1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 appeler l’union de l’Europe au nom de la doctrine fédéraliste . Je trouvais cette doctrine impliquée dans une philosophie de la pers
2 er ma « politique de la personne » et la doctrine fédéraliste qui en résulte, avec les réalités européennes nées de la guerre et de
3 s mêmes tensions fondamentales, je les nommerai : fédéralistes . Ici, mesdames et messieurs, s’ouvre béante devant moi, la tentation
4 osophiques de ces deux termes : la personne et le fédéralisme . Cette manière d’apparence rigoureuse s’autoriserait trop facilement
5 e nation, comme le parti le plus irréductible. Le fédéralisme , au contraire, veut unir et non pas unifier. Et justement parce qu’il
6 est l’invention de structures politiques du type fédéraliste , seules créatrices de paix et seules capables de sauvegarder la liber
2 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. II
7 ionales, par le congrès de l’Union européenne des fédéralistes . Les délégués d’une cinquantaine d’associations diverses, venus de se
8 r l’union du continent, sur la base des principes fédéralistes illustrés par le pays même dans lequel ils se rassemblaient. La confé
9 cisme ou des routines politiciennes. L’attitude fédéraliste Les organisateurs de ce congrès ont voulu qu’il s’ouvrît par une é
10 ouvrît par une étude des fondements spirituels du fédéralisme . Le danger que présente un tel sujet, c’est qu’il risque d’entraîner
11 or, rien n’est plus contraire à l’essence même du fédéralisme que l’esprit théorique et les généralisations. Et cette phrase résume
12 és humaines. J’essaierai donc de définir l’esprit fédéraliste d’une manière indirecte, par implication, et je m’en tiendrai le plus
13 , puisqu’en fait nous voici réunis pour parler du fédéralisme  ? Nous ne serions pas ici si nous pensions que le type d’homme le plu
14 ’autonomie et la solidarité, correspond le régime fédéraliste . J’ajouterai une remarque encore, pour compléter ce schéma trop rapid
15 urt de soif et celui qui se noie. Et, de même, le fédéralisme ne naîtra jamais d’un habile dosage d’anarchie et de dictature, de pa
16 larisme borné et de centralisation oppressive. Le fédéralisme est sur un autre plan que ces deux erreurs complémentaires. Chacun sa
17 ption plus concrète de l’attitude et des méthodes fédéralistes . ⁂ L’an dernier, aux Rencontres internationales de Genève, le philoso
18 ’attache qu’aux détails de la mise en pratique du fédéralisme en Suisse, mais non pas si l’on cherche à dégager de cette expérience
19 l’on cherche à dégager de cette expérience l’idée fédéraliste qu’elle illustre. Une expérience de laboratoire est nécessairement pl
20 pourquoi, dans notre tentative de définir l’idée fédéraliste en soi, nous ferons bien de ne pas perdre de vue cette expérience-tém
21 cluante. ⁂ Comme toutes les grandes idées, l’idée fédéraliste est très simple, mais non pas simple à définir en quelques mots, en u
22 ste. À mon sens, le mouvement intime de la pensée fédéraliste ne saurait être mieux comparé qu’à un rythme, à une respiration, à l’
23 tuelle de la diastole et de la systole. La pensée fédéraliste ne projette pas devant elle une utopie européenne qu’il s’agirait sim
24 sur ce double mouvement qui caractérise la pensée fédéraliste , sur cette interaction, cette dialectique, cette bipolarité, comme on
25 qui est le battement même du cœur de tout régime fédéraliste . L’oublier serait se condamner à retomber sans cesse dans un malenten
26 très clairement. En effet, les mots fédération et fédéralisme sont compris de deux manières très différentes par les Suisses aléman
27 sse romande, au contraire, ceux qui se proclament fédéralistes sont en réalité les défenseurs jaloux de l’autonomie des cantons cont
28 t dire simplement : s’unir. Pour les autres, être fédéraliste veut dire simplement : rester libre chez soi. Or les uns et les autre
29 rce qu’ils n’ont qu’à moitié raison. Le véritable fédéralisme ne consiste ni dans la seule union des cantons, ni dans leur seule au
30 viens de signaler pour la Suisse. Nous aurons des fédéralistes qui ne penseront qu’à faire l’union et à la renforcer, et nous aurons
31 ire l’union et à la renforcer, et nous aurons des fédéralistes préoccupés avant tout de sauvegarder les droits de chaque nation cont
32 vrons constamment rappeler aux deux partis que le fédéralisme véritable n’est ni dans l’une ni dans l’autre de ces tendances, mais
33 e constater qu’ils n’emploient jamais le terme de fédéralisme , qu’ils l’ignorent, et qu’ils ne touchent que très rarement, et très
