1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Avertissement
1 apparence : protestantisme, culture, neutralité, fédéralisme et défense de la Suisse. Si je me décide à réunir ces textes — les un
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
2 rsonnelles ? Je n’hésite pas à le dire : c’est le fédéralisme . Cette thèse pourra paraître un peu forcée à certains historiens méti
3 raire des plans d’allure et d’intention nettement fédéralistes . L’absolutisme, la collusion des pouvoirs politiques et spirituels, n
4 vivant, respectueux des diversités, c’est-à-dire fédéraliste . Les synodes réformés de France, vers la fin du xvie siècle, préconi
5 je maintiens que la cause profonde de la tendance fédéraliste protestante jusqu’à nos jours, est d’ordre proprement spirituel. C’es
6 rotestants à comprendre et à soutenir les régimes fédéralistes . L’homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin, mais il vaut plus que
7 dre mieux que tout autre le paradoxe politique du fédéralisme  : la liberté de chacun dans une action commune, l’équilibre vivant de
8 prendre une bonne fois le sens spirituel de notre fédéralisme , seule doctrine politique existante qui doit radicalement contraire à
9 icalement contraire à la doctrine totalitaire. Le fédéralisme , ce n’est pas seulement un pour tous — qui serait une devise collecti
10 en la liberté des Suisses et de faire cantons ». ( Fédéralisme calviniste !)
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
11 c’est tout le problème à résoudre. La solution fédéraliste Par quelle voie ? Je n’aime pas beaucoup la tolérance, vertu qui n
12 prévoir pour la cité et la culture une structure fédéraliste . Le fédéralisme, en effet, suppose des petits groupes, et non des mas
13 cité et la culture une structure fédéraliste. Le fédéralisme , en effet, suppose des petits groupes, et non des masses, et c’est se
14 qu’une vocation peut s’exercer. D’autre part, le fédéralisme suppose des groupes diversifiés, et par là même il offre tous les ava
15 ire exact de cet esprit, c’est justement l’esprit fédéraliste , avec sa devise paradoxale : Un pour tous, mais aussi : tous pour un.
16 à défendre en défendant notre patrie : la réalité fédéraliste en politique et dans tous les domaines de la culture, le seul avenir
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
17 re — au nom de la démocratie réelle, communale et fédéraliste , mais au nom d’intérêts de classe qui ne sont ni démocratiques ni nat
18 faudrait une conscience très forte de la réalité fédéraliste et de ce qu’elle implique à la fois de diversités reconnues, totaleme
19 tuels, de synthèse vivante. Dès que la conscience fédéraliste vient à faiblir, quand par exemple on se met chez nous à l’école de l
20 nts de la région sont absolument dans la ligne du fédéralisme réel26. Armée démocratique, dit-on, milice populaire, dépourvue de l’
21 nez par exemple une valeur positive à un principe fédéraliste qui ne traduit historiquement — de même que la neutralité — qu’une cr
22 uctures politiques et morales, et d’une tradition fédéraliste , qui se trouvent réaliser, en théorie, parfois en fait, les « utopies
23 presse locale. Il faut bien dire aussi que notre fédéralisme tend souvent à se réduire à l’esprit de clocher, à une limitation des
24 ropéennes, mais de la manière la plus fatale à ce fédéralisme tant vanté. Autant de constatations qui dictent à notre action des ob
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. La Suisse que nous devons défendre
25 résentent la négation la plus radicale de l’idéal fédéraliste qui nous unit, par conséquent, la plus grave menace pour notre État.
