1 ces abus, générateurs de querelles infinies et de guerres , l’amour courtois oppose une fidélité indépendante du mariage légal e

2 plus inarrachable des racines de l’instinct de la guerre en nous. ⁂ De cette extrémité tragique, illustrée, avouée et constaté

3 n’est pas sans lien profond avec notre goût de la guerre . Enfin, s’il est vrai que la passion, et le besoin de la passion sont

4 qui se dispose à aimer d’amour sensuel se met en guerre avec lui-même, car le sot après avoir vidé sa bourse fait triste cont

5 bonheur inaccessible, celui-là met sa volonté en guerre avec son désir98. » (Encontre désir fait volier, dit le texte de Thom

6 cessives de son contenu et de sa forme. Enfin, la guerre , en Occident, et toutes les formes militaires, jusque vers 1914, ont

7 es troubadours… 85. Les cathares condamnaient la guerre et toute forme d’homicide, légal ou non. Et en place de faux juges, f

8 r condamnation absolue de toute participation aux guerres  ; par leur anticléricalisme ; par leur goût de la pauvreté et de l’as

9 Terreur ; mais nous n’en sommes encore qu’à la «  guerre en dentelles ».) Or ce siècle de la Volupté n’est pas celui de la san

10 s la panique de la Révolution, de la Terreur, des guerres européennes, certains aveux deviennent possibles, certaines souffranc

11 r de la passion, dont l’exaspération s’appelle la guerre . 21.La passion dans tous les domaines Le mythe sacré de l’amour

12 e s’opposait à la propagation de l’espèce et à la guerre , la société devait la persécuter. Ce fut Rome qui porta le fer et le

13 rnières formes de l’amour ont été balayées par la guerre . Et j’insisterai sur cet exemple symbolique : nous ne faisons plus de

14 ’amour » dans le même temps que nous admettons la guerre sans « déclaration » préalable. Nous revenons au stade du rapt, du vi

15 nous venons de parcourir : dans l’évolution de la guerre et de ses méthodes en Occident. 135. Je rappelle que j’emploie tou

16 Livre VAmour et guerre 1.Parallélisme des formes Du désir à la mort par la passion, t

17 ecret de la conscience occidentale, le goût de la guerre . Cette liaison singulière d’une certaine idée de la femme et d’une id

18 ée de la femme et d’une idée correspondante de la guerre , en Occident, entraîne de profondes conséquences pour la morale, l’éd

19 héories de Freud pour constater que l’instinct de guerre et l’érotisme sont fondamentalement liés : les figures courantes du l

20 e entre l’évolution du mythe et l’évolution de la guerre , sans préjuger d’ailleurs de la priorité de l’une ou de l’autre. 2

21 rce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la guerre de Troie est la possession d’une femme. Et l’un des plus anciens roma

22 le vassal de cette suzeraine, selon la règle des guerres féodales, tout comme si c’était lui qui avait subi la défaite182. Il

23 autres batailles où la fureur et le fracas d’une guerre épouvantable sévit des deux côtés, car l’amour ne combat qu’à force d

24 ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et guerre . Mais ni cette origine religieuse, ni cette complicité physiologique

25 erie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle est, selon J. Huizinga, l’asp

26 la réalité la plus violente du temps, celle de la guerre . Exemple unique d’un ars amandi, qui donne naissance à un ars belland

27 lles d’Honoré Bonet est un traité sur le droit de guerre où l’on trouve discutées pêle-mêle à coups de textes bibliques et d’a

28 rein aux instincts. Le formalisme minutieux de la guerre s’oppose aux violences du sang féodal comme le culte de la chasteté,

29 ongtemps renoncé à se conformer à ses règles : la guerre , aux xive et xve siècles, était faite d’approches furtives, d’incur

30 iers et les blasons, les bannières et les cris de guerre conservent aux combats un caractère individuel et l’apparence d’un no

31 ne ; il est un élément dans la mécanisation de la guerre . » Enfin le coup de grâce sera porté à la chevalerie par l’invention

