1 1946, Articles divers (1946-1948). Le supplice de Tantale (octobre 1946)
1 e logique de la matière est abolie pour peu que l’ homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui, car à l’instan
2 elles de l’esprit ; et des dieux irrités contre l’ homme , c’est-à-dire d’un esprit coupable. Regardons bien ce paysage imagina
3 corps, une eau, une branche et un rocher. C’est l’ homme coupable, environné des emblèmes de sa peur et de sa convoitise — emb
4 t ici à des événements intérieurs. Tout tient à l’ homme et tout illustre une des structures fondamentales de son être. Tanta
5 té sont ici comme des signes de la Grâce, dont un homme chercherait à s’emparer par subterfuge, afin de s’assurer un empire t
6 ils de Dieu. Au lieu du Père livrant son Fils aux hommes pour qu’ils le tuent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par la
7 nt par la consommation de son corps spirituel, un homme tue lui-même son fils, et donne sa chair aux dieux pour qu’ils en meu
8 ieux, Tantale se voit refuser celle du commun des hommes . Sa jalousie se réfléchit dans la frustration du désir. Et son défi a
9 que. C’est autant dire que dans le monde païen, l’ homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interventions d’une transcen
10 ice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’ homme  : il se révolte contre tout — sauf soi. C’est pourquoi rien ne change
11 rien ne change autour de lui. Considérons ici l’ Homme du Désir, Tantale symboliquement réduit, dans la légende, à sa faim,
12 de, à sa faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère le désir, même douloureux d’avoir é
13 . À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’ homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui gagne est donc toujou
14 ne s’agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, l
15 nouveau Testament n’en demande pas davantage à l’ homme pour le faire héritier de son royaume : il demande un instant de foi.
16 c’est-à-dire qu’elle s’annule de soi-même. Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de ses œuvres, il ne pleurera pas
17 ssitôt, comme la branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seule crainte de mourir à cette vie tempore
2 1946, Articles divers (1946-1948). Genève, rose des vents de l’esprit (19 décembre 1946)
18 u drame qui se joue en lui, qui se joue en chaque homme . Mais l’Américain ?… L’Américain, lui, c’est ce qui le distingue de
19 t encore Denis de Rougemont, que je passe pour un homme de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans l
20 me de gauche dans les partis de droite et pour un homme de droite dans les partis de gauche. Je ne suis jamais pour ou contre
3 1946, Articles divers (1946-1948). Théologie et littérature (1946)
21 vain, qu’il en parle en théologien, et non pas en homme cultivé, en moraliste ou en artiste. Nonobstant ces réserves préalabl
22 esure entre le croyant et le lecteur dans un même homme . Ceci dit, j’en reviens à mon propos, qui était de soulever une quest
4 1947, Articles divers (1946-1948). La guerre des sexes en Amérique (janvier 1947)
23 nant ainsi un avantage énorme aux femmes. C’est l’ homme qui amène l’argent, en règle générale, mais c’est la femme qui tient
24 rent encore, pour la plus grande satisfaction des hommes . L’Américaine a renversé le rapport des forces. C’est le mari qui pei
25 u même d’aveugle dévouement. Mais l’attitude de l’ homme à son égard est faite pour éveiller en elle le goût de la liberté et
