1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où les voies se séparent
1 manité qui anime de part et d’autre les meilleurs esprits , il me paraît vital d’admettre en toute franchise l’existence histori
2 ainsi de nourrir les préjugés, et de forcer, par esprit de symétrie, des antithèses qu’une sagesse supérieure saurait conduir
3 r. Mais il faut voir aussi que l’union finale des esprits ne sera jamais acquise au prix du sacrifice de nos diversités vivante
4 ifs que, des présocratiques à nos jours, tous les esprits occidentaux nourris de la pensée mystique du Proche-Orient8 ont accol
5 Perse au Japon, bénéficie très largement dans nos esprits . Nous verrons par la suite de ce livre comment l’Occident historique,
6 sions et les corps à tous risques pour l’âme et l’ esprit , en a tiré le principe d’une possible grandeur et d’une vérité diffic
7 matière, et le cercle — ou la sphère — celui de l’ esprit . En sorte que la quadrature du cercle est la transformation de l’espr
8 a quadrature du cercle est la transformation de l’ esprit en matière, ou encore la matérialisation de l’esprit. Tandis que le p
9 rit en matière, ou encore la matérialisation de l’ esprit . Tandis que le passage du carré au cercle figure le retour de la mati
10 arré au cercle figure le retour de la matière à l’ esprit . La première opération signifie en termes humains l’Incarnation (la n
11 t illuminé : voie de la connaissance directe de l’ Esprit . L’Occidental, tournant le dos au soleil, en lequel il croit sans le
12 esté, qui est illusion) afin qu’elle aille vers l’ Esprit , sachant ce qu’elle fait. « Ô bien-aimé ! si imprégné de la Connaissa
13 ens du xviiie siècle, de souci moralisateur ou d’ esprit révolutionnaire, ignorant la curiosité, il ne peut avoir cure ni de s
14 individu mais aussi le transcende, le reliant à l’ esprit comme au prochain. Et du même coup paraît la société, en lieu et plac
15 ine, « il faut demeurer dans l’action, gardant un esprit égal, que l’action porte ses fruits ou non » ? Je viens de citer dans
16 mpsycose est plus naturelle qu’on ne le pense à l’ esprit des Occidentaux, mais elle n’a pas d’effet dans leur vie religieuse,
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où le drame se noue
17 ndo-bouddhiste15 — devenue par le même geste de l’ Esprit Parole de Dieu et forme humaine, indissolublement, dans la Personne d
18 ttend le salut que d’un effort de l’homme sur son esprit . Pour le chrétien, le paradoxe n’est pas seulement dans l’apparence,
19 vont à Moscou. Dans les deux cas, ils quittent en esprit l’Occident. Pourtant la voie chrétienne n’est pas tout l’Occident. El
20 ps d’un homme à telle date, atteste aux yeux de l’ esprit la signification et la réalité de la chair et de la matière, et par l
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — La spire et l’axe
21 e l’infini, tout nouvellement admise, délivrant l’ esprit ébloui du monde cloisonné qu’était le Moyen Âge. Mais déjà la Réforme
22 rquoi le christianisme, partout où il agit dans l’ esprit de son chef éternel, détruit les castes et les barrières de classe, d
23 e nommée et définie comme telle par les meilleurs esprits du xxe siècle (malgré le marxisme et contre les doctrines totalitair
24 Dieu-homme, n’a pas été sans informer dans notre esprit une certaine manière de penser. Ou peut l’appeler « personnaliste »,
25 seul fait que l’idée de liberté est liée dans son esprit à l’idée de l’erreur sociale, et signifie les sanctions immédiates de
26 tiquées 1500 ans plus tard dans une Russie dont l’ esprit « byzantin » explique beaucoup plus qu’on ne le croit les conduites p
27 nexcusable aux yeux de la foi, qui en appelle à l’ esprit de l’Évangile ; mais si le Parti en fait autant, il se conforme en to
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Le Château aventureux
28 e premier aveu correspondent aux « touches » de l’ Esprit , l’étreinte des corps ouvre la Voie mystique, et l’abandon total à la
29 ion qui lui donnent son caractère, mais c’est son esprit national. » (On voit que nation et Patrie diffèrent pour lui comme es
30 oit que nation et Patrie diffèrent pour lui comme esprit et nature.) Cet esprit national est « un individu dans la marche de l
31 e diffèrent pour lui comme esprit et nature.) Cet esprit national est « un individu dans la marche de l’Histoire. » Il se fait
32 e le peuple qui incarne le plus haut concept de l’ Esprit . » Voici donc les peuples élevés à la dignité d’intentions particuliè
