1 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Le problème de la culture
1 permet qu’au sein de l’ordre le plus ferme, notre esprit trouve lieu de s’ébattre autour des forces et des faits qui l’animent
2 d’une confiance déjà restaurée dans le cœur et l’ esprit de plusieurs. Si j’entreprends d’écrire ce livre, ce n’est pas pour l
3 livre, c’est chercher les moyens d’action dont l’ esprit de l’homme dispose ; c’est montrer que l’esprit n’est réel et ne méri
4 l’esprit de l’homme dispose ; c’est montrer que l’ esprit n’est réel et ne mérite que l’on s’inquiète à son sujet que lorsqu’il
5 imbaud, ceux qui œuvrent ; et ceux qui ouvrent. L’ esprit n’est vrai que lorsqu’il manifeste sa présence, et dans le mot manife
6 résence, et dans le mot manifester il y a main. L’ esprit n’est vrai que dans son acte, que nos clercs qualifient d’abaissement
7 abaissement. C’est en effet un abaissement pour l’ esprit pur que de descendre à la portée des hommes, mais c’est là qu’il cess
8 se d’être un mensonge. L’amour est le comble de l’ esprit , et l’amour du prochain est un acte, c’est-à-dire une main tendue, no
9 e, sait-on jamais, qui pourrait s’insinuer dans l’ esprit du lecteur. C’est une occupation pénible à laquelle sont soumis ceux
10 humaine » (Renan) ne mérite pas le sacrifice de l’ esprit pur. Sacrifice inutile au reste : la science ne nous apprend-elle pas
11 ue les lois de l’histoire sont des lois, et que l’ esprit ne peut rien y changer ? Que l’esprit plane donc, sublime et décanté.
12 s, et que l’esprit ne peut rien y changer ? Que l’ esprit plane donc, sublime et décanté. Apportez-moi de quoi écrire et de quo
13 étiquettes vagues ? (« Révolution », « amour », «  esprit  » pour ne citer que les plus courants.) À quoi sert encore de parler,
14 statues allégoriques, à l’entrée du « Palais de l’ Esprit  », par des députés égrillards ! Mais je vais sans doute un peu vite.
15 on pas proposé déjà l’érection d’un « Palais de l’ Esprit  » au centre de l’Exposition de 1937 ? On se demande non sans angoisse
2 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — D’une culture qui parle dans le vide
16 sauver la culture ? Le mot culture évoque dans l’ esprit du Français moyen l’idée de l’Université, de la Bibliothèque national
17 e culture s’associe tout naturellement dans notre esprit l’idée de l’homme cultivé, plutôt que celle du créateur ; l’idée de l
18 libérés eux aussi du contrôle et des mesures de l’ esprit , se débattent dans l’opportunisme, ballottés entre l’opinion, qui tra
19 peuple et des « gens cultivés », séparation de l’ esprit et des pouvoirs réels, voilà le terme d’une évolution, ou mieux d’une
20 e socialiste) suppose, exige que l’on anticipe en esprit sur la forme à réaliser. » Idée socialiste, p. 14.) 7. C’est moi qu
3 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
21 t la rationalisation, la manie de tout unifier, l’ esprit de géométrie, qui est l’esprit de la dictature et qui conduit à l’éta
22 de tout unifier, l’esprit de géométrie, qui est l’ esprit de la dictature et qui conduit à l’étatisme. Dès que l’idéal humanist
4 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
23 d’aller dans le sens d’un grandiose Progrès de l’ esprit , bref cet idéalisme sans lequel toute révolution s’étranglerait au st
24 ant le fameux renversement de la dialectique de l’ Esprit en dialectique de la Matière économique. Marx à lui seul, d’ailleurs,
25 lution déterminée et implacable contre laquelle l’ esprit humain reste sans force. En fin de compte, elles opposent pareillemen
26 i-même. Triomphe du légalisme sur l’autorité de l’ esprit . Rationalisation de la Providence au détriment de la foi créatrice. E
27 ref, tout concourt à justifier l’inactualité de l’ esprit  : et ce dogme est le seul lieu commun sur lequel s’accordent aujourd’