26 insi la femme se virilise à la mesure de ce que l’ homme attend d’elle. Frustrée sans le savoir dans sa féminité, elle se révo
27 niste » et activiste que sa belle-mère. Quant à l’ homme , cause du mal et victime peu consciente, il se réfugie dans son club
28 uveau Monde : car nous sommes habitués à voir des hommes en masses, à la caserne ou dans une réunion publique (et les femmes s
29 e perd dans les alcools. Tout se passe comme si l’ homme d’Amérique n’avait qu’un goût modéré pour la femme, dont il ne serait
30 ie beaucoup plus normale : c’est là qu’on verra l’ homme faire la vaisselle pendant que la femme couche les enfants, et tous l
31 té. Il se peut que les mariages de ce type — où l’ homme joue le rôle de la machine numéro un dans la maison — soient ceux qui
32 culque à tous qu’être un Américain, c’est être un homme « décent » et comme je demandais à quelques étudiants ce qu’ils enten
33 daient par là, l’un d’eux me dit : « Décent est l’ homme qui tient parole et se tient propre, à tous égards. » Cette volonté d
5 1947, Articles divers (1946-1948). Journal d’un intellectuel en exil (mars 1947)
34 t-on me servir encore ? Au fond de la salle, deux hommes et une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ayant rem
35 t une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ayant remarqué, je l’entends dire : « Voilà le diable ! » Ils se re
36 vail lui-même est jeu. Tous les prétextes que les hommes se donnent pour en sortir, un jour ou l’autre, me paraissent hypocrit
37 ion. À partir d’un certain moment, la gloire d’un homme confère de l’importance à la moindre opinion qu’il exprime — par posi
6 1947, Articles divers (1946-1948). Drôle de paix (7 juin 1947)
38 in, un diplomate qui prend l’air à sa fenêtre, un homme qui pense, à sa manière imprévisible. Jamais gouvernement si sûr de s
7 1947, Articles divers (1946-1948). Einstein, patriarche de l’âge atomique, m’a dit : « C’est pour dissimuler sa pauvreté et sa faiblesse que l’URSS méfiante, s’entoure de secret… » (9 août 1947)
39 publique sur les problèmes que pose la bombe. Cet homme se sent-il responsable de la menace d’Apocalypse qu’il a contribué pl
8 1947, Articles divers (1946-1948). Conversation à bâtons rompus avec M. Denis de Rougemont (30-31 août 1947)
40 cette parfaite courtoisie qui est la marque de l’ homme bien né, M. de Rougemont nous a fait l’honneur de nous recevoir quelq
9 1947, Articles divers (1946-1948). L’attitude fédéraliste (octobre 1947)
41 st pas entendu d’abord sur une certaine idée de l’ homme . Car toute politique implique une certaine idée de l’homme, et contri
42 r toute politique implique une certaine idée de l’ homme , et contribue à promouvoir un certain type d’humanité, qu’on le veuil
43 sache ou non. Quelle est donc la définition de l’ homme sur laquelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur la
44 ’en parlerions pas si nous pensions que le type d’ homme le plus souhaitable est l’individu isolé, dégagé de toute responsabil
45 s pas non plus si nous pensions avec Hitler que l’ homme n’est qu’un soldat politique totalement absorbé par le service de la
46 , si nous le voulons, c’est que nous savons que l’ homme est un être doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre
47 ce. Aux individualistes nous rappelons donc que l’ homme ne peut se réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup
48 vidu plus libre dans l’exercice de sa vocation. L’ homme est donc à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire.
