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IILa
guerre
est morte Lake George (N. Y.), le 12 août 1945. On nous parle d’arm
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e encore une de ces fausses nouvelles comme cette
guerre
en a vu tant, qui ne font qu’anticiper d’un ou deux jours sur la réal
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d’une manière symbolique, la date capitale de la
guerre
. De même la victoire en Europe nous fut annoncée en deux temps, laiss
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i, prématurée ou non, la nouvelle de la fin de la
guerre
se trouve déclassée par la Bombe. Nous n’aurons pas de Onze Novembre,
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naissance d’une paix que de la mort subite de la
guerre
. Car c’est la guerre en général qui vient d’être atteinte en plein cœ
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que de la mort subite de la guerre. Car c’est la
guerre
en général qui vient d’être atteinte en plein cœur. Voilà qui me frap
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principale victime de la bombe atomique a été la
guerre
, qui en est morte en trois jours. Sous sa forme militaire — c’était l
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trois jours. Sous sa forme militaire — c’était la
guerre
tout court — elle a moins de chances de renaître et moins d’avenir qu
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s n’ont plus qu’à se consacrer aux sports. Que la
guerre
n’est plus leur métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de gue
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métier. Et que par conséquent il n’y aura plus de
guerre
au sens classique et multimillénaire du mot. « Il y aura toujours des
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multimillénaire du mot. « Il y aura toujours des
guerres
», nous disaient-ils. Sans doute, mais ce ne seront plus les leurs, l
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occasion, que pour le combat de rues, les petites
guerres
civiles et autres différends d’intérêt local, voire municipal, au tit
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s se dissimuler que ce déclassement brusque de la
guerre
va provoquer dans le monde entier un sentiment de vague et vaste frus
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-ce que la paix serait morte en même temps que la
guerre
? Vous me demandez comment a réagi l’opinion publique et privée. Eh b
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, s’écriaient-ils, nous avons moralement perdu la
guerre
. Nous avons en tout cas terni notre victoire, et le prestige américai
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du tout, disent les autres, nous avons abrégé la
guerre
, nous l’avons peut-être tuée, et nous avons sauvé un million de vies.
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s premiers, que c’est la Bombe qui a mis fin à la
guerre
? Les Russes disent que c’est l’armée russe, rien qu’en se montrant.
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est donc elle, pratiquement, qui a fait cesser la
guerre
? — Bien au contraire, nous pensons que la guerre allait se terminer
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guerre ? — Bien au contraire, nous pensons que la
guerre
allait se terminer de toute façon. La Bombe n’a donc servi que le Mik
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avaient échoué ? Courir le risque de prolonger la
guerre
de quelques mois ? N’employer que les bons vieux procédés tacitement
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Londres en cinq minutes, à partir du début de la
guerre
. Le progrès, disait Baudelaire, consiste dans la réduction des traces
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r la persécution Hitler, Staline, et l’exil et la
guerre
, et le cinéma pour notre information si les camps ne nous ont pas eus
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eilleur analyste des choses militaires dans cette
guerre
, et le corps unanime des savants. M. Hanson B. Baldwin l’a fort bien
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lisation permanente qui sous prétexte d’éviter la
guerre
, tuerait la paix. Une partie de la population serait employée à surve
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lanétaire. Aussi défendent-ils tous l’idée que la
guerre
des bombes serait la fin des hommes, et que le seul moyen de l’empêch
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al Marshall ajoute : « Les gens qui parlent d’une
guerre
purement technique oublient le fait qu’une pareille guerre exige des
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rement technique oublient le fait qu’une pareille
guerre
exige des effectifs plus importants que par le passé. Il faut des tro
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il conclut que les conditions fondamentales de la
guerre
n’ont pas changé davantage qu’elles ne le firent lors de l’invention
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ays, plus qu’à moitié détruit. Ils verront que la
guerre
n’a plus de sens humain. D’ailleurs l’île qu’ils iront conquérir sera
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ne en occupant le terrain. Mais dans le cas d’une
guerre
atomique, il n’est pas sûr, ni même probable, que l’agresseur juge bi
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n’en pas donner d’autres, si elles existent ? La
guerre
n’a plus d’autres secrets que ceux de l’industrie, qui sont ceux de l
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tre désir que de les publier. Je maintiens que la
guerre
est morte, la guerre des militaires, la vraie. Parce que nous avons p
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publier. Je maintiens que la guerre est morte, la
guerre
