1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 misé, la communauté au collectivisme forcé, et le fédéralisme intégral au stato-nationalisme régnant. Celui-ci célèbre enfin son tr
2 l’Europe, bien décidée à transformer en réalités fédéralistes immédiates la guerre des États-nations, perdue par tous, et la passio
3 etits groupes, associations, mouvements et ligues fédéralistes . Leurs chefs, rassemblés à Montreux à l’automne 1947, décident de con
4 que de la conjonction d’une dizaine de mouvements fédéralistes ou unionistes, de quelques grands hommes politiques et de plus de hui
5 pirituelle de l’Europe. ⁂ Cependant, l’entreprise fédéraliste n’a cessé de se dégrader à partir des journées de La Haye, chargées d
6 ct de la réalité » ! Car ce n’est pas notre idéal fédéraliste , mais un modèle d’union très différent, l’« intégration », qui s’est
7 politiques d’institutions ne saurait être que le fédéralisme , méthode d’union dans la diversité, radicalement contraire à la métho
8 ment et à jamais incompatible avec toute solution fédéraliste , c’est-à-dire avec toute guérison du mal mortel qu’elle entretient. C
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
9 rait-il d’une invention de Victor Hugo, voire des fédéralistes de notre temps, comme certains l’ont finement supposé ? Une cantate p
10 je propose de répondre simplement ceci : que les fédéralistes européens s’engagent à ne jamais faire aux nations quelles qu’elles s
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
11 e des régimes politiques, c’est de toute évidence fédéralisme . Je ne vois pas d’autre formule qui réponde à la double exigence du r
12 enu dans sa prison par quelque orthodoxie. 27. Fédéralisme et sens de l’histoire En 1863 paraissait le dernier grand ouvrage
13 fédérations continentales et d’autre part vers un fédéralisme régional. La victime de ce double mouvement apparemment contradictoir
14 nvoient l’un comme l’autre à des formules de type fédéraliste . À la question que je me posais sur la prophétie proudhonienne, voici
15 es bel et bien au seuil d’une ère potentiellement fédéraliste . Peut-on dire plus ? Sur les quelque cent-trente nations souveraines
16 nde et l’Australie. Voilà qui réfute le cliché du fédéralisme « désuet ». Mais l’étiquette fédéraliste couvre des marchandises de q
17 liché du fédéralisme « désuet ». Mais l’étiquette fédéraliste couvre des marchandises de qualités au moins diverses, selon qu’il s’
18 t certain que, dans ces trois cas, c’est moins le fédéralisme qu’on est en droit d’incriminer que sa trahison pure et simple, ou so
19 ’un État fédéral. Il ne s’agit pas d’un défaut du fédéralisme , mais d’un défaut de fédéralisme. Et l’on est en droit de penser que
20 s d’un défaut du fédéralisme, mais d’un défaut de fédéralisme . Et l’on est en droit de penser que l’application correcte de la méth
21 e penser que l’application correcte de la méthode fédéraliste rétablirait bientôt ce double mouvement de diastole et de systole, ve
22 immunisé contre le virus totalitaire. Mais si le fédéralisme apparaît bien comme le remède spécifique au stato-nationalisme, en ce
23 lentendus tragiques et ridicules sur le sens du «  fédéralisme  » « Faire l’Europe », oui bien sûr, mais on ne peut pas la faire d
24 le que l’union dans la diversité, c’est-à-dire le fédéralisme . Mais sitôt le mot prononcé, des hurlements éclatent sur tous les ban
25 ite et du Marais à la Montagne. Car pour les uns, fédéralisme signifie unification au mépris des diversités, et pour les autres il
26 s cultivé qui demande à son Littré le sens du mot fédéralisme trouve ceci : Fédéralisme : s. m. Néologisme. Système, doctrine du
27 Littré le sens du mot fédéralisme trouve ceci : Fédéralisme  : s. m. Néologisme. Système, doctrine du gouvernement fédératif. Cet
28 e que les deux citations qui l’illustrent : « Le fédéralisme était une des formes politiques les plus communes employées par les s
29 « Aux jacobins, on agita gravement la question du fédéralisme et on souleva mille fureurs contre les girondins » (A. Thiers, Hist.