28 uppression de tous les autres. L’inactualité de l’ esprit suppose la suppression de tous les liens qui unissent naturellement u
29 s : finalité de la civilisation et actualité de l’ esprit . Qu’on supprime l’un, et l’autre disparaît. Qu’on voile le but, et l’
30 se relâche. Mais à l’inverse, que l’on déclare l’ esprit sans force, voici que la fin commune des efforts théoriques et pratiq
31 e leur principe même est contesté, qui veut que l’ esprit soit toujours responsable de l’action ; ou sinon tous deux se corromp
5 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’Arche de l’Alliance
32 le d’épouser, pour le vivifier, le mouvement de l’ esprit créateur. On pourrait concevoir une dictature qui ne borne pas ses am
33 bois Et c’est son bâton qui lui parle ! Car l’ esprit de prostitution égare Et ils se prostituent loin de leur Dieu. (Osé
34 rostituent loin de leur Dieu. (Osée, 4,12) Cet «  esprit de prostitution », cette idolâtrie qui renaît dès qu’Israël cesse de
35 re au Dieu vivant est une obéissance directe « en esprit et en vérité ». Or abstraire, c’est d’abord s’abstraire de l’immédiat
36 l au Créateur. Enfin, remarque encore Renan : « L’ esprit prophétique et les institutions qui en naissent, au moins virtuelleme
37 ans la suppression de la politique au profit de l’ esprit  ? Si l’on admet que la destination de toute culture, c’est de concent
38 dans les mains de l’homme responsable, et dont l’ esprit connaît un but auquel il dédie toutes ses œuvres, l’on voit que la cu
39 t aussi la plus convenable aux fins suprêmes de l’ esprit . Toutefois, non tant à cause de sa pauvreté même, qu’à cause de l’abs
6 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Sur le déclin du Moyen Âge
40 e latin, en tant qu’il figure la persistance de l’ esprit romain, est la « mesure » qui permet d’estimer la conduite des choses
7 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Décadence des lieux communs
41 ts dans le langage et les écrits de notre temps : esprit , révolution, liberté, ordre, patrie. Voilà les instruments du jeu phi
42 ou hommes d’État. Les uns tiennent le parti de l’ esprit et les autres celui de l’ordre, les uns le parti de la révolution, le
43 t la liberté dans l’ordre, ou la révolution par l’ esprit , ou un esprit patriotique, ou une patrie spirituelle… Tandis que d’au
44 ans l’ordre, ou la révolution par l’esprit, ou un esprit patriotique, ou une patrie spirituelle… Tandis que d’autres opposent
45 atrie spirituelle… Tandis que d’autres opposent l’ esprit à la révolution, l’ordre à la liberté, ou encore les patries de l’ord
46 r des 29 sens que Littré donne pour le seul mot : esprit , si j’interroge au hasard ceux qui veulent défendre « l’esprit » cont
47 interroge au hasard ceux qui veulent défendre « l’ esprit  » contre les menaces dites matérialistes, je constate qu’on entend pa
48 « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esprit signifie évasion, spiritualisme et duperie bourgeoise ; pour l’autre,
49 t tous ces sens se chevauchent pour former dans l’ esprit des polémistes les plus étranges surimpressions35. La liberté sera in
50 ion démocratique des grandes masses à la vie de l’ esprit me paraît tout à fait improbable dans l’état actuel du régime. Elle e
51 es, ou des idées. Il flatte ainsi la paresse de l’ esprit , décourage le sens critique, décontenance les expressions les plus co
52 elle est d’abord cette inquiétude du cœur et de l’ esprit qui naît de la mort des amitiés. Plus angoissante encore, elle règne
53 dans la nature, dans l’histoire, dans la vie de l’ esprit  ? 34. Les injures et les marques de mépris hautain dont se gratifie
8 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Tentatives de restauration d’une commune mesure
54 munautés nationales fécondes dans le domaine de l’ esprit , apparaissent et se défont en même temps que la mesure qui les anime.
