1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
1 our nous de préciser comment, pourquoi, dans quel esprit surtout le protestantisme est effectivement cela. Depuis une dizaine
2 es Guise, dans la Ligue. Plus tard, c’est ce même esprit qui obtiendra que Louis XIV révoque l’édit de Nantes, au nom du mot d
3 ment hétérogène quant à la forme, sinon quant à l’ esprit , se dresse le bloc des trois États totalitaires — que menace de rejoi
4 ement soutenables dans l’abstrait. Je considère l’ esprit totalitaire comme une menace terrible pour notre civilisation et plus
5 éfendre — surtout quand il s’agit des choses de l’ esprit  — c’est de connaître l’adversaire afin de reconnaître et de tuer les
6 social. L’homme étant totalement engagé, corps et esprit , dans les rouages de l’État, et cet État ne reconnaissant plus aucune
7 sera toujours l’adversaire le plus efficace de l’ esprit totalitaire. Déjà, beaucoup d’entre nous ont repris au sérieux la thé
8 ines revendications conformes au Décalogue et à l’ esprit de l’Évangile. Tout cela doit rester « occasionnel », mais dans le se
9 trale. Nous de même, reprenons le combat contre l’ esprit collectiviste, mais aussi et d’abord contre les déviations humanistes
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
10 te d’un objet maléfique, ou d’un sorcier, ou d’un esprit qui rôde autour de leur maison. Toujours, la cause du mal, c’est-à-di
11 Disharmonie de nos activités et impuissance de l’ esprit Songeant à notre civilisation moderne, je suis de plus en plus fra
12 — d’autre part, une angoissante impuissance de l’ esprit devant ce monde comme il va. Prenons des exemples concrets. Rien de p
13 n’accuser que la méchanceté des hommes : c’est l’ esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse générale qui se
14 guerre sera toujours le seul aboutissement. L’ esprit de Ponce Pilate Mais alors, qui est responsable de ce divorce entr
15 ent et souffrent… Tout cela échappe aux vues de l’ esprit rationaliste, et le panorama de la société devient confus. Plus rien
16 il s’est d’abord manifesté. Et je le nommerai : l’ esprit de démission, de non-intervention, ou la démission de l’esprit. C’est
17 ission, de non-intervention, ou la démission de l’ esprit . C’est l’esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les
18 ntervention, ou la démission de l’esprit. C’est l’ esprit même d’un Ponce Pilate, le sceptique qui se lave les mains et laisse
19 le-là ! Car en somme elle justifie tout, endort l’ esprit et le dispense de toute intervention active. Pourquoi s’inquiéter des
20 e ces masses humaines rassemblées ? Primo : notre esprit est trop distingué et délicat pour agir sur ces faits ; secundo : le
21 us contradictoires, ont en commun ce postulat : l’ esprit ne peut rien sur l’action, et par suite, il n’a plus à s’en occuper.
