c’est le diable lui-même qui « tire sa langue dans notre langue ». Mais il est deux m
60 ertu. C’est là le mensonge pur, l’œuvre propre du diable . À partir de l’instant où vous faussez la mesure même de la vérité, t
61 u mal et sont complices de l’œuvre du Malin. « Le diable est menteur et le Père du mensonge », dit l’Évangile tel qu’on le cit
62 l de ce passage est infiniment plus étrange. « Le diable est menteur, nous dit-on, et il est le père de son propre mensonge. »
63 l’invention bâtarde et de l’art inauthentique. Le diable est le père du faux art, de toutes ces œuvres qui ne sont « ni bien n
64 sse pas n’en connaîtra jamais toute l’étendue. Le diable est cet Accusateur qui veut nous faire douter de notre pardon pour no
65 on prochain ou soi-même, soyons sûrs que c’est le diable qui parle, l’Accusateur qui tient le pardon pour une simple faute de
66 olte. 11. Légion Enfin, la Bible appelle le diable  : Légion. Ici nous n’en finirions pas de commenter, conformément à la
67 nous les suivrons tout au travers du livre. Si le diable est Légion, cela signifie d’abord que tout en étant un, il peut revêt
68 r le monde. Mais cela peut signifier aussi que le diable est la masse anonyme. Et finalement, qu’étant tout le monde, ou n’imp
69 ous venons d’énumérer les rôles principaux que le diable revêt dans la Bible : ils sont tous, en quelque manière, des déguisem
70 qu’il attribue la défaite aux seuls chefs. Ici le diable joue avec notre terreur de nous reconnaître responsables de nos vies.
71 son triomphe est son incognito. La preuve que le diable existe, agit et réussit, c’est justement que nous n’y croyons plus. M
72 comme le soleil fait renaître les ombres ? 13. diable et péché Imaginez que le diable aille se cacher dans le péché même
73 mbres ? 13. diable et péché Imaginez que le diable aille se cacher dans le péché même, dans le péché en général, tel que
74 out d’abord, nous serions induits à croire que le diable n’est « rien d’autre » qu’une figuration naïve du péché ; en second l
75 u, nous n’aurions plus l’idée d’aller chercher le diable dans nos vertus. En vérité, le diable n’est pas dangereux là où il se
76 chercher le diable dans nos vertus. En vérité, le diable n’est pas dangereux là où il se montre et nous fait peur, mais là seu
77 fait moins peur qu’envie. Si nous savions voir le diable dans le péché, nous serions beaucoup plus prudents. Son astuce sera d
78 mes charmantes qui se récrient dès qu’on parle du diable  : — C’est trop affreux, vous me faites trop peur, je sens que je ne p
79 trouble de conscience. Elles ne conçoivent pas le diable comme l’instigateur de leurs péchés, mais comme une sorte d’apparitio
80 leur veut du mal. Elles ne se doutent pas que le diable est sans aucun pouvoir sur nous ailleurs que dans notre péché, et par
81 irituels mieux réveillés : « Pourquoi parler d’un diable personnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable. Ne peut-on
82 ersonnel ? Nous voyons bien le péché, mais pas le diable . Ne peut-on pas en faire l’économie ? Si l’on dissipait le péché, l’o
83 qu’il n’y a personne derrière l’écran. » Ici, le diable au lieu de se distinguer abusivement de notre péché, a choisi de se c
84 chancetés de toute espèce. Il est possible que le diable en personne ne se dérange pas pour si peu. Comme un directeur de jour
85 t les seuls où j’essaierai de décrire l’action du diable dans nos péchés catalogués8. Pour les autres, je les laisse aux moral
86 à un sport beaucoup plus excitant : la chasse au diable dans nos idéaux et dans l’insignifiance de nos actes. Et ce n’est poi
87 récède tendait à dégager. En dernière analyse, le diable ne peut agir que dans le bien, par le moyen de nos vertus. Car nous s
88 ices mêmes ne sont pas de véritables créations du diable , mais seulement des vertus mal orientées. Le sens originel de leur él
89 duite à l’insignifiance. C’était le bien, mais le diable s’y est mis, à l’instant même où nous avions le choix entre l’usage l
90 s de ce bien. Si donc j’évite d’aller chercher le diable là où chacun s’attend à le trouver, dans les mauvais lieux des faubou
91 part nul désir de surprendre. Tout simplement, le diable habite ailleurs en temps normal. Poussé par la logique impérative du
92 , de ces pages. Dès que vous croyez apercevoir le diable , parce qu’il en a fait un peu trop, dès que vous tentez de le démasqu
93 es des alchimistes. Nous essayons de dissoudre le diable dans les eaux troubles du subconscient. Ce n’est encore qu’une varian
94 scientifique du sophisme de l’incognito. Point de diable aux yeux des freudiens, mais seulement une croyance au diable, résult
95 eux des freudiens, mais seulement une croyance au diable , résultant de la « projection » d’un sentiment de culpabilité. Guéris