49 ui qu’il doit à son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tension, le débat créateur, le dialogue permanent, c’
50 itiques, et sont en retour favorisés par eux. À l’ homme considéré comme pur individu, libre mais non engagé, correspond un ré
51 ésordre, lequel prépare toujours la tyrannie. À l’ homme considéré comme soldat politique, totalement engagé mais non libre, c
52 bre, correspond le régime totalitaire. Enfin, à l’ homme comme personne, à la fois libre et engagé, et vivant dans la tension
53 politique sans liberté. Car la personne, c’est l’ homme réel, et les deux autres ne sont que des déviations morbides, des dém
54 holéra, mais elle représente la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qu
55 ainsi esquissé à grands traits la conception de l’ homme sur laquelle nos travaux doivent se fonder et qu’ils ont pour but ult
10 1947, Articles divers (1946-1948). La liberté dans l’amour [Réponse à une enquête] (novembre 1947)
56 Il n’est pas exact de dire, par exemple, que « l’ homme primitif et l’homme civilisé (maintiennent) l’amour sous la tutelle d
57 de dire, par exemple, que « l’homme primitif et l’ homme civilisé (maintiennent) l’amour sous la tutelle d’une éthique… » Car
58 éal par excellence de tout ce qui mérite le nom d’ homme . Ama et fac quod vis, dit saint Augustin. « C’est l’amour qui nous re
11 1947, Articles divers (1946-1948). Une Europe fédérée (20 décembre 1947)
59 nde ne le voit pas d’un coup d’œil, c’est que « l’ homme moderne est démodé », comme l’a dit un Américain : sa conscience est
60 aits possibles instaurés par sa propre science. L’ homme moderne pense encore dans le cadre des nations, quand le jeu des forc
61 ier, nous nous méfions du second. Notre idée de l’ homme n’est pas celle du Kremlin ni celle du businessman américain. Nous ne
62 itique, dans l’économie et les mœurs, l’idée de l’ homme commune aux peuples de l’Europe : ni l’individu sans devoirs ni le so
63 s, mais la personne à la fois libre et engagée, l’ homme qui sait ce qu’il se doit et ce qu’il doit aux autres. Voilà ce que c
12 1947, Articles divers (1946-1948). La lutte des classes (1947)
64 es l’existence même de plus des neuf dixièmes des hommes . En dépit du langage courant, c’est le normal qui est exceptionnel, c
65 s que je vois en IIIe classe offrent l’image de l’ homme sûr de son monde. D’où vient alors cette espèce de malaise qu’éprouve
13 1947, Articles divers (1946-1948). Les maladies de l’Europe (1947)
66 vaut une victoire. C’était fatal ! Imaginez deux hommes qui se disputent : l’un est une brute, et son point de vue, c’est que
67 et des droits de la personne, une conception de l’ homme réduit au partisan, une technique du mensonge et de la délation, les
68 dant ce temps que font les élites ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher les cau
69 aussi qu’il trahit, la conception européenne de l’ homme . Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet équili
70 us large du terme, c’est-à-dire : une mesure de l’ homme , un principe de critique permanente, un certain équilibre humain résu
71 e active, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en ju
72 nité la plus consciente et la plus créatrice de l’ homme . On contestait l’autre jour, ici même, l’existence d’un esprit europé
73 t par contraste comme celle d’une conception de l’ homme . Esquissons cette comparaison entre l’Europe et les nouveaux empires
74 antagonistes de la nature ou de la condition de l’ homme . À l’origine de la religion, de la culture et de la morale européenne
75 res nouveaux, il y a l’idée de l’unification de l’ homme lui-même, de l’élimination des antithèses, et du triomphe de l’organi
76 s drame. Il s’ensuit que le héros européen sera l’ homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience et de s
77 yr. Tandis que le héros américain ou russe sera l’ homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réussit, celui qui
78 fre plus parce qu’il s’est parfaitement adapté. L’ homme exemplaire pour nous, c’est l’homme exceptionnel, c’est le grand homm
79 ent adapté. L’homme exemplaire pour nous, c’est l’ homme exceptionnel, c’est le grand homme ; pour eux, c’est au contraire l’h
80 nous, c’est l’homme exceptionnel, c’est le grand homme  ; pour eux, c’est au contraire l’homme moyen, le common man, base ou
81 t le grand homme ; pour eux, c’est au contraire l’ homme moyen, le common man, base ou produit des statistiques. Pour nous, l’