30 ultivé se voit naturellement porté à condamner le fédéralisme interne comme visant à la division de l’État souverain, mais chose cu
31 euse, cela ne l’empêche nullement de condamner le fédéralisme externe comme visant cette fois-ci à l’intégration totale dans un sup
32 n super-État européen. Cette deuxième « idée » du fédéralisme , inverse de la première mais non moins fausse, est la plus répandue e
33 us répandue en Amérique. Si les Vaudois se disent fédéralistes contre Berne, les Québécois se veulent antifédéralistes contre Ottawa
34 ’histoire américaine. Mon Littré date de 1865 : «  fédéralisme  » y est encore qualifié de « néologisme ». C’était deux ans après le
35 ment. Mais pas du tout : le malheur congénital du fédéralisme reste d’être un concept dialectique, ambigu, et qui autorise — ou inc
36 qu’une journée fût réservée à des travaux sur le fédéralisme . Le représentant du Conseil de l’Europe tint à déclarer aussitôt que
37 l’Europe tint à déclarer aussitôt que le terme de fédéralisme étant tabou à Strasbourg, il se verrait obligé de quitter le comité s
38 par la suite que ce haut fonctionnaire tenait le fédéralisme pour un système d’unification intégrale, sans respect pour les divers
39 ent le contraire de ce qu’il est. À l’inverse, le fédéralisme est assimilé par beaucoup à une attitude de suspicion envers tout pou
40 péen, écrivait récemment : « Ce n’est pas dans le fédéralisme , ce n’est pas en se repliant sur elle-même que la Wallonie trouvera s
41 fédérale, « parce qu’ici, disait-il, nous sommes fédéralistes  ! ». Pareils malentendus, s’ils sont le fait d’Européens professionne
42 es traditions helvètes, que sera-ce ailleurs ? Le fédéralisme n’étant ni ceci, ni cela, mais la coexistence en tension de ceci et d
43 de clarification des concepts de fédération et de fédéralisme . Pour ma part, je voudrais maintenant proposer quelques définitions,
44 trois définitions. Je propose d’appeler problème fédéraliste une situation dans laquelle s’affrontent deux réalités humaines antin
45 de l’un et de l’autre. J’appellerai donc solution fédéraliste toute solution qui prend pour règle de respecter les deux termes anti
46 éfinies constitue ce que je nommerai la politique fédéraliste , au sens le plus large du terme. Avant de chercher à quel type d’homm
47 éfinition vaut également et intégralement pour le fédéralisme , du moins tel que je l’entends, après avoir valu pour la Grèce des gr
48 Solitaire et solidaire Notre modèle de pensée fédéraliste ainsi posé à la clé de l’histoire européenne, il reste à repérer les
49 on retrouve les structures typiques d’un problème fédéraliste . À la base de notre analyse, plaçons une conception de l’homme analog
50 e toute communauté. 31. Principes de l’analyse fédéraliste Dans tous ces domaines d’existence, quels seront les principes de
51 ront les principes de méthode dictés par le souci fédéraliste de respect des diversités, des conditions contradictoires de la vie,
52 ersonnes et la force de la communauté ? L’analyse fédéraliste d’une situation part du concret, en ce sens que d’abord elle considèr
53 sens, voilà le programme proudhonien de division fédéraliste de l’État, inverse exact de l’utopie totalitaire. Au reste, les aires
54 niste, c’était le marxisme plus l’électricité, le fédéralisme sera l’autonomie des régions plus les ordinateurs, c’est-à-dire le re
55 omet toute l’efficacité de l’enseignement. Remède fédéraliste  : commencer par réévaluer les dimensions d’une université digne du no
56 s allons enfin retrouver le problème classique du fédéralisme  : comment assurer la cohésion d’un ensemble assez vaste pour pouvoir
57 un homme choisit de donner allégeance. 33. Le fédéralisme commence C’est dans ce double dynamisme créateur d’unions plus vas
58 itués au xixe siècle. On s’aperçoit alors que le fédéralisme politique (intra ou interétatique), seul pris en considération par le
59 gretté Pierre Duclos, lorsqu’il relevait que « le fédéralisme vit d’une vie que la forme institutionnelle dénommée État ne suffit p
60 t moins encore à épuiser »… Et il ajoutait : « Le fédéralisme est autre chose qu’une simple recette juridique ou politique : il est
61 générale d’aménagement des relations humaines, le fédéralisme tel que je viens de le définir ne fait que commencer. Il n’est pas ma
62 ouvrage en collaboration avec Henri Brugmans, Le Fédéralisme contemporain : « Le fédéralisme est présence au pouvoir global des él
63 enri Brugmans, Le Fédéralisme contemporain : « Le fédéralisme est présence au pouvoir global des éléments particuliers — demeurant
64 pécificités. » 22. H. Brugmans et P. Duclos, Le Fédéralisme contemporain, Paris, 1963, p. l51. a. Nous corrigeons ici une erreur