32 Il n’en reste pas moins que les conventions de la guerre et de l’amour courtois ont marqué les coutumes occidentales d’une emp

33 , ils avaient pour coutume bien moins de faire la guerre que d’empêcher qu’on y tuât du monde. Ces aventuriers étaient avant t

34 c’est de payer une contribution188. » Cet art de guerre exprimait dans son plan — alors considéré comme inférieur — une cultu

35 œuvre d’art, selon l’expression de Burckhardt. La guerre elle-même s’était civilisée dans toute la mesure où le paradoxe est s

36 rance et dans les Allemagnes. Si par ailleurs, la guerre était devenue diplomatique dans les hautes sphères, et vénale dans la

37 i une nouvelle mais sanglante méthode de faire la guerre … qui troubla tellement la paix et l’harmonie de nos provinces qu’il f

38 tre prince que celui pour lequel ils faisaient la guerre  », et n’étaient donc animés « ni par aucun sentiment de gloire ni par

39 par rapport à la manière dont on faisait alors la guerre en Italie » remarque Guichardin. Et ce n’était vraiment qu’un début !

40 niaques ». Artillerie et massacre des civils : la guerre moderne venait de naître. Elle allait peu à peu transformer les cheva

41 la mort à distance, sans colère ni pitié. 6.La guerre classique L’effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siè

42 6.La guerre classique L’effort des hommes de guerre , aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre mécanique,

43 ver autant que possible le caractère humain de la guerre . On ne peut pas renoncer aux inventions techniques, à l’artillerie, a

44 t un effort pour donner un style à l’instinct. La guerre classique est un effort pour conserver et recréer ce style malgré l’i

45 es d’une tragédie classique. « C’est alors que la guerre ressemble vraiment à une partie d’échecs. Lorsque après des manœuvres

46 Chaque fois que reparaît l’élément de jeu dans la guerre , on peut en déduire que la société et sa culture font un effort pour

47 ensants malgré tout », écrira Foch à propos de la guerre au xviiie siècle194. Mot étonnant, d’ailleurs repris de von der Golt

48  formalistes ») consistait à placer l’objet de la guerre dans l’exécution de manœuvres finement combinées et non dans l’anéant

49 ndonner la notion droite et simple des lois de la guerre , à spiritualiser la matière, en négligeant le sens naturel des choses

50 et de Louis XV ? C’est d’avoir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomph

51 voilà qui peut définir l’âge classique. Certes la guerre et la passion demeurent des maux inévitables, et d’ailleurs secrèteme

52 e diplomatie, art de civils. Louis XIV déclare la guerre sous des prétextes juridiques et personnels, où l’honneur national n’

53 tactique. Il perd son auréole dramatique. 7.La guerre en dentelles L’exemple du xviiie siècle est le plus propre à illu

54 opre à illustrer le parallèle de l’amour et de la guerre . Il suffira de quelques touches pour l’indiquer. Don Juan succède à T

55 la volupté perverse à la passion mortelle. Et la guerre en même temps se « profanise » : aux Jugements de Dieu, à la chevaler

56 point pour les batailles, surtout au début d’une guerre . Je suis persuadé qu’un bon général pourra la faire toute sa vie sans

57 noy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre et de sa passion sacrée : c’est Law, le financier de la Régence qui l

58 r vingt ans. Nous n’avons pas plus de cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous met en arrière de 1 

59 de cinq ans de guerre chaque vingt ans, et cette guerre en outre, nous met en arrière de 1 milliard au moins. Voilà donc 3 mi

60 en senti l’identité foncière des phénomènes de la guerre et de l’amour au xviiie . Voici dans quels termes ils décrivent la « 

61 ique » des roués de l’époque : « C’est dans cette guerre et ce jeu de l’amour, que le siècle révèle peut-être ses qualités les

62 aient guère que sur le champ de bataille. 8.La guerre révolutionnaire Entre Rousseau et le romantisme allemand, c’est-à-

