1 1936, Articles divers (1936-1938). Forme et transformation, ou l’acte selon Kierkegaard (janvier 1936)
1 nouvelle, sans précédent. Y a-t-il des actes ? L’ homme d’aujourd’hui ne le croit pas. Il croit aux lois, et il se veut déter
2 même, il se peut qu’il cesse d’être humain. Car l’ homme n’a d’existence proprement humaine que lorsqu’il participe à la trans
3 ver que l’acte est impossible et que le tout de l’ homme est soumis au calcul, tout cet effort des sciences et des sociologies
4 tablit à grands frais l’évidence du désespoir : l’ homme moderne a perdu « le chemin ». Je suis le chemin, la vérité et la vi
5 la vérité s’il n’avait pas été la vérité ; et nul homme ne connaît davantage de vérité qu’il n’en incarne.3 Voici donc le m
6 nt et meurent aux pages des livres. L’action de l’ homme devient aussi la vérité ; et la norme de toutes les normes. Au premie
7 ui dans sa fin possède son commencement ». Mais l’ homme déchu de son origine éternelle a perdu la vision de sa fin. Le voici
8 , leur prophétie et leur salut. Cependant que les hommes les frappent sur la bouche. Kierkegaard fut de ces croyants, dont la
9 dont la vocation prophétique pareille à celle des hommes de Dieu qui se lèvent sous l’Ancienne Alliance, se confond avec la pa
10 nt son point de départ. Le chemin commence à tout homme qui se met en devoir d’obéir à l’ordre qu’il reçoit de Dieu, — n’impo
11 re reçu, et sans nulle préparation. « Comment un homme devient-il chrétien ? Tout simplement : prends n’importe quelle règle
12 est pas engagé. Parce que c’est un blasphème de l’ homme pieux, du moraliste, que de prétendre imiter le modèle que ses yeux v
13 « impossible » destin, le seul acte possible à l’ homme . Et c’est l’acte que Dieu initie. 4. « Par rapport à l’absolu, il
14 , l’histoire s’arrêterait comme l’Aspiration d’un homme saisi par la beauté, et le temps immobile s’abîmerait dans l’amen éte
15 e le savoir et le faire, et c’est la lâcheté de l’ homme qui se repose sur ses œuvres et qui les juge : son alliance avec le s
16 initiation Les deux moments réels d’une vie d’ homme , s’il est vrai que Dieu Seul est réel, ce sont la naissance et la mor
17 e la mort et la naissance — toute la réalité de l’ homme est dans son acte. Tout acte est Passage et tension, — passage de la
18 absolu serait création absolue, mais un acte de l’ homme n’est jamais qu’une rédemption. Distinction de théologien, et qui veu
19 à la parole dont elle procède, et si la face d’un homme est belle, c’est parce qu’elle est un acte et un destin, une initiale
20 nsiste à s’imaginer que l’acte est puissance de l’ homme  : d’où l’impossibilité de l’oser. Celui que la foi vint saisir sait m
21 initie. Le désespéré, le douteur, ou simplement l’ homme dépourvu de foi, l’homme détendu, vague et fiévreux qui peuple nos ci
22 douteur, ou simplement l’homme dépourvu de foi, l’ homme détendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’homme sans visage
23 étendu, vague et fiévreux qui peuple nos cités, l’ homme sans visage et sans prochain, — sans vocation ! — s’imagine que l’act
24 la coutume du bourg ou de la classe. Comment cet homme pourrait-il faire un acte ? Car l’acte est décision, rupture, isolati
25 a réalité des autres dans l’ensemble. Comment cet homme pourrait-il faire un acte ? Car l’acte est immédiat, création et init
26 ment désespérer. Il faudrait donc… la créer ? « L’ homme ne peut faire qu’une seule chose en toute sobriété, c’est l’absolu »1
27 le sérieux, le risque et la splendeur d’une vie d’ homme . L’homme se distingue du singe en ce qu’il prophétise, uniquement, et
28 x, le risque et la splendeur d’une vie d’homme. L’ homme se distingue du singe en ce qu’il prophétise, uniquement, et dès l’or
29 e, uniquement, et dès l’origine. C’est pourquoi l’ homme a un visage et une vision, ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourq
30 , ce que n’ont pas les animaux ; c’est pourquoi l’ homme est héroïque. Il faut noter ici un trait bien remarquable : Kierkegaa
31 l’acte est initiateur ; parce que la dignité de l’ homme est de marcher dans l’invisible et de prophétiser « en vertu de l’abs