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
65 e peut être à la rigueur féconde. 35. Critique fédéraliste du nationalisme Nietzsche, témoin de la montée de nos délires, écr
66 précisément. Appliquons maintenant notre analyse fédéraliste à quelques-uns des éléments du nationalisme choisis parmi les plus vi
67 les polémiques sur la souveraineté nationale. Le fédéraliste ne peut donc adopter, devant la croyance à la souveraineté nationale
68 n » préconisées par Nietzsche. La patrie, pour le fédéraliste , est une réalité d’instinct et de sentiment, un fait de naissance et
69 enseignement, c’est l’une des premières tâches du fédéralisme en Europe : qu’on se le dise dans les écoles normales. Mais le stato-
70 ous autorise, par contraste, à décrire l’attitude fédéraliste comme un simple retour au respect des libertés et des réalités, comme
71 n à y perdre, que vos étrangers ! » Cela dit, les fédéralistes doivent-ils engager la bataille sur le thème de « l’abandon des souve
72 nationales n’existent plus. J’estime donc que les fédéralistes doivent refuser le faux dilemme : souveraineté ou fédération. Et sur
73 ore généralement, c’est la manière dont ce régime fédéraliste parvint à se faire accepter par les vingt-cinq cantons et demi-canton
74 fait demeure : il n’est pas de Constitution plus fédéraliste que celle de la Suisse, et pourtant elle garantit la souveraineté de
75 strer. En un mot, il faut appliquer la méthode du fédéralisme . 38. Défaire et dépasser l’État-nation Puissance ou liberté : c
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
76 onaliste… Tandis qu’en Suisse, patrie (dit-on) du fédéralisme intégral, on voit le Jura francophone et catholique se révolter contr
77 (Jura), tendances trop souvent confondues avec le fédéralisme dont elles sont deux négations ; l’autre d’un dépassement du fédérali
78 sont deux négations ; l’autre d’un dépassement du fédéralisme interétatique en direction du fédéralisme fonctionnel, formule de l’a
79 ment du fédéralisme interétatique en direction du fédéralisme fonctionnel, formule de l’avenir européen. Tous ces symptômes révèlen
80 ir une union praticable. 45. Une règle d’or du fédéralisme Parlant de la mise en place progressive de structures fédérales en
81 continent et le plus allergique, semblait-il, au fédéralisme à base régionale, la République française une et indivisible. La bibl
82 manifeste d’un mouvement qui s’intitule « Pour le fédéralisme et le progrès social », je lis ces quelques phrases : Nous réclamons
83 que dans le cadre de l’Europe unie, laquelle sera fédéraliste ou ne sera pas. Dans cette Europe unie, la représentation du peuple f
84 nsif et extensif vers quelque théorie générale du fédéralisme . Si l’on tient ces facteurs ensemble en son esprit, on reconnaîtra au
85 ntinentales, mondiales). Il apparaît ainsi que le fédéralisme politique — cas particulier d’un processus général d’optimisation des
86 par tous les moyens admis ou non l’entreprise des fédéralistes . Pour eux, nous serons d’abord traîtres à la patrie, que nous soyons
87 re. Voilà pourquoi cette région laisse froids les fédéralistes intégraux, au nombre desquels je me suis toujours rangé. (Il n’en res
88 premier stade, non pas certes de l’ordre nouveau fédéraliste , mais de la dissociation inévitable, à plus ou moins brève échéance,
89 évoquer la sécurité suisse et ses motifs. Mais le fédéralisme va plus loin et conçoit d’autres types et modèles. Essayons de les ap
90 ets. Je demande la dissociation et la répartition fédéraliste des pouvoirs aujourd’hui concentrés en un seul lieu, accaparés par l’
91 ain, par l’État régional. 55. Vers une formule fédéraliste de l’État Dans une page essentielle de son Principe fédératif, où
92 rdinateurs, nous les avons ! J’ai dit déjà que le fédéralisme intégral n’est devenu possible qu’à partir de l’avènement de l’ordina
93 , et non plus des États anciens. Et la révolution fédéraliste sera là, sans fracas, instaurée dans les faits. Je vois le processus
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
94 t que nous assignons à l’union, nous autres vrais fédéralistes européens, est politique au sens écologique du terme, qui évoque l’éq
95 nd des différences. L’Europe n’est pas pour nous, fédéralistes , un champ de bataille où il s’agit de vaincre ou de mourir, ni un emp
96 nos cultures. Seule, la révolution régionaliste, fédéraliste , européenne, subordonnant la production à des fins transcendantes et
97 epuis vingt-cinq ans. Et c’est pourquoi le projet fédéraliste doit accepter d’être dit « révolutionnaire », nonobstant la mode actu
98 lgarise et valorise abusivement ce terme. Mais le fédéralisme tel que je le conçois est bien moins révolutionnaire parce qu’il dema