26 t d’illustrer aux yeux de l’Europe le principe du fédéralisme  ; principe, notons-le bien, radicalement contraire à tout système tot
27 t ces mots : défendre et illustrer le principe du fédéralisme  ? Le défendre, c’est d’abord nous défendre, certes, mais c’est aussi
28 de s’offrir en exemple à l’Europe, sur le plan du fédéralisme . Ces deux aspects de notre vocation me paraissent inséparables. Il fa
29 paraissent inséparables. Il faut répandre l’idée fédéraliste , si nous voulons la sauvegarder, car on ne se défend bien qu’en attaq
30 uisse. Il n’en va pas de même pour notre vocation fédéraliste  : elle s’appuie sur une tradition et sur des données très solides. De
31 préciser dès maintenant le plan d’une entreprise fédéraliste européenne, sur l’initiative de la Suisse. Or on pourrait me faire re
32 s voisins, forts que nous sommes d’une expérience fédéraliste de six siècles. Et surtout, ne dénigrons pas les tentatives qui se fe
33 aussi, c’est le deuxième point, à illustrer notre fédéralisme , c’est-à-dire à le réaliser d’une manière qui le rende exemplaire au
34 tique au sens étroit du problème. J’estime que le fédéralisme est tout d’abord une réalité morale, et même spirituelle. Et c’est su
35 elopper en profondeur ce que j’appellerai le sens fédéraliste intime, sens qui suppose toute une morale, et qui, notez-le bien, s’e
36 eule la véritable charité ; c’est toute l’éthique fédéraliste , et c’est aussi tout l’idéal œcuménique, que nos Églises devraient so
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
37 Esquisses d’une politique fédéraliste Il se peut que le fédéralisme n’ait été à son origine qu’une nécess
38 s d’une politique fédéraliste Il se peut que le fédéralisme n’ait été à son origine qu’une nécessité naturelle. Il se peut que du
39 d’autres pays). Il y a donc aujourd’hui pour le fédéralisme une nécessité de s’exprimer, quand ce ne serait que pour se défendre.
40 s afin de nous mettre en mesure de « prêcher » le fédéralisme , il nous faut savoir d’où il vient ; savoir aussi à quoi il tend ; et
41 ue dirais-je ? Il faut le vivre. ID’où vient le fédéralisme  ? Dans le temps, dans le monde du péché, tout commence par la néce
42 ire à ne point retomber à la bête.) Ainsi pour le fédéralisme . Qu’il soit né de la géographie, c’est un fait dont il faut partir so
43 toire prit son départ. Les données matérielles du fédéralisme conditionnent notre destinée, mais ne la déterminent pas. À négliger
44 la Suisse semble l’avoir prédestinée à un statut fédéraliste . C’est tout ce qu’on peut dire après coup. Le compartimentage des rég
45 t dû être improvisé, et c’eût été la fin de notre fédéralisme  ; ou bien les provinces annexées auraient pris une trop grande influe
46 e l’union, et c’est le nouveau fondement de notre fédéralisme . Ainsi l’on a passé progressivement d’une alliance avant tout nécessa
47 d’égalité des cantons italiens et romands. Notre fédéralisme actuel ne date donc que de 1848 ; et ce n’est même qu’à partir de 191
48 n de reculer ou de tourner en rond. IIOù va le fédéralisme  ? C’est ici qu’apparaît au concret le problème, ou la nécessité, d
49 t le problème, ou la nécessité, d’une philosophie fédéraliste . Car lorsqu’il s’agit de prévoir, l’empirisme ne suffit plus. La vue
50 ivre ont-elles l’ambition de poser le problème du fédéralisme sur le seul plan où nos conflits internes aient quelque chance de se
51 hance de se résoudre : le plan de l’Europe. Notre fédéralisme ne peut durer que si nous lui donnons pour fin la fédération de l’Occ
52 ation veut dire : union dans la diversité. Le mot fédéralisme , en Suisse romande surtout, a pris le sens restreint et inexact d’aut
53 Bund n’insiste que sur l’union. Quand je parle de fédéralisme et de fédération, j’entends à la fois union et autonomie des parties
54 ative politique de notre temps : totalitarisme ou fédéralisme (et non point gauche ou droite, capitalisme libre ou étatisme, commun
55 C’est là mon ordre personnel, mon « arrangement » fédéraliste , conforme au sens et aux qualités propres à chacun de ces feuillets,
56 fait aujourd’hui de la pratique traditionnelle du fédéralisme helvétique une sorte de programme, et même de manifeste. Par la force
57 héorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme , s’il veut durer, doit devenir à son tour missionnaire. Telle est sa
58 gagner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre
59 en fut un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefo
60 ls et des systèmes. Or tout système, fût-il nommé fédéraliste , est unitaire par essence, et donc antifédéraliste. Il l’est dans son
61 nc aussi, et fatalement, dans son application. Le fédéralisme réel est le contraire absolu d’un système, toujours conçu par un cerv
62 idée, d’un centre abstrait. Je définirais même le fédéralisme comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systé
63 t pourquoi l’on ne peut concevoir une philosophie fédéraliste que sous une forme non logique : aphoristique. Telle que j’essaie ici
64 timées que se nouent les unions fécondes. L’union fédéraliste est un mariage, et non pas un alignement militaire et géométrique. 9.