32 le et de prophétiser « en vertu de l’absurde ». L’ homme ne peut être déterminé que par son Dieu ou par « le monde », il faut
2 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
33 des délicats, tantôt les facultés créatrices de l’ homme , ou encore une sagesse asiatique, ou une mentalité de classe ou simpl
34 émantique dresse parfois l’un contre l’autre deux hommes qui auraient dû « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esp
35 ion, de la culture, de la cité modernes. Tous les hommes de ce temps, s’ils ont quelque conscience, souffrent obscurément de l
36 le se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’ami
37 uand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme , et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui
38 utume ancestrale : dans les villes. Mais ce que l’ homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’h
39 es villes. Mais ce que l’homme ne fait pas pour l’ homme , le diable le fait à sa place, et contre l’homme qu’il séduit et qu’i
40 ’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’ homme qu’il séduit et qu’il trompe. Cette fin commune, cet idéal commun que
41 ent des idoles faites à l’image des terreurs de l’ homme . Dans le culte de ces images, le peuple croit trouver son unité, et i
42 désespoir qu’il sent vivre dans tous les cœurs. L’ homme d’aujourd’hui méprise les religions. Il sait ce qu’il faut penser des
43 Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’ homme réel et personnel, cette alliance du peuple avec sa vocation qui fais
44 culture est justement la part active que prend l’ homme à tout ce qui est création dans la nature, dans l’histoire, dans la v
45 spère d’atteindre et de mouvoir effectivement les hommes . Cas de Nietzsche, des surréalistes, etc. Ce sont des êtres isolés, q
3 1936, Articles divers (1936-1938). Max Brod, Le Royaume enchanté de l’amour (1936)
46 te de stupéfaction respectueuse ; le mutisme de l’ homme qui s’est senti touché dans une région de l’être dont il ignorait pre
47 est plus suggestif que cette rencontre en un seul homme de deux influences aussi contradictoires et à tant d’égards exclusive
4 1936, Articles divers (1936-1938). L’Acte comme point de départ (1936-1937)
48 ans le refus du conflit concret. L’invention de l’ homme « intérieur » suppose et permet celle du « robot » d’affaires. L’auti
49 seulement au moment où il crée ; pour les autres hommes , la science se traduit par une économie d’énergie et de pensée, d’où
50 omie d’énergie et de pensée, d’où cette zone où l’ homme marche sur de l’art humain en toute sécurité et en plein automatisme
51 tivité spirituelle, du travail non qualifié, où l’ homme ne joue plus qu’un rôle d’exécuteur. Remarquons que la machine n’est
52 xemple de tension et d’acte nous est fourni par l’ homme considéré du point de vue social. D’un côté, nous trouvons l’attachem
53 cial. D’un côté, nous trouvons l’attachement de l’ homme à la terre, à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’homme ne
54 à la famille, à la race, à l’ambiance sociale. L’ homme ne peut pas y renoncer sans briser son ressort. Remarquons que cet at
55 st la marque de l’humanité. Mais, d’autre part, l’ homme n’existe personnellement qu’autant qu’il s’affirme en acte. Quand on
56 ’est à une société de personnes que l’on pense. L’ homme n’atteint l’universel qu’à travers le personnel. Originalité éclatant
57 maine, qui lui permet de se dépasser elle-même. L’ homme concret, l’homme vivant, l’homme en acte est l’affirmation d’une tens
58 rmet de se dépasser elle-même. L’homme concret, l’ homme vivant, l’homme en acte est l’affirmation d’une tension permanente en
59 ser elle-même. L’homme concret, l’homme vivant, l’ homme en acte est l’affirmation d’une tension permanente entre ces deux pôl
60 é, justement parce que l’un d’entre eux attache l’ homme aux autres formes de la vie, tandis que le second affirme la transcen
61 ysique contre l’éthique ». Il faut, certes, que l’ homme trouve des points d’appui et garde une participation avec ce qui n’es
62 . En effet, de tous les seuils irrationnels que l’ homme puisse passer, c’est sans doute le seul qui ne lui coûte pas la vie.