96 ce sentiment-là, vous n’aurez plus de croyance au diable , ni donc de diable. Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelq
97 us n’aurez plus de croyance au diable, ni donc de diable . Le démon ne serait qu’une image de névrose, quelque chose qui se soi
98 conclusion, non démentie depuis, que le règne du diable comprend 72 princes et 7 405 926 diables, divisés en 1111 légions de
99 règne du diable comprend 72 princes et 7 405 926 diables , divisés en 1111 légions de 6666 suppôts chacune, « sauf erreur de ca
3 1942, La Part du diable (1982). Hitler ou l’alibi
100 ous n’avons pas su composer une vision moderne du diable . Seul Kierkegaard l’avait peut-être reconnu précisément sous les espè
101 t vécu de religion. — Si cela continue, se dit le diable , les hommes s’apercevront que j’existe toujours. Or il faut que cela
102 me tour Et c’est ainsi qu’à partir de 1933, le diable nous fit croire qu’il était simplement M. Adolf Hitler, et personne d
103 ne l’imaginaient ceux qui ont cru voir en lui le diable en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, ce serait
104 lui le diable en personne. Si le Führer était le diable ou l’Antéchrist, ce serait peut-être un peu trop simple. Il suffirait
105 i est dans ce monde. Et, qu’on me pardonne, si le diable était le Führer, il ne serait qu’un assez pauvre diable. Quand nous n
106 diable. Quand nous nous figurons qu’Hitler est le diable , nous faisons évidemment trop d’honneur à l’ex-caporal autrichien ; m
107 és de les prendre au sérieux ! Pour n’être pas le diable en personne, on peut être tout de même passablement diabolique. Et je
108 ortent en évidence l’insigne satanique. 18. Le diable en chemise brune Certes Hitler ne fut pas le grand ange déchu. Mai
109 e invincible. Il leur répète les vieux slogans du diable  : « Vous ne mourrez pas ! Vous serez comme des Dieux ! » En combattan
110 t, pitié pour eux, sans doute ? (Et pitié pour le diable et son angoisse…) Mais le pardon ne nous appartient pas. Et le nation
111 pitié, justement, nous rappelle l’un des noms du diable que nous citions plus haut : l’Accusateur. Nous ne savions plus dist
112 a grandeur de nos misères secrètes. En Hitler, le diable avait trouvé l’alibi le plus populaire qu’il eût jamais imaginé. C’es
113 absence, pourtant certaine. Et c’est la chance du diable pour demain. Hitler battu, nous n’aurons plus d’Ennemi 12. Une dimens
114 es grands délires qui rythment notre Histoire. Le diable , admettons-le, n’est pas si court de vue. Il n’oublie pas que l’homme
115 l’image de Dieu et qui veut s’emparer du Ciel. Le diable a tiré bon parti des égarements rationalistes de l’Occident, maître d
116 l’Histoire — faute de concevoir un équilibre. Le diable prétendra nous faire choisir follement entre les deux moitiés de la r
117 en tenant compte de tous les éléments en jeu. Le diable nous dira : il faut choisir. Nous choisirons sans doute la folie, au
118 f l’Évangile et la sobriété de la Croix. Et si le diable échoue dans certains peuples, dans certains groupes, dans certaines â
4 1942, La Part du diable (1982). Le diable démocrate
119 Troisième partieLe diable démocrate 24. Erreur fatale des démocrates Avec une aisance al
120 mi nous. Le tour est joué. Nous voilà pris. Si le diable est Hitler, nous sommes du bon côté ? C’est un ennemi battu, nous som
121 st un ennemi battu, nous sommes donc quittes ? Le diable n’en demandait pas plus ; il adore notre bonne conscience. C’est la g
122 ettons pas qu’il est une part de nous, la part du diable dans nos cœurs. L’adversaire est toujours en nous. Et c’est pourquoi
123 se passe dans le monde, et dites qui l’a fait. Le diable  ? Oui, mais par nos mains et nos pensées. C’est ici le moment de nous
124 risme, chez les nazis et chez nous. C’est le même diable . Et ceci n’est qu’un post-scriptum à l’adresse des pacifistes : « Nou
125 e faisons pas notre métier. 27. Signalement du diable déguisé en démocrate N’ayant pas su reconnaître l’un des traits le
126 Progrès automatique n’était qu’un déguisement du diable . Non pas qu’aucun progrès réel soit diabolique en soi ! Mais si l’on
127 vons bien qu’il y a du mal, qu’il y a l’action du diable . Mais cela nous scandalise et nous effraie. Alors nous essayons de co
128 nière, nous l’aimions ! Voilà le grand secret. Le diable a réussi à faire croire aux démocrates qu’ils n’aimaient pas du tout
129 aujourd’hui aux braves démocrates : — Regardez le diable qui est parmi nous ! Cessez de croire qu’il ne peut ressembler qu’à H
130 cessé d’y croire. Puis nous avons imaginé que le diable était Hitler. Et le diable s’est frotté les mains (Hitler aussi). Pe
