1 1934, Politique de la personne. Introduction — L’engagement politique
1 on n’en fasse plus, ou plutôt pour qu’un jour des hommes comme moi qui n’ont le goût ni des habiletés ni des contraintes qu’il
2 1934, Politique de la personne. Introduction — Ridicule et impuissance du clerc qui s’engage
2 , fait figure de Don Quichotte littérateur. Qu’un homme cherche à juger quelque folie contemporaine, choisie parmi les plus p
3 e à l’école de Montaigne : « Les autres forment l’ homme , je le récite », répète-t-elle. C’est là sa bonne conscience ! Cepend
4  » ne perdent pas leur temps. Ils ont su former l’ homme et même le déformer de telle sorte que la pensée n’est plus pour lui
5 eurs calculs : ils avaient oublié l’humanité de l’ homme , et tout échoue devant une révolte qui leur paraît irrationnelle. La
6 de voir. Ils n’appellent pas une sagesse, mais un homme . Ils délèguent au chef inconnu le droit et le risque d’être homme, et
7 uent au chef inconnu le droit et le risque d’être homme , et se réservent le rôle d’assurés. Ils sont prêts pour les dictature
8 e celles qui concernent la moitié inférieure de l’ homme . (Pour le cœur et la tête, on verra plus tard, disent-ils4 ; en atten
3 1934, Politique de la personne. Introduction — Le vrai pouvoir des intellectuels et son usage
9 cause, d’une seule et même erreur initiale sur l’ homme . L’homme est un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire.
10 ’une seule et même erreur initiale sur l’homme. L’ homme est un animal pensant, nous apprend-on dès l’école primaire. Il n’est
11 aît à le répéter. Et nous voyons pourtant que les hommes de ce temps pensent comme s’ils étaient anges, et agissent comme bête
12 . Politiciens ou clercs, ils oublient ce qu’est l’ homme . Ils ont perdu de vue sa définition même. Leur point de départ est fa
13 rts les plus sincères aboutissent au malheur de l’ homme . Car tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’homme agit au d
14 tout ce qui ne se fonde pas dans la réalité de l’ homme agit au détriment de son humanité. Il n’y a pas d’autre cause à la cr
15 l n’y a pas d’autre cause à la crise présente : l’ homme moderne a perdu la mesure de l’humain. Le seul devoir des intellectue
16 tuation qui nous est faite, c’est de rechercher l’ homme perdu. C’est aussi là leur seul pouvoir. C’est à eux seuls qu’il appa
17 nce. C’est dans cette recherche d’une mesure de l’ homme et d’une définition concrète de l’humain qu’il faut voir l’intention
18 , et qui se croit dans son bon sens, à elle ! Les hommes sont malades de la peste et s’imaginent aimer cette peste : ce n’est
19 qu’on sait être l’humain, pour renoncer à être un homme . La plupart des folies qu’on nous dit toutes-puissantes, et devant le
20 table, dès que l’on considère que le concret de l’ homme réside dans ses actes et non pas dans ses mythes. Il faut reconnaître
21 d’utopie. Ils tablent en effet sur la chance de l’ homme concret, de la personne. Ils réputent abstraites ces « nécessités his
22 , selon l’opinion de nos maîtres, dicteraient à l’ homme ses destins. Ils constatent que, dans la réalité politique, ce sont e
23 ue, dans la réalité politique, ce sont encore des hommes qui agissent, et non pas du tout ces faux dieux qu’on invoque pour co
24 n’existent réellement qu’à partir du moment où l’ homme n’existe plus en tant que tel. Que l’homme s’affirme, qu’un seul homm
25 t où l’homme n’existe plus en tant que tel. Que l’ homme s’affirme, qu’un seul homme s’affirme, et le pouvoir des lois diminue
26 n tant que tel. Que l’homme s’affirme, qu’un seul homme s’affirme, et le pouvoir des lois diminue aussitôt. Aussi bien convie
27 e symptôme d’une espèce de refoulement. Dès que l’ homme , en effet, refoule sa vocation personnelle, on voit paraître toute es
28 sses » comme si les masses n’étaient pas faites d’ hommes , c’est-à-dire d’éléments imprévisibles. Un autre trouble est cet amou
29 e de daltonisme : ils ne savent plus distinguer l’ homme en tant qu’homme, la personne. L’aspect pathologique et proprement f
30 ils ne savent plus distinguer l’homme en tant qu’ homme , la personne. L’aspect pathologique et proprement fiévreux des grand
31 ité spirituelle qui favorise la dissociation de l’ homme en esprit et en corps irresponsables l’un de l’autre. La bourgeoisie
4 1934, Politique de la personne. Introduction — Pour une politique à hauteur d’homme
32 4.Pour une politique à hauteur d’ homme Toute la question est de savoir à quel niveau l’on situe le concret
33 ; à quelles fins les pouvoirs entendent mener les hommes . Toute la question est de savoir quelle définition de l’homme est imp
34 la question est de savoir quelle définition de l’ homme est impliquée dans telle politique qu’on défend. C’est cette question
35 iens ! Si la Politique est l’art de gouverner les hommes , il ne saurait être indifférent à ceux qui l’exercent de connaître d’
36 x qui l’exercent de connaître d’abord ce qu’est l’ homme , quelles sont les conditions de son humanité, à quelles règles il fau
37 oire par exemple qu’un bon agent électoral est un homme qui connaît les hommes ; cesse de s’en laisser imposer par les fameus
38 bon agent électoral est un homme qui connaît les hommes  ; cesse de s’en laisser imposer par les fameuses « nécessités de l’ac
39 ptique parlementaire ». Une politique à hauteur d’ homme , c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle la respo
40 ividualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’ homme par ses créations, par l’État et par les bavards. Elle refuse la dict
41 -ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’ hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’
5 1934, Politique de la personne. Introduction — En dernier ressort
42 e à son terme ; enfin je crois que la vision d’un homme non point parfait mais librement humain, ne peut exister autrement qu
43 ais croire pourtant à l’efficacité d’une foi en l’ homme fondée sur l’homme seul. Croire en l’homme, c’est croire en un modèle
44 à l’efficacité d’une foi en l’homme fondée sur l’ homme seul. Croire en l’homme, c’est croire en un modèle à quoi les hommes
45 i en l’homme fondée sur l’homme seul. Croire en l’ homme , c’est croire en un modèle à quoi les hommes pourraient ou devraient
46 en l’homme, c’est croire en un modèle à quoi les hommes pourraient ou devraient s’égaler. Mais quelle sera la valeur du modèl
47 galer. Mais quelle sera la valeur du modèle que l’ homme peut imaginer de lui-même ? Elle ne sera jamais que relative, vouée d
48 que seul l’absolu console, mais que jamais aucun homme historique n’a existé dans l’absolu, ni n’a pu être imaginé dans un a
49 us attirant, l’imagination la plus dynamique de l’ homme parfait ne sera jamais pour nous qu’une utopie dont rien n’atteste la
50 é, la puissance, la vérité. Nul idéal humain de l’ homme n’a jamais résisté à l’échec, n’a jamais su tirer de ses défaites une
51 pérance plus certaine, une féconde humiliation. L’ homme des foules n’a que de la haine pour tout idéal un peu haut : il faudr
52 e l’histoire le démontre avec le conte fameux : l’ homme ne peut pas sortir du puits en se tirant par les cheveux. Il faut que
53 e faut indiquer pour finir.   I. Le malheur de l’ homme est toujours plus grand qu’on ne le croirait à lire des essais politi
54 qu’elles sont sans rapport à la misère réelle des hommes , mais on voit bien aussi qu’elles servent à distraire l’homme de son
55 on voit bien aussi qu’elles servent à distraire l’ homme de son sort personnel. Dans ce sens, toutes les politiques ne sont qu
56 aiment ordonnés au vrai but assigné à la vie de l’ homme . Le souci des moyens et de leur convenance à l’idéal qu’on sert peut
57 au sérieux le fait humain et la destination de l’ homme . Il ne connaît, dans ses calculs « pratiques », ni la misère réelle n
58 tiques », ni la misère réelle ni la grandeur de l’ homme . Il porte rarement le poids des injustices du régime social. Il joue.