5 1937, Articles divers (1936-1938). Formons des Clubs de presse (30 janvier 1937)
63 r dans toute la France, un vaste réseau entre les hommes de bonne volonté. Les organismes On constitue, dans le plus gra
6 1937, Articles divers (1936-1938). Vers une littérature personnaliste (20 mars 1937)
64 lendemain de la guerre, la production écrite des hommes qui revenaient du front — 20 à 35 ans — connut un véritable boom comm
65 une coucherie, les fils renient leurs pères, les hommes leur sexe, les personnes leur identité. Comment imaginer la naissance
66 profonds. Nous avons à refaire un inventaire de l’ homme , préparation modeste et nécessaire à une littérature vraiment personn
7 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
67 e donc scientifique. Il ne part pas de ce que les hommes veulent être, ni de la conscience globale qu’ils ont de leur état (et
68 voire de « mystification ». Il part de ce que les hommes sont malgré eux, du point de vue abstrait et inhumain de la Statistiq
69 re du meilleur statisticien, ou au contraire de l’ homme le plus humain ? Sera-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est
70 réalité telle qu’elle est vécue et voulue par les hommes réels et concrets, ou bien sur la réalité telle qu’elle est chiffrabl
71 ans prochain, à cette heure ou mes frères (?) les hommes sont plus éloignés que jamais ? « La nuit est faite pour dormir », me
72 mple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour les hommes , c’est tout autre chose. Ils sont éloquents et naïfs, revendicateurs
73 ent leurs 7 francs par jour. Pendant ce temps les hommes sont sur la place et protestent contre le gouvernement. Ce sont les r
74 s les conférences, prennent la parole au Cercle d’ hommes , citent des livres sur la politique. 12 novembre 1934 J’ai relevé que
75 ymbolique et précise. Ils n’éveillent plus chez l’ homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts, que chez nous. Leur r
76 oir, dans une salle attenante au temple, pour les hommes de sa paroisse. « C’est le seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme
77 parler moi-même, dans quelques jours, au cercle d’ hommes de St-J. j’ai besoin de prendre contact. 3 décembre 1934 Soirée au «
78 re contact. 3 décembre 1934 Soirée au « Cercle d’ hommes  ». — Ils étaient en effet une quarantaine hier soir. Je suis entré co
79 locales, provoquant chaque fois de gros rires. L’ homme du peuple — et je pense qu’il en va de même du bourgeois peu cultivé,
80 ivains français.) — Que de bonne volonté chez les hommes de ce Cercle ! comme ils s’appliquent à comprendre, comme ils sont vi
81 t bien ainsi, me dis-je, on peut redouter que ces hommes ne sachent pas faire la distinction entre le marxisme et l’anarchie.
82 er au dictateur qui se présentera un jour comme l’ homme de gauche à poigne ? J’ai questionné à ce sujet quelqu’un qui connaît
83 un qui connaît bien son monde. La vie même de cet homme consiste en effet à connaître intimement le plus grand nombre de fami
84 prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’ homme dont je parle n’est pas un enquêteur, simple curieux ou spectateur. C
85 e ? — Ça non. D’ailleurs, communistes ou pas, les hommes d’ici ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qui manque, ma
86 sses sous les platanes, et le dimanche matin, les hommes y vont boire leur pastis. Si l’on va au culte, il faut défiler devant
87 ut défiler devant les terrasses, c’est gênant. Un homme me disait l’autre jour : Ah, monsieur le pasteur, si on pouvait entre
88 organise. Vous avez déjà parlé dans des cercles d’ hommes . Vous voyez le genre. — Et les communistes y viennent ? — Bien sûr, l
89 croyance. Tout de même, on se dit souvent que ces hommes mériteraient mieux que ce qu’on leur donne, en fait de doctrine. En r
90 n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes  ; et s’il a honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il croit a
91 ? Tout simplement en témoignant, en annonçant aux hommes la vérité et le chemin. Point n’est besoin d’actions extraordinaires,
92 e forte entaille au doigt en travaillant. Ce gros homme , violacé d’ordinaire, en est tout pâle. Je vais discuter le coup avec
93 enseurs du prolétariat. 17 février 1935 Cercle d’ hommes . — Hier soir le sujet de l’entretien était le problème de l’autorité.