131 s avons imaginé que le diable était Hitler. Et le diable s’est frotté les mains (Hitler aussi). Peut-être serait-il plus féco
132 ement plus vrai, d’essayer de nous représenter le diable sous les traits d’un playboy dynamique et optimiste vierge de toute p
133 its d’un intellectuel libéral qui ne croit pas au diable … 28. L’Humour et la démocratie Il faut se moquer de la démocra
134 al presque entièrement profane. Voici comment. Le diable est sardonique et ironique à souhait, mais il ne supporte pas l’humou
135 vais passer en revue les principaux démons que le diable délègue au soin de faire de nos démocraties ses colonies-modèles.
136 plaît, et vous ferez probablement ce qui plaît au diable . Mais soyez libres de rejoindre et d’accomplir la vocation que Dieu v
137 cation, la liberté qu’il revendique est vide ; le diable s’y mettra sous mille formes diverses, dont l’Opinion publique est la
138 portance pratique, ou inconnu. Quand il serait le diable en personne, vous n’en sauriez pas davantage et n’auriez pas plus qu’
139 t pas mieux en cour que son client. Je dis que le diable a toutes les chances de mener le jeu partout où le sens s’évanouit, q
140 r pour affronter la mort. J’imagine volontiers le diable en agent d’assurances générales. Il comprend tout et il a tout prévu.
141 rtu, l’ordre et la santé. Ils ont raison, mais le diable les mène, car ils voudraient la paix sans lutte et la vertu sans tent
142 ns combat. Tout l’avantage, désormais, revient au diable . On sait l’histoire du Grand Vizir qui rencontre la Mort dans un jard
143 te dire que je t’attendrais ce soir ici. Ainsi le diable nous fait signe dans nos vices et nous attend dans nos vertus. Sachan
144 On passe. C’est la vie, c’est le monde… C’est le diable , vous dis-je ! Car si vous « passez » là, vous passerez aussi avec l’
145 t à vous rendre contemporain de son éternité. Le diable est insignifiant, au sens propre du mot, et sa plus grande victoire d
146 si l’Incarnation et le miracle. Caricaturé par le diable , l’absurde est au contraire la fixation d’une réalité temporelle dans
147 toutes les créatures qui aient jamais existé, le diable est celle qui sait le mieux « how to win friends and influence people
148 otre « progrès moral ». Allez donc reconnaître le diable dans un monde où chacun ne profère que les banalités profitables aux
149 on. Le beau travail ! Le bel avenir ! Revenons au diable . 36. La cinquième colonne de tous les temps J’ai dit du mal de
150 autres, de nous, et donc de moi aussi. Mais si le diable est partout, sa figure se brouille. Et les définitions que j’en ai do
151 de se compenser, finissent par se neutraliser. Le diable n’est pas Hitler, qui pourtant est démoniaque ; il n’est pas non plus
152 nnaissable de la personne de Satan ? C’est que le diable , par nature, ne sera jamais clairement et honnêtement définissable. I
153 ement de vraies et de fausses nouvelles. Voilà le diable à l’œuvre dans nos vies : le maître du confusionnisme dirigé ! Hitler
154 eci doit me rendre prudent, personnellement —, le diable est l’être qui, lorsqu’une dénonciation le fait déguerpir de sa cache
155 se — Si vous voulez déjouer le premier tour du diable , et son second tour du même coup, si vous tenez sérieusement à l’attr
5 1942, La Part du diable (1982). Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
156 Quatrième partieLe diable dans nos Dieux et dans nos maladies 38. Le diable dans nos dieux
157 le dans nos Dieux et dans nos maladies 38. Le diable dans nos dieux Certes, il existe aussi un incognito divin, et c’es
158 entier de village. Mais l’incognito et l’alibi du diable sont exactement inverses : c’est dans l’image de nos dieux qu’il va s
159 nous confabulons en dehors de la foi révélée. Le diable nous empêche de reconnaître Dieu dans Jésus-Christ, mais à l’inverse,
160 es dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables . Toutefois, le diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous t
161 t sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans doute moins dangereux lorsqu’il nous tue que lorsqu’il préte
162 les armées stériles n’entrent en ligne. 39. Le diable dans l’Église Un jour l’Église a été qualifiée de « Satan » par Jé
163 ait selon le Père, parle-t-il maintenant selon le diable  ? Ce coup de théâtre, l’un des plus stupéfiants de l’Évangile et de l
164 moi Satan ! Car tu m’es en scandale. » 40. Le diable théologien Mais tout cela, dira-t-on, c’est de la théologie. Je co
165 ériences spirituelles. Tout porte à croire que le diable en est ravi. Car selon le dicton médiéval et renaissant, « le diable
166 Car selon le dicton médiéval et renaissant, « le diable est bon théologien ». Notre inculture lui donne une chance inespérée.