59 et dans l’espérance, la véritable condition de l’ homme , et les conditions qu’elle impose. C’est pourquoi, seul, il peut aide
60 e impose. C’est pourquoi, seul, il peut aider les hommes et prendre au sérieux leurs problèmes — jusqu’au bout11 !   II. En me
61 qui le presse de conclure sur la destination de l’ homme , un « on verra plus tard », qui trahit la faiblesse des bases de dépa
6 1934, Politique de la personne. Primauté du spirituel ? — Destin du siècle ou vocation personnelle ?
62 rand lieu commun de la peur qui s’est emparée des hommes . On ne nous parle plus que du « désarroi actuel ». Il n’est pas d’exp
63 a paix du monde et les rapports normaux entre les hommes  ? Croit-on vraiment que le « désarroi » soit seulement « actuel », et
64 ntenant, cela se voit. Depuis la chute du premier homme , depuis le déluge, le monde se débat dans une crise millénaire dont l
65 traire, dès que nous nous posons la question de l’ homme , du rôle de l’homme, du destin de l’homme en face du destin du siècle
66 nous posons la question de l’homme, du rôle de l’ homme , du destin de l’homme en face du destin du siècle, tout se simplifie
67 on de l’homme, du rôle de l’homme, du destin de l’ homme en face du destin du siècle, tout se simplifie aussitôt ; et si, fais
68 éalité, il n’y a de destin que personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il est différent des
69 personnel. Seul un homme peut avoir un destin, un homme seul, en tant qu’il est différent des autres hommes. Napoléon, César,
70 omme seul, en tant qu’il est différent des autres hommes . Napoléon, César, Lénine ont un destin. Mais aussi chacun de nous a u
71 avec une certaine violence ; mais par rapport à l’ homme , ils sont absolument semblables et nous pouvons les renvoyer dos à do
72 L’un et l’autre tendent à nous faire croire que l’ homme n’est rien, mais moins que rien, et que tout ce qui se passe dans le
73 u notre race. Destin du siècle contre destin de l’ homme . Il faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’homme se défend t
74 l faut bien reconnaître qu’en cette année 1934, l’ homme se défend très mal. Et comment se défendrait-il, quand il adore tout
75 s la mesure où nous démissionnons de notre rôle d’ hommes responsables et créateurs. Leur rigueur mesure exactement notre dégén
76 origine du genre humain. Les uns prétendent que l’ homme descend du singe, les autres croient qu’il a été créé par Dieu. Ils s
77 théorie est la suivante : ceux qui pensent que l’ homme descend du singe, descendent en effet du singe et constituent une rac
78 onstituent une race à part, à côté de la race des hommes créés par Dieu, et qui, eux, croient et savent qu’ils ont été créés p
79 dre son temps que de contester leur croyance. Ces hommes -là savent au moins ce qui les mène, ils poussent le monde dans la dir
80 e que tous les appartements sont pareils et qu’un homme n’a pas le droit de sortir dans la rue coiffé d’un chapeau de paille
81 dividu, tel que le concevait le dernier siècle, l’ homme isolé qui cultivait jalousement sa petite vie intérieure, à l’abri de
82 ndividu des libéraux, c’était, par excellence, un homme sans destin, un homme sans vocation ni raison d’être, un homme dont l
83 c’était, par excellence, un homme sans destin, un homme sans vocation ni raison d’être, un homme dont le monde n’exigeait rie
84 stin, un homme sans vocation ni raison d’être, un homme dont le monde n’exigeait rien. Cet être-là, fatalement, devait désesp
85 réel, jamais plus de haine déclarée. L’amour des hommes , transposé dans la collectivité, devient automatiquement de la haine.