94 tir de la réunion, je surprends cette phrase d’un homme , dans la cour, tandis qu’il donne du feu à son copain : Pour moi, c’e
95 faute. J’ai de nouveau parlé en intellectuel. En homme qui veut savoir pour quelles raisons il prend ou ne prend point parti
96 , sera donnée une conférence au profit des vieux, hommes et femmes, âgés de 60 ans au mois de juillet 1930 29 . Tous ceux qui
97 ponctuer ses raisonnements d’alcoolique. Entre un homme maigre, casquette et veste de toile bleue proprette, visage nerveux e
98 ’est jour de foire). — Allons, tant mieux, fait l’ homme . Et si des fois on vous en demande de trop, vous n’avez qu’à donner l
99 bon, c’est toi qu’on va mettre à la mairie ? » L’ homme au visage maigre fait un geste réticent. Le vieux le tient par la man
100 s passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’ homme , si vous y arrivez, c’est bien votre droit ! — Notre droit ? Peuchère
101 un peu triste, ou peut-être gêné. Entre ces deux hommes , je n’hésite pas : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du
102 e. C’est un Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui pourraient sauver sa région de la totale décrépitude où l’ont lai
103 ales. Mais il y a bien d’autres aspects. Ces deux hommes sont du même niveau social, sans doute parents, de mœurs et de langag
104 té et du bon sens. Ils auraient avec eux tous les hommes — bourgeois ou intellectuels — qui détestent la politique et la combi
105 e confectionnée à l’usage des moujiks… Quel est l’ homme sain qui oserait affirmer que ce quotidien lamentable, hérissé de cli
106 communiste est une sinistre trahison des pauvres hommes . Beaucoup, je le sais, résistent à l’intoxication, mais cela prouve s
107 s cela prouve simplement, une fois de plus, que l’ homme du peuple ne comprend pas profondément ce qu’on lui donne à lire ou à
108 la bassesse et du mensonge en service commandé. L’ homme à la veste bleue, je le comprends et je l’aime dans son effort maladr
109 ment. Question de langage. Revenez voir ces mêmes hommes que j’ai dit, revenez deux fois, vingt fois, prenez-les sur le fait a
110 mble.) Conclusion : il appartient à des équipes d’ hommes nouveaux, jeunes et sortis de toutes les classes, d’exprimer ce que t
111 quels intérêts ? — Nous comptons sur l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d’autre n’est vrai
8 1937, Articles divers (1936-1938). Lénine, Staline et la littérature (17 avril 1937)
112 ins, c’est franc, sans prétention, et cela rend l’ homme plutôt sympathique. Mais, en 1935, le ton des « dirigeants » a bien c
113 ributeur de prix à l’Académie de l’Armée rouge, l’ homme des « cadres qui décident de tout ». l. « Lénine, Staline et la lit
9 1937, Articles divers (1936-1938). Chamisso et le Mythe de l’Ombre perdue (mai-juin 1937)
114 ste une anxiété plus sérieusement troublante. « L’ homme sans ombre » rôdait depuis longtemps dans les régions obscures de la
115 misso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’ homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’est do
116 roduisit dans la conscience moderne le mythe de l’ homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbr
117 ortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à l’ homme une dignité. C’est un bourgeois de la plus dangereuse espèce, le bour
118 ence ?) Schlemihl est donc le type classique de l’ homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous l
119 s, il n’a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme  ? Le suicide ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde
120 iffèrent-ils essentiellement des états d’âme d’un homme sain ? Ne sont-ils pas plutôt de simples fixations d’états qui, norma
121 ns après « l’amour » ? Durant quelques moments, l’ homme éprouve une sensation de vide, de légèreté et en même temps de lourde
122 folie de la persécution). Il arrive aussi que cet homme se sente trop lucide, perçant toutes choses à jour, et lui-même, d’où
123 nt : « On ne peut comparer la Liquor vitae dans l’ homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de
124 e ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’ homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est « l’ombr
125 de plus noble dans le corps tout entier et dans l’ homme . » Je la rapproche alors de ce Selbst (ou soi-même) dont parle Chamis
126 e là ? Ne serait-ce point pour cette raison que l’ homme cherche à le dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les deux
127 vre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez l’ homme qui parvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centre de
128 celui qui a perdu son ombre, se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voir révélée au grand jour non son secret, mais ju
129 ment, ou de quelque autre sorte, il n’est plus un homme créateur. À l’inverse, la chasteté (spirituelle ou corporelle) rénove