167 nd il se contente de « faire du bien »… 41. Le diable et le philanthrope Un jour un Philanthrope marchait le long de la
168 r. À quelques mètres, derrière lui, suivaient le diable et l’un de ses compères. Ils observaient le Philanthrope, d’un œil cr
169 uf. « Tu n’as pas peur de lui ? dit le compère au diable , il m’a l’air terriblement bon ! Et ses plans sont irréprochables, pa
170 lligents et généreux, idéalistes, réalistes… » Le diable ne répondit rien, il souriait, tout en lisant un bout de papier qu’il
171 gnais. Mais moi je vais l’organiser ! » 42. Le diable homme du monde Qui donc disait que le diable est un monsieur très
172 e diable homme du monde Qui donc disait que le diable est un monsieur très bien ? Entre les gens du monde et le Prince de c
173 vaguement satanique. Il imaginerait volontiers un diable en cravate blanche et monoclé. Le diable, affirme un proverbe espagno
174 tiers un diable en cravate blanche et monoclé. Le diable , affirme un proverbe espagnol, n’est pas à craindre parce qu’il est s
175 rrect et moral peut fort bien être préféré par le diable à ces milieux bohèmes et de mœurs relâchées qui se disent volontiers
176 Mr. Time : c’est le temps qui l’a. On sait que le diable est le Prince du Temps, comme Dieu le Roi de l’Éternité. Le temps san
177 La présence parfaite, voilà l’Éternité. 44. Le diable auteur « Point d’œuvre sans la collaboration du démon », dit André
178 des rares hommes que j’aie connus qui croient au diable et qui en parlent bien. La discussion de cette sentence inconfortable
179 « et l’étendue célèbre l’œuvre de ses mains ». Le diable a voulu faire aussi son propre Ouvrage. Mais il ne peut œuvrer que pa
180  : dès qu’ils prennent le pinceau ou la plume, le diable est là pour les guider. Et comment faire la part de son incitation ?
