1 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Introduction
1 us judicieux des années qui suivirent la dernière guerre . Quand il vous demandait un article pour cette Revue de Paris qu’il
2 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « L’histoire suisse commence avec Guillaume Tell »
2 d, les Alpes et le Léman au sud, passionnés de la guerre , persuadés de leur force, ils décidèrent de quitter leur pays et de f
3 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « La Suisse est née de la révolte de pâtres libertaires contre le despote autrichien »
3 ncluent une alliance contre Léopold III et que la guerre éclate entre les Waldstätten et les Habsbourg en tant que ducs d’Autr
4 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Le pacte de 1291 a fondé la Suisse »
4 dre le contumace à donner satisfaction. En cas de guerre ou de discorde entre confédérés, si l’une des parties se refuse à rec
5 début du xvie siècle, l’heureuse conclusion des guerres de Souabe, menées contre l’empereur Maximilien, amène Bâle et Schaffh
6 fédéral, lequel est mis à rude épreuve par quatre guerres civiles entre catholiques et protestants. L’antagonisme entre les can
7 us faible. Si bien que l’arbitrage qui termine la guerre s’applique à sauver la face du vaincu, après avoir réduit ses prétent
8 eront pas moins alliés des Ligues à la veille des guerres de Bourgogne. Le seul agent fédérateur dont l’histoire suisse permet
9 onduites constantes : — l’arbitrage, parce qu’une guerre ou un conflit de droits ne doit pas se terminer par l’oblitération de
5 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — Ce « petit peuple pacifique… »
10 et Zurich notamment, qui menaient contre eux une guerre douanière pour le compte des Habsbourg d’Argovie, l’enjeu étant le tr
11 sent les tribunaux impériaux, est vaincu lors des guerres de Souabe. Ayant ainsi rejeté (dès 1499) leurs obligations légales en
12 vue choquer l’esprit moderne. Car nos idées de la guerre , de l’armée et de l’ennemi ne sont plus celles du xvie siècle. La gu
13 l’ennemi ne sont plus celles du xvie siècle. La guerre , en ces temps reculés, n’était pas encore l’explosion contrôlée et ha
14 régime du pays où le hasard les a fait naître. La guerre n’était encore au xvie siècle qu’un sport brutal mais noble et même
15 rope. Les contingents de nos cantons faisaient la guerre en partie pour servir la politique des Hautes Ligues, en partie pour
16 te et conquérante initiée par les Ligues lors des guerres de Bourgogne, moins d’un demi-siècle auparavant. Ce n’est pas la puis
17 orter, et, par gain de paix chez soi, nourrir les guerres des autres18 ! C’est ainsi qu’à la politique de compromis systématiqu
18 ’Autriche. Les Suisses se battent dans toutes les guerres européennes21 mais aussi en Asie et en Afrique. Le régiment de Meuron
19 ter les régiments « capitulés ». À mesure que les guerres deviennent plus politiques (et finalement plus « nationales »), les a
20 t de l’instinct combatif qui sera le moteur de la guerre , ni l’honneur sa seule justification morale. Le soldat sera censé com
21 dont il émane, dure tant bien que mal jusqu’à la guerre confessionnelle du Sonderbund (1847), gagnée en quelques semaines par
22 ceux que l’on a décrits plus haut en parlant des guerres d’Italie. Elle ne sera plus la parade héroïque, la fête et l’aventure
23 En fait, ils n’ont plus combattu dans une seule guerre , civile ou étrangère, depuis 1848. Au lieu d’exporter leurs têtes cha
24 ignifiait pour les Suisses aller faire toutes les guerres  ; aujourd’hui : soigner les victimes de toutes les guerres. Les agent
25 aujourd’hui : soigner les victimes de toutes les guerres . Les agents de l’étranger ne viennent plus recruter chez eux des offi
26 le : « D’après une évaluation modérée, pendant la guerre de Succession d’Espagne, il y avait vingt mille hommes en France seul
6 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Ce petit peuple égalitaire… »
27 omaines, et les armées du duc de Rohan pendant la guerre de Trente Ans ; par elle aussi les contingents grisons et suisses dév
28 elles sont toujours là, simultanées. Pendant les guerres de Souabe et d’Italie, l’individualisme impétueux l’emporte sur le se
29 l ; celui de général n’étant décerné qu’en cas de guerre , et au seul commandant en chef de l’armée. Si bien que les recrues in
7 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Un pays traditionnellement neutre »