130 chasteté (spirituelle ou corporelle) rénove en l’ homme son élan vers le monde. Elle le porte au-devant de tout, comme un peu
131 sa peau », partagent les richesses du désir. Et l’ homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl
132 llemand que d’avoir su élever les faiblesses de l’ homme , et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe
133 s l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme , cette fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est le siècle où je
10 1937, Articles divers (1936-1938). Extraits de… Journal d’un intellectuel en chômage (15 août 1937)
134 pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes avec lesquels je rêverais d’entreprendre une belle révolution, qui ra
135 vain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonctionnaire c’était pour le flatter, et cela
11 1937, Articles divers (1936-1938). Changer la vie ou changer l’homme ? (1937)
136 Changer la vie ou changer l’ homme  ? (1937)q Variations du communisme Opposez les dogmes chrétie
137 primitif était de détruire l’État au profit de l’ homme concret, non sans avoir d’abord renforcé cet État jusqu’à l’extrême q
138 apparaît qu’une confrontation soit possible. L’ homme d’abord, ou le monde d’abord ? Le marxiste, tout comme le chrétien
139 marxiste, tout comme le chrétien, a reconnu que l’ homme n’existe pas isolément, qu’il est un être « en relation », qu’il est
140 sente n’a pas le droit de déterminer le tout de l’ homme , et ne le peut pas. Car elle est divisée contre elle-même, et fait de
141 r elle est divisée contre elle-même, et fait de l’ homme qui s’abandonne à elle un être antinomique, « divisé », et comme « al
142 r le marxiste, aussi bien que pour le chrétien, l’ homme ne pourra trouver sa plénitude et se « regagner totalement »43 qu’à l
143 ôtre éclate en ceci : que Paul veut transformer l’ homme d’abord — et le monde par lui — tandis que Marx veut transformer le m
144 ue Marx veut transformer le monde d’abord, — et l’ homme par lui. C’est sur le fait de cette opposition centrale qu’il importe
145 r attitude pratique, que la religion concerne « l’ homme intérieur » et rien que lui. C’était une « affaire privée » ; et Marx
146 e : il la sait trop profondément enracinée dans l’ homme pour être atteinte par une simple critique philosophique47. Or cette
147 n’est pas l’« esprit » qu’il veut sauver, mais l’ homme , que les spiritualistes abandonnent à un sort toujours plus inhumain.
148 ’il nous reste encore du temps, nous changerons l’ homme . D’ailleurs, peut-être suffit-il de changer le cadre matériel pour qu
149 défenseurs de l’esprit pur : l’erreur qui porte l’ homme à croire que la cause de tous ses malheurs est dans les choses, et no
150 la polémique d’une part, — et sa définition de l’ homme concret, purement social, d’autre part, l’ont amené à mettre l’accent
151 ans ce que le fascisme a de plus oppressif pour l’ homme et pour sa liberté. L’attitude chrétienne devant le « monde » O
152 à chaque instant à ce qui détermine le tout de l’ homme  : son origine, sa fin, et sa mission présente. Le chrétien sait qu’il
153 i l’a rejetée. Elle ne sauve que ceux d’entre les hommes qui refusent totalement ce monde et s’attendent totalement au Royaume
154 ’est aussi où apparaît leur erreur initiale sur l’ homme . Leur ignorance ou leur aveuglement quant au devoir, et au pouvoir, d
155 aveuglement quant au devoir, et au pouvoir, de l’ homme transformé par la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est un homm
156 t au pouvoir, de l’homme transformé par la foi. L’ homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est
157 la foi. L’homme nouveau, selon l’Évangile, est un homme qui a changé de sens. Il est orienté autrement, comme l’indique le mo
158 injustice et au désordre, c’est par la faute de l’ homme , qui était son roi, et qui a trahi. Et tout péché individuel répète e
159 cette affirmation tout évidente. Non seulement l’ homme converti devient transformateur du monde — ou sinon il n’est pas conv
160 s, qui ne serait pas l’effet d’une conversion des hommes , ne doit être aux yeux du chrétien, qu’une réforme sans grande portée
161 dant l’Évangile est formel : « Que servirait à un homme de gagner le monde, s’il perdait son âme ? » Son âme, c’est-à-dire la
162 » comme le dirait un incroyant. Que servirait à l’ homme , tel que le voit le chrétien, de sauver sa vie matérielle et morale,
163 hé et ses effets dans le monde réel où vivent les hommes — où meurent les hommes. Reproches réciproques que s’adressent les
164 monde réel où vivent les hommes — où meurent les hommes . Reproches réciproques que s’adressent les chrétiens et les marxis
165 Telle étant donc la conception chrétienne de l’ homme , seul responsable du mal qui est dans le monde, on comprendra que l’é
166 l’ordre matériel, l’ordre des choses, et que les hommes ensuite deviendraient plus habiles à s’entendre et à vivre heureux ?