65 gémonie qui est créateur de la fédération. 10. Le fédéralisme est une éducation mutuelle, plutôt qu’une éducation autoritaire. C’es
66 ’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fédéraliste . Je définis la personne comme l’homme à la fois libre et engagé, à la
67 e un ouvrier qualifié et un manœuvre. La solution fédéraliste en économie est alors celle-ci : centraliser tout ce qui est de l’ord
68 ommes ici en présence d’une maladie spécifique du fédéralisme . Elle se manifeste par divers symptômes non trompeurs : intolérance m
69 le caractère non systématique et non unitaire du fédéralisme sain. Il est essentiel que les groupes, ou les individus qui les comp
70 rits intolérants sont ceux qui ne conçoivent le «  fédéralisme  » que sous la forme du Kantönligeist, c’est-à-dire d’un patriotisme a
71 canton d’abord ou uniquement et appellent cela «  fédéralisme  », alors qu’ils ruinent le principe même dont ils forment le nom de l
7 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
72 mple. 1. Clarifions notre langage ! — Puisque le fédéralisme est une forme politique qui suppose l’équilibre vivant entre les droi
73 irs envers l’ensemble, il est absurde de nommer «  fédéraliste  » un parti qui n’a d’autre programme que la défense des intérêts loca
74 ontre le centre. Ceux qui se disent, chez nous, «  fédéralistes  », ne sont souvent, je le crains, que des nationalistes cantonaux. Ce
75 peut-être plus de droits à revendiquer le nom de fédéralistes , dans son sens étymologique. (fœdus = traité, serment, union.) Par un
76 » ce qui procède de Berne. Il en résulte que leur fédéralisme se résume à combattre tout ce qui est dit fédéral. Comprenne qui pour
77 tes ont également tort, c’est évident, puisque le fédéralisme véritable ne commence qu’au-delà de leur opposition. Ils se font un p
78 viste de notre État. À quand le parti de la santé fédéraliste  ? Il ne sera ni de gauche ni de droite. Car sous l’opposition, indéfe
79 gressent. Les « libéraux » et les conservateurs «  fédéralistes  » ne sont que des réactionnaires inconséquents : tant que je ne les a
80 ourrai pas prendre au sérieux leurs convictions «  fédéralistes  » (ce mot étant pris dans leur sens). (Et ce ne sont pas seulement le
81 les complexités concrètes, choisis pour leur sens fédéraliste , et révocables aussitôt qu’ils le perdent. » Si vous les obtenez, la
82 sont nos meilleurs écrivains. 7. Tolérance. — Le fédéralisme véritable suppose une tolérance particulière : le respect des vocatio
83 aine de notre vie, même « privée », c’est nier le fédéralisme et ruiner les bases de la Suisse. Que nos moralistes s’en souviennent
84 l’oublient pas ! 8. Intolérance. — À mon avis, un fédéralisme sain doit se montrer radicalement intolérant envers toute influence t
85 État, c’est l’âme de l’âme », voilà des drôles de fédéralistes , des drôles de Suisses41. Je les estime intolérables, s’ils parlent e