33 evés à la dignité d’intentions particulières de l’ Esprit mondial, mais en même temps les voici privés, sous peine de « nullité
34 étendra qu’il incarne « le plus haut concept de l’ Esprit  ». Pour la France, ce seront les « immortels principes ». Pour la Pru
35 des grands voisins. Aucun de ces « concepts de l’ Esprit  » ne parvenant à s’imposer, aucune nation ne dominera longtemps, mais
36 l’annexer dans les occasions décisives. Certes, l’ esprit national est un dieu bien réel, et que l’on croit vraiment, puisqu’il
37 arabole biologique d’une vérité fondamentale de l’ esprit  : « Toute plante qui souffre a tendance à produire fleurs et fruits41
38 nation : certains ont cru que leur empire sur nos esprits mesurait ce qu’on appelle bien à tort la « dé-christianisation de l’O
39 en écartent, mais disséminent dans des millions d’ esprits inatteints par l’orthodoxie certaines formes mentales, certains modes
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience du temps historique
40 s cosmiques de l’Histoire sera reprise — contre l’ esprit des Pères — par les plus grands docteurs occidentaux, tant orthodoxes
41 Brahma d’un paria sans voie. Et l’Histoire dans l’ esprit de nos contemporains prend la place de la Providence, bien qu’elle n’
42 ier soit uniquement du monde : elle le coupe de l’ Esprit . Ce faisant, elle nie la personne, car la personne se fonde dans ce q
43 le temps ? Notre époque aurait-elle simplement l’ esprit « plus historique » que toutes les précédentes ? Oui, s’il s’agit du
44 se dilatent soudain au-delà de tout ce que notre esprit peut se figurer, l’idée d’évolution balaie nos repères et nous emport
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience de l’espace
45 space, et cela par paliers brusques dans quelques esprits , d’une manière lente et progressive dans l’âme collective. La premièr
46 n même mode d’appréhension de l’univers par notre esprit . La terre, une découverte européenne Il est facile de constater
47 leur inquiétude vagabonde et quelque chose de cet esprit d’exode dont on ne sait s’il procède davantage de leurs tribulations
48 ls en cause dans son projet mégalomane, ni dans l’ esprit de Ferdinand et d’Isabelle ; mais étant seuls vraiment communs aux de
49 rdé pour des motifs bien différents. Et quant à l’ esprit de conquête, il est vrai que le départ de Colón suit de peu l’achèvem
50 aillance est juvénile. Car un même mouvement de l’ esprit nous porte à fouiller les déserts ou la jungle du Yucatan, à construi
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’exploration de la matière
51 fois plus « nouveaux » (voire choquants) pour les esprits encore mal nettoyés des routines d’un passé récent, et plus féconds p
52 ui sera jusqu’à nous la marque et le ressort de l’ esprit de recherche occidental, en contraste avec le monisme des ultimes sag
53 eliée au sein de la Trinité, il en résulte pour l’ esprit croyant l’obligation de « penser ensemble » des termes vraiment oppos
54 approche du xxe siècle — a osé ce mouvement de l’ esprit qui assume les incompatibles. La passion de la synthèse, ressort de n
55 tibles, cela ne peut se produire que dans un seul esprit . Aussi longtemps que les aspects contradictoires sont vus séparément
56 pects contradictoires sont vus séparément par des esprits divers, il n’y a, dans l’ensemble d’une culture, qu’oscillations et a
57 sable dans la chair. Et il est vrai aussi que « l’ Esprit seul vivifie, la chair ne sert de rien », mais pourtant c’est bien da
58 a transparence logique de la totalité posée par l’ esprit … Et il ne s’agit pas là seulement d’Aristote et de Démocrite ; Thomas
59 e corps du Christ pour une simple apparence, et l’ Esprit pour la seule et vraie réalité. La plupart des grandes hérésies des p
60 de vue typiquement polémique, consistant à nier l’ Esprit même qui avait permis de valoriser chair et matière. Il se voulait mo
61 t moins la matière classique que la négation de l’ Esprit , il n’en reste pas moins que ses arguments scientifiques se sont évan
62 ts que les matérialistes pensaient être ceux de l’ Esprit  : l’ubiquité, l’invisibilité, une certaine indétermination — enfin l’
63 iser, car, pour les mêmes raisons, leur idée de l’ esprit paraît fort compromise. Si le matérialiste est à bon droit gêné par l
64 y aurait aussi de la détermination jusque dans l’ esprit  ? Que la frontière s’efface entre la matière et l’énergie, puis entre
