1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
1 déroulement des faits ne doit dépendre ni de son désir ni des fantaisies de l’auteur.) Supposez au contraire cette volonté t
2  » ne sont que les images ou les projections d’un désir , de ce qui s’y oppose, de ce qui peut l’exalter, ou simplement le fai
3 rangère, indépendante de leurs qualités, de leurs désirs , au moins conscients, et de leur être tel qu’ils le connaissent. Les
4 pée nue n’est pas encore l’expression décisive du désir sombre, de la fin même de la passion (au double sens du mot fin). L’a
5 ère de purification de ce qui subsistait, dans le désir , de spontané, d’animal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le
6 mal et d’actif. Victoire de la « passion » sur le désir . Triomphe de la mort sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accord
7 de la psychanalyse nous habitue à concevoir qu’un désir refoulé « s’exprime » toujours, mais de manière à égarer le jugement.
8 bjet désiré et l’expression de ce qui condamne ce désir . Ainsi l’interdiction reste affirmée, et l’objet reste inavoué, mais
9 , mais la « musique savante » n’a pas manqué à ce désir dont elle procède. Levez-vous, orages sonores de la mort de Tristan e
10 aimer et chercher la souffrance. Amour-passion : désir de ce qui nous blesse, et nous anéantit par son triomphe. C’est un se
11 sualité. Elle aggrave, au plein sens du terme, le désir . Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se
12 e, le désir. Elle l’aggrave même parfois jusqu’au désir de tuer l’autre, ou de se tuer, ou de sombrer dans un commun naufrage
13 èle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir désiré dès le début de la passion, la revanche sur le destin qui fut
14 d’autant plus efficace qu’elle prend la forme du désir , et que ce désir, à son tour, se déguise en fatalité. Incidemment, no
15 ficace qu’elle prend la forme du désir, et que ce désir , à son tour, se déguise en fatalité. Incidemment, nous avons indiqué
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
16 isir, n’est-ce pas la ruse la plus élémentaire du désir  ? Et l’homme n’est-il pas « ainsi fait » qu’il s’impose parfois une c
17 ’instinct de son but naturel et de transformer le désir en une aspiration indéfinie, c’est-à-dire sans fins vitales, voire co
18 ne sélection biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la mort que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit
19 qui a pu causer cette déviation. 2.Éros, ou le Désir sans fin Platonisme, druidisme, manichéisme. Platon nous parle d
20 t d’être deux dans l’amour même. L’Éros, c’est le Désir total, c’est l’Aspiration lumineuse, l’élan religieux originel porté
21 souffrante multiplicité. Ainsi l’élan suprême du désir aboutit à ce qui est non-désir. La dialectique d’Éros introduit dans
22 out étranger aux rythmes de l’attrait sexuel : un désir qui ne retombe plus, que plus rien ne peut satisfaire, qui repousse m
23 ortée en tous lieux et tous temps à diviniser son Désir dans des formes toujours semblables. Je ne sais ce que vaut l’hypothè
24 the de Tristan, qui voile et exprime à la fois le désir de mort. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposé
25 uisqu’il tend à confondre l’attrait du sexe et le Désir sans fin. L’Essylt des légendes sacrées, « objet de contemplation, sp
26 incréé. Et sa passion, c’est le culte d’Éros, le Désir qui méprise Vénus, même quand il souffre volupté, même quand il croit
27 ns la sombre matière l’amant en proie au lumineux Désir . Tel est le combat de l’amour sexuel et de l’Amour, et il exprime l’a
28 curcie par la multiplicité immédiate. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier. L’accomplissemen
29 mmédiate. Éros, notre Désir suprême, n’exalte nos désirs que pour les sacrifier. L’accomplissement de l’Amour nie tout amour t
30 vie « finie ». Le dieu Éros exalte et sublime nos désirs , les rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but
31 te et sublime nos désirs, les rassemblant dans un Désir unique, qui aboutit à les nier. Le but final de cette dialectique, c’
32 ennemis ? C’est l’abandon de l’égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’homme isolé, mais c’est aussi la n
33 ons pas Dieu par une élévation indéfinie de notre désir . Nous aurons beau sublimer notre Éros, il ne sera jamais que nous-mêm
34 e d’une beauté éclatante, qui les a enflammées de désir  ». Puis il a quitté le Ciel avec elle, pour descendre dans la matière
35 tout de l’homme naturel, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi. ⁂ La croisade des albigeois, conduite par l’abbé
36  joie vilaine », c’est ce qui le guérirait de son désir , si justement l’amour sans fin n’était le mal qu’il aime, la « joy d’
37 mor », le délire qui prévaut : … en fait, ce fou désir M’occira, que je reste ou aille par chemins Puisque celle qui peut me