55 tel jugement ? Si nous disons qu’ils ont sauvé l’ esprit et la culture, quelles définitions de l’esprit et de la culture suppo
56 l’esprit et la culture, quelles définitions de l’ esprit et de la culture supposons-nous ? Le triomphe de la bourgeoisie était
57 individuelles ont porté témoignage en faveur de l’ esprit contre l’abêtissement de la communauté, contre toutes ses caricatures
58 eph Prudhomme, le pharmacien Homais. La vérité, l’ esprit et la culture en présence du triomphe bourgeois furent rejetés dans u
9 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure soviétique
59 re perdue, la misère du peuple, l’absence de tout esprit civique dans les masses, les popes bornés, enfin l’état très arriéré
60 énine. Mais d’autre part, on ne peut nier que « l’ esprit  » des pionniers soviétiques (la doctrine marxiste-léniniste) n’ait ma
61 à l’usage des moujiks : c’est d’abord un certain esprit , une certaine ambition humaine, une certaine religion fanatique ; et
62 ravité pratique. (J’ai dit sur quelle notion de l’ esprit se fonde une pareille indulgence.) L’important, à leurs yeux, c’est l
63 et notre idée de la culture s’il le faut. Quand l’ esprit « perd ses droits », c’est à nous de les lui rendre. Poussé par les n
64 le paradoxe est soutenable) se substitue dans les esprits les plus vivants à l’idée du Plan scientifique. Mais avec cette idée
65 enfin le risque créateur qui reviennent tenter l’ esprit . Il serait vain de le nier : la mesure imposée par le Plan et qui rég
66 ; en dépit de la Force des Choses ; en vertu d’un esprit étranger… ⁂ Résumons les données de ce drame. Le communisme est parti
10 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure nationale-socialiste
67 t fait depuis quelques années une géographie de l’ esprit dont le caractère frappant est d’être en complet désaccord avec la gé
68 effort intéressé des dictateurs pour imposer à l’ esprit créateur aussi bien qu’à l’esprit des usagers de la culture, la mesur
69 our imposer à l’esprit créateur aussi bien qu’à l’ esprit des usagers de la culture, la mesure prétendue universelle. Or cette
70 t de mettre au pas, et le plus vite possible, ces esprits qu’on n’a pas éduqués. Il va falloir monnayer la doctrine en valeurs
71 qui voulut jouer la carte « nationale » contre l’ esprit de la Révolution. Si les Français sont nationaux, c’est parce qu’ils
11 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Leçon des dictatures
72 rcs, etc., tout cela au nom d’une conception de l’ esprit pur, dont la faiblesse philosophique égale l’hypocrisie pratique. Enf
73 nt les dictatures…   Le monde bourgeois mettait l’ esprit au-dessus de tout, si bien que l’esprit perdait d’abord toute efficac
74 mettait l’esprit au-dessus de tout, si bien que l’ esprit perdait d’abord toute efficacité, puis toute vertu spirituelle. Les d
75 t en droit, de l’action de masses ; si bien que l’ esprit se trouve fort en peine de reprendre sa place dans un ensemble très r
76 n active. Dès lors, l’alternative qui se pose à l’ esprit est la suivante : ou bien il se soumet à la mesure faite pour régler
12 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — commune mesure et acte de foi
77 à côté d’elle ou derrière elle, ou au-delà, que l’ esprit ne peut pas oublier. Ainsi notre cœur se partage et se condamne dans
78 aire, — l’argent, le Plan, l’État, le chef — et l’ esprit va d’un autre côté, bientôt sans force ni joie créatrice, divaguant d
13 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
79 ui précèdent. La dictature de cette crise sur nos esprits et sur nos corps signifie sans erreur possible, et à elle seule, que