82 n, base ou produit des statistiques. Pour nous, l’ homme exemplaire, c’est le plus haut exemple ; pour eux, c’est l’exemplaire
83 plus grand Occident nous suggère une formule de l’ homme typiquement européen : c’est l’homme de la contradiction, l’homme dia
84 formule de l’homme typiquement européen : c’est l’ homme de la contradiction, l’homme dialectique par excellence. Nous le voyo
85 t européen : c’est l’homme de la contradiction, l’ homme dialectique par excellence. Nous le voyons dans ses plus purs modèles
86 ion qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’ homme européen en tant que tel n’accepte pas d’être réduit à l’un ou à l’au
87 autre part, elle a pour effet de concentrer sur l’ homme lui-même, créateur ou victime de ces tensions, l’effort principal de
88 ra donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’ homme , de mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contra
89 la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’ homme toutes les institutions. Cet homme de la contradiction (s’il la domin
90 de mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradiction (s’il la domine en création) c’est celui que j’ap
91 nne. Et ces institutions à sa mesure, à hauteur d’ homme , traduisant dans la vie de la culture, comme dans les structures poli
92 nt on vient de voir qu’elle est la condition de l’ homme européen, la source vive de sa grandeur et de sa spiritualité. Voilà
93 avons la guerre au-dehors. Je m’explique. Quand l’ homme se considère seulement sous l’aspect de ses libertés, ou de ses droit
94 on profondément et vitalement contradictoire de l’ homme . Et c’est pourquoi la vocation de l’Europe et des élites qui portent
95 ntion. Le trésor de l’Europe, c’est son idée de l’ homme . Mais c’est un trésor explosif, d’où la nécessité d’une vigilance ard
96 déaux, c’est notre sens d’un absolu qui dépasse l’ homme et son bonheur, c’est notre sens du transcendant, précisément, c’est
97 e quoi par 10 ou 100. Vous oubliez la mesure de l’ homme . Si, par exemple, vous multipliez par 10 toutes les dimensions d’une
98 sance voulue, systématique, de la complexité de l’ homme total. Ils ne sont que des expériences, et le propre d’une expérience
99 si ce qui les gêne le plus n’est pas simplement l’ homme , dans son humanité rebelle aux chiffres, l’homme en soi — l’éternel r
100 ’homme, dans son humanité rebelle aux chiffres, l’ homme en soi — l’éternel résistant ! Or, l’Europe, et c’est là sa grandeur,
101 de la création spirituelle, ce coin du monde où l’ homme a su tirer de lui-même les utopies les plus transformatrices et les p
102 et les plus riches d’avenir, pour tous les autres hommes de la planète. Mais, riches d’avenir… oui, s’il est un avenir, non se
14 1947, Articles divers (1946-1948). L’opportunité chrétienne (1947)
103 hez, les protestants, à un moralisme centré sur l’ homme . Tout tranquillement, et pour sauver leur corps, les Églises renonçai
104 es mystiques qui n’auront l’air de rien ; par des hommes dont on dira qu’ils exagèrent, qu’ils rêvent, qu’ils n’ont pas le sen
15 1948, Articles divers (1946-1948). Rencontre avec Denis de Rougemont (janvier 1948)
105 le croisant dans la rue, l’aurais-je pris pour un homme dur et violent. Mais, à l’entendre parler, comment sa pondération, sa
106 des inadaptés comme, au contraire, le furent les hommes de lettres du xixe siècle, par exemple. Voyez Nietzsche, voyez Baude
107 ourd’hui encore représentée par la génération des hommes de 40 à 50 ans. Je pensais que de plus jeunes nous relèveraient, s’im
108 st encore imprécis. Ceux qui élèvent la voix, les hommes de 40 ans comme vous les nommez, ne font que poursuivre les discours
109 ficateurs. Je demande à Denis de Rougemont quels hommes prendraient part aux états généraux de l’Europe dont il vient de me p
110 ui est dangereux, horriblement dangereux, c’est l’ homme . C’est lui qu’il faut contrôler. Adieu ! r. « Rencontre avec Denis
16 1948, Articles divers (1946-1948). Notes sur la voie clandestine (hiver 1948)
111 écart désarçonnant : qu’est-ce que le destin d’un homme , — mon destin ? C’est ici que la voie prend naissance. Tu as un desti
112 aissance. Tu as un destin si tu es distinct. Tout homme , dès qu’il se voit isolé par le sort, entre en superstition : c’est s
113 monde, depuis trois-cent-mille ans qu’il y a des hommes et qui aiment : « Question de peaux. » Nous en sommes là. On avancera