181 riser dans un monde autonome. Il est fatal que le diable s’en mêle, et que les meilleurs se voient tentés plus que les autres
182 s. C’est qu’il était un vrai poète et du parti du diable sans le savoir ». Cette opinion s’est curieusement vulgarisée, dans n
183 rai danger subsiste. Comment éliminer l’apport du diable aux plus sublimes créations de l’esprit ? Je ne pense pas qu’aucun cr
184 dans la rêverie aux yeux fixes qui la médite, le diable est là. Il n’est pas seul, mais il est là. La solution, c’est de le f
185 res fins. On connaît la légende du Moyen Âge : le diable portant pierre parmi les ouvriers qui édifient la cathédrale. J’imagi
186 iers qui édifient la cathédrale. J’imagine que ce diable va devenir à son tour une des pierres de la cathédrale, la pierre d’a
187 fécondée ? Pourrons-nous un jour concevoir que le diable est finalement un mystère du Bien ? Peut-être Dante a-t-il raison lor
188 e qui justifie les moyens ambigus de l’art. Si le diable même y collabore, qu’importe : la dédicace est le vrai sens de l’œuvr
189 ue vaut la mission qu’il accepte et s’assigne. Le diable y sera sans doute encore, dans tous les artifices du délire créateur,
190 de ne pas croire au bien. 45. Le pacte avec le diable Peter Schlemihl ayant vendu son ombre au diable devint très riche,
191 iable Peter Schlemihl ayant vendu son ombre au diable devint très riche, mais perdit le goût de vivre. C’est l’une des plus
192 ait son âme ? », dit l’Évangile. Le Pacte avec le diable consiste exactement à gagner le monde au prix de notre âme et de notr
193 t figure l’expression légendaire de pacte avec le diable . Nous sentons tous obscurément qu’un succès trop rapide dans le monde
194 en croix. Ce sacrifice a rompu le Pacte entre le diable et notre humanité. Et ce sang a racheté l’âme du monde, que nous avio
195 s avions vendue pour un peu de plaisir… 46. Le diable tire les cartes On pressent assez facilement pourquoi les arts div
196 cette puissance diabolique est une erreur que le diable lui-même entretient soigneusement dans nos esprits. Car la divination
197 ccueillir avec une amoureuse astuce… Ceci dit, le diable a deux chances de se glisser en nous par la voie clandestine, lorsqu’
198 mes d’attitudes intérieures. La seconde chance du diable est de flatter notre tendance à nous sentir irresponsables, par le mo
199 e nous verrons se déployer la Grande Stratégie du diable dans ce siècle. La meilleure interprétation des phénomènes collectifs
200 es, et montrer comment l’humanité qui se donne au diable , de nos jours, le fait en masse. C’est pour cela que les gens se rass
201 italisme et du nationalisme. Lui seul avait vu le diable à l’œuvre dans ces œuvres — les nôtres, à nous, nations démocratiques
202 sicut dii. Or quand nous nous perdons, c’est le diable qui nous trouve. Et quand pour échapper à notre condition, nous voulo
203 n, nous voulons devenir comme des dieux, c’est le diable encore qui nous accueille au sommet de notre ascension. Comme le mont
204 é dans le récit du chapitre onze de la Genèse, le diable est de toute évidence le principal Entrepreneur de la Tour primitive
205 mieux armée pour les détruire. « Montez ! dit le diable , et soyez comme des dieux, oubliez votre mesure d’hommes ! » Mais, pl
206 des vices et des vertus se modifie, selon que le diable renouvelle la stratégie des tentations. Je crois pourtant qu’un senti
207 ive. J’y vois trop facilement le coup de pouce du diable . Certes, je n’accuse pas la Science — rien de moins diabolique qu’une
208 ement les sophismes qui s’en autorisent. C’est le diable qui m’intéresse, et les prétextes qu’il nous sert pour justifier nos
209 combattre les doctrines nationalistes ? 51. Le diable au cœur This passion hath its floods in very times of weakness. Fr
210 C’est une affaire si tragiquement confuse que le diable seul est sûr de s’y retrouver. Niera-t-on qu’il s’en donne à cœur joi
211 oyen court de le dépister, ici encore. La part du diable dans « l’amour », c’est simplement tout ce qui n’est pas de l’amour.
212 se glisse en nous sous le couvert du mot. Car le diable est celui qui n’aime pas, et qui n’aime pas qu’on aime, et dont tout
213 age de l’amour, avec si peu d’exigence réelle. Le diable nous a fait nommer « amour » une vague obsession contagieuse dont le
214 e révèle de la manière la plus précise l’œuvre du diable . Ce qui distingue l’amour dans notre siècle, ce qui devrait disqualif
215 Il faudrait un critère absolu… Mais justement le diable a substitué dans nos esprits le respect de la sincérité au respect — 
216 t l’aveugle penchant ? » C’est par le cœur que le diable nous a pris. Certes, ce n’est pas d’hier qu’on trompe sa femme, et qu
217 its drastiques, des préjugés solides — même si le diable en propose quelques-uns — et le sens sacré du contrat, sous peine de
218 on risque bien d’en faire un possédé. Où donc le diable est-il intervenu ? Ce Désir qui prenait son essor comme une question
219 on s’enclot avec l’image de l’objet aimé. Mais le diable est assis dans un coin de la cellule. Il ne fait rien, il vous attend
220 pour traverser une grande passion sans réjouir le diable ou susciter les plus subtils de ses démons. Il faudrait une abnégatio
221 amour est confiance. Contre cette alliance-là, le diable ne peut rien. « L’amour parfait bannit la crainte. » 53. diable et