22 ois économiques, donc par la matière, là encore l’ esprit ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il que l’esprit n’est qu’un re
23 t ne peut rien. Aussi bien, Marx prétend-il que l’ esprit n’est qu’un reflet, un sous-produit des processus matériels. Vous voy
24 généraux par lesquels se trahit la démission de l’ esprit , je dirais :  goût des automatismes, croyance aux fatalités de l’Hist
25 jugés du siècle : « Le plus grand adversaire de l’ esprit , c’est la presse quotidienne. On ne peut plus prêcher le christianism
26 que tout, dans le monde, échappe aux prises de l’ esprit humain, il ne reste qu’un seul principe pour mesurer la valeur de nos
27 s principes qui ne valent rien dans le monde de l’ esprit . Et dès lors, la culture en chômage se corrompt rapidement, s’asservi
28 dans les discours et les écrits de notre époque : esprit , liberté et ordre. Je constate que le mot esprit a déjà 29 sens diffé
29 esprit, liberté et ordre. Je constate que le mot esprit a déjà 29 sens différents dans le dictionnaire de Littré. Mais cela n
30 rsonne ne s’entend. Tout le monde veut défendre l’ esprit , mais pour certains, c’est le Saint-Esprit de la théologie, pour d’au
31 ne, ou l’ensemble de la culture. Pour celui-ci, l’ esprit signifiera le luxe des délicats, et pour cet autre, l’activité révolu
32 éateurs. Si j’affirme que mon but est de sauver l’ esprit , le marxiste en déduira que je néglige la vie concrète, que je m’évad
33 iritualisme, alors que je ne vois de salut pour l’ esprit que dans la présence effective de la pensée et de la foi à toutes les
34 sses vers une communauté humaine rénovée dans son esprit et dans ses signes extérieurs, l’appel de toute l’Europe du xxe sièc
35 par rapport à l’homme seul et aux pouvoirs de son esprit . Et de là vient notre désordre mais aussi, notre impuissance à en sor
36 d’homme ? Un monde où la pensée, la culture et l’ esprit , soient de nouveau capables d’agir ? Et quelle est l’attitude de pens
37 és, dans la bataille de la culture moderne, par l’ esprit créateur sur l’esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels
38 e la culture moderne, par l’esprit créateur sur l’ esprit fataliste. Ce qui paralysait les intellectuels qui sentaient le besoi
39 dépendant des systèmes de mesures inventés par l’ esprit humain. Or si la science elle-même vient nous dire que même dans l’or
40 En vérité, il n’est de lois fatales que là où l’ esprit démissionne. Toute action créatrice de l’homme normal inflige un déme
41 ’histoire fataliste : elle nous décrit son propre esprit de démission, et non pas des fatalités objectives qui rendraient vain
42 vraies, qu’en vertu d’une immense démission de l’ esprit civique dans les trop grands pays. Elles ne traduisent en fait qu’un
43 droit — sinon déjà en fait — aux proportions de l’ esprit humain, à la capacité de ses prises immédiates. Mais quelles seront a
44 humain aux efforts de la production ; et cela, l’ esprit seul peut le faire. J’ai insisté sur le rôle des Églises parce qu’ell
45 t autres mouvements analogues, tous animés de cet esprit d’équipe qui seul peut nous guérir de l’individualisme, tout en préve
46 t tout uniformiser, et qui est donc une mort de l’ esprit . La tolérance était la pâle vertu des libéraux individualistes. L’int
47 est la faillite des systèmes centralistes et de l’ esprit d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit, c’est justemen
48 it d’uniformisation. Or le contraire exact de cet esprit , c’est justement l’esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un
49 contraire exact de cet esprit, c’est justement l’ esprit fédéraliste, avec sa devise paradoxale : Un pour tous, mais aussi : t
50 eptiques professionnels, par tous les paresseux d’ esprit qui se prétendent réalistes. Encore faut-il — et je termine là-dessus
51 a culture, ce sera toujours une bataille. Entre l’ esprit de lourdeur, comme disait Nietzsche, et les forces de création, la lu
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
52 qui me paraît le plus fécond non seulement pour l’ esprit et l’homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait sa na
53 a formule la plus frappante et la plus juste de l’ esprit fédéral de l’Occident — en même temps que du personnalisme. (N’en fai
