1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où les voies se séparent
1 aurait pas non plus d’antinomie foncière entre la foi chrétienne de l’Occident et la pensée religieuse de l’Asie1. Sur d’au
2 ce, et de les sauver là où ils sont, par la seule foi dans l’action du pardon, de l’amour et de la grâce de Dieu. Le fils d
3 e montée de l’homme vers ce qui nie la créature. Foi et Connaissance. L’Oriental, tournant le dos au « monde » décide d’at
4  : voie de l’obéissance active dans l’ombre de la foi . Le danger que court l’Oriental, c’est l’excarnation trop facile. (On
5 la connaissance du divin non par le « saut de la foi  », qui ne procure pas une connaissance suffisante, n’ouvre pas une vo
6 l’Europe ont pu se voir accuser d’athéisme sur la foi de leurs ultimes conclusions (condamnées et souvent détruites), tandi
7 sagesse » ne nous innocente ; au contraire, notre foi nous condamne. La cruauté de l’Oriental est fatidique, et par suite s
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où le drame se noue
8 faire qu’en termes élaborés par l’hellénisme. La foi chrétienne va donc, elle aussi, parler grec. Mais son discours assemb
9 ’expérience du chemin se confond avec celle de la Foi , qui n’est pas seulement la croyance, ou « la substance des choses qu
10 a grâce finale, et le seul guide. « C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il d
11 artit sans savoir où il allait18. » L’homme de la foi sera l’homme en chemin, le viator, l’éternel « voyageur sur la Terre 
12 lle se crée sous les pas qui la suivent. Ainsi la foi , qui est la confiance active, est aussi l’inquiétude essentielle. Mai
13 s d’un seul coup du règne de la Loi à celui de la Foi , c’est-à-dire du Rite à l’Amour. « Tout est permis, mais tout n’édifi
14 tre autonome peut aimer, peut agir en vertu de la foi  : or, c’est précisément dans l’amour du prochain, non dans la Règle c
15 s de l’Incarnation en un fulgurant raccourci : la Foi succédant à la Loi. Car cette Loi qu’il déclare périmée n’est pas seu
16 nde antique, oriental autant que romain. Et cette Foi qu’il annonce fonde la relation nouvelle des hommes entre eux et de c
17 it par les cadres d’une cité close. Libéré par la foi de son cadre rituel, l’homme se voit relié du même coup à l’Amour tra
18 ui le juge ; pécheur selon la Loi et sauvé par la Foi . Ainsi le signe de contradiction posé dans l’Histoire par la Croix ma
19 engagé que le citoyen romain, mais libéré par la foi même qui l’engage, c’est l’archétype de l’Occident qui naît, c’est la
20 Grâce au lieu de mérite ou de technique de l’âme. Foi , non pas connaissance directe du divin. Histoire au lieu de Mythe. Ad
21 ouver le secret de l’homme et celui du cosmos. La foi dans un Dieu personnel dont le commandement unique est celui de l’amo
22 ton Dieu et ton prochain comme toi-même », cette foi libère l’individu des liens magiques, réforme en l’assumant le monde
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — La spire et l’axe
23 mportent à l’homme, parce qu’elles relèvent de sa foi , de son action ou de son sentiment. Ainsi l’amour : il n’est pas vrai
24 s’élèvent et les Pères crient : « C’est la vraie Foi  ! c’est la Foi des Apôtres », « Anathème à celui qui ne croit pas ain
25 es Pères crient : « C’est la vraie Foi ! c’est la Foi des Apôtres », « Anathème à celui qui ne croit pas ainsi ! Chassez Eu
26 mme son prochain. Ce paradoxe vécu en vertu de la foi reproduit, dans le plan de l’existence concrète, la forme même des gr
27 fet, ne sauraient être résolues qu’en vertu de la foi , dans l’amour, et par l’obéissance absolue à une vocation transcendan
28 t n’est pas de ce monde. Car s’il est vrai que la foi doit agir dans ce monde, elle reste un don de Dieu et l’homme n’en di
29 des personnes, libérées et reliées en vertu de la foi . Cet idéal s’est constitué comme tel aux premiers siècles de notre è
30 le temps du cosmopolitisme et de l’individu sans foi ni loi, dont le plus fort ou le plus chanceux se fait tyran. Mais cet
31 paraît s’expliquer après coup. Elle apportait une foi capable d’assumer le meilleur de l’héritage grec, et de le sauver de