65 ’on ne le fait d’ordinaire la pensée humaine et l’ Esprit (mind and Spirit). Et ceci ramènerait la pensée sous le règne de la L
66 — la science de la matière, au lieu de celle de l’ esprit . Ce choix n’est donc pas scientifique, mais proprement théologique :
67 i et de l’Éternité, celle de l’immatériel et de l’ Esprit , celle enfin de l’immanence et de la transcendance, dès l’instant que
68 i moi-même, de me la poser. C’est ainsi que notre esprit sans relâche vient buter contre la transcendance. Si le matérialisme
69 t, Sujet-Objet, et celle de Hegel : l’en-soi de l’ esprit subjectif (thèse), le pour-soi de l’esprit objectif (antithèse), et l
70 i de l’esprit subjectif (thèse), le pour-soi de l’ esprit objectif (antithèse), et l’en-soi et pour soi (An und für sich) de l’
71 ), et l’en-soi et pour soi (An und für sich) de l’ esprit absolu (synthèse). On peut affirmer sans nulle crainte que ces produi
72 airement : la doctrine trinitaire fournit à notre esprit le moyen de penser la synthèse dont la christologie éveille l’attente
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’aventure technique
73 pèces de motifs allégués. On proteste au nom de l’ Esprit (spirit) ou tout simplement de l’esprit (mind), contre les forces imp
74 nom de l’Esprit (spirit) ou tout simplement de l’ esprit (mind), contre les forces impersonnelles qui nient l’homme et sa dign
75 crise » qui est le thème préféré de nos meilleurs esprits . Et pourtant, bien qu’elle reste impuissante, et bien qu’elle se cont
76 nt de soi, comme « naturel » précisément. Quand l’ esprit de l’homme entre en jeu, ce n’est pas pour attaquer cette Nature anim
77 leur obéissant. D’où « l’inadaptation » que notre esprit rationnel croit découvrir dans ce qu’il prend par erreur pour « techn
78 ance est le « milieu » dans lequel il existe —, l’ esprit conçoit un Bien distinct de la Nature, et qu’elle seule semble rendre
79 clate si l’on compare les réalités et les états d’ esprit correspondants, aux xixe et xxe siècles. Au xixe siècle, l’essor t
80 mme l’envers tient à l’endroit. Il est dans notre esprit , n’existe pas ailleurs, et c’est là qu’il faut le combattre. Comment
81 e de l’âme créé par le matérialisme87. Beaucoup d’ esprits légers s’imaginent l’homme comme une sorte de ballon qui ne demande q
82 ons matérielles. La technique ne peut rien pour l’ Esprit , ni le défaut de « confort » n’a rien pu contre lui. Je dis seulement
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Les ambivalences du progrès
83 s pour les masses mais se nourrissant elle-même d’ esprit critique et de doute radical, destructrice de vérités accoutumées mai
84 ntale et ce désordre permanent, que les meilleurs esprits déplorent depuis des siècles ? Ils ne peuvent être accidentels. Je pe
85 s plus grandes traditions : le christianisme et l’ esprit scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi, et nos incertit
86 d’État, du pouvoir d’une doctrine d’État sur les esprits , donc pratiquement de l’entropie sociale, l’URSS est alors au premier
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Le drame occidental
87 érale ; l’individualisme anarchique, mais aussi l’ esprit des communes, les syndicats et les coopératives. Tout la désigne donc
88 comme d’autres le font pour l’Église.) Tant que l’ esprit de jugement personnel, risque et santé de la démocratie, ne sera pas
89 mode pas de l’opposition, vie du civisme, ni de l’ esprit de critique et de libre recherche, vie de la Science, laquelle est à
90 prochainement le jeu mondial. Je me transporte en esprit vers la fin de ce siècle, et je vois que le problème n’est plus du to
11 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
91 exploitation de l’un par l’autre, le dialogue des esprits n’a pas eu lieu. Pourtant, le xixe siècle devait créer ses bases, et
92 arler de notre décadence) : « Vous avez négligé l’ Esprit et l’Âme, vos valeurs sont matérialistes et vous ne croyez qu’à la te
93 vous avez longtemps rejetées. Vous avez préféré l’ Esprit impersonnel, méprisant la matière et les corps. Cette préférence fond
94 x) ne manqueraient pas de répondre qu’en effet, l’ Esprit ne peut être atteint par ce qui atteint les corps, dont les besoins n
95 n’en ont pas moins attiré vers l’Inde de nombreux esprits occidentaux. 95. Cité d’après Humanisme et éducation en Occident et
12 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — La quête sans fin
96 iment générale et transposable — il quitterait en esprit cette expérience humaine qui depuis deux-mille ans a forgé les destin