30 nt pas d’intervenir dans les conflits européens —  guerres de Bourgogne, de Souabe et d’Italie — tant qu’ils y trouvèrent leur p
31 de Saint-Gall, variablement coalisés, souvent en guerre les uns contre les autres, accumulaient les cas d’incompatibilité. Le
32 ances séparées. L’épreuve majeure fut celle de la guerre de Trente Ans. Sollicitée par Gustave-Adolphe d’un côté, par l’Autric
33 eux la France.) Il faut reconnaître aussi que les guerres nationales inaugurées par la Révolution tendaient à rendre les forces
34 exigeante41. Qu’on n’oublie pas toutefois que la guerre de 1914 ne mettait pas en cause l’essence même de la Suisse. En dépit
35 nt les Romands surtout ne se privèrent pas, cette guerre était loin d’opposer deux conceptions de l’homme et de la société don
36 t à sa neutralité de s’être tenue à l’écart d’une guerre qui ne la concernait pas, et qu’elle fut ainsi protégée d’une menace
37 . Tout autre était la situation lorsque éclata la guerre de 1939. Hitler estimait sans nul doute, à l’instar de Napoléon, que
38 neutralité a empêché la Suisse de se mêler à ces guerres . Dans la mesure où c’est vrai, cela tendrait à prouver que le statut
39 seul pour empêcher la Suisse de se jeter dans ces guerres . Il s’agit d’une vieille propension à « concilier dans la pratique le
8 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Le paysage historique, ou comment se forme une fédération — « Il a fallu plus de six siècles pour fédérer les cantons suisses »
40 tait le lien confédéral qu’il ne put empêcher les guerres civiles acharnées, comme celle de six cantons contre Zurich au xve s
41 cantons contre Zurich au xve siècle et comme les guerres dites de religion, renouvelées durant trois-cents ans. Songeant aux t
42 une politique douanière commune, se faisaient la guerre économique les uns aux autres. On comptait en Suisse plus de quatre-c
43 sujet de l’Europe dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Les arguments des deux tendances antagonistes — celle qui
44 s cantons seuls52. Il fallut le traumatisme de la guerre du Sonderbund pour réveiller quelques-uns de ces rêveurs de la souver
45  La Confédération a seule le droit de déclarer la guerre et de conclure la paix, ainsi que de faire avec les États étrangers d
46 suppression des juridictions ecclésiastiques. Les guerres européennes — 1870, 1914, 1939 — obligent la Suisse à couvrir ses fro
47 alogue à celle des États sudistes qui provoqua la guerre de Sécession. 52. Au Parlement genevois, le grand naturaliste A.-P. 
9 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — Les institutions et la vie politique
48 ticulièrement efficace dans les époques de crise ( guerre de 1939-1945) où l’application de mesures générales (telles que le pl
49 arres confessionnelles, et de participation à des guerres continuelles, dont la guerre de Trente Ans à laquelle les Ligues suis
50 participation à des guerres continuelles, dont la guerre de Trente Ans à laquelle les Ligues suisses surent échapper en se déc
51 des assurances, et le général en chef en temps de guerre . Elles exercent le droit de grâce, et tranchent les conflits de compé
52 tion des alliances ou traités avec l’étranger, la guerre et la paix, la garantie des constitutions cantonales et l’adoption du
53  : Karl Barth le fut un temps pendant la dernière guerre . Cette liaison intime et quasi instinctive du militaire et du civique
54 faiblesse matérielle, de divisions morales et de guerres civiles. Sur l’importance vitale — et peut-être exemplaire — de ce li
10 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. L’union, sauvegarde de la diversité ou comment fonctionne une fédération — Les paradoxes de la vie économique
55 s : New York, Barcelone, Trieste, Constantine. La guerre de 1914 ruine l’entreprise. Il émigre au Brésil, fonde une nouvelle a
56 ui procure des vacances à bon marché. Il entre en guerre contre les tout-puissants importateurs d’essence et fait baisser le p
11 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. La morale quotidienne et le climat de culture ou comment on vit dans une fédération
57 rentrant d’Amérique, au lendemain de la dernière guerre . Voici ce que j’écrivais alors. Petits trajets portés sur les axes
58 la vie normale du genre humain, l’anarchie et la guerre , la misère et la faim étant des exceptions, des accidents. Ainsi pens
59 selon qu’on préfère ceux qui s’engagent dans les guerres d’idéologies à ceux qui signent des contrats de « paix du travail ».