222 en. « L’amour parfait bannit la crainte. » 53. diable et sexe Le jeune lecteur qui parcourt le sommaire de ce livre se r
223 animale, comme les autres fonctions du corps, le diable ne s’y mêlerait pas. Mais en fait elle se lie à l’amour, et à l’espri
224 ités de l’esprit, que la sexualité donne prise au diable . Et certes il ne s’y intrique pas davantage que dans nos créations le
225 el féminin L’amour n’est pas un crime, mais le diable s’en sert, et de préférence à toute autre passion, pour aveugler notr
226 des valeurs. Le sexe n’est pas une honte, mais le diable y trouve l’occasion la plus commune de nous faire abuser de notre lib
227 ire un ange ou un démon. « Instrument dont use le diable pour posséder nos âmes », dit saint Cyprien, et Tertullien plus énerg
228 s situations sans issue, reconnaissons l’œuvre du diable . Il intervient, pour les porter au pire, dans les circonstances limit
229 dre à notre époque. Mais si vous ne croyez pas au diable , je me demande à quel Mal vous croyez. Contre quoi lutterez-vous jusq
230  ? Dira-t-on que je suis un fou qui croit voir le diable partout ? D’autres ne savent le voir nulle part. C’est plus dangereux
231 ortunes puritaines soient nées d’un pacte avec le diable , béni et enregistré par les pasteurs. Mais sans entrer dans une discu
6 1942, La Part du diable (1982). Le Bleu du Ciel
232 partieLe Bleu du Ciel 59. La lutte contre le diable Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie De peur que tu ne lui r
233 ral, qu’il s’agisse de la résistance d’une âme au diable , ou de la guerre des démocraties contre les dictatures totalitaires.
234 e les dictatures totalitaires. Si vous opposez au diable la ruse, la subtilité, l’ironie et l’intelligence froide, vous risque
235 e plus vous cherchez à être forts à la manière du diable , plus vous lui donnez d’avantages, son but étant de vous rendre sembl
236 iendrons pas fous. La solution est de résister au diable par la ruse et la subtilité, par l’ironie et l’intelligence froide, e
237 réserver de l’abus des vertus mineures, par où le diable pourrait nous asservir. La solution est d’attaquer le tyran — puisqu’
238 eur. J’ai tenté jusqu’ici de dénoncer l’action du diable , en me servant parfois de ses propres armes. Et pendant que j’écris,
239 r, tout serait bientôt gâché et dans les mains du diable . Si nous étions des dieux, il n’y aurait plus d’espoir : la catastrop
240  ? « Qui est comme Dieu ? » Et ce cri terrasse le diable , cette lance transperce le serpent qui sifflait : « Vous serez comme
241 les et frappantes, la tactique et la stratégie du diable . Elles nous aident, elles nous forcent à reconnaître, par la plus évi
242 : L’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un ju
243 s… 61. L’exorcisme, ou l’ordre personnel Le diable et sa colonne d’anges noirs « qui n’ont pas conservé leur dignité, ma
244 layés ! Qu’est-ce que se sanctifier ? L’action du diable étant d’obnubiler en nous le sentiment de la culpabilité, et de nous
245 une vie plus responsable est une défaite pour le diable , d’ores et déjà, pour les Tyrans aussi ; une défaite absolue et sans
246 pose dans la certitude que nos méfaits et ceux du diable ne changent rien à l’Ordre de ce monde, où le hasard n’existe pas, si
247 je veux dire dans l’insignifiance. Ah ! comme le diable se réjouit du bavardage aimable ou ému des speakers ! Lui qui est le
248 détruire la vraie Parole ! Tous les mensonges du diable , et tous nos bavardages, s’évanouissent dès que l’Esprit nous parle,
249 est clair et juste de nouveau. N’opposons pas au diable des injures, qu’il prendrait pour autant d’hommages. Détournons-nous
250 Car le pardon connaît le péché aussi bien que le diable lui-même. Mais il connaît mieux le pécheur, puisqu’il réveille en lui
251 abo te in sapphiris. Isaïe 54, 11. J’oppose au diable toutes les choses du monde dont il ignore la vertu et la splendeur. J
7 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
252 m’ayant remarqué, je l’entends dire : « Voilà le diable  ! » Ils se retournent à demi et rient. J’ai fui. Pas d’autre restaura
253 Bergamin assure que le printemps est la saison du diable . Mais j’aurai terminé dans peu. 23 mars Une lettre du propriétaire m’
254 crypte de pierre nue. Exorciser en moi la part du diable , celle qu’il a sans doute prise à mon ouvrage. Idée bizarre : si j’ai
255 un de nous avait écrit : « Qu’arriverait-il si le diable entrait dans cette pièce ? » Le partenaire lut sa réponse : « Toutes
256 lité. Est-ce que je crois encore à l’existence du diable  ? Je crains bien de ne pouvoir donner à cette question directe une ré
257 ble. En effet, si je dis que je ne crois plus au diable , c’est qu’il m’a eu, selon le premier chapitre de ce livre ; et s’il
258 en doute ? En revanche, si je dis que je crois au diable , ce n’est nullement une preuve qu’il existe, ou qu’il n’ait plus ni r
259 e dire aux lecteurs de cette réédition, ce que le diable signifie pour moi dans la conjoncture actuelle. Projection ? L’u
260 ommes simples et qui n’ont pas lu Freud. Ainsi le diable ne serait rien qu’une projection. Si vous voulez savoir le sens du te
261 une illusion au second degré que de croire que le diable n’est rien parce que Jean de Roma se trompait, alors que son erreur t
262 s que son erreur témoigne du contraire, révèle le diable , est typiquement œuvre du diable. La projection est illusion, dit-on.