des militaires, la vraie. Parce que nous avons passé l’âge des guerre
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s, la vraie. Parce que nous avons passé l’âge des
guerres
considérées comme jeux réglés. Si l’un des partis en présence disait
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bjections à ma thèse sur l’armée et la mort de la
guerre
militaire, m’obligent à vous demander de relire mes lettres. J’avais
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ricain discute encore la question de savoir si la
guerre
a pris fin légalement le 14 août ou le 2 septembre ; quand je vois le
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et de vêtir ceux qui sont nus ; quand je vois la
guerre
et que chacun s’y prépare ; quand je vois que tout le monde voit cela
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s bien saisi la situation, qui est la suivante :
Guerre
. Les armées de terre et de mer seront privées de ravitaillement et im
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ne peuvent servir à rien, si ce n’est à faire la
guerre
. D’ailleurs, ils déplorent tous la dernière guerre, qui les a telleme
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uerre. D’ailleurs, ils déplorent tous la dernière
guerre
, qui les a tellement affaiblis pour la prochaine. Progrès. Un hebdom
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énéral, et pour elle-même, et qu’ils détestent la
guerre
: pourtant ils s’y préparent. Ce qui domine en fait leur politique, c
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ine en fait leur politique, c’est la vision de la
guerre
, non pas celle de la paix. Ils agissent donc comme des irresponsables
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erait monotone, s’il n’y avait pas les menaces de
guerre
! Et que ferions-nous sans la Bombe ? Depuis des mois, les grandes ma
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e grande question : qu’est-il donc sorti de cette
guerre
? Quelles nouveautés ? Aucune, répondent beaucoup. Rien que du négati
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ernational par une des nations constituantes : la
guerre
ne vient-elle pas d’éliminer les dictatures impérialistes ? Ces trois
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tionalisme en plein essor, contrecoup fatal de la
guerre
, et fièvre spécifique des grandes démocraties physiquement ou moralem
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s fait un grand progrès, le seul peut-être que la
guerre
pouvait permettre… Lui. — Mais avouez qu’aussi longtemps que vos hom
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muns qui enchantent notre âge, comme la Bombe, la
Guerre
et la Paix, la Démocratie et le gouvernement du Monde, vous ne m’en v
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s Quatre Libertés n’en furent pas moins le but de
guerre
idéal des Nations unies, comme elles restent l’idéal officiel de la p
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la crainte. Donc les Nations unies ayant gagné la
guerre
, il est temps de nous demander quel est l’état présent des libertés q
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n’est que le résultat déplorable mais fatal de la
guerre
. (Étrange activité qui « fatalement » prolonge ou aggrave les tyranni
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nt à l’échelle planétaire. La flèche servait à la
guerre
des villages ; le fusil à la guerre des provinces ; le canon à la gue
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servait à la guerre des villages ; le fusil à la
guerre
des provinces ; le canon à la guerre des nations ; et l’avion à la gu
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e fusil à la guerre des provinces ; le canon à la
guerre
des nations ; et l’avion à la guerre des continents. Voici la Bombe,
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e canon à la guerre des nations ; et l’avion à la
guerre
des continents. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la guerre p
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nts. Voici la Bombe, à quoi servira-t-elle ? À la
guerre
planétaire, c’est-à-dire : à une guerre qui nous atteint tous, et que
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le ? À la guerre planétaire, c’est-à-dire : à une
guerre
qui nous atteint tous, et que nous ne faisons donc qu’à nous-mêmes. L
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nde que la Renaissance. Il semble que la dernière
guerre
, j’entends celle de 39-45, a beaucoup fait pour éveiller dans les nat
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s les nations le sentiment de leur relativité. La
guerre
de Chine, cette plaisanterie de chansonniers du temps de Montmartre,
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t comme puni et humilié ; et sans ministère de la
guerre
, il nous paraît dépourvu de sérieux. Or le gouvernement mondial devra
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ire, pas de voisins, donc personne à qui faire la
guerre
? À quoi cela ressemblerait-il ? Les nations et leurs gouvernements n
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vous venez de penser à la planète Mars, et à une
guerre
possible contre les Martiens ? Ne me dites pas non : votre première i
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s non : votre première idée a été de supposer une
guerre
. Et cela pour essayer de vous mieux représenter ce qu’un pouvoir plan
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bien faire de ses dix doigts… Pas de nations sans
guerres
avec d’autres nations. Je perdrais mon temps et le vôtre à fonder en
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u’un peu de sincérité. Les nations produisent les
guerres
, les guerres produisent les nations, et les unes sans les autres ne s
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incérité. Les nations produisent les guerres, les
guerres
produisent les nations, et les unes sans les autres ne seraient pas i
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e sorte de nation unique, sans voisins, donc sans
guerre
possible — cela revient à dire que c’est la paix elle-même que vous n
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at présent de l’Europe. J’ai cru longtemps que la
guerre
était le pire désordre imaginable à notre époque ; et que ceux qui la
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e je suis un primaire. Il m’assure que « à chaque
guerre
nous, cavaliers, avons prouvé que nous savions nous battre », ce qui
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car nous y sommes déjà bien engagés. Ce sont les
guerres
qui le produisent. Et ce sont les nations qui produisent les guerres…
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uisent. Et ce sont les nations qui produisent les
guerres
… Mais je vois que ce mot de nation a créé entre nous une équivoque. I
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nsi formés, de se rendre autarciques en vue de la
guerre
, soit qu’ils redoutent ou souhaitent cette éventualité. L’État détrui
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st celui de l’État totalitaire, qui est l’état de
guerre
en permanence. Ainsi l’ennemi des nations, c’est l’État ; et leur sau
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, plutôt que de se mettre hors d’état de faire la
guerre
, en se liant à des économies voisines. Mais remarquez l’hypocrisie du
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que cela n’a rien à voir avec la préparation à la
guerre
. Sans doute, mais je parlais moins des motifs que des effets inélucta
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ssairement à l’État totalitaire, donc à l’état de
guerre
larvé ou déclaré, qui est le pire des crimes sociaux. On ne sortira d
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cercle vicieux qu’en supprimant ce qui permet la
guerre
, ou la provoque, c’est-à-dire en désintégrant le carcan des États-nat
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XVILe goût de la
guerre
Princeton (N. J.), le 19 décembre 1945. Enfin ! Après quinze lettre
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in de rendre inutiles leurs services, a permis la
guerre
de Trente Ans. Et je vois bien que le système de l’armée populaire, t
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s de civils que de militaires, ce qui a permis la
guerre
dont on dit que nous sortons. Et je ne nierai pas que, jusqu’à nos jo
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is pourquoi. Tenez-vous bien : c’est parce que la
guerre
nous plaît, et que nous sommes portés par cette passion à nous rendre
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ret de notre conscience elle est liée à l’idée de
guerre
. Des millénaires de guerre nous ont intoxiqués. Et la fureur instanta
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e est liée à l’idée de guerre. Des millénaires de
guerre
nous ont intoxiqués. Et la fureur instantanée que provoque, chez beau
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J’insiste sur ces derniers mots. Notre goût de la
guerre
est si bien refoulé que tous, sans exception, jurent qu’ils n’aiment
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ue la paix. Si c’était vrai, il n’y aurait pas de
guerres
. J’écrivais là-dessus, il y a deux ans déjà, une page que je vais vou
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Mais comment l’homme compensera-t-il l’absence de
guerre
? Voici la tragédie nouvelle : nous avons tout prévu contre un futur
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es pour la Patrie ou le Parti. S’il n’y a plus de
guerres
, qui fera des héros ? Qui réveillera le sens du sacrifice ? Pour qui
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comment vivre s’il n’y a plus de paroxysmes ? La
guerre
était pour nous la grande permission, le grand ajournement de nos pro
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at de grâce. Telle la Fête chez les primitifs, la
guerre
était le « Grand Temps » de l’humanité moderne, la seule excuse que n
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à ce siècle pour lui faire oublier son goût de la
guerre
? Quels drames nouveaux pour remplacer, sur la scène vide, l’Ennemi d
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ux affaires courantes : équilibrer les budgets de
guerre
, etc. Ce n’est pas qu’une angoisse diffuse ne soit sensible dans les
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que notre globe dure longtemps encore, et que la
guerre
militaire y prospère d’autant mieux qu’elle sera dotée d’une arme de
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tirés… Pensez-vous que les effets de la prochaine
guerre
seront très différents de ceux que j’ai prévus ? La souffrance sera p
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raient jetées sur une flotte de cent bâtiments de
guerre
réunie dans la baie de Bikini, Pacifique. Parmi tous les détails publ
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és. Au jour J, les cent bâtiments de la flotte de
guerre
réunis dans la baie de Bikini pour subir l’épreuve atomique auront le
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ma lettre deuxième, où j’annonçais la mort de la
guerre
militaire. Voici. L’on a remarqué que la peau des cochons est fort se
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ntifique de ce terme. Quand je vous disais que la
guerre
est morte, « la guerre des militaires, la vraie » ! Quand je vous dis
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uand je vous disais que la guerre est morte, « la
guerre
des militaires, la vraie » ! Quand je vous disais que ses règles sacr