38 que celle qui peut me guérir ne me plaint … et ce désir Prévaut — bien que fait de délire — Sur tout autre… S’il ne veut pas
39 ir encore, c’est qu’il n’est pas assez détaché du désir , c’est qu’il craint de quitter son corps par désespoir, « mortel péch
40 t elle-même dérobée à moi, ne me laissant que mon désir et mon cœur assoiffé ! Et ces deux strophes d’Arnaut Daniel — un nob
41 t la recherche de si grand cœur que, par excès de désir , je crois que je m’enlèverai tout désir si l’on peut rien perdre à fo
42 excès de désir, je crois que je m’enlèverai tout désir si l’on peut rien perdre à force de bien aimer. Car son cœur submerge
43 ent n’est que l’idéalisation ou la sublimation du désir sexuel ; 4° qu’on distingue mal comment, de la confuse combinaison de
44 chez les poètes de cette époque, l’expression du désir charnel est si vive et parfois si brutale qu’il est vraiment impossib
45 t alors cette expression « vive et brutale » d’un désir évidemment charnel ? Dans la crudité de certains termes ? Mais elle é
46 voilée, objet aimé mais en même temps symbole du Désir divin. Sohrawardi (mort en 1191) voyait dans Platon — qu’il connaissa
47 autres personnages allégoriques, tels que Beauté, Désir et Angoisse, le Renseigné, le Probateur, le Bien connu : comment ne p
48 mbole du plus grand Amant, puisqu’en exprimant le désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on co
49 le désir de voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa mort. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illumi
50 drah où l’on mourait d’amour à force d’exalter le désir chaste, selon le verset du Coran : «  Celui qui aime, qui s’abstient
51 nfluent des « hérésies » de l’âme et de celles du désir , venues du même Orient par les deux rives de la mer civilisatrice, na
52 une croyance et un culte qui répondissent au même désir profond, surgi de l’âme collective. Il fallait « convertir » ce désir
53 de l’âme collective. Il fallait « convertir » ce désir , tout en se laissant porter par lui, mais comme pour mieux le capter
54 5 (Marcabru.) Chasteté délivre de la tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir, je
55 eté délivre de la tyrannie du désir en portant le Désir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir, je crois que je me l’en
56 t le Désir (courtois) à l’extrême : Par excès de désir , je crois que je me l’enlèverai, si l’on peut rien perdre à force de
57 ait la chasteté pour son pouvoir « d’éterniser le désir  ».) C’est au comble de l’amour (vrai) et de sa « joie » que Jaufré Ru
58 joie d’Amour » n’est pas seulement libératrice du désir dominé par Mesure et Prouesse, elle est aussi fontaine de Jouvence :
59 le commentaire suivant : « Les cinq portes sont Désir , Prière, Servir, Baiser et Faire, par où Amour périt. » Les quatre de
60 ce nom, quel qu’eût été ce nom sans sa beauté, le désir de Tristan ne s’y fût pas porté. Ainsi Tristan veut se venger de sa d
61 un lien plus inextricable encore. D’irréalisables désirs , d’impossibles convoitises les conduisent à ne rien faire dans leur d
62 i n’irrite leur amertume… Celui qui tend tous ses désirs vers un bonheur inaccessible, celui-là met sa volonté en guerre avec
63 sible, celui-là met sa volonté en guerre avec son désir .90 (Encontre désir fait volier, dit le texte de Thomas.) ⁂ Un fonds c
64 sa volonté en guerre avec son désir.90 (Encontre désir fait volier, dit le texte de Thomas.) ⁂ Un fonds celtique de légendes
65 ien souvent leur dialectique de la souffrance, du désir et de l’extase, quitte à en inverser les conclusions : l’extase final
66 c voué à la nécessité, et les corps sont voués au désir , dont le philtre d’amour symbolise l’inéluctable tyrannie. L’homme n’
67 nt se marier. D’où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfaire. On peut tenir compte du renseignement,
68 s, allocutio, tactus, osculum, coitus. (Noter que Désir correspond à visus — le fameux premier regard qui enflamme — et Servi
69 euses, provoquées, et qui utilise l’énergie de ce Désir pour des fins plus hautes que l’accouplement. Il admettait toutes les
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
70 e-même dérobée à moi, ne me laissant rien que mon désir et mon cœur assoiffé. ») Au-delà même de cet état, Jean de la Croix c
71 rochain, et l’amour avec son objet, mais jusqu’au désir de l’amour semblent se dérober au comble de l’élan : « Vide de toute
72 our Arnaut Daniel parlait aussi de cet « excès de désir  » qui enlève « tout désir ». Mais cet état théopathique n’aboutit poi
73 aussi de cet « excès de désir » qui enlève « tout désir  ». Mais cet état théopathique n’aboutit point chez Jean de la Croix à
74 re celtique de l’orgueil chevaleresque : c’est le désir de la prouesse qui est le moteur des hauts faits de Tristan. Comme to