63 gnes de Bonaparte, c’est-à-dire le retour dans la guerre de la passion catastrophique. Du point de vue proprement militaire, q

64 précise-t-il, c’était d’avoir voulu « faire de la guerre une science exacte, méconnaissant sa nature même de drame effrayant e

65 ngtemps contenue dans les formes classiques de la guerre , la violence, après le meurtre du Roi — action sacrée et rituelle dan

66 u le voisin s’y oppose énergiquement, et c’est la guerre . Or on observe qu’une nation dans son premier essor passionnel recule

67 emier essor passionnel recule rarement devant une guerre même sans espoir. Elle manifeste ainsi sans se l’avouer qu’elle préfè

68 près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la Mort. Désormais le fait national sera

69 s le fait national sera le facteur dominant de la guerre . « Celui qui écrit sur la stratégie et sur la tactique devrait s’astr

70 d’affirmer que toute la théorie prussienne de la guerre devait se fonder sur l’expérience des campagnes de la Révolution et d

71 e : « Une ère nouvelle s’était ouverte, celle des guerres nationales aux allures déchaînées parce qu’elles allaient consacrer à

72 , les principes les plus élémentaires de l’art de guerre . » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on va se

73 s plus élémentaires de l’art de guerre. » 9.La guerre nationale À partir de la Révolution, l’on va se battre « avec le c

74 nsidéré comme un héros qui décidera du sort d’une guerre , mais bien le cœur collectif, si l’on ose dire, la puissance passionn

75 tes romantiques jouèrent un rôle notable dans les guerres de libération que mena la Prusse contre Napoléon. Et les philosophies

76 d. D’où le caractère de plus en plus sanglant des guerres du xixe siècle. Il ne s’agit plus d’intérêts, mais de « religions »

77 es préfèrent la mort héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup les plus violentes.) Ceci vaut pour l

78 marqué le maréchal Foch, dans ses Principes de la guerre  : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir l’ind

79 chal Foch, dans ses Principes de la guerre : La guerre fut nationale au début pour conquérir et garantir l’indépendance des

80 rifique d’un conseil d’administration, faisant la guerre pour des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre colonia

81 des motifs bancaires (conquête de Madagascar). La guerre coloniale n’est en somme que la continuation de la concurrence capita

82 rquoi Jarry dit que l’eau est impure.) De même la guerre était un composé d’excitations de l’opinion publique — qu’est-ce que

83 ’y trouvait plus son compte qu’en contrebande. La guerre s’embourgeoisait. Le sang se commercialisait. Le type du militaire ap

84 Occident des siècles de culture de la passion. La guerre de 1914 fut l’un des résultats les plus notables de cette méconnaissa

85 tables de cette méconnaissance du mythe. 10.La guerre totale À partir de Verdun, que les Allemands baptisent la Bataille

86 a chevalerie entre les formes de l’amour et de la guerre , soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours de forc

87 guerre, soit rompu. Certes, le but concret de la guerre fut toujours de forcer la résistance ennemie, en détruisant sa force

88 séduction, c’est la paix ; par le viol, c’est la guerre .) Mais pour autant, l’on ne détruisait pas la nation même dont on vou

89 outes les forces d’un État, changea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non plus seul

90 gea la face de la guerre à Verdun. Car dès que la guerre devient « totale » — et non plus seulement militaire — la destruction

91 production », choses et personnes assimilées. La guerre n’est plus un viol mais un assassinat de l’objet convoité et hostile

92 Verdun ne fut d’ailleurs qu’un prodrome de cette guerre nouvelle, puisque le procédé se limita à la destruction méthodique d’

93 nulle éthique imaginable de l’amour. C’est que la guerre échappe à l’homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passio

94 on verra qu’elles ne sont pas sans liens : a) La guerre est née dans les campagnes : elle a même porté leur nom jusqu’à nos j

95 une bonne part des masses paysannes, la Première Guerre mondiale fut un premier contact avec la civilisation technique. Une s

96 nombre de médecins et de soldats prouvent que. la guerre du matériel s’est traduite en réalité par une « catastrophe sexuelle1

97 ne sorte d’immense castration de l’Europe. c) La guerre totale suppose la destruction de toutes les formes conventionnelles d

98 ques » de l’ultimatum et de la « déclaration » de guerre . Les traités ne seront plus la solennelle conclusion des hostilités.