34 nt que très rarement, et très vaguement, à l’idée fédéraliste en soi. C’est peut-être parce que cette idée, comme je le disais tout
35 tique. Il est incontestable, en effet, que l’idée fédéraliste n’a pas cessé d’inspirer et de guider les démarches des meilleurs hom
36 héorie. Nous vivons ce moment de l’histoire où le fédéralisme suisse, s’il veut durer, doit devenir à son tour missionnaire. Telle
37 agner en conscience de ses fins. De même pour le fédéralisme européen. Un sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre
38 en fut un autre. Dans les deux cas, le sentiment fédéraliste fut promptement détourné au profit de politiques d’hégémonie. Toutefo
39 de l’union véritable.   Deuxième principe. — Le fédéralisme ne peut naître que du renoncement à tout esprit de système. Ce que j
40 e d’une idéologie. On pourrait définir l’attitude fédéraliste comme un refus constant et instinctif de recourir aux solutions systé
41 ticuler dans un tout.   Troisième principe. — Le fédéralisme ne connaît pas de problème des minorités. On objectera que le totali
42 en germe) dans tout système quantitatif ; il y a fédéralisme partout où c’est la qualité qui prime. Par exemple : le totalitaire v
43 présente qu’un chiffre, et le plus petit. Pour le fédéraliste , il va de soi qu’une minorité puisse compter pour autant, voire plus
44 r à être un bon cœur.   Cinquième principe. — Le fédéralisme repose sur l’amour de la complexité, par contraste avec le simplisme
45 et même économiques, telle est la santé du régime fédéraliste . Et ses pires ennemis sont ceux dont le grand Jacob Burckhardt annonç
46 st la vitalité civique d’un peuple. Une politique fédéraliste soucieuse de se mouler sur la réalité, toujours complexe, suppose inf
47 l’on y réfléchit, on s’aperçoit que la politique fédéraliste n’est rien d’autre que la politique tout court, la politique par exce
48 ière-plan — il y a le totalitarisme, et il y a le fédéralisme . Une menace et une espérance. Cette antithèse domine le siècle. Elle
49 des cas, lui sont subordonnées. Les principes du fédéralisme , tels que je viens de les rappeler, s’opposent diamétralement et poin
50 ple et rigide, comme la guerre, comme la mort. Le fédéralisme est complexe et souple, comme la paix, comme la vie. Et parce qu’il e
51 os esprits, même et surtout quand nous parlons de fédéralisme . Si, au contraire, à la faveur de ces débats, nous parvenons à dévelo
52 ous parvenons à développer des réflexes de pensée fédéraliste , si nous devenons nous-mêmes intégralement fédéralistes — fédéraliste
53 aliste, si nous devenons nous-mêmes intégralement fédéralistes — fédéralistes comme on respire — la partie sera déjà plus qu’à moiti
54 devenons nous-mêmes intégralement fédéralistes —  fédéralistes comme on respire — la partie sera déjà plus qu’à moitié gagnée. Messi
55 s les délégués, si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter,
56 mais à son caractère absolu. Et c’est l’agitation fédéraliste dans toute l’Europe qui les poussera. De cette agitation, que je voud
57 ul fait que nous sommes ici pour fédérer tous les fédéralistes , dans la conviction sobre et ferme que, cette fois-ci, on ne nous lai
58 s’arrêter aux frontières d’un pays. Voilà donc le fédéralisme . L’opposition Il semble à première vue qu’un tel programme soit si cl
59 formule d’un ordre neuf… Où irons-nous ? Seul, le fédéralisme ouvre des voies nouvelles. Seul il peut surmonter — voyez la Suisse —
60 que les libertés : le but, l’essence de la pensée fédéraliste étant précisément de trouver les moyens d’articuler, d’arranger sans
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61 n’était pas terminé que l’idée naissait, chez les fédéralistes , d’en élargir l’action et le retentissement en convoquant, pour le pr
62 agissait pas, dans son esprit, d’une entreprise «  fédéraliste  » au sens précis du terme qu’on vient de définir, mais plutôt d’une a
63 e la lutte entre les tendances « unioniste » et «  fédéraliste  » qui devait animer les débats de La Haye, et qui se révéla souvent f
64 l’union est en bonne voie, et que notre agitation fédéraliste est par conséquent superflue. Je persiste à penser, pour ma part, que
65 ernier, lors du congrès de l’Union européenne des fédéralistes  : « Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra,
66 édéralistes : « Si l’Europe doit durer, c’est aux fédéralistes qu’elle le devra, et à eux seuls. Sur qui d’autre peut-elle compter ?