32 Elle appelle à la liberté dans l’obéissance de la foi . Et cette foi n’a jamais cessé d’être le vrai recours de l’homme cont
33 la liberté dans l’obéissance de la foi. Et cette foi n’a jamais cessé d’être le vrai recours de l’homme contre la loi, fût
34 it comme un Parti, il est clair qu’elle trahit sa foi  ; tandis que le Parti se conforme à sa loi lorsqu’il devient totalita
35 cessus dialectique, mais le point de départ de la foi . Cette Médiation réalisée, impensable mais accomplie, fut aussi la se
36 ule plénitude parfaite de la personne. Hors de la foi en elle, dans le monde où elle a paru, la Croix qui sauve devient aus
37 écouvrons incapables de vivre constamment dans la foi . « Il n’y a pas un juste, pas même un seul », dit le même Évangile qu
38 . Et dans un certain sens, elle l’est, hors de la foi . Mais en fait, elle est soutenue par la continuelle invention de solu
39 ésolue ni dépassée. Elle doit être assumée par la foi , au prix de ce changement de l’homme lui-même que le christianisme ap
40 tc.) c’est un scandale inexcusable aux yeux de la foi , qui en appelle à l’esprit de l’Évangile ; mais si le Parti en fait a
41 formation de l’être entier, qui les assume par la foi au lieu de chercher à les nier ou, ce qui revient au même, à les dépa
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Le Château aventureux
42 lui dit à son tour comme Augustin à celui que sa foi délivre de la loi : ama et fac quod vis ! La passion de Tristan ne po
43 ion de tous. Son élan fou, qui mime le saut de la foi , ne jette pas l’homme dans son salut vivant ni dans un martyre saluta
44 — c’est le moment anarchisant — mais aussitôt la Foi l’engage dans l’obéissance de l’Église — et c’est le moment instituan
45 ment instituant, communautaire. L’irruption de la foi dans une vie figure donc le modèle spirituel de toute révolution occi
46 lutionnaire européen se détache sur le fond d’une foi qui tient la liberté et l’action prophétique pour plus vraies que l’O
47 dait sur la réalité des hommes transformés par la foi . Elle n’avait pas pour but de convertir la société, mais d’unir en un
48 teur éternel, mort pour nous mais présent dans la foi , cette « ferme assurance des choses qu’on ne voit point ». Le Parti a
49 irmée sur tous les murs ; il réclame lui aussi la foi des militants dans un monde idéal et futur, mais cette foi n’est gagé
50 ilitants dans un monde idéal et futur, mais cette foi n’est gagée que sur le sacrifice et la mort de ses adversaires. On en
51 tion et la liberté, entre le sacré national et la foi chrétienne, etc., contradictions qui ont éclaté dès 1914, affaiblisse
52 sacré, c’est-à-dire cet instinct religieux que la foi véritable transcende. Elles mesurent la dérive de l’homme occidental
53 venture, qui ne peut jamais être saisi que par la foi . Le christianisme se distingue de la plupart des autres religions par
54 uissance. La même ardeur l’anime, le même élan de foi , mais il croit voir soudain le but tout proche : il le touche de ses
55 enjeu. Ainsi les hérésies jaillissent de la vraie foi , et s’en écartent, mais disséminent dans des millions d’esprits inatt
56 n, certains types d’expérience spirituelle que la foi seule a pu créer, et qui l’attendront désormais de toute la force d’u
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience du temps historique
57 attente active, de l’espérance patiente, et de la foi dans un retour unique du Christ glorieux. Et dans ce temps nouveau, l
58 comment l’homme, délivré des « religions » par la foi , trouve alors le courage exceptionnel d’accepter le temps et l’Histoi
59 mort. « Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine et vous êtes encore dans vos péchés. » Mais cette preuve n’
60 és. » Mais cette preuve n’est valable que pour la foi parfaite, et ce recours au Transcendant, non plus au Mythe, contre la
61 t instant », ainsi que l’écrit Kierkegaard. Or la foi n’est jamais parfaite, et dans l’homme converti persiste « le vieil h
62 oire à l’Apocalypse. D’ici là, nul soutien que la foi . À ce risque du temps, le Moyen Âge résiste par un retour aux concept
63 sque béant, soudain total, l’homme qui n’a pas de foi cède au vertige. Sa dernière résistance à l’angoisse du temps se mani
