1 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Le problème de la culture
1 té qui se dérobe et qui ne commande plus rien à l’ homme . Multitude des problèmes Les choses humaines ne comportent pas
2 ondements. À plusieurs moments de l’histoire, les hommes ont éprouvé ce phénomène : soudain ce n’est plus eux qui posent des q
3 t l’ampleur véritable. Ainsi la nuit surprend les hommes , ainsi les crises et les paniques s’installent. Métamorphose impercep
4 nfiance sans laquelle on ne peut gouverner. Qu’un homme en vienne à poser cette question, c’est que la confiance a cessé de r
5 d’attiser notre mauvaise conscience. Ce sont les hommes les plus intelligents du siècle, mais aussi les moins créateurs au se
6 s », des « je vous parle en toute sincérité » : l’ homme n’est pas un point de vue abstrait, mais un animal créateur ; et ce n
7 t chercher les moyens d’action dont l’esprit de l’ homme dispose ; c’est montrer que l’esprit n’est réel et ne mérite que l’on
8 à son sujet que lorsqu’il s’abaisse au niveau des hommes concrets, des ouvriers au sens premier du mot : ceux qui ont prise su
9 our l’esprit pur que de descendre à la portée des hommes , mais c’est là qu’il cesse d’être un mensonge. L’amour est le comble
10 déal qui passe sur le chemin de Jéricho, devant l’ homme dépouillé par les brigands. Décadence ou abaissement ? Mais je
11 C’est pour avoir refusé de s’abaisser à hauteur d’ homme , au niveau du réel, que notre culture se défait. Immortalité académiq
12 et au fait de l’esclave, j’opposerai le fait de l’ homme . Voilà le sens et la limite de l’abaissement que je demande. D’un
13 lus grossières. Tout ceci dans un seul exemple. L’ homme politique, l’industriel, le meneur et le journaliste n’ont pas coutum
14 ler à des sourds ? Et ne sont-ils pas sourds, ces hommes qui ne savent plus entendre exactement le nom « propre » des choses d
15 le nom « propre » des choses dont on parle ? Ces hommes pour qui les mots ne sont plus que des à-peu-près, — conventions à la
2 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — D’une culture qui parle dans le vide
16 it de prendre connaissance si l’on veut être un «  homme cultivé ». C’est aussi un ensemble de disciplines scolaires. C’est en
17 tout naturellement dans notre esprit l’idée de l’ homme cultivé, plutôt que celle du créateur ; l’idée de luxe plutôt que cel
18 ppements futurs et le télos, ou but dernier, de l’ homme . C’est toujours « l’utopie », qu’on choisit par un acte de foi, qui d
19 teurs bourgeois de cette époque « la dignité de l’ homme ne dépend ni de la naissance ni de la fortune, mais de son activité e
3 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
20 a révélée au dernier siècle. Née de l’effort de l’ homme contre les choses et contre les mythes tyranniques, elle ne peut pas
21 ur libertaire ? C’est la passion qui entraîne les hommes , et qui séduit leur générosité ou leur bassesse, et c’est parce qu’el
22 talité morne qu’elle comporte : la réduction de l’ homme à des mesures chiffrées.   Mais la raison n’est pas seulement cet ins
23 scepticisme, tant qu’elle les met au service de l’ homme , tant qu’elle combat pour un idéal supérieur d’autonomie personnelle,
24 i croient, comme je le crois, que la liberté de l’ homme implique son effort pour surmonter les illusions de la panique primit
25 veloppement normal de la personne10. La lutte des hommes contre certains mystères despotiques peut être un moment héroïque de
26 e lourdeur matérialiste qui finit par soumettre l’ homme lui-même aux lois du nombre, qui sont les lois des choses, la fatalit
27 gressivité primitive se retourne soudain contre l’ homme . La raison, qui n’est plus soutenue par un enthousiasme vital pour de
4 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
28 nre humain. Elles s’accordent pour affirmer que l’ homme « doit de plus en plus16 se subordonner à l’Humanité » (Comte), c’est
29 le des choses est substituée au gouvernement de l’ homme par lui-même. Triomphe du légalisme sur l’autorité de l’esprit. Ratio
30 vidence au détriment de la foi créatrice. Et si l’ homme résiste à cet « ordre » que l’on déduit des choses par une science ex