263 raire, révèle le diable, est typiquement œuvre du diable . La projection est illusion, dit-on. Si le diable est projection, il
264 diable. La projection est illusion, dit-on. Si le diable est projection, il est donc illusoire. Mais cette illusion-là opère ;
265 é de quoi, sinon de ce qui n’est pas ? Réalité du diable , donc. Quant à la seconde forme de projection, on ne peut dire qu’ell
266 non de nous, voilà ce qu’implique la croyance au diable . Il est à l’œuvre dans l’intimité la mieux gardée de mon individu, ma
267 de « méconnaissance » : je sais très bien que le diable est en moi et que c’est là que je puis l’attraper. Il s’agit encore m
268 onc nullement établi l’existence « objective » du diable en décrivant le mécanisme de la projection, mais j’ai montré comment
269 latent installé dans tout cœur humain »44. Ni le diable ni Dieu n’existeraient pour nous si nous n’avions aucun moyen de les
270 désert mystique. — La question de l’existence du diable (ou de l’existence de Dieu) n’est donc pas une question détachée, dét
271 ui se pose ensuite : à savoir si « Dieu » ou « le diable  », produits en nous et projetés par nous, coïncident avec Dieu ou le
272 et projetés par nous, coïncident avec Dieu ou le diable tels qu’ils agissent hors de nous. Autocritique Je n’ai donc pa
273 e répondu à ma propre question sur l’existence du diable  : j’ai fait sentir seulement que ce n’est pas si simple… En ce point,
274 ou moins radicalement impossible de connaître le diable que Dieu. Comme si j’étais donc dans l’idée que nous avons tous une e
275 réalisables : ce nombre représentant le Mal. (Le diable est Légion.) Mal est ce qui empêche le bien de s’épanouir. Je me form
276 on transistor. L’homme a peu de chances contre le diable . L’intervention d’un agent différent (qu’on appelle transcendance, en
277 i peu de critiques s’en soient avisés jusqu’ici… diable et Invention. — À Madrid, dans le parc du Retiro, on peut voir une st
278 ans le parc du Retiro, on peut voir une statue du diable Créateur. C’est une espèce de Prométhée. J’ai cru voir la même à Cata
279 is d’un ordre du monde, voulu par Dieu, auquel le diable nous incite à contrevenir. Mais aujourd’hui je ne suis plus sûr du to
280 des énergies. Ai-je assez montré l’efficacité du diable en tant que dénonciateur, contestateur, semeur de doute et négateur,
281 ne peut rien que par Faust.) Il est clair que le diable inspire les techniques, c’est-à-dire les moyens de changer la Créatio
282 eau piqueur et la Bombe H procèdent évidemment du diable , mais aussi tous les remèdes, instruments de chirurgie, avions, laser
283 reprise. L’Administrateur. — Cioran écrit que le diable n’est « qu’un administrateur, qu’un préposé aux basses besognes, à l’
284 t-être aurais-je dû consacrer un bref chapitre au diable bureaucrate, fonctionnaire de l’État, impeccable jusqu’au sadisme. Ce
285 ns leurs versions contemporaines. On dira que mon diable est « bien intellectuel »… Mais ma seule crainte est d’avoir laissé c
286 a Production, ou un social-fascisme.) L’action du diable est le modèle de l’action des intellectuels : ils n’ont jamais le pou
287 s, le divan remplacera le lit de torture. Mais le diable sera, comme avant, chez les Inquisiteurs et non chez leurs victimes —
288 rsonne n’a parlé — même pas moi ! — de la mort du diable . Et pourquoi cette étrange omission ? Parce que le diable était mort
289 Et pourquoi cette étrange omission ? Parce que le diable était mort depuis longtemps déjà, et qu’on n’avait même plus l’idée d
290 de n’avoir pas été le premier à proclamer : « Le diable est mort ! » Ou bien devrais-je m’en féliciter ? Et d’avoir été le pr
291 t été son triomphe majeur ? Se garder de haïr le diable . — La plus grave, peut-être, des critiques que je me fais, c’est d’av