80 qui frémira. Mais la protestation totale de notre esprit nous avertira d’un danger : ici commence un monde étrange, ici règne
81 ui ne se connaissent plus, seule la violence de l’ esprit est pacifiante. Notre seule chance de collaboration féconde avec les
14 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Préambule
82 ires, d’une évasion hors de tâches nécessaires. L’ esprit pur et l’esprit asservi sont deux complices dont les disputes bruyant
83 ion hors de tâches nécessaires. L’esprit pur et l’ esprit asservi sont deux complices dont les disputes bruyantes n’ont eu jusq
84 détourner de notre rôle, lequel est d’incarner l’ esprit au service de la vérité. Je définirai donc mon attitude comme un oppo
85 n des vieilles mesures, il y avait une crise de l’ esprit , et une défection de la culture ; et que par suite, si nous voulions
86 refaire des fondements, et par les refaire dans l’ esprit . Or ce travail est amorcé de tous côtés, j’en ai rappelé déjà quelque
87 formule implique aux conceptions courantes de « l’ esprit  », de l’intelligence, et de la culture. Par cette méthode négative se
15 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
88 n : il y a des hommes qui sont l’orgueil de notre esprit , — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a des hom
89 it, — et d’autres qui s’enorgueillissent de notre esprit . Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent : il ne faud
90 egaard, — il y a aussi les fins lettrés, les bons esprits , les professeurs, pour lesquels la pensée est un art d’agrément, un h
91 de l’homme, c’est de penser avec ses mains. L’ esprit s’est « distingué » Remarquons qu’une formule telle que « penser a
92 vas-tu faire de ton cerveau ? », nous dit ce bon esprit au nom de beaucoup de sa sorte. Ce qui revient à dire : « Si c’est av
93 nous ne partons pas pour plaisanter avec les bons esprits . Qu’est-ce en effet qu’un esprit distingué ? Et de quoi peut-il bien
94 r avec les bons esprits. Qu’est-ce en effet qu’un esprit distingué ? Et de quoi peut-il bien s’être ainsi distingué ? Mais de
95 ingue, et l’on peut tendre une main distinguée. L’ esprit moderne a poussé loin la distinction : c’est bien là sa vulgarité. Et
96 pensée profonde et ce qui la révèle au jour, cet esprit qu’on dit pur, et l’acte qui l’atteste. Le moteur ni les roues ne son
97 issance d’action, c’est penser dans l’action où l’ esprit se voit actuellement compromis et sommé de juger, de choisir, de tran
98 r comme sa vocation créatrice. Définition d’un esprit « moderne » « Je m’étais fait un mode d’existence qu’on pourrait a
99 s. Cette formule symbolise tout le reste. Ainsi l’ esprit « moderne » nous apparaît dans son ensemble défini par la phrase fame
100 voyais me voir. » Et il s’oppose radicalement à l’ esprit des grandes métaphysiques et théologies traditionnelles, jusqu’à Kant
101 tituer une atteinte bien grave à l’intégrité de l’ esprit . Les forts sauront toujours se délivrer de telles gênes, etc. » Il ex
102 raits, dans l’espoir de rendre attentifs quelques esprits , je dirai que cet appareil dont je viens d’esquisser la coutume, a pe
103 tion intellectuelle. Nous assistons, du côté de l’ esprit , à cette phase du désordre que l’on pourrait appeler la révolte des e
104 rmule du conformisme insaisissable qui paralyse l’ esprit contemporain, le destitue de sa primauté nécessaire, et prolétarise l
105 ermes, avec les mêmes critères. Ils ont cru que l’ esprit pouvait corriger après coup ce qu’il avait laissé les autres entrepre