86 peut prendre. ⁂ Destin du siècle ou destin de l’ homme  ? Loi historique ou acte personnel ? Irresponsable ou responsable ? T
87 dans le monde le même rôle que l’instinct dans l’ homme . La culture du xixe siècle a voulu les ignorer et nous assistons à l
88 e en s’adressant aux mythes collectifs. C’était l’ homme qu’il fallait refaire. Nous avons oublié ce fait très simple : que la
89 très simple : que la société doit être composée d’ hommes réels. Nous avons tout calculé, sauf ce qui est en effet incalculable
90 uf ce qui est en effet incalculable : l’acte de l’ homme . Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui expliqu
91 e : l’acte de l’homme. Mais le temps vient où les hommes se lassent de théories qui expliquent tout sauf l’essentiel. Voici no
92 ous être des éléments de statistique, ou bien des hommes de chair et de sang, reconnaissant leur condition concrète, mais conn
93 yé de vous montrer qu’ils sont des créations de l’ homme , et particulièrement de ce personnage égoïste et, en somme, assez lâc
94 certaine attitude, l’attitude démissionnaire de l’ homme en fuite devant sa vocation, sa destinée. Les fantômes collectifs, co
95 ythes représentent l’attitude démissionnaire de l’ homme , la somme de toutes les démissions particulières, — la personne au co
96 représente l’attitude créatrice, la vocation de l’ homme . Tout, en définitive, se joue dans l’homme et se rapporte à sa réali
97 de l’homme. Tout, en définitive, se joue dans l’ homme et se rapporte à sa réalité. Dans l’homme, la masse n’a pas plus de p
98 dans l’homme et se rapporte à sa réalité. Dans l’ homme , la masse n’a pas plus de puissance que la personne. Et c’est dans l’
99 lus de puissance que la personne. Et c’est dans l’ homme qu’a lieu le choix, et non pas dans la rue, dans l’opinion, dans les
100 le. À l’origine de tout, il y a une attitude de l’ homme . J’ai essayé de vous montrer l’attitude de celui qui se réfugie dans
101 dans le risque et dans la décision, au lieu que l’ homme des masses vit dans l’attente, la révolte et l’impuissance. Je pourra
102 nne ? Est-ce un choix subjectif ? Vous préférez l’ homme créateur à l’homme qui s’abandonne au destin collectif, mais c’est pe
103 ix subjectif ? Vous préférez l’homme créateur à l’ homme qui s’abandonne au destin collectif, mais c’est peut-être votre orgue
104 le rapport véritablement humain, celui qui unit l’ homme à son prochain. Or, ce prochain, l’Évangile seul nous le désigne, bie
105 ité de notre être, là où réside le désespoir de l’ homme qui ne connaît pas son destin. Après tout, l’homme désespéré, ce qu’i
106 omme qui ne connaît pas son destin. Après tout, l’ homme désespéré, ce qu’il veut, ce n’est pas une explication du désespoir q
107 ement : rendre complet, unifier l’être, réunir. L’ homme désespéré, l’homme sans vocation personnelle, c’est un homme incomple
108 let, unifier l’être, réunir. L’homme désespéré, l’ homme sans vocation personnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’
109 péré, l’homme sans vocation personnelle, c’est un homme incomplet, désuni. Et ce n’est pas la connaissance intellectuelle du
7 1934, Politique de la personne. Primauté du spirituel ? — Personne ou individu ? (D’après une discussion)
110 trice, la situation se renverse. La vocation d’un homme n’est pas un droit pour lui, mais une charge ; disons plus : elle est
111 ttons. Mais vous trouverez un très grand nombre d’ hommes qui vous diront : je ne me sens pas de vocation, il est probable que
112 es. Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a peu d’ hommes qui acceptent les charges de leur vocation. Mais, ici, faisons deux r
113 emarques : 1° La vocation n’est pas un choix de l’ homme . On ne saurait proprement parler du choix d’une vocation. La vocation
114 a vocation est un appel, une mission confiée à un homme , — une parole que Dieu lui adresse. Nous en avons le type le plus pur
115 le plus pur dans la vocation des prophètes. Tout homme peut recevoir une vocation, où qu’il se trouve, quelles que soient se
116 qu’il faut aussitôt s’approprier. Une fois que l’ homme se l’est appropriée, il découvre que son vrai moi réside dans l’exerc
117 angile nous apprend que Dieu s’adresse à tous les hommes , croyants ou non. Je pense que beaucoup d’incroyants acceptent cet ap
118 a personne, c’est assurer la liberté d’action des hommes les plus humains, les plus capables par là même de travailler au bien
119 ne crois pas à un esprit organisé par le soin des hommes . L’Esprit souffle où il veut, nul ne sait où il va. Mais c’est Dieu q
120 rions pas trouvé par nos observations. En fait, l’ homme naturel ne connaît pas l’Esprit, le seul auquel je croie, qui est le
121 seul auquel je croie, qui est le Saint-Esprit. L’ homme naturel ne connaît que la « chair » selon l’expression de l’Apôtre. C
122 ’Esprit auquel je crois est justement celui que l’ homme ne peut connaître, sinon en lui obéissant. C’est l’Esprit qu’il ne pe
123 déré par opposition à l’état ou à la société ; 4° homme que l’on ne connaît pas, ou qu’on ne veut pas nommer. » La première d
124 humainement, dès que l’incroyant cesse d’être un homme qui ne connaît pas son Dieu, pour devenir un faux croyant, c’est-à-di
125 eu, pour devenir un faux croyant, c’est-à-dire un homme qui connaît un faux dieu (conscience morale, justice humaine, nation,
8 1934, Politique de la personne. Primauté du spirituel ? — Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
126 n œuvre, il fonda toute son anthropologie sur cet homme réduit au minimum matériel, sur cet état de l’homme précisément qu’à
127 mme réduit au minimum matériel, sur cet état de l’ homme précisément qu’à l’origine il jugeait inhumain. Il condamna d’abord l
128 étaire. Puis il affirma que ce prolétaire était l’ homme véritable, et duquel il fallait partir pour aboutir, dans quelques si
129 ur aboutir, dans quelques siècles peut-être, à un homme nouveau capable de créer un « spirituel » également rénové. C’était l
130 ourquoi ? Parce qu’il fait abstraction du facteur homme , de la personne, de l’origine concrète de toute révolution. Du point
131 e une anthropologie particulière, qui considère l’ homme dans ce qu’il a de plus animal, de plus aveuglément soumis à la natur
132 ous occupons, nous, de la situation présente de l’ homme , et nous disons : tant que le minimum de vie n’est pas assuré, c’est
133 le but final était bel et bien la libération de l’ homme complet, spirituel compris. Enfin, que cette primauté n’avait en réal
134 e durée d’action et de réaction. Elles modèlent l’ homme , elles créent des habitudes de pensée et de vie entièrement soumise a
135 ’est pas celle de Marx lui-même — tend à rendre l’ homme irresponsable, obéissant aux seules lois que lui révèle la science, n
136 ience, nouvelle théologie. Elle tend à rendre les hommes interchangeables, parce que sans vocation personnelle, sans démon int