167 message nous est encore prêché. Il annonçait aux hommes non pas la haine et le cynisme — qui appartiennent à la forme du mond
168 e vivante et de son amour éternel. Il annonçait l’ homme changé. Trop beau tout cela ! Trop beau pour être vrai, dit le marxis
169 . (Chrétien, changé, je suis encore assez « vieil homme  » pour le comprendre.) Sur quoi repose cette transformation dont vous
170 eul, et que le « pain de vie » suffit à nourrir l’ homme  ! Peut-être suffit-il à vous nourrir, personnellement, mais ce n’est
171 irrévocable, aujourd’hui manifeste. Erreur sur l’ homme et sa mission cosmique. Erreur sur la personne — dans mon vocabulaire
172 changer le monde, le monde d’abord, et non pas l’ homme d’abord, et le monde par lui. Or une telle volonté ne peut conduire q
173 fet des conditions physiques et spirituelles de l’ homme en ce qu’elles ont d’irréductibles à toute détermination sociale ou h
174 re un paradis terrestre, le paradis temporel de l’ homme  ; le christianisme prépare un Royaume éternel, qui sera celui de Dieu
175 nomène de la « conversion » le fait bien voir. Un homme qui se convertit au christianisme, c’est un homme qui reçoit et qui s
176 homme qui se convertit au christianisme, c’est un homme qui reçoit et qui saisit la Révélation en Personne. Et du coup le Roy
177 . Et du coup le Royaume est au-dedans de lui. Cet homme n’est plus le maître de sa vie. Il est l’agent d’une vocation venue d
178 personne. Et alors, il attaque le monde ! Mais un homme qui se convertit au communisme ne se rattache pas à une Présence actu
179 ce finale du communisme, c’est la libération de l’ homme . Et moi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il ne peut me montre
180 la libération de l’homme. Et moi je lui montre un homme libéré, tandis qu’il ne peut me montrer que quelques conditions préli
181 présentes, du fait qu’il croit que l’intérêt de l’ homme est seul en jeu — et de l’homme tel qu’il le conçoit, être social — s
182 ue l’intérêt de l’homme est seul en jeu — et de l’ homme tel qu’il le conçoit, être social — se verra fatalement neutralisé da
183 ité (comme en 1789 et en 1917), il faudrait que l’ homme soit délivré de son péché, « changé », sorti du plan, précisément, où
184 rétien et du marxiste Préparer le royaume de l’ homme , ou témoigner par des actes visibles en faveur du retour d’un Royaume
185 anifeste ici et maintenant et engage le tout de l’ homme  ; tandis que l’immanence de la croyance marxiste renvoie sans cesse l
186 beaucoup qui estiment que la transformation de l’ homme importe seule, puisqu’elle est, en effet, l’essentiel, et le but de t
187  : « On ne peut pas tout faire ! Quand beaucoup d’ hommes seront changés, beaucoup de problèmes se poseront autrement… » Je veu
188 aussi de la valeur de la communauté pour tous les hommes qui la composent. Ne fût-ce que pour cette seule raison — et j’en ai
189 me de Dieu » chrétien. 45. « Dans la pratique, l’ homme doit prouver la vérité de sa pensée, c’est-à-dire sa réalité et sa pu
190 mal dans la racine. Mais la racine, c’est pour l’ homme même » (Id., ibid.). C’est-à-dire l’homme concret, produit social sel
191 pour l’homme même » (Id., ibid.). C’est-à-dire l’ homme concret, produit social selon Marx, et non pas créature spirituelle e
192 de propriété, peut très bien être anéanti chez l’ homme par un régime communiste.) Que reste-t-il dans l’être humain d’absolu
193 aire résulte nécessairement d’une conception de l’ homme purement social, qui néglige la fonction spirituelle (créatrice), et
194 u recueil anglais, sir John Browning, est le même homme qui contraignit la Chine, sous la menace des canons, à s’ouvrir au co
195 ique marxiste. En vérité, il ne donne tort qu’à l’ homme , non à la foi dont l’homme refuse les ordres. 58. Je prends l’expres
196 l ne donne tort qu’à l’homme, non à la foi dont l’ homme refuse les ordres. 58. Je prends l’expression dans ce sens, qui n’es
197 ion en Sibérie. q. « Changer la vie ou changer l’ homme  ? », Le Communisme et les chrétiens, Paris, Plon, 1937, p. 203-233.