31 e nom du dieu-tyran que l’orgueilleuse raison des hommes a su créer à son image. ⁂ Considérons maintenant le sort que le déter
32 ui prend son essor dans le même temps, permet aux hommes les plus grossiers de saisir les leviers de la puissance matérielle :
33 ntellectuel de jugement touchant l’activité des «  hommes d’action ». Car on déléguera au technicien, et à lui seul, le droit d
34 à l’action, je dis aux penseurs comme tels et aux hommes d’action comme tels, voilà l’aboutissement des mesures rationnelles q
35 te, un hérétique comme Ballanche qui estime que l’ homme est né pour la société et ne devient complet que par elle. Et cela no
5 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Importance de la notion de commune mesure
36 hétie des véritables « clercs », c’est-à-dire des hommes consacrés à la critique et à la connaissance du principe qui domine l
37 e veut diviser pour régner, car c’est ainsi que l’ homme soumet à son action le monde des choses. Et quand elle a décomposé l’
38 Elle poursuit, sans souci des fins dernières de l’ homme , son œuvre de division réelle et d’organisation abstraite. Tout ceci
39 Renaissance ; il eût suffi de connaître un peu l’ homme et la nature de la raison, pour prophétiser notre crise. On voit main
6 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’Arche de l’Alliance
40 nce du Seigneur ? Louis-Claude de Saint-Martin (L’ Homme de désir.) J’ai parlé d’une mesure « vraie ». Mais quels sont les cr
41 . S’il est vrai qu’un prophète authentique est un homme sans biographie18 on peut dire pareillement du peuple prophétique qu’
42 lui, pour suivre les faux dieux « faits de main d’ homme  », les « idoles de leur invention ». Mon peuple consulte son bois
43 ans relâche. Que devient alors la culture ? — « L’ homme qui a une vocation n’est pas bon à autre chose. Israël portait dans s
44 ent sont les moyens les plus élémentaires que les hommes ont de commercer : l’écriture, la parole et l’action, — la tradition,
45 de la nature et de la société dans les mains de l’ homme responsable, et dont l’esprit connaît un but auquel il dédie toutes s
7 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Sur le déclin du Moyen Âge
46 la conduite des choses humaines, en tant que les hommes sont porteurs d’une tradition culturelle commune. Tous les nombres, d
47 lle des valeurs. Lorsque nous agissons en tant qu’ hommes simplement, c’est la vertu qui est notre mesure ; lorsque nous agisso
48 en citoyens : la loi ; lorsque nous agissons en «  hommes latins », ce sont alors certains « signes très simples » communs aux
49 it dans le langage de tous les jours, de tous les hommes . Ce vigoureux traité de Dante marque un sommet. À l’apogée du Moyen
50 éellement commune. Et quand Guillaume de Nogaret, homme nouveau et fils de grands bourgeois, membre de la Curie royale et qua
51 la démesure de l’entreprise, qui a contraint les hommes à se forger des langues techniques, en sorte que les diverses corpora
8 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Décadence des lieux communs
52 des délicats, tantôt les facultés créatrices de l’ homme , ou encore une sagesse asiatique, ou une mentalité de classe, ou simp
53 émantique dresse parfois l’un contre l’autre deux hommes qui auraient dû « s’entendre » et s’allier : c’est que pour l’un, esp
54 ion, de la culture, de la cité modernes. Tous les hommes de ce temps, s’ils ont quelque conscience, souffrent obscurément de l
55 le se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’ami
56 uand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme , et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui
57 utume ancestrale : dans les villes. Mais ce que l’ homme ne fait pas pour l’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’h
58 es villes. Mais ce que l’homme ne fait pas pour l’ homme , le diable le fait à sa place, et contre l’homme qu’il séduit et qu’i
59 ’homme, le diable le fait à sa place, et contre l’ homme qu’il séduit et qu’il trompe. Cette fin commune, cet idéal commun que
60 ent des idoles faites à l’image des terreurs de l’ homme . Dans le culte de ces images, le peuple croit trouver son unité, et i