137 onsabilité propre, et sans racines. Elle fera des hommes inactuels, au sens étymologique. Des hommes incapables d’actualiser u
138 a des hommes inactuels, au sens étymologique. Des hommes incapables d’actualiser une création, c’est-à-dire incapables de conc
139 d’une action, d’une croyance. S’il est vrai que l’ homme est un ensemble de déterminismes, aucune liberté ne sortira jamais de
140 s à une simultanéité. Les marxistes croient que l’ homme primitivement bon a été gâté par des institutions sociales irrationne
141 cet esprit d’exploitation ?) Ils pensent que cet homme dégradé sera sauvé plus tard, dans quelque millenium dont il doit pré
142 mais ce n’est pas exactement le contraire — que l’ homme pécheur, déchu, a été sauvé, et qu’il est ainsi, actuellement, à la f
143 nt pour M. Nizan, l’histoire nous apprend que les hommes vivent des inventions de l’esprit — au sens tout humain du mot —, et
9 1934, Politique de la personne. Principes d’une politique du pessimisme actif — Ni ange ni bête : ni gauche ni droite (Fondements théologiques d’une action politique)
144 Tout ordre terrestre suppose une conception de l’ homme , tel qu’il est ou tel qu’il devrait être. Tel qu’il est : c’est la c
145 r. Politique millénariste. À droite, on dit que l’ homme est une bête, que c’est là son partage et qu’il faut s’y tenir. À gau
146 t qu’il faut s’y tenir. À gauche, on dit que si l’ homme est une bête, son but est toutefois de devenir un ange. Le christiani
147 transcendant, fort bien exprimé par Pascal : « L’ homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange f
148 qui veut faire l’ange fait la bête24. » Qu’est l’ homme  ? Il ne se connaît pas. L’Évangile le révèle à lui-même, comme perdu,
149 me perdu, et par cette révélation, sauvé. Ainsi l’ homme n’est humain que dans un paradoxe ; il est perdu lorsqu’il se croit s
150 aradoxe le rend humain, le fait humain : car si l’ homme peut se voir perdu, c’est qu’il croit, c’est qu’il est dans la foi ;
151 t un acte absolu ; le croyant seul, véritablement homme . Dans ce paradoxe essentiel, et non ailleurs, peut se fonder une poli
152 ule elle pose la question dernière du destin de l’ homme , en même temps qu’elle connaît et saisit l’homme dans sa condition ac
153 ’homme, en même temps qu’elle connaît et saisit l’ homme dans sa condition actuelle. Mais il faut savoir aussi qu’elle est int
154 arti. Comme le réactionnaire, il veut connaître l’ homme tel qu’il est — seulement il le connaît mieux. Comme le marxiste, il
155 s’appelle le Royaume de Dieu, non le royaume de l’ homme moyen. Contre le réactionnaire, il affirme que l’ordre établi ne saur
156 uns et aux autres, il reproche de déshumaniser l’ homme , par ignorance de sa nature véritable. Certes, nous sommes dans l’his
157 tion possible de toute politique chrétienne : « L’ homme seul (devant Dieu) est au-dessus de la collectivité25. » Cela ne sign
158 s être subordonnée à cette fin la plus haute de l’ homme qu’est sa foi, — sa situation personnelle devant Dieu. Non seulement
159 celle qui se fonde dans ce rapport originel de l’ homme à Dieu, d’où découle la relation concrète et humainement bienfaisante
160 fins terrestres, mais impliquant l’activité de l’ homme considérée comme un service nécessaire — voilà peut-être définie l’at
161 i tend à l’anarchie par excès de confiance dans l’ homme , succède une dictature. Certain fascisme est d’autant plus « bestial 
10 1934, Politique de la personne. Principes d’une politique du pessimisme actif — Sur la devise du Taciturne
162 t que saisie et vécue, c’est-à-dire assumée par l’ homme . Sortir du paradoxe pour s’évader dans une synthèse quelconque, ratio
163 inomies dans un cadre hiérarchique qui préserve l’ homme du désespoir et lui fournisse un équilibre durable, même si la foi di
164 subtile des partisans de la synthèse. Comment un homme qui se réclame de Calvin et de Luther, c’est-à-dire de contempteurs a
165 elles ; bien plus, elle crée des conflits là où l’ homme naturel n’en pouvait distinguer ; et surtout elle impose un choix, d’
166 choix, d’ailleurs humainement impossible, là où l’ homme naturel s’abandonnait en paix à ses déterminations physiques et moral
167 lons. C’est de la foi vivante. Or, cette foi, nul homme n’est capable de la posséder dans la durée ; elle « survient », et ja
168 rdre que nous recevons et qui nous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour su
169 ous meut parmi les hommes tels qu’ils sont, — des hommes qui ont besoin d’une politique pour suppléer à leur faiblesse, qui on
170 s désespoirs trop vrais ; ce sont les dieux que l’ homme fait à son image. Or, si l’homme est un loup pour l’homme, que seront
171 les dieux que l’homme fait à son image. Or, si l’ homme est un loup pour l’homme, que seront pour lui ses créatures divinisée
172 it à son image. Or, si l’homme est un loup pour l’ homme , que seront pour lui ses créatures divinisées ! Les dieux de l’Occide
173 de coton et d’obus. C’est ainsi qu’il en va de l’ homme lorsqu’il se confie dans ses œuvres, et qu’il adore ses puissances. M
174 u transcendant, et qui n’est point fait de main d’ homme . Quel Dieu fait de nos idéaux pourrait nous certifier, dans le fond d
175 peut pas espérer en son nom, et croire aussi en l’ homme , comme avant. On ne peut pas lui demander de bénir ces idoles dont il
176 uses ou basses ou généreuses, pour lesquelles les hommes s’entretuent : capitalisme ou stalinisme, nationalismes de toutes far
177 une solution « possible », dès qu’elle offre aux hommes des synthèses où ils trouvent la sécurité, mais qui n’ont pas de véri
11 1934, Politique de la personne. Principes d’une politique du pessimisme actif — Note sur un certain humour
178 uses gens chargées de trop de soucis généraux. Un homme qui se connaît entièrement dépendant de la grâce de son Sauveur, un h
179 ièrement dépendant de la grâce de son Sauveur, un homme qui sait que son salut ne dépend pas du monde, comment voulez-vous qu
180 le sens des échecs humains ? De la réponse qu’un homme fait à cette question, l’on pourrait tirer un critère de l’incroyance
181 ution, toutes les doctrines qui veulent éduquer l’ homme , ratent. Cet échec juge toute tentative transformatrice. Il n’est de
182 lus pessimiste que les cyniques sur le compte des hommes d’aujourd’hui et des méthodes opportunistes que l’on vante. Il a cons
183 pour celui qui veut l’atteindre. Qu’est-ce qu’un homme converti ? C’est un homme qui a mesuré dans un instant l’échec total
184 eindre. Qu’est-ce qu’un homme converti ? C’est un homme qui a mesuré dans un instant l’échec total de ses activités, — et qui
185 activités, — et qui a cru à autre chose. C’est un homme pour qui tout est accompli : le péché, et le salut en Christ. Voilà s
186 onie possible vis-à-vis de son œuvre. Si tous les hommes n’arrivent pas au bonheur moyen, tout sera perdu. Si je crève de faim
12 1934, Politique de la personne. Idoles — Comment rompre ?