12 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
198 Israël Un prophète, a écrit Karl Barth, est un homme sans biographie. « Er steht und fallt mit seiner Mission », c’est-à-d
199 le plus décisif, à vues humaines, s’agissant d’un homme appelé au ministère de la Parole. Ce qui est vrai du prophète l’est a
200 rophétique. Ce qui est vrai de la biographie d’un homme que l’Éternel choisit n’est pas moins vrai de l’histoire profane des
201 aux dieux, rassurants parce que « faits de main d’ homme  »… Mais sans relâche, des prophètes reviennent pour railler durement
202 ste. C’est l’idolâtrie qui consiste à soumettre l’ homme à la « lettre » d’une législation divine, mais dont l’homme s’est emp
203 « lettre » d’une législation divine, mais dont l’ homme s’est emparé, et dont il fait sa chose, oubliant son Auteur. C’est al
204 liant son Auteur. C’est alors que la lettre tue l’ homme , au lieu de le secourir en incarnant l’esprit. Et c’est à cette ultim
205 à Dieu. Une culture pauvre, mais fidèle Un homme du xxe siècle ne peut, me semble-t-il, qu’éprouver une sorte d’effro
206 st tolérée que « la seule chose nécessaire ? » L’ homme qui a une vocation n’est pas bon à autre chose. Israël portait dans s
207 ent sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tradition,
208 e la nature et de la société dans les, mains de l’ homme responsable, et dont l’esprit connaît un but auquel il dédie toutes s
209 ation est-elle donc « amissible » ? Le refus de l’ homme serait-il donc capable de modifier un arrêt éternel, alors que Dieu p
210 un arrêt éternel, alors que Dieu prédestine tout homme dès avant sa naissance et ses œuvres ? Ce problème n’est pas gratuit 
13 1937, Articles divers (1936-1938). Luther, Traité du serf arbitre (1937)
211 osition de cette justice de Dieu à la justice des hommes et de leurs œuvres ; opposition de la grâce à la nature, selon les te
212 ible, et constituant la véritable « action » de l’ homme entre les mains de Dieu. Tels sont les thèmes qu’illustre cet ouvrage
213 es coups violents n’ébranlent plus que le « vieil homme  », celui qu’il nous faut dépouiller. Folie pour les sages Mais
214 imé ; ceux qui traduisent « Paix sur la terre aux hommes que Dieu agrée » par « Paix aux hommes de bonne volonté », tous ceux-
215 terre aux hommes que Dieu agrée » par « Paix aux hommes de bonne volonté », tous ceux-là sont, en fait, avec Érasme et son ar
216 re religieux, c’est-à-dire le pouvoir qu’aurait l’ homme de contribuer à son salut par ses efforts et ses œuvres morales. Que
217 te espèce de considération psychologique. (Un tel homme est bien trop vivant pour faire de la psychologie ; trop engagé dans
218 e se déroule même à l’intérieur de la pensée d’un homme qui veut croire…) Dialogue Car Dieu peut tout à tout instant. C
219 ut aussi tout changer en un instant aux yeux de l’ homme , sans que rien soit changé de ce qu’a décidé Dieu, de ce qu’il décide
220 s. Il n’y a que la résistance acharnée du « vieil homme  », et les prétextes toujours très moraux, et même très pieux, qu’invo
221 dans son sérieux dernier, on peut soutenir que l’ homme possède au moins « un faible libre arbitre »34 dans les choses du sal
222 ssé comme Luther, jusqu’aux extrêmes limites de l’ homme , jusqu’aux questions dernières que peut envisager notre pensée. Pour