99 fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles, la guerre ne traduit plus l’acte du viol sur le plan des nations, mais bien l’a

100 ortée dans la politique Chassée du champ de la guerre chevaleresque, lorsque ce champ cesse d’être clos comme doit l’être u

101 privées, non moins que par la dénaturation de la guerre . D’une part, dans les pays démocratiques, les mœurs se sont assouplie

102 quée depuis 1917, n’est que la continuation de la guerre totale par d’autres moyens (pour reprendre une fois de plus, en l’inv

103 ailleurs, l’État totalitaire n’est que l’état de guerre prolongé, ou recréé, et entretenu en permanence dans la nation. Mais

104 ntretenu en permanence dans la nation. Mais si la guerre totale anéantit toute possibilité de passion, la politique ne fait qu

105 atal, de ces exaltations totalitaires est donc la guerre , qui signifie la mort. Et comme on le voit dans le cas de la passion

106 ent inconscient. Personne n’ose dire : je veux la guerre  ; non plus que dans l’amour-passion, les amants ne disent : je veux l

107 littérature ou dans l’histoire des méthodes de la guerre , c’est la même courbe qui apparaît. Et l’on aboutit pareillement à ce

108 es par la chevalerie. C’est dans le domaine de la guerre , où toute évolution est pratiquement irréversible — alors qu’il y a d

109 itaire. C’est la réponse du xxe siècle, né de la guerre , à la menace permanente que la passion et l’instinct de mort font pes

110 cis de relâchement des liens sociaux. La première guerre européenne fut le jugement d’un monde qui avait cru pouvoir abandonne

111 réellement résolu. Dès lors : Ou bien ce sera la guerre atomique totale, la désintégration physique et morale, et le problème

112 e et spirituelle. 187. Guichardin, Histoire des Guerres d’Italie, I, p. 2. 188. Cité par Fred Bérence, Raphaël ou la puissan

113 qu’à la suite des dévastations qui marquèrent la guerre de Trente Ans, les armées s’imposèrent « des règles et des limites qu

114 Grand Siècle. 194. F. Foch , les Principes de la Guerre (1903, réédité en 1929). 195. E. et J. de Goncourt, la Femme au xvii

115 e). 199. Le lansquenet moderne, éprouvant que la guerre totale est une négation de la passion guerrière, se jette alors dans

116 herche en tant qu’absurdes et inhumaines (voir La Guerre notre mère d’Ernst Jünger et les Réprouvés d’Ernst von Salomon). On v

117 ire un ordre social qui permettait et exigeait la guerre , comme expression du vouloir-vivre collectif202. Mais le fondement de

118 auxquelles nous avons assisté depuis la Première Guerre mondiale, début de l’ère totalitaire. Les Églises font un honorable e

119 t certaines jeunesses des pays bourgeois après la guerre . La différence est qu’en Russie on affichait des principes « émancipé

120 ute initiale de vivre, pour les glorifier dans la guerre au nom de l’innocence du Peuple ! Mais pour moi, ici et maintenant, l

121 nt, à la passion. Comme la passion, le goût de la guerre procède d’une conception de la vie ardente qui est un masque du désir

122 ans l’activisme moderne, c’est la collusion de la guerre et de notre génie technique. À partir de la Révolution, la guerre dev

123 re génie technique. À partir de la Révolution, la guerre devenant « nationale » exige la collaboration de toutes les forces cr

124 t des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre , et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la

125 er à la fois la guerre, et le génie technique. La guerre mécanisée évacue la passion, et la technique en devenant mortelle, tr