187 puissance à notre disposition, puissance que les hommes auraient eu le tort, simplement, de mal utiliser, de négliger. Il n’y
188 foi. La foi, pour elles, est une « force » que l’ homme peut se procurer, apprivoiser, réglementer, administrer dans la durée
189 tout extérieurement ! — à celles qu’inventent les hommes sans la foi. C’est la meilleure façon que le monde ait trouvée de rej
190 . Et c’est pourquoi il y a un imposteur dans tout homme qui se dit chrétien. (On ne peut dire cela que d’un point de vue chré
191 dre le christianisme, la piètre connaissance de l’ homme que l’on trahit ainsi, et, comment cette tactique, encore qu’inconsci
192 d’autre qu’un événement, un drame entre Dieu et l’ homme . 36. Parce qu’on ne peut pas le défendre, cela n’a aucun sens, et ce
13 1934, Politique de la personne. Idoles — Humanisme et christianisme
193 e, éthique — fondée sur la croyance au salut de l’ homme par les seules forces humaines. Croyance qui s’oppose rigoureusement
194 me, s’il est avant tout la croyance au salut de l’ homme par la seule force de Dieu, — par la foi. Dans les deux cas, marquons
195 alut, eux se bornent à revendiquer le bonheur des hommes , la justice. Reconnaissons pourtant que dans l’un et l’autre cas, il
196 cas, il s’agit bel et bien de savoir quel sens l’ homme veut donner à sa vie, comment il doit vivre pour mieux vivre. Mais al
197 t vaine. En somme, ils les accusent de diminuer l’ homme par la promesse débilitante d’un au-delà qui serait comme une revanch
198 courage. Pour eux, le christianisme est contre l’ homme . 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’homme s’aimerait-il l
199 e. 2. À cela, les chrétiens répondent : Comment l’ homme s’aimerait-il lui-même mieux que Dieu, son créateur, ne l’aime ? Car
200 son créateur, ne l’aime ? Car Dieu seul connaît l’ homme dans son origine et dans sa fin. L’homme étant « séparé » de Dieu sa
201 onnaît l’homme dans son origine et dans sa fin. L’ homme étant « séparé » de Dieu sa source, — et c’est en quoi consiste le pé
202 e une effroyable tragi-comédie. Au fond, ce que l’ homme ignore, ce sont les choses les plus importantes du monde : l’origine
203 , ceux qui croient détenir le pouvoir de sauver l’ homme en se fondant sur l’homme, sont semblables, aux yeux du chrétien, à c
204 le pouvoir de sauver l’homme en se fondant sur l’ homme , sont semblables, aux yeux du chrétien, à ce fameux baron de Crac qui
205 uchant ? Est-ce à celui qui soignera le mieux cet homme que l’on s’accorde à tenir pour malade actuellement ? Aux yeux de cer
206 ut définir le péché par la volonté, naturelle à l’ homme , d’agir pour soi, et non pour Dieu. C’est maintenant au tour de l’hum
207 che de lâcheté. Le chrétien le considère comme un homme qui refuse d’accepter, dans toute sa violence, la question que lui po
208 s les domaines, fait de lui un révolutionnaire, l’ homme du risque opposé à l’homme des assurances. Car l’humanisme n’est, aux
209 un révolutionnaire, l’homme du risque opposé à l’ homme des assurances. Car l’humanisme n’est, aux yeux de la foi, qu’une vas
210 réalité le cri d’un humaniste, c’est-à-dire d’un homme pour qui la valeur absolue est la vie, non l’obéissance. Et de même u
211 nnaissance du bien et du mal. Humaniste encore, l’ homme pieux qui prie pour demander à Dieu des « avantages » humains. (Comme
212 pleinement consciente et avouée pour soustraire l’ homme à son créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’individu consi
213 t-il pas relever maintenant la vraie défense de l’ homme , — de l’homme considéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit d
214 er maintenant la vraie défense de l’homme, — de l’ homme considéré comme le lieu naturel du nécessaire conflit de l’ange et de
215 du nécessaire conflit de l’ange et de la bête ? L’ homme soviétique se trouve soustrait aux conflits naturels. Il vit dans un
216 tte contre la nature définitivement asservie. Cet homme sera-t-il encore humain ? Que fera-t-il, une fois son triomphe assuré
217 qui constitue la raison d’être de la plupart des hommes  ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme ? L’homme chréti
218 es ? Sera-t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme  ? L’homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpét
219 t-il ange ou bête ? Sera-t-il encore un homme ? L’ homme chrétien est à la fois ange et bête. Dans ce conflit perpétuel, il tr
220 riomphant serait-il tout simplement d’enlever à l’ homme toute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’homme abandonné à
221 oute raison personnelle de vivre ? Le succès de l’ homme abandonné à ses calculs serait-il, en définitive, un suicide supérieu
14 1934, Politique de la personne. Idoles — Antimarxiste parce que chrétien
222 erre d’un état de bonheur « moyen » pour tous les hommes . On perd donc son temps à essayer une confrontation des deux attitude
223 a fin en elle-même, et qui mesure la dignité de l’ homme . On me dira que j’exagère, que le travail du brigadier de choc est d’
224 . La religion n’a pas de sens humain : jamais les hommes n’arriveront à donner un sens réel aux paroles de l’Évangile. Dieu se
15 1934, Politique de la personne. Idoles — Fascisme
225 espèce d’injure politique, un synonyme de méchant homme , d’ennemi du peuple, de bourgeois brutal. Réaction sans doute sympath
226 etits bourgeois, bref — d’un fascisme. On dit à l’ homme du peuple : tout ce que tu crains, tout ce que tu détestes, ça s’appe
227 riers. « Qu’ils y viennent un peu voir ! », dit l’ homme . « Contre le fascisme, groupez-vous ! », proclament alors les ligues
228 stalle au pouvoir le leader des antifascistes, un homme de gauche bien entendu, un fils du peuple. Le triomphe de l’antifasci
229 égime ne saurait être mesurée au nombre de vies d’ hommes que ce régime a supprimées pour s’établir. Cherchons plutôt à quel ni
230 es aspirations « spirituelles » de deux espèces d’ hommes à vrai dire assez différentes : les jacobins et les ultramontains. Hi
231 ir de l’État. Mais depuis l’origine du monde, les hommes ont toujours appelé « dieu » le principe de cohérence de leur vie soc
232 être la plus décevante. L’idole des humanistes (l’ homme divinisé) et son culte orthodoxe, le marxisme, exigent de l’humanité
233 ont fondées, en effet, sur une notion totale de l’ homme naturel. Par là même, elles sont mieux justifiées, aux yeux de l’incr
234 scisme, fondées sur une notion disciplinaire de l’ homme . Le marxisme est pour le chrétien un adversaire plus noble, plus rep
235 ité. Elle veut que l’État soit une émanation de l’ homme , et non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’abord des hommes humains,
236 non l’inverse. Elle veut qu’il y ait d’abord des hommes humains, ensuite l’État au service de ces hommes. Là où l’homme veut
237 hommes humains, ensuite l’État au service de ces hommes . Là où l’homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire.