61 désespoir qu’il sent vivre dans tous les cœurs. L’ homme d’aujourd’hui méprise les religions. Il sait ce qu’il faut penser des
62 Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’ homme réel et personnel, cette alliance du peuple avec sa vocation, qui fai
63 culture est justement la part active que prend l’ homme à tout ce qui est création dans la nature, dans l’histoire, dans la v
64 spère d’atteindre et de mouvoir effectivement les hommes . Cas de Nietzsche, des surréalistes, etc. Ce sont des êtres isolés, q
9 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Tentatives de restauration d’une commune mesure
65 classes, entre les nations de l’Europe, entre les hommes d’une même nation, entre les actes de chaque homme et l’idéal qu’il c
66 mmes d’une même nation, entre les actes de chaque homme et l’idéal qu’il concevait. La misère devenait un scandale, et la ric
67 irituelles que matérielles. Bien ou mal, ces deux hommes ont répondu à l’appel angoissé et inconscient de leur époque. Ils ont
68 passionnée des meilleurs et des plus humains des hommes , qui s’y seront d’abord sacrifiés, de gré ou de force ? Les sauveront
10 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure soviétique
69 rconstances, là où elles sont plus fortes que les hommes . Tantôt on lui attribue des succès colossaux qui ne furent rendus pos
70 ture socialiste, configuration d’une Idée par des hommes qui y croient, et qui, à cause de cette foi, voudraient en remplir le
71 plan culturel. C’était substituer aux lois — les hommes , les petits groupes d’hommes qui font la loi. C’était substituer au d
72 ituer aux lois — les hommes, les petits groupes d’ hommes qui font la loi. C’était substituer au dogme de la toute-puissance de
73 socialisé, embrasse-t-il réellement le tout de l’ homme  ? Le rappel permanent, et la conscience actuelle de ce but final, suf
74 nd les poètes se virent enfin libres de chanter l’ homme tout entier, non plus seulement l’homme technicien, on éprouva nature
75 chanter l’homme tout entier, non plus seulement l’ homme technicien, on éprouva naturellement le besoin d’une langue plus rich
76 mphatique de ce qu’ils appellent la « volonté des hommes  »43, mythe nietzschéen sournoisement introduit dans une société marxi
77 présuppositions fondamentales. Ainsi l’idée d’un Homme nouveau, imprévisible, en vue duquel la culture communiste devrait do
78 et sous-estimer l’ennemi : j’entends la part de l’ homme qui résiste, en créant, à toute espèce de dictature. De cette insuffi
79 de ceux qu’il tourmente. C’est ici le mythe de l’ homme nouveau qui lui fournit son expression en même temps que son déguisem
80 nte de l’action, s’est voulue maîtresse de tout l’ homme . Mais l’homme résiste à son emprise et à sa prétention totalitaire. I
81 n, s’est voulue maîtresse de tout l’homme. Mais l’ homme résiste à son emprise et à sa prétention totalitaire. Il ne veut pas
82 a nécessité et de l’orgueil45 : l’apparition d’un homme nouveau au faîte de l’édifice matérialiste. Est-ce que tout le progrè
83 e si dure révolution n’aura été que de donner aux hommes , avec quelques milliers de tracteurs, d’avions, de tanks et de parach
11 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure nationale-socialiste
84 qui exagère, c’est un chauvin, et en tous cas un homme de droite47. Et s’il s’affirme « national » cela ne rend plus du tout
85 e-mêle de saboteurs.   Valeur de l’individu. — L’ homme ne vaut que par son activité au service du peuple ou du prolétariat,
12 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Leçon des dictatures
86 on avec laquelle ils parlent de la nécessité d’un homme nouveau — en Allemagne aussi bien qu’en URSS. Cet appel au miracle es
87 iez pu faire d’autre. Vous en étiez au point où l’ homme ayant démissionné, il fallait enregistrer cette démission. Il fallait
13 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — commune mesure et acte de foi
88 et acte de foi Parmi toutes les mesures que les hommes ont su donner à leurs pensées et à leurs actes, certaines ont perdu l
89 onquête du monde par la science et l’orgueil de l’ homme , mais il pressent parfois que c’est une vanité que de gagner le monde