67 ave : au congrès de La Haye, la place de nos amis fédéralistes de toute l’Europe de l’Est restera vide. Et cela n’a pas manqué de do
68 distinction fondamentale pour tout le vocabulaire fédéraliste , et par suite décisive pour toute l’action européenne. Dans le cas de
69 en prendre la tête et inventer l’avenir. C’est le fédéralisme , qui veut que la Terre promise ne soit pour nous ni l’Amérique ni la
70  Nous ne sommes pas ici pour faire une révolution fédéraliste  ! » — un froid silence fut seul à lui répondre. Après cela, l’on fut
71 ut moins surpris de voir quelques-unes des thèses fédéralistes acceptées par une assemblée unanime, alors que la majorité des délégu
72 te fournissant une base d’offensive : la position fédéraliste , qui se trouve être en fait « non-conformiste », dans l’état présent
73 je crois la connaître — une doctrine orthodoxe du fédéralisme . Et parfois ses tenants s’inquiètent de voir les conclusions pratique
74 ons-nous cependant de confondre les ordres. Si le fédéralisme veut être une politique, non pas une secte ou une théologie (quoiqu’i
75 parlé du Congrès de l’Europe comme d’un congrès «  fédéraliste  ». En réalité, les groupes fédéralistes s’y trouvaient en minorité à
76 congrès « fédéraliste ». En réalité, les groupes fédéralistes s’y trouvaient en minorité à tous égards. Tant par le nombre que par
77 larer contre un peu plus d’union en général ? Les fédéralistes , au contraire, réclamaient des mesures précises, et surtout des insti
78 à La Haye que le rôle d’un frein, par rapport au fédéralisme cohérent et sûr de ses fins. C’est en effet ce qui se produisit. La p
79 . La plupart des thèses défendues par la tendance fédéraliste — et qu’on trouve déjà formulées dans le rapport du congrès de Montre
80 ination, mais qui n’en est pas moins le programme fédéraliste . Les grandes institutions que proposait Montreux ont été adoptées en
81 développement de cette économie. ⁂ Le succès des fédéralistes , à La Haye, n’est pas celui d’un parti sur un autre. Car l’unionisme
82 tape normale dans l’évolution des esprits vers un fédéralisme efficace. Très peu parmi les délégués se déclarèrent adversaires de n
83 èses. Certains ne redoutaient à vrai dire qu’« un fédéralisme intégral » partant de la commune et de l’entreprise, qu’il n’était pa
84 divergences souvent verbales entre unionistes et fédéralistes , le seul conflit profond qui divisa le congrès fut celui qui opposa s
85 vers la prudence, surtout de la part de mes amis fédéralistes . Car il est clair qu’un appel de ce genre était précisément ce qu’on
86 re nommée par les États, sauvegardant le principe fédéraliste des qualités contre la quantité. (Car chaque pays, grand ou petit, y
87 entre, ni surtout sans partis : mais au contraire fédéraliste . Nous ne voulons pas l’Europe française ou britannique, mais au contr
88 quatre mouvements suivants : Union européenne des fédéralistes (président H. Brugmans) ; United Europe Committee (président Winston