238 ensuite l’État au service de ces hommes. Là où l’ homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. 46. C’est au r
16 1934, Politique de la personne. Problèmes de la révolution personnaliste — D’un Cahier de revendications
239 consternante misère d’une époque où tout ce qu’un homme peut aimer et vouloir se trouve coupé de son origine vivante, flétri,
240 nous avons à lutter maintenant, mais pour que les hommes vivent et demeurent des hommes. Il y a deux camps : ceux qui veulent
241 mais pour que les hommes vivent et demeurent des hommes . Il y a deux camps : ceux qui veulent en sortir, — et ceux qui voudra
242 t plus un état d’esprit, ni un refus des tâches d’ homme . La révolution est une nécessité au sens le plus banal du terme, et a
243 étaires-avides-des-richesses-d’autrui », mais des hommes menacés, qui dévisagent la menace et contre-attaquent. Et alors, tout
244 e, temporaire, et d’ailleurs discutable ? C’est l’ homme qui se révolte en nous contre le marxiste. Vous n’y ferez rien. Et no
245 . Vous n’y ferez rien. Et nous ne trahirons pas l’ homme tel qu’il est, sous prétexte qu’il faut se hâter, et qu’en Russie c’e
246 ° La seule révolution qui nous importe concerne l’ homme , exprime ses données élémentaires : elle n’est qu’une projection du c
247 du matériel qu’ils prônent est meilleure pour les hommes que le présent désordre. Je ne vois pas qu’ils connaissent l’homme mi
248 ent désordre. Je ne vois pas qu’ils connaissent l’ homme mieux que nous. Je ne les vois pas plus forts. Je vois bien l’accumul
249 n avons davantage. Ils jouent sur une révolte des hommes contre le capitalisme ; mais cette révolte va se tourner contre eux.
250 st pas une classe que nous devons sauver, c’est l’ homme menacé dans son intégrité. Sauver l’homme, ce n’est pas sauver des co
251 c’est l’homme menacé dans son intégrité. Sauver l’ homme , ce n’est pas sauver des consommateurs. Ce n’est pas sauver des entre
252 débattre sur le plan de l’humanité, mais entre l’ homme , entre tel homme et la Réalité qui seule peut garantir son être. — En
253 plan de l’humanité, mais entre l’homme, entre tel homme et la Réalité qui seule peut garantir son être. — Encore faut-il que
254 vous au sérieux vos idées, y croyez-vous ? », les hommes de ce temps n’aiment pas répondre, car c’est une question personnelle
255 ence impossible et qui est la seule chose que les hommes éprouvent dans le fond de leur être. Il faut derrière ces idées une m
256 répondre qu’un dogmatique « Tu te trompes » ? Les hommes n’entendront de nous que notre volonté de sacrifice, de pauvreté. C’e
257 etrouvez que trop bien dans les vôtres ! Déjà les hommes le pressentent : il n’y a rien d’autre à attendre que cette force sur
17 1934, Politique de la personne. Problèmes de la révolution personnaliste — Communauté révolutionnaire
258 plaisir. Cette ardeur est évidemment maladive. L’ homme sain ne s’excite pas sur l’idée de sécurité. Il demande un principe d
259 État moderne et dans la conception abstraite de l’ homme considéré comme individu atomique. Or ces deux conceptions sont égale
260 L’égalité contre la fraternité Considérer l’ homme en tant qu’individu abstrait (principes de 89 — marxisme) et fonder s
261 morale, c’est méconnaître la nature concrète de l’ homme , qui comporte le conflit. Les institutions, n’ayant pas compté avec l
262 flit. Les institutions, n’ayant pas compté avec l’ homme concret, n’ont pas compté avec le principe de tout conflit, et sont s
263 gissent. Elles essaient alors de déshumaniser les hommes . Elles cherchent la paix par la stérilisation. — D’ailleurs, elles éc
264 anglants. L’évolution de la notion d’individu, d’ homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici
265 lution de la notion d’individu, d’homme en soi, d’ homme type, est trop connue pour que nous la reprenions ici. On sait commen
266 lits humains naissaient des différences entre les hommes , conçurent cette utopie de supprimer les différences. Ils se flattaie
267 le principal facteur de différenciation entre les hommes . Du moins le plus visible. Il se peut que ce fait ait contribué à dis
268 r ce système et on l’obtint. On perdit de vue les hommes , dans leur diversité. L’État devint une réalité indépendante, l’expre
269 rmanente et sournoise qu’il établissait parmi les hommes . Ce ne fut que lorsque les citoyens eurent compris que leur égalité p
270 , les banques et le capital) et à la Publicité. L’ homme n’eut plus de « prochain », mais seulement, comme le dit Keyserling,
271 les différences insupportables et scandaleuses. L’ homme cessa de croire à ses besoins, à ses désirs réels, et s’hypnotisa sur
272 ehors et purement statistiques. Le lien entre les hommes ne repose plus, aujourd’hui, que sur des valeurs extérieures à l’homm
273 aujourd’hui, que sur des valeurs extérieures à l’ homme . Il n’est plus assuré par la responsabilité de chacun, mais par le ca
274 ondement de la Communauté La personne, c’est l’ homme en acte, c’est-à-dire l’homme engagé dans le conflit vital qui l’unit
275 a personne, c’est l’homme en acte, c’est-à-dire l’ homme engagé dans le conflit vital qui l’unit et l’oppose à son prochain. L
276 et l’oppose à son prochain. La personne, c’est l’ homme en tant qu’il a une vocation particulière dans la société. Considére
277 ation particulière dans la société. Considérer l’ homme en tant que personne et fonder sur cette personne toutes les institut
278 utions, c’est reconnaître la nature concrète de l’ homme , qui comporte le conflit. Les institutions qui comptent avec l’homme