223 croit trouver et regagner la dignité suprême de l’ homme sans Dieu. Être libre, c’est vouloir l’éternité de son destin. (Pour
224 cé par Dieu, Nietzsche oppose le « je veux » de l’ homme divinisé. Puis, à l’existence de Dieu, il oppose sa propre existence3
14 1938, Articles divers (1936-1938). Réponse à Pierre Beausire (15 janvier 1938)
225 ais : Le personnalisme, c’est l’amour concret des hommes réels. Ce n’est pas « la bonté, la charité (vertus toutes passives et
226 volonté d’agir dans le sens de ce qui libère en l’ homme les forces de résistance et de création, systématiquement déprimées p
227 aractère spécifique de la pensée et de la vie des hommes qui ont fait l’Europe et qui veulent la maintenir. Et l’individualism
228 pas de proclamer que « si l’on veut parler à des hommes , et non à des enfants, il faut renoncer à invoquer le Christ ». Je ne
229 pas de lui répondre que ce n’est pas là parler en homme , ni en enfant, mais en adolescent impénitent. ⁂ Je ne sais trop quell
15 1938, Articles divers (1936-1938). Søren Kierkegaard (février 1938)
230 on seul ami, le pasteur Boesen : « Salue tous les hommes de tua part, je les aimais bien, tous… » Le seul événement extérieur
231 t Kierkegaard : Un témoin de la vérité, c’est un homme dont la vie est familière avec toute espèce de souffrance, … un homme
232 t familière avec toute espèce de souffrance, … un homme qui témoigne dans le dénuement, la misère et l’humiliation, méconnu,
233 miliation, méconnu, déteste, insulté, bafoué — un homme qui est flagellé, torturé, traîné en prison, et puis enfin — car c’es
234 mort. Le premier est de Kierkegaard : Forcer les hommes à être attentifs et à juger, c’est exactement prendre le chemin du vr
235 combat à l’aide de son impuissance. Il force les hommes à être attentifs. Ah ! Dieu sait s’ils deviennent attentifs, ils le t
236 Kierkegaard, on l’attrape comme une maladie. Cet homme sécrète un poison salutaire, dont nul ne trouvera l’antidote : qu’il
237 ité conquise aux dépens de tout ce qui soutient l’ homme contre Dieu. Et cependant, dans le pire désespoir, jamais de défi, ni
16 1938, Articles divers (1936-1938). Nouvelles pages du Journal d’un intellectuel en chômage (avril 1938)
238  C’est une entreprise hardie que d’aller dire aux hommes qu’ils sont peu de chose », s’écrie Bossuet (Sermon sur la mort, 22 m
239 lors du sort fait à celui qui doit se montrer aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que l’homme en général est peu de cho
240 aux hommes tel qu’il est ? S’entendre dire que l’ homme en général est peu de chose, n’est pas trop humiliant pour qui se fla
241 anité. Chômage. — On dit souvent qu’il faut à l’ homme un minimum de confort ou d’aisance matérielle pour pouvoir réfléchir,
242 se dans le concret d’une vie connue. Prenons deux hommes qui furent tous deux de prodigieux producteurs d’idées : deux hommes
243 ous deux de prodigieux producteurs d’idées : deux hommes qui ont écrit chacun une vingtaine de volumes l’espace de dix ans : K
244 plètement. Un silence implacable et mat enserre l’ homme qui chemine sur la route incertaine, au milieu des menaces originelle
245 tre chose… La femme descend sans se retourner ; l’ homme déplie un journal que je n’aime pas, qu’il a peut-être acheté tout pa
246 soi et par comparaison. Il y a dans chaque vie d’ homme à peu près digne de ce nom, un fait qui commande tous les autres et q