75 e puissance qu’il éprouve dans le risque. D’où le désir final du risque pour lui-même, la passion de la passion sans terme, l
76 t qu’elle éveille en lui la brûlure délicieuse du désir . L’amour-passion tend à se confondre avec l’exaltation d’un narcissis
77 épithalamique ». « Voici donc venu l’irrésistible désir . S’efforcer continuellement de saisir l’insaisissable… Et l’objet du
78 ellement de saisir l’insaisissable… Et l’objet du désir ne peut être ni abandonné ni saisi107. L’abandonner est chose intolér
79 lle entretient de la sorte flattent trop bien les désirs naturels ; peu à peu, l’hérésie disparaît aux yeux des mondains abusé
80 sprit sur l’instinct. « L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel », disait l
81 r s’exalter. Si l’origine de cette passion est un désir , conscient ou non, d’échapper à la condition terrestre insupportable,
82 la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 115. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le l
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
83 i, dans ma pensée, me parle de ma Dame avec grand désir , souvent m’entretient de choses telles qu’à leur sujet mon intelligen
84 ovient souvent la mort… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limites de l’amour naturel… Comme il n
85 est vrai qu’ici-bas tant joyeux de son mal votre désir s’apaise par un coup d’œil, une parole, une chanson —  si ce plaisir
86 des cathares. Comme eux, Milton croit que le bon désir procède des principes intellectuels, et qu’il doit nous purger de not
87 tuels, et qu’il doit nous purger de notre mauvais désir , de la sensualité, péché majeur. Et Fludd, son maître en occultisme,
88 ame un besoin d’être libre qui traduit un profond désir de n’être plus même en état de désirer aucune liberté. C’est ce qui s
89 ent l’ardeur de la passion. Et de là vient que le désir d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère
90 e désir d’union totale se lie indissolublement au désir de la mort qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans l
91 rel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique du désir , mais non plus même pour celle de l’amour. « Belle vertu, dit Mme d’É
92 je suis moins sûr de leur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir, les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur
93 ur réalité que de celle du désir qui les crée. Ce désir , les Goncourt l’ont très bien aperçu dans leur ouvrage classique sur
94 nique, jamais rejointe par l’erreur inlassable du désir . C’est l’insolente avidité d’une jeunesse renouvelée à chaque rencont
95 rarque semblait ignorer simplement l’existence du désir et des corps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui est un homme du xv
96 i aussi désirait brûler, et non pas rassasier son désir . Lui aussi va multiplier les obstacles les plus gratuits, les prétext
97 Tieck, définissant l’amour comme « une maladie du désir , une divine langueur… »157. L’exaltation de la mort volontaire, amour
98 et pour s’élancer à l’infini. C’est, dit-il, « le désir de quelque chose d’entièrement inconnu, qui se révèle uniquement par
99 esprit déploie mille antennes toutes vibrantes de désir , tisse son filet autour de celle qui est apparue, et elle est à lui…
100 nsgression rêvée de toutes limites, et le suprême désir qui nie le monde. Ainsi revivent de tous côtés et se rassemblent les
101 é sans avoir joui, dit René ; il reste encore des désirs et l’on n’a plus d’illusions… On habite avec un cœur plein, un monde
102 inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgression de nos limites, mortelle mais divinisante. Rares
103 nt mortes. Mais il est obligé de constater que ce désir de passion, et la passion elle-même dans le monde où il vit, sont con
104 assion, à son avis, c’est une erreur favorable au désir . « Ce phénomène, dit-il, vient de la nature qui nous commande d’avoir
105 r croire que le Tristan de Wagner est un drame du désir sensuel. Qu’un tel jugement ait pu s’accréditer en dépit de flagrante
106 olution des formes et des êtres, la libération du désir , l’anathème sur le désir, la gloire crépusculaire, immensément plaint
107 êtres, la libération du désir, l’anathème sur le désir , la gloire crépusculaire, immensément plaintive et bienheureuse de l’
108 mants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est le désir charnel qui les sépare encore. Ils sont ensemble et pourtant ils sont
109 e et un puissant guerrier en proie au tourment du désir … Fermez les yeux et aussitôt le drame s’éclaire ! L’orchestre décrit
110 bouleversante des mélodies révèle un monde où le désir charnel n’est plus qu’une dernière et brûlante langueur dans l’âme qu
111 celui qui faisait de Tristan la glorification du désir sensuel — c’est le rappel de l’influence de Schopenhauer sur Wagner.