279 le conflit. Les institutions qui comptent avec l’ homme concret, comptent avec le principe de tout conflit, et ont pour but d
280 du corps social. Elles cherchent à humaniser les hommes . Elles veulent l’union par et dans la diversité créatrice. Fortes de
281 de la définir, n’est pas un état, mais un acte. L’ homme devient personne dans la mesure où il se manifeste concrètement, d’un
282 telle tension est celle qui s’établit entre deux hommes qui se rencontrent pour exécuter une tâche commune, soit que l’un vie
283 fférentes, les composent en une force nouvelle. L’ homme n’est humain que lorsqu’il manifeste sa raison d’être particulière. M
284 ité consiste à assumer ce risque. La dignité de l’ homme , c’est d’être responsable. Le monde actuel est peuplé d’irresponsable
285 ute vocation personnelle, à l’anéantissement de l’ homme dans le groupe pour le plus grand bien de l’État. Cette inversion fla
286 c’est-à-dire, pour un chrétien, la fidélité de l’ homme à persévérer dans sa mission particulière en dépit de toutes les dégr
287 cisme, qu’il soit de Berlin ou de Moscou. C’est l’ homme le plus humain. C’est aussi l’homme le plus utile. La morale de l’ord
288 scou. C’est l’homme le plus humain. C’est aussi l’ homme le plus utile. La morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’h
289 morale de l’ordre nouveau, ce sera la morale de l’ homme debout, de l’homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain
290 ouveau, ce sera la morale de l’homme debout, de l’ homme en acte. Non pas une morale qui impose un certain nombre de vertus of
291 lleur en soi. Mais une morale qui exige de chaque homme qu’il tienne sa place unique dans la communauté. Qu’il ait à en répon
292 sur leurs marchés. Mais nous nous adressons à des hommes réveillés. Nous n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des homm
293 n’appelons pas un chef, ni des meneurs, mais des hommes humains. On ne refait un monde qu’avec des hommes responsables. 61
294 hommes humains. On ne refait un monde qu’avec des hommes responsables. 61. Cet article parut d’abord dans L’Ordre nouveau,
18 1934, Politique de la personne. Problèmes de la révolution personnaliste — Triomphe de la Personne, (Aphorismes)
295 our les combattre ou pour les rénover. Ce que des hommes ont fait, d’autres hommes peuvent le défaire ou le refaire. Mais votr
296 les rénover. Ce que des hommes ont fait, d’autres hommes peuvent le défaire ou le refaire. Mais votre « réalisme » voudrait si
297 Mais votre « réalisme » voudrait simplement que l’ homme s’arrête de penser, et crie avec les loups. Le « réalisme » ainsi con
298 éduites de la nature des choses et du destin de l’ homme . — Utopie ! Utopie ! Voyez-vous, je préfère encore Léon Blum, parce q
299 est pas de plus simpliste. Nous ramenons tout à l’ homme et à ses intérêts humains. Quel homme ? Le meilleur ? Non, l’homme qu
300 ns tout à l’homme et à ses intérêts humains. Quel homme  ? Le meilleur ? Non, l’homme qui agit autrement qu’une bête brute, et
301 térêts humains. Quel homme ? Le meilleur ? Non, l’ homme qui agit autrement qu’une bête brute, et qui pourtant ne se croit pas
302 nt, mais les plus dignes d’être revendiqués par l’ homme responsable de son activité : ce sont les intérêts de son métier, de
303 onnables, là intéressées. Bien plus, chez un même homme , ou dans un même parti, on trouve des revendications contradictoires 
304 rs seront les derniers », c’est-à-dire : ce que l’ homme place au premier rang d’un « ordre » humain et rien qu’humain sera au
305 flatteurs. Le plus beau de l’affaire, c’est qu’un homme qui voudrait témoigner par des actes de son amour réel, de sa pitié p
306 ieu au seuil de la nuit sans histoire où tous les hommes en rangs serrés sans fin marcheront sans repos, sans fatigue, dans l’
307 l’innombrable rumeur mécanique. Je veux rester un homme  ! Mais ne le suis-je pas par cette seule volonté de l’être ? Il faut
308 Je voudrais un aveu plus profond. Qu’est-ce qu’un homme  ? J’ai dit : un risque personnel64. Le règne qu’ils préparent ne va-t
309 raternité indifférente et lâche. Presque tous les hommes ont été tentés une fois au moins par presque tout ce qui peut tenter
310 s au moins par presque tout ce qui peut tenter un homme . Et peut-être que tous les jeunes gens de ce temps sont tentés à la f
311 able de ma force contre ma faiblesse. Misère de l’ homme , qu’il ait besoin de fomenter contre lui-même les coups de force de l
312 s fait avec plus d’indignation que de pitié ? Les hommes se traitent de fous par manière d’injure. Mais la folie demande plutô
313 ne parle jamais du bonheur65. Il indique à chaque homme sa vocation terrestre. Or une vocation, c’est avant tout une entrepri
314 raison, ou à certaine idée d’une « dignité » de l’ homme , d’autre part elles entravent le cours habituel de la vie. Elles crée
315 rs — dans le Royaume de Dieu. Il adresse à chaque homme une vocation : là s’arrête son égalitarisme. Car il n’y a pas de comp
316 reçues et qu’il s’agit de les réaliser. Mais les hommes ont grand-peur de se « différencier » de cette façon. À cet égard, l’
317 te d’une élite, aux dépens de laquelle vivent les hommes , et dont tout le plaisir, tout l’honneur, toute la morale soient de f
318 reconnaissance. (Mais si la vie s’arrête ? Si les hommes renoncent ? Si le confort moyen imposé par l’État détend tous les res
319 personnalisme : il existe déjà chaque fois qu’un homme devient personnel. Si j’en crois au contraire les communistes orthodo
320 ture. Elle est la réalisation d’une doctrine de l’ homme véritable. La révolution n’est pas un mythe, mais une action vigoureu