60 rs mobilisé à Berne. C’était encore la « drôle de guerre  » : la plupart se refusaient à croire au pire, qui menaçait à bout po
61 s’embêtait pas de ton temps ! On allait faire la guerre en Italie pour le plaisir d’un sang violent, et quand les lansquenets
62 ssus les Alpes, jusqu’à Berne. Quant à quitter la guerre il n’y faut plus songer, ce serait quitter du même pas la planète… Un
63 t demander le droit de bourgeoisie. Du fait de la guerre , les demandes de naturalisation étaient examinées beaucoup plus lente
64 rniers, Nicolas Flugi d’Aspermunt, avait fait les guerres de Napoléon, suivi Murat à Naples, où il était resté après le retour
65 ces sont troublantes. Ces deux poètes ont fait la guerre en France — tradition du service étranger. Cendrars y perdit son bras
66 leine de surprises pour ses disciples. Pendant la guerre , ce contempteur de toute espèce de « politique chrétienne » s’engage
67 foi, parce qu’il instaure une religion. Après la guerre , ce contempteur de la neutralité, « péché des Suisses », s’élève sans
68 ché des Suisses », s’élève sans relâche contre la guerre froide, et se voit accusé de neutralisme par les bourgeois anticommun
69 it dès le milieu du xvie siècle, avec la fin des guerres d’Italie, et bientôt s’exténue. Mais au xviiie siècle, c’est l’école
70 ndée par Robert de Traz, illustreront, entre deux guerres , cette fonction d’intermédiaire culturel qui paraît dévolue à nos cit
71 ident de la Croix-Rouge internationale pendant la guerre , tantôt écrivain libre ou professeur ; tantôt historien des grandes t
72 dans le cyclone de Dantzig qui devait mener à la guerre en dépit d’une ultime et dramatique intervention auprès d’Hitler ; en
73 li qui conduit les protestants lors des premières guerres civiles religieuses. Et ce sont les deux villes soumises à son influe
74 ns un esprit de réconciliation au lendemain de la guerre du Sonderbund, supprima les entraves confessionnelles au libre établi
75 le, suffirait pour rendre impossible une nouvelle guerre du Sonderbund dans notre siècle. Cet apaisement, cette paix officiell
76 de culpabilité. Il s’est noué pendant la Première Guerre mondiale. « Neutres, mais non pas pleutres ! », déclaraient fièrement
77 e quelque œuvre de secours, d’adopter en temps de guerre un enfant allemand, un enfant français, et de devenir ainsi, par-dess
78 -champ, sans demi-mesure : il faut participer aux guerres . Il eût fallu se battre contre Hitler, ou voler au secours de Budapes
79 isques de sa liberté ». D’autres, plus tard — une guerre plus tard — se sont fait une gloire du terme, mais pris au sens, préc
12 1965, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. La Suisse, dans l’avenir européen
80 ns unitaires sur le modèle français, promises aux guerres nationalistes et coloniales, seule la Suisse réussit à unir ses canto
81 Et c’est sur sa convocation qu’au lendemain de la guerre , à Hertenstein (septembre 1946), des militants issus de la Résistance
82 la réserve suisse Des lendemains de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux environs de 1960, il faut reconnaître que nos auto
83 d’autres pays en conflit, bons offices lors de la guerre d’Algérie, permettant les accords d’Évian). Il n’est donc pas questio
84 éens et celles de la diplomatie suisse lors de la guerre d’Algérie, l’existence d’une Europe unie serait peut-être capable de
85 pe expressément fédéraliste, qui renoncerait à la guerre comme moyen politique. Une telle Europe reprendrait à son compte ce q
86 grand juriste Max Huber écrit pendant la dernière guerre  : À l’heure actuelle, notre destinée se révèle. Le sort nous a confi
87 r la Suisse du reproche perpétuel de profiter des guerres qui ruinent les autres, pour se retirer ensuite dans sa prospérité en
88 établie entre nos grands voisins. Les risques de guerre qui subsistent ne sont plus nationaux, mais mondiaux : rêver de s’y s
13 1970, La Suisse ou l’histoire d’un peuple heureux. Préface 1970
89 ent de le faire voir, serait mal vu. Sur quoi, la guerre de 1939 vint modifier profondément les conditions du discours descrip
90 l’on sait — trente-huit-millions de morts en deux guerres dites « mondiales » — les États-nations ont « fait leur temps » au do