112 xprime à la perfection la synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir que tout s’arr
113 synthèse idéale de deux désirs contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir que tout s’arrange — désir romantique
114 contradictoires : désir que rien ne s’arrange et désir que tout s’arrange — désir romantique et désir bourgeois. La profonde
115 e rien ne s’arrange et désir que tout s’arrange —  désir romantique et désir bourgeois. La profonde satisfaction que produit à
116 et désir que tout s’arrange — désir romantique et désir bourgeois. La profonde satisfaction que produit à coup sûr le happy e
117 lie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir de romantisme rend insensible. Ainsi, pendant une heure ou deux le ro
118 qu’une nostalgie assez vulgaire, idéalisation de désirs anodins, d’ailleurs ramenés vers la jouissance des choses, c’est-à-di
119 anter la courtoisie, nous chanterons les ruses du désir animal, l’emprise totale du sexe sur l’esprit. Et la grande innocence
120 ivilisation intoxiquée. L’« authentique » dont le désir nous obsède, nous ne pourrons pas le retrouver. Il n’est pas au terme
121 ncapables de faire la part du feu, d’ordonner nos désirs , de distinguer leur nature et leur fin, d’imposer une mesure à leurs
122 e d’amour (II, 1). 134. Sainte Thérèse : « De ce désir qui en un instant pénètre l’âme entière naît une douleur qui la trans
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
123 our et guerre 1.Parallélisme des formes Du désir à la mort par la passion, telle est la voie du romantisme occidental 
124 és par l’ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et guerre. Mais ni cette origine religieuse, ni cette complicité phys
125 et toujours. C’est la transformation immédiate du désir sensuel en un sacrifice de soi-même qui semble faire partie du domain
126 de l’éthique… L’expression et la satisfaction du désir , qui paraissent tous deux impossibles se transforment en une chose pl
127 alors la seule alternative à l’accomplissement du désir , et la délivrance est donc de toute manière assurée. » La mise en scè
128  naïfs » et des « duperies du cœur », alliée à un désir fébrile d’aventure, voilà le climat des principaux romans de cette pé
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
129 possible qui s’ouvre, un destin qui acquiesce au désir  ! Je vais y entrer, je vais y monter, je vais y être « transporté » !
130 mme, il la reconnaît. C’est elle, la femme de son désir et de sa plus secrète nostalgie, l’Iseut du rêve191 ; elle est mariée
131 our pouvoir de nouveau désirer et pour exalter ce désir aux proportions d’une passion consciente, intense, infiniment intéres
132 temps. Pour Tristan, Iseut figurait le symbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la mort divinisante, libératrice des
133 là que cette passion se détachait des rythmes du désir charnel ; mais tandis que pour Tristan l’infini, c’est l’éternité san
134 ales, sociales ou scientifiques, déduites du seul désir d’arrêter les dégâts, ne serait-ce pas lui dénier arbitrairement le c
135 jeu et de tragique à bon marché, de glamour et de désir instinctif, de morale conformiste et d’aventure personnelle. C’est Ho
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
136 — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder en vérité ses préférences les plus secrètes, du moins pe
137 al de mes rêves, vous comblez et au-delà tous mes désirs , vous êtes l’Iseut toute belle et désirable — et munie d’une dot adéq
138 lité comme une discipline imposée (aux humeurs et désirs spontanés) par un absurde et cruel parti pris ; ou comme une abstenti
139 ait condamné à croire Éros, à se confier dans son désir le plus puissant, à lui demander la délivrance. Et l’Éros ne pouvait
140 ivre. Toutes les religions païennes divinisent le Désir . Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir, qui devient aus
141 ir. Toutes cherchent un appui et un salut dans le Désir , qui devient aussitôt, et par là même, le pire ennemi de la vie, la s
142 ujours plus haut dans l’ascension interminable du Désir qui consume la vie, mais ici-bas, dans l’obéissance à la Parole. ⁂ Et
143 Parole. ⁂ Et qu’aurions-nous alors à craindre du désir  ? Il perd sa puissance absolue quand nous cessons de le diviniser. C’