106 les passions d’une classe ou d’une nation. Mais l’ esprit n’a pas de pouvoir, s’il refuse d’être initiateur. L’esprit est impui
107 pas de pouvoir, s’il refuse d’être initiateur. L’ esprit est impuissant sur les choses telles qu’elles vont. Son unique puissa
108 lite contre les manifestations intempestives de l’ esprit créateur. Au reste, il est extrêmement curieux de noter que cette att
109 enu, même moral, cependant que d’autre part notre esprit débrayé, comme un psychologue nominaliste, bavarde impunément à trave
110 pensée systématique. Cet adjectif évoque dans nos esprits modernes une vision d’ordre ou d’ordonnance. Et cette vision flatte a
111 éthique fondée sur l’inactualité des décrets de l’ esprit — premier paradoxe — a-t-elle pu s’imposer à des peuples entiers, alo
112 viens de décrire. C’est un certain péché contre l’ esprit que je redoute, et non point un certain système de répartition des ri
113 rovisoire selon Descartes — de la séparation de l’ esprit . J’entends que les effets de cette séparation se sont manifestés et p
114 érialisme universel, notre crise. Cependant que l’ esprit surnage, un esprit assez purifié de vulgaire réalité, et qui se croit
115 , notre crise. Cependant que l’esprit surnage, un esprit assez purifié de vulgaire réalité, et qui se croit inaccessible aux c
116 qui se croit inaccessible aux coups du sort. Cet esprit secrète sa science, cette science, à son tour, secrète des dogmes. El
117 de jeunesse du prophète vient de confirmer. Que l’ esprit pur, chez les marxistes, ait abdiqué devant les lois économiques, com
118 once la frousse des propriétaires ; il est dans l’ esprit même de ces propriétaires, grands ou petits, dans leur obsession d’as
119 , sous le nom d’histoire, impose simplement à nos esprits une certaine métaphysique, une certaine mythologie déterministe. L’hi
120 e vois les symptômes cliniques d’une maladie de l’ esprit et du cœur des citoyens, qui est mortelle. Mais certains hommes, enle
16 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
121 on dépend du jeu de lois fatales, et non pas de l’ esprit créateur, incarné par des hommes responsables. La pensée prolétarisée
122 cte, et disjointe sa prise, la pensée devient « l’ esprit pur », la résistance devient « la matière », tout n’est que schème et
123 re un mythe abstrait ? Ou simplement un acte de l’ esprit , un jugement, et ne serait-ce pas alors un calembour que de l’assimil
124 — ou contre moi. Je le dis surtout contre certain esprit moderne que j’appellerai sentimental. Et qui dérive peut-être moins d
125 tral et non sérieux qui excite aujourd’hui tant d’ esprits , n’est encore qu’une affreuse mystification, dont le plus sûr effet e
126 est pas la brutalité, est proprement le fait de l’ esprit , j’entends de l’esprit créateur. Tout acte créateur fait violence à u
127 st proprement le fait de l’esprit, j’entends de l’ esprit créateur. Tout acte créateur fait violence à un état de choses, qu’il
128 une espèce de lyrisme. Ils aiment à répéter que l’ esprit est hors de pouvoir sur les choses ; ils le déplorent modérément, c’e
129 comme ils le disent, utilisant le vocabulaire des esprits purs, et s’ordonnant ainsi à leurs erreurs. Ceux-là veulent qu’on bou
130 ’attendre on ne sait trop quelle renaissance de l’ esprit . Autrement dit, ils pensent que le clerc n’a d’autorité vraie que sur
131 it-on que les foules aient plus de respect pour l’ esprit que les intellectuels eux-mêmes n’en montrent lorsqu’ils affirment so
132 t molem dit le proverbe. Mais ce mens n’est pas l’ esprit pur ! Il est l’acte d’un créateur dont toute pensée se forme en acte.