90 n âme. Toute fin qui n’embrasse pas le tout de l’ homme , et qui pourtant veut que tout l’homme s’y subordonne, — c’est un men
91 tout de l’homme, et qui pourtant veut que tout l’ homme s’y subordonne, — c’est un mensonge, un instrument de division. Car o
92 e ? La fin des fins, le terme universel en quoi l’ homme puisse mettre sa foi, certain qu’il y engage tout ? Où trouver ce « f
93 , un succès tel que sa plénitude puisse combler l’ homme en tant que l’homme est le porteur d’une vocation de vérité ? Et mon
94 sa plénitude puisse combler l’homme en tant que l’ homme est le porteur d’une vocation de vérité ? Et mon jugement sur le syst
95 leur vraie portée : ce n’est pas pour l’amour des hommes de là-bas que je m’attache à distinguer dans leur régime ce qui est b
96 ier de cet idéal « dynamique » que l’on baptise l’ Homme nouveau. D’abord pour la simple raison qu’un idéal est toujours dans
97 iment nos vies. Je vois bien dix définitions de l’ Homme nouveau : cet idéal m’apparaît divisé par le fait même qu’il prend sa
98 uent unifiante — que dans la vérité dernière de l’ homme . Mais, d’autre part, cette vérité dernière n’existe vraiment qu’au li
99 ures à la personne. Elles soumettent le tout de l’ homme à une partie de son activité, qui est l’activité sociale ou politique
100 tels qu’un parti les définit, mais non pas pour l’ homme total. Elles sont des mesures de propagande, non pas d’éducation réel
101 rité qui est totale, qui rend compte du tout de l’ homme et de ses fins les plus lointaines. Seule aussi cette vérité a le pou
102 finie qu’en relation avec la vérité dernière de l’ homme  ; elle est l’attitude de pensée et d’action, indistinctement, qui nou
14 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
103 ns pratiquement nécessaires pour assurer à chaque homme du travail, et pour supprimer finalement les raisons matérielles de s
104 les mesure. Seuls donc les groupes de forces ou d’ hommes , exactement situés dans le temps ou l’espace, peuvent en appeler à un
105 , peuvent en appeler à une mesure commune. Seul l’ homme déterminé par ses relations prochaines et actives peut se sentir à la
106 osophes « existentiels » qui cherchent à saisir l’ homme dans son actualité (dans son être de relation) et la pensée dans ses
107 uvelle mesure, d’une nouvelle image du monde où l’ homme s’éprouve de nouveau réel, actif, nécessaire et relié. Tout jugement
108 conscience nationale ne pouvait plus soutenir les hommes , cette ruine a laissé le champ libre à des religions toutes nouvelles
109 lle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’ homme en tant qu’il se possède dans ses relations actives avec tous ses pro
15 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Préambule
110 ssus de mes forces et de celles de n’importe quel homme d’envisager tous les aspects de la mesure que nous ne faisons que pre
111 plus haute vérité. Qui est la vérité à hauteur d’ homme . Et j’ajouterai : à portée de la main. 55. Voir 1re partie, p. 132.
16 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
112 endrons au sérieux cette distinction : il y a des hommes qui sont l’orgueil de notre esprit, — et d’autres qui s’enorgueilliss
113 ui s’enorgueillissent de notre esprit. Il y a des hommes qui créent, d’autres qui enregistrent : il ne faudra plus les confond
114 es autres agissent ! Mais la vraie condition de l’ homme , c’est de penser avec ses mains. L’esprit s’est « distingué » R
115 ns, que la main seule ne vaut rien pour agir. « L’ homme possède par nature la raison et une main. » (Thomas d’Aquin.) Cette r
116 pensée en actes — pensée pesante — requiert de l’ homme qui prétend l’exercer comme sa vocation créatrice. Définition d’un
117 erreurs pour le moins centenaires. « Réciter l’ homme  », ou le former ? Entre les deux définitions de la pensée que nous
118 ’égard de ce qu’elle pèse. « Les autres forment l’ homme , je le récite. » Ainsi parlait Montaigne, ainsi pourrait parler l’éli
119 ute la culture finissante. « Les autres forment l’ homme , je le récite… » Les autres : les actifs — ou peut-être les agités ?