292 pression que je me croyais radicalement contre le diable et le condamnais sans rémission, mais surtout que je le haïssais comm
293 e se fouetter pour le haïr serait de condamner ce diable sans lequel nous n’irions pas loin. Car en fait nous ne pouvons le tu
294 nde est ce qu’il est — et n’est rien d’autre — le diable en est le Prince inéluctable. Une longue patience et une maîtrise int
295 e analogue : oui, je suis bien forcé de croire au diable quand j’éprouve son action dans la nôtre et que j’en souffre dans mon
296 n Je rappelais dans ma première version que le diable , selon l’Évangile, est « le père de son propre mensonge ». Et j’ajout
297 tait des vers du Faust de Goethe dans lesquels le diable lui-même désigne son adversaire : ce n’est pas ce qui est saint et bo
298 perte, celle des personnes, celle de l’espèce. Le diable est là. On craignait l’incendie, on attendait l’éruption volcanique,
299 arrêtant le criminel, vous ne tiendrez jamais le diable . Pas plus qu’en brûlant le martyr vous n’atteindrez la foi ni l’hérés
300 homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce diable -là devient étrangement fuyant, trop difficile à reconnaître, et je se
301 faut-il être pour dire non, un peu, du moins. Le diable augustinien serait forcément muet, le méphistophélique est négateur.
302 cation de la vertu, de la vérité et de la vie. Le diable est le Néantissant, le devenir du Rien, pôle d’anti-Esprit. Dieu suje
303 le d’anti-Esprit. Dieu sujet pur personnalise, le diable dépersonnalise, agent de la dissolution des structures créatrices, do
304 uvement même de toute création, qui est amour. Le diable se retire du crime admis pour tel, et il renie le criminel : il aband
305 énée nous apprend que ces gnostiques faisaient du diable leur instrument pour exténuer les vices à force d’y céder. L’orgie le
306 3. Pardonner. G. Papini, dans un bon livre sur le diable paru quelques années après le mien (comme sa formule le prouve plus e
307 le livre. Mais enfin, pour pouvoir être sauvé, le diable devrait exister en tant que personne. Or on a vu qu’il n’est qu’un an
308 as ipso facto sa suppression. Le pacte avec le diable Newton a toute une théorie sur la position géographique de l’Enfer
309 a personne devant l’espèce et l’uniforme. Mais le diable nous dit : Et d’abord qui es-tu ? Es-tu sûr d’être ? Vas-tu passer ta
310 ent au long d’une vie : le fameux « pacte avec le diable  ». Chaque fois que m’échoit un « succès » qui ne répond à rien de ce
311 omme une greffe. Le désir même de traiter avec le diable dans l’espoir mal dissimulé de le rouler, traduit toujours une certai
312 une et beau sorcier venu d’Italie pour évoquer le diable et traiter avec lui. Il se flattait d’obtenir du démon la puissance a
313 oyens de vivre ? On voit ici que le pacte avec le diable est non seulement inévitable mais vital, et de fait, presque universe
314 ) du jeu de l’Éros impérialiste. Le pacte avec le diable résume en un seul acte un procès perpétuel, qui semble continu, mais
315 se de l’Attrait universel. L’irréductible part du diable est en fin de compte celle de la dure nécessité de prolonger dans le
316 je trouve ceci : qu’il dirige l’attention sur le diable non pas imaginé en Enfer ou au Ciel, c’est-à-dire refoulé dans l’inco
317 is pris sur le fait dans nos vies. J’ai montré le diable à l’œuvre dans nos créations — c’est la part de « l’esprit qui toujou
318 ns le vice catalogué que j’ai cherché la trace du diable , mais dans l’immense, lente et sûre dégradation des énergies humaines
319 ieu est Amour. » 39. Il s’agit de La Part du diable , qui devait paraître à New York à la fin de 1942, dans une première
320 946, puis à Paris en 1947. 40. Conférence sur Le diable au xxe siècle, août 1941. 41. Voir Journal d’une époque, Gallimard