133 mes font peut-être « mal », mais mal à cause de l’ esprit qu’ils combattent, et des erreurs qu’ils en ont héritées, ce que nul
134 ait plus que d’informes résistances ; c’est que l’ esprit , livré à des systèmes, y a perdu le sentiment. Résumons-nous : pour l
135 torité, ce sera le sens de l’immédiate prise de l’ esprit . Cependant nous sommes dans le temps, et le temps nous sépare sans ce
136 s tenté de souhaiter qu’en France l’activité de l’ esprit redevienne passible de prison : cela rendrait un peu de sérieux aux e
137 e de prison : cela rendrait un peu de sérieux aux esprits libres. Je sais bien que ce vœu signifie pour beaucoup un appel aux «
138 ue originel. Ce n’est point par la culture de l’«  esprit  » que l’individu se développe, mais par l’incarnation de plus en plus
139 ablit d’abord un conformisme89, une sécurité de l’ esprit , c’est-à-dire une réalité privée de lien vivant avec son origine. Par
140 déprimante résistance que rencontre l’effort de l’ esprit . Ajoutons que c’est une résistance anormale, maladive et qui appelle
141 l n’y a pas l’unité restaurée, il y a seulement l’ esprit humain désincarné, livré à son orgueil, c’est-à-dire à ses illusions.
142 te ; c’est le style qui traduit le dynamisme de l’ esprit formateur. C’est donc une certaine imagination, un certain style qui
143 réalité que les résidus de créations anciennes. L’ esprit s’y engage à sa suite, persuadé qu’il pense le réel, alors qu’il suit
144 est un des sous-produits du romantisme. Lorsque l’ esprit abandonné à sa fantaisie s’effraie soudain des actes où elle l’entraî
145 s formes, héritage d’un libéralisme dégradé, d’un esprit d’abstraction doublé de mensonge concret, dont les écrivains d’aujour
146 ndres surveillés du « style exquis » entraînent l’ esprit , l’imagination et les sens dans un monde où certaines conclusions com
147 yle à celle de correction dans les démarches de l’ esprit . Il faudrait en nommer quelques autres : Pascal dont la phrase est br
148 restaurer le prestige de l’Europe, qui tenait à l’ esprit créateur de ses élites intellectuelles. Si nous voulons reprendre not
149 la restauration d’une autorité effective. C’est l’ esprit seul qui nous sauvera, et non l’État, l’esprit autoritaire et incarné
150 l’esprit seul qui nous sauvera, et non l’État, l’ esprit autoritaire et incarné, l’esprit qui crée et qui éduque. Les vertus q
151 et non l’État, l’esprit autoritaire et incarné, l’ esprit qui crée et qui éduque. Les vertus qu’il suppose sont concevables ; l
152 ue ces signes apparaissent, un immense appel de l’ esprit , une construction parfois séculaire des pouvoirs. Et nous n’en sommes
153 prendre une conscience ferme des nécessités de l’ esprit et de l’éthique qu’elles nous imposent dans la situation où nous somm
154 rtion matérielle qui pourrait effrayer beaucoup d’ esprits . ⁂ Au risque de simplifier jusqu’à l’absurde — mais ceux qui veulent
155 as « descendre au social », ni davantage trahir l’ esprit pour des fins « bassement utilitaires », si l’on accepte l’héroïsme p
156 , de retours et de morts encore, jusqu’à ce que l’ esprit enfin brisé s’abandonne, comme on oublie, à tel vouloir qu’il conceva
157 s’incarne la pensée, et c’est là l’héroïsme de l’ esprit . Car toute incarnation s’opère au prix d’un héroïsme, d’une passion s
158 de la création géniale. L’autorité appartient à l’ esprit , en tant qu’il entre en force dans le monde pour transformer ses cond
159 même qu’il s’agit d’éprouver une dernière fois. L’ esprit de l’homme se manifeste dès l’origine par le conflit qu’il institue d
160 aration, la pensée a reçu, par l’incarnation de l’ esprit , une nouvelle puissance de salut. C’est l’acte. Car l’acte est adhési
161 ière est celle de la foi seule. Elle est don de l’ Esprit , révélation. Elle tue en nous le faux dieu du moi pur, pour ressuscit
162 onne, chap. II, et ma Définition de la personne ( Esprit , déc. 1934). Au sujet de la personne, voir aussi les études de Wahl,