321 elle ne crée pas à l’aventure. Elle veut créer l’ homme tel qu’il est. L’homme n’est égal à son humanité totale que là où il
322 venture. Elle veut créer l’homme tel qu’il est. L’ homme n’est égal à son humanité totale que là où il se montre créateur de l
323 re créateur de lui-même. Non, ce n’est point un «  homme nouveau » que la révolution fait sortir de nos ombres, c’est un homme
324 la révolution fait sortir de nos ombres, c’est un homme délivré, dénudé. Délivré d’un régime qui le déshumanise, et dénudé de
19 1934, Politique de la personne. Problèmes de la révolution personnaliste — Tactique personnaliste
325 e révolution, dans le tourbillon qui s’empare des hommes désorientés et qui les entraîne comme des particules infimes suspendu
326 sez hauts ? Les revendications de la majorité des hommes sont courtes, et trop souvent mal exprimées. C’est la doctrine de la
327 doctrine est seule créatrice d’une liberté que l’ homme des rues reste incapable de forger avec toute sa brutalité, ses injus
328 thisants prisonniers du désordre établi. (Car cet homme convaincu sera l’impondérable dont dépendra la décision. On parle vol
329 ’agit d’émouvoir, mais il nous faut atteindre des hommes , un à un, — et les former. (Notre action sur les masses consiste à di
330 le combat singulier. C’est-à-dire la conquête des hommes , un à un. L’aide apportée aux hommes réels, un à un, dans leur situat
331 conquête des hommes, un à un. L’aide apportée aux hommes réels, un à un, dans leur situation particulière. L’établissement de
332 culière. L’établissement de relations concrètes d’ homme à homme, de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richesse con
333 L’établissement de relations concrètes d’homme à homme , de prochain à prochain. Ordre pauvre : sa seule richesse consistant
334 oule des villes, je le vois grouper lentement des hommes qui se reconnaissent à ce signe invisible et certain : ce sont des ho
335 ent à ce signe invisible et certain : ce sont des hommes , si grands qu’ils soient parfois, qui sont moins grands que leur miss
20 1934, Politique de la personne. Appendice — Liberté ou chômage ?
336 réunions électorales, c’est l’ouvrier d’usine, l’ homme lié à la machine. Cette assimilation en dit long sur la conception du
337 es courbes d’accroissement de la productivité par homme de 1899 à 1919, nous voyons que leur ascension est relativement lente
338 n rendre un compte suffisant, la productivité par homme se met à croître avec une rapidité qui tient du fantastique. L’index
339 ail véritable a fait place dans les desseins de l’ homme au labeur qu’on mesure et tarife. Et l’on s’est mis à calculer avec l
340 et tarife. Et l’on s’est mis à calculer avec les hommes , comme s’ils n’étaient plus des hommes. On les a pris d’ici pour les
341 r avec les hommes, comme s’ils n’étaient plus des hommes . On les a pris d’ici pour les poser là, côte à côte, additionnés, sou
342 chômage. Mais la misère présente est un appel à l’ homme . Seuls sauront y répondre en pleine efficacité ceux pour lesquels il
21 1934, Politique de la personne. Appendice — Loisir ou temps vide ?
343 nte misère : une misère qui nous rabat au sol. L’ homme dit « j’agis », et il trouve dans l’acte sa mesure, son rythme et sa
344 ques lois de l’économie, de l’histoire. Lorsque l’ homme renonce à créer, son « travail » n’est plus que souffrance. Il ne s’a
345 te démission en dignité nouvelle. La dignité de l’ homme consisterait, dit-on, dans le travail qu’il fournit pour « gagner sa
346 des Soviets. Nous croyons ici que la dignité de l’ homme consiste à mettre en jeu sa vie, à la risquer jusqu’à la perdre si la
347 l-nécessité frappe toutes les règles de vie que l’ homme essaie de se donner pour justifier à ses propres yeux, voire pour glo
348 t de l’« action ». Nous réapprendrons à penser en hommes responsables, à penser dans le risque total de l’être, qui est l’acte
349 lternés d’une plénitude joyeusement renouvelée. L’ homme tendu assume dans ses desseins la nécessité et le jeu, les combinant
350 loi pour créer un risque nouveau. Le temps de cet homme est plein, et nul n’y pourrait distinguer des heures « creuses » ou d
351 fondent l’œuvre en dignité. Dignité du temps de l’ homme . ⁂ Un jour, l’empereur de la Chine fait appeler auprès de lui son pei
352 de choc ». Ultime tentative pour faire aimer aux hommes une caricature du travail créateur, l’émulation socialiste n’est rien
22 1934, Politique de la personne. Appendice — Groupements personnalistes
353 rment la nécessité de s’attaquer au problème de l’ homme même dans la civilisation mécanique. Ainsi, pour être moins bruyant e
354 é dans un conflit concret). Sur cette notion de l’ homme actif et créateur, se fondent une analyse du pouvoir et des valeurs,
23 1934, Politique de la personne. Appendice —  La Révolution nécessaire
355 valeurs neuves, ou même peut-être simplement, des hommes qui dominent les questions dont ils traitent. Car pour « l’économiste
356 os prêtres de l’insoluble. Encore faut-il que les hommes de ce temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes, et sa
357 temps conservent dans leur cœur la volonté d’être hommes , et sachent s’emparer des puissances libératrices qu’on leur propose 
358 les adorant, qu’elles se nourrissent du sang de l’ homme . On pourrait montrer facilement, à propos de maint autre problème don
359 C’est essentiellement la faculté qui, dressant l’ homme contre l’univers, le faisant résister et survivre, attaquer et étendr
360 e saurait désigner que la totalité créatrice de l’ homme , corps et intelligence, indissolublement, en acte. La séparation cart