54 frant un asile provisoire aux grands errants de l’ esprit et des passions occidentales : Bâle et Genève au temps de la Réforme,
55 ratique, dit-on, milice populaire, dépourvue de l’ esprit de caste que forment ailleurs les écoles militaires. Oui, c’est bien
56 e « civiliser » la milice et non de militariser l’ esprit public. Il est important de rappeler que l’armée d’une fédération ne
57 ordre. Il n’y aurait aucun avantage à combattre l’ esprit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeo
58 prit de caste si c’était pour le remplacer par un esprit de classe bourgeois d’une valeur militaire bien moindre. Enfin l’enth
59 ennemis du dedans, afin d’être fort au-dehors. L’ esprit bourgeois, l’économie capitaliste, une paresse spirituelle entretenue
60 e notre fédéralisme tend souvent à se réduire à l’ esprit de clocher, à une limitation des horizons, bien plutôt qu’il ne favor
61 bliée en octobre 1937 dans un numéro de la revue Esprit consacré à la Suisse, répondait à la fois à la Lettre que C. F. Ramu
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. La Suisse que nous devons défendre
62 des pays où l’on a le plus de véritable liberté d’ esprit . C’est un pays où l’on tolère fort mal les opinions non conformistes,
63 litique de liberté ne peut être faite que par des esprits libres. Et libres dans tous les domaines. Les deux libertés, l’extéri
64 peut-être assez inattendus. Ce sont la paresse d’ esprit et l’égalitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’esprit : les
65 alitarisme. Voilà ce que j’entends par paresse d’ esprit  : les Suisses jouissent d’une instruction publique remarquable, mais
66 n ou méchant, droite ou gauche, ami de l’ordre ou esprit subversif. Ils exigent toujours des choses simples. Au besoin, ils le
67 lité de jugement libre, toute véritable liberté d’ esprit . Je connais bien des Suisses cultivés que l’intolérance de leurs conc
68 isme est, lui aussi, une forme de notre paresse d’ esprit , bien plus encore qu’une forme de l’envie, comme on l’a peut-être tro
69 hiffrer, et cela ne se peut qu’avec les yeux de l’ esprit . Tenir compte des faits ne suffit pas : il faut savoir leur donner un
70 er un sens, leur ajouter un sens par un acte de l’ esprit  ; et y croire, par un acte de foi. Il n’en va pas autrement dans la v
71 t parce qu’il a lu la Bible par exemple, et que l’ Esprit a parlé à travers elle, c’est donc en vertu de quelque chose qui vien
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
72 té, et tend à nous y enfermer. Dans le monde de l’ esprit , tout s’ouvre et se libère, devient grâce et devient nouveauté. L’act
73 révèle son sens. Aucun fait n’a de sens en soi. L’ esprit seul donne un sens aux données dans lesquelles notre histoire prit so
74 qui se souviennent d’être hommes, créatures de l’ esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation et non seulement d’hér
75 orne à leur fournir un point de fixation. C’est l’ esprit des communes italiennes qui donne l’impulsion décisive lors de la fon
76 entre les conditions de fait et les volontés de l’ esprit . C’est une interminable interaction de l’idéal et de la nécessité, de
77 Or l’Europe est un idéal, une civilisation et un esprit , bien plus qu’une entité géographique. (« Cap de l’Asie », dit Valéry
78 sence, et donc antifédéraliste. Il l’est dans son esprit , il le sera donc aussi, et fatalement, dans son application. Le fédér
79 s horizons, et de créer une certaine médiocrité d’ esprit , rançon de la grandeur matérielle sacrifiée. Nous sommes ici en prése
80 rance sourde et larvée qui paralyse chez nous les esprits « trop » entreprenants. Pour prévenir cette maladie, dans l’Europe de
81 erai par un exemple très concret : en Suisse, les esprits les plus libres et les plus personnels sont ceux qui se rattachent :
82 dition) mais encore et surtout, par volonté. Leur esprit , leur personne, retrouvent ainsi plusieurs grandes dimensions, au-del
83 dernier, bien au contraire. Tandis que les petits esprits intolérants sont ceux qui ne conçoivent le « fédéralisme » que sous l
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
84 e qu’il fut celui des gogos enragés. 4. Paresse d’ esprit . — Je parle ici par expérience : rien n’oblige un bureau de Berne à f
85 font tout le contraire, cela tient à la paresse d’ esprit des messieurs qui en occupent les fauteuils. Les organismes centraux