120 ler, la tâche sera plus simple encore : réciter l’ homme ne comportera plus aucun jugement de valeur. Ainsi le veut la saine m
121 matisme ! Le clerc d’église n’avait pas bien vu l’ homme  : c’est qu’il était pressé de le juger, de le modifier… Il s’agit mai
122 sme est plus rare qu’on ne suppose, et très peu d’ hommes s’engagent volontairement dans une carrière qu’ils savent malfaisante
123 e, c’est-à-dire, pensée avec les mains. Réciter l’ homme , c’est l’impartialité du clerc, c’est son refus modeste et scientifiq
124 est son refus modeste et scientifique de former l’ homme . La condition d’une telle vertu et d’un si sobre détachement, c’est c
125 trer cette inversion des hiérarchies qui soumet l’ homme à ses outils, et la pensée à ses contrôles, rien de plus frappant auj
126 u jeu économique. C’est bien la même erreur sur l’ homme et sa mission, le même refus intéressé de faire la loi vivante, qui o
127 nce à tenir les commandes. « Les autres forment l’ homme , je le récite. » Les autres agissent, moi je classe, les autres jouen
128 usque dans le respect craintif qu’il témoigne à l’ homme du peuple dont la vitalité le déconcerte, le clerc moderne est surtou
129 oque, et il faudrait les plaindre : car c’est aux hommes qui n’ont plus de pitié, de bonhomie ni de violence — ces trois vertu
130 l’action jusque sur le plan de l’éthique74. Or un homme qui professe cette distinction, essentiellement moderne et cartésienn
131 use. Et c’est ainsi que se compose l’éthique de l’ homme moyen, cette irréalité si rassurante, si bourgeoise, on le sait de re
132 du penseur distingué, qui ne veut plus former les hommes , mais qui préfère les réciter ; c’est la description « pure et simple
133 cas notablement les possibilités affectives de l’ homme moyen. Comme il est entendu que de telles qualités ne seront pas, de
134 des excès de la pensée distinguée.) Cependant, l’ homme est ainsi fait qu’il ne décrit ou ne récite jamais une chose sans se
135 r vaste entreprise de description impartiale de l’ homme , et des moyens de décrire l’homme. On est alors en droit de se poser
136 impartiale de l’homme, et des moyens de décrire l’ homme . On est alors en droit de se poser cette question : est-ce que le sim
137 par méthode, paralysantes. « Les autres forment l’ homme … » Qui sont ces autres ? Nous le savons maintenant : ce sont ces lois
138 dessaisissement de la pensée. On ne récite pas l’ homme . On le forme, et si l’on s’y refuse, on le forme quand même, moyennan
139 moyennant une hypocrisie, à l’image déformée de l’ homme non créateur. Et c’est ainsi que les clercs distingués ont formé des
140 marge des sanctions pratiques, une doctrine de l’ homme idéal et du progrès. Mais nous avons été menés plus loin que le const
141 a pensée. Le second, c’est la volonté d’assurer l’ homme contre les risques de la possession. a) C’est en vain que l’on cherc
142 ique de la richesse, dans leur recours à l’idée d’ homme moyen pour justifier la revendication du minimum de vie, expression p
143 r sérieusement sur un problème qui se pose à tout homme préoccupé de la valeur concrète de sa pensée, j’entends le problème q
144 tre défection au monde. La loi du monde est que l’ homme lutte contre le monde, en assumant le risque de sa propre perte. Oui,
145 ebout et rassemblés. Et c’est là notre vocation d’ hommes qui pensent, notre partialité fondamentale et créatrice. Partialité d
146 ialité fondamentale et créatrice. Partialité de l’