64 é initiée par le christianisme : il suffit que la foi faiblisse, ou que le défi du temps paraisse insurmontable. L’utopie e
65 omportements (sacrés)… Depuis l’“invention” de la foi au sens judéo-chrétien du mot (= pour Dieu tout est possible), l’homm
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience de l’espace
66 rocède davantage de leurs tribulations ou de leur foi . Quant aux Romains, nous tenons d’eux, sans nul doute, cette volonté
67 antes. Restent les raisons religieuses. Il y a la foi d’abord et son premier modèle : Abraham partit « sans savoir où il al
68 cation aussi obscure qu’impérieuse. Mais de cette foi découle une vocation missionnaire : « Allez et évangélisez toutes les
69 rétiens nordiques et irlandais aient apporté leur foi , leurs symboles et leurs rites aux populations autochtones du Canada,
70 it l’Occident : la Grèce, le judaïsme, Rome et la foi chrétienne, les voici revenus à l’œuvre en un seul homme, dans cet Ul
71 et de nos fins humaines sont là. Il y a certes la foi d’Abraham : Colón l’exalte en un passage sublime de sa lettre aux Alt
72 marbre et ne sont pas sans cause. Il y a donc la foi . Mais est-elle pure ? Sans elle, il ne serait pas ce qu’il est devenu
73 ais qui peut lui faire prendre pour la voix de la foi l’injonction d’un désir innommé. Qui peut juger ? Toute aventure huma
74 vement, il doit en trouver une ! Du rêve et de la foi souvent indiscernables, par l’erreur à une vérité, mais différente de
75 it normalement vers l’Afrique. C’est l’élan de la foi dans le délire d’un rêve qui pouvait seul forcer les portes océanes,
76  : « l’Inde et le Cathay » ? Tout homme de peu de foi se rassure par un système, ou fait un Plan. Mais projeter devant soi
77 l’erreur ou dans l’échec. Quant à l’homme de la foi , nous le trouvons en marche comme Abraham qui partit sans savoir où i
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’exploration de la matière
78 r dénie par principe. Enfin, nous avons vu que la foi met un terme à la magie, aux mythes, aux religions naturelles, qui te
79 égories intellectuelles. Si Jésus-Christ est à la foi « vrai Dieu » et « vrai homme » en une seule et même Personne, et si
80 ndividu dans l’anthropologie chrétienne, enfin la foi et la religion naturelle. Mais qu’en est-il des autres couples d’oppo
81 nd modèle historique fut montré comme objet de la foi par les Pères du concile de Nicée, mais devint par la suite une « man
82 et d’où vient le courage qu’elle suppose ? De la foi , qui est confiance en Dieu. Car « Si Dieu est le créateur du monde, i
83 t vient de Dieu. […] Dieu n’est pas l’objet d’une foi véritable s’il ne peut pas supporter d’être mis en question par les f
84 mpitoyable » de la vérité. Car la vérité, pour la foi , ne peut être que celle de Dieu, même quand elle semble nuire au grou
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’aventure technique
85 pté le progrès technique et en font un article de foi , tandis que les élites le considèrent avec un croissant pessimisme. C
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Les ambivalences du progrès
86 scientifique. Notre inquiétude provient de notre foi , et nos incertitudes sont créées par la nature même de nos certitudes
87 sans fin ni cesse, il est pourtant soutenu par sa foi dans la grâce. Il est donc un inquiet perpétuel, mais qui sait les ra
88 t non désespérée, puisqu’elle est produite par sa foi , c’est-à-dire par sa certitude. Prenons ensuite l’exemple de l’homme
89 emis ? À strictement parler, c’est une affaire de foi , de sensibilité au spirituel dans l’homme ; et plus généralement, de
90 e vraiment leur dignité. Si donc j’affirme ici ma foi dans le Progrès, ce n’est pas au terme logique d’une expertise plus o
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Le drame occidental
91 les accorder ? Ce serait faire une synthèse de la foi et de l’utopie. On peut prévoir que l’utopie, échouant longtemps, ser
11 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
92 hiridion du P. Denzinger, recueil des articles de foi et décisions des conciles et des papes, on vérifie très vite que la t