144 simple fait qu’elle habitue à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent
145 à ne plus séparer le désir et l’amour. Car si le désir va vite et n’importe où, l’amour est lent et difficile, il engage vra
146 conception de la vie ardente qui est un masque du désir de mort. Dynamisme inverti, et autodestructeur. Mais l’autre aspect d
147 us qu’un dialogue de grâce et d’obéissance. Et le désir de la plus haute passion se voit alors comblé sans cesse dans l’acte
148 eut alors concevoir que la passion, née du mortel désir d’union mystique, ne saurait être dépassée et accomplie que par la re
8 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Appendices
149 rte de plaisir à copier ses noirceurs. » (D’où le désir sadique de se libérer des tyrannies sensuelles par l’excès de débauch
9 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
150 econnaît le thème de la princesse lointaine. — le désir pour une Dame jamais vue, qu’on ne connaît pas encore : « Mon Dieu, q
151 e s’est dérobée elle-même, ne me laissant que mon désir et mon cœur assoiffé ! Et voici la passion fatale et son narcissisme
152 re et dolente mélodie de Bernard, mais l’amour de désir infini, les tourments endurés, l’exil, et l’instance obsédante de la
153 Arabes comment le refus d’accomplir totalement le désir est le moyen le plus « raffiné » de l’éterniser. Ainsi, Ibn Dawoud :
154 ) : Le plaisir de cet amour se détruit quand le désir trouve son rassasiement. En revanche, René Nelli, au lieu de faire d
155 tre plaisir d’être amoureux et vœu d’éterniser le désir , comme chez les Arabes. Chez Guillaume IX, le joy devient aussi un in
156 ire si cet homme parvient à maîtriser les lois du désir , exalté par la retenue même que lui impose la dame : Nul ne peut êtr
157 , ou un agneau, ou un enfant ; et s’ils cèdent au désir , c’est la preuve qu’ils ne s’aiment pas de fin’amors, de vrai amour.
158 être croyait-on, comme Hindous et Chinois, que le désir exalté par le retard du plaisir exerçait une puissance magique. « La
159 art et d’autre : chez les troubadours, exalter le désir  ; chez les gnostiques, en triompher (ascétisme des parfaits), ou enco
160 dais aussi lorsque je définissais Éros comme « le désir sans fin ». On voit ici comment l’amour courtois et le catharisme, to
161 et état de malaise intérieur que naquit en lui le désir d’opposer au mysticisme ascétique de l’époque un mysticisme mondain,
162 diamétralement opposé puisqu’il tend à exalter le désir , je constate qu’ils n’ont pas compris la nature de l’objet dont ils t
163 de la haine, de la chasteté et de l’érotisme, du désir et de l’angoisse, de l’attraction et de la répulsion, de l’indifféren
164 e, l’incompatibilité de la volonté de vivre et du désir de mort, pourtant unis dans le vertige ; des Croisades et du commerce
165 et des troubadours ; de l’ascétisme et du brûlant désir  ; du mysticisme délirant et de la complaisante chasteté ! Rien, ils n
166 de la poésie, à cette béance de l’histoire, à ce désir en quête d’un objet, — au xiie siècle, et à l’amour en général, et à
167 ent la « structure existentielle de l’homme ». Le désir « comporte naturellement sa contradiction propre, son malheur et sa d
168 nts, ceux de la passion interdite, et le temps du désir nostalgique où l’on ressent le mieux l’amour-en-soi. Dès lors l’éblou
169 leurs arrangeait tout le monde. À l’incitation du désir , la réaction passionnelle, tout d’un coup, déborde immensément. Et qu
170 e, tout d’un coup, déborde immensément. Et que le désir soit ou non satisfait n’y change rien dans les cas graves (au surplus
171 fini dans un être fini. La réponse « normale » au désir étant de faire l’amour, ou de s’éloigner, la réponse passionnelle (al
172 ourtoise signifie que fin amors est jouissance du désir , non du plaisir ; mais on peut en étendre le sens jusqu’à voir qu’ell
173 ore voilée — « un peu, beaucoup » — qui se lie au désir , s’en fait complice, et le plus souvent s’évanouit une fois son ardeu
174 es agents externes. Si la « dialectique propre du désir  » suffisait à créer la passion, celle-ci serait universelle, ce qu’el
175 me exemple de ce qu’il appelle transcendance « le désir sexuel lui-même ». Le désir sexuel du chien ne ferait-il pas partie d
176 le transcendance « le désir sexuel lui-même ». Le désir sexuel du chien ne ferait-il pas partie de sa « structure existentiel