1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 is pas grand monde, à cette époque. Il a fallu la guerre , l’occupation, la réclusion, l’obscurcissement de l’Europe, pour que
2 compensation. Il a fallu la menace d’une nouvelle guerre , la chute du rideau de fer, l’annonce du plan Marshall, pour que devi
3 résulte, avec les réalités européennes nées de la guerre et de la résistance. Les maladies de l’Europe On m’a prié de vou
4 s mots : on dirait, à la voir, qu’elle a perdu la guerre . Militairement, Hitler et ses séides ont été battus et sont morts, ma
5 ne manière moins avouée, non moins dangereuse. La guerre n’a pas arrêté, loin de là, les progrès de la déchristianisation de l
6 ur même de l’océan. Et non seulement l’idée d’une guerre prochaine, mais l’idée d’une révolution à main armée se voit acceptée
7 mble que l’idée de décadence, acclimatée avant la guerre par des penseurs aussi divers que Spengler, Valéry et Huizinga, se so
8 ires extraeuropéens. Ce sont eux qui ont gagné la guerre , et non pas nous. Ce sont eux qui ont repris en charge le progrès et
9 t renversée depuis l’automne de 1939. Avant cette guerre , le nom d’Europe évoquait un foyer intense dont le rayonnement s’élar
10 oduisit dans nos esprits, au lendemain de l’autre guerre , la phrase fameuse de Valéry sur l’Europe « petit cap de l’Asie ». Au
11 e bridé et contrarié par le nationalisme, par les guerres , et par tous les barrages de douanes ou de coutumes que l’Amérique ne
12 tance morale diminuée où vient de nous laisser la guerre d’Hitler. Ces chances paraissent très faibles en vérité. L’Europe a d
13 andes découvertes, par ses armes et son art de la guerre mis au service tantôt de la rapacité de telle nation ou de tel prince
14 e deux ou trois pays, petits pays épargnés par la guerre . Voici le moment de nous demander très sérieusement si, dans cette co
15 iquement, et aujourd’hui, empêcher à tout prix la guerre . Et c’est aussi rendre inutiles les mitraillettes de la révolution et
16 à la cause de la justice économique. Empêcher les guerres à tout prix… Or, les guerres et les révolutions, contrairement à ce q
17 omique. Empêcher les guerres à tout prix… Or, les guerres et les révolutions, contrairement à ce que pensent beaucoup de bourge
18 tes lorsque celles-ci négligent de l’exercer. Les guerres ni les révolutions ne sont jamais initiées ni déclenchées par les mas
19 nt éveiller à la claire conscience des causes des guerres civiles et nationales, et des moyens d’y remédier. Or ces causes, nou
20 lâche à l’intérieur de la personne, nous avons la guerre au-dehors. Je m’explique. Quand l’homme se considère seulement sous l
21 uement et fatalement aux réactions sanglantes des guerres civiles, et, par suite, quel que soit le vainqueur, aux dictatures. O
22 ations opposées, et par suite les mêmes causes de guerre , dès que l’un des éléments en équilibre faiblit, ou se voit écrasé et
23 alismes. Telle est la cause de presque toutes nos guerres . J’ai dit, et je ne le répéterai jamais assez, qu’il faut voir dans l
24 res en apparence, mais également provocatrices de guerre . Cette santé et ces maladies se définissent respectivement comme les
25 États-Unis et la Russie ne s’entendent pas, si la guerre atomique éclate, il n’y a plus de problème de l’Europe, et d’une faço
26 nt le choix, parce qu’il mènerait fatalement à la guerre . Pour les premiers, l’Europe n’est plus rien par elle-même et devrait
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27 iment. Et nous avons pu voir, pendant la dernière guerre , que les résistances que rencontrent les dictateurs sont au contraire
28 sentiment commun se formait peu à peu, depuis la guerre de 1914-1918. La SDN fut l’un de ses symptômes, bien faible encore. L
29 t de se renforcer dans la plupart des peuples. La guerre dont nous sortons à peine est venue le fouetter. Brusquement, la ques
30 . Le totalitarisme est simple et rigide, comme la guerre , comme la mort. Le fédéralisme est complexe et souple, comme la paix,
31 ne d’entre elles n’eût avoué qu’elle préférait la guerre à la fédération (puisque telle est l’alternative), mais toutes étaien
32 raite jamais d’utopiste un homme qui préconise la guerre , la juge prochaine, et veut tout disposer, dès maintenant, dans cette
33 qu’il s’agisse de réarmer et de se préparer à la guerre entre nations ou entre partis, le temps presse, le moment est venu, p
34 it amoureux, et de la paix parce qu’ils ont eu la guerre . Mais il y a ceux aussi qui ne veulent pas la paix, ni l’union, ni la
35 s, déjoueraient leur tactique. Ce furent avant la guerre les maurrassiens, créateurs des clichés que j’examine, et ce sont auj
36 resseux dont l’inertie écrase la paix, prépare la guerre . Je n’écris pas ceci pour le stérile plaisir de dénoncer les malfaite
37 use d’utopie ceux qui approuvent et préparent une guerre comme si une victoire réelle était encore possible, étant donné nos m
38 ns examen, tous les plans basés sur l’idée que la guerre est prochaine ou fatale. Et qu’on traite d’assembleurs de nuées ceux
39 planète. Le défaitisme consiste à déclarer que la guerre des deux blocs est fatale : inutile de rien faire en l’attendant, et
40 autaire. En dehors d’eux, rien n’a paru depuis la guerre , qu’ils avaient eux-mêmes déclenchée. Et nous savons pourtant que nou
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41 ’Europe, parce que sans elle le monde glisse à la guerre , et que l’alternative n’est plus, pour nous, que d’empêcher cette gue
42 ative n’est plus, pour nous, que d’empêcher cette guerre ou de périr en elle. Séparé, isolé, aucun de nos pays n’empêchera rie
43 nous l’ordre qui règne à Varsovie. Vous aurez la guerre par surcroît, vous serez sauvés des abstractions… Mais si des résista
44 e l’un des buts de la fédération soit de faire la guerre à la Russie. Mais le croient-ils ? Il y a un an, en Amérique, je parl
45 et les blocs, nous disent-ils, ne servent qu’à la guerre  — ils ont fait leur bloc oriental, mais nous n’avons pas fait notre f
46 er l’accusation de bellicisme, mais d’empêcher la guerre en fait. Le plus beau témoignage de l’anarchie de langage qui caracté
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47 nte — réadaptation et adoption des victimes de la guerre , orphelins, enfants abandonnés, enfants apatrides). 2) pour favoriser
48 puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la guerre , la peur, et la misère n’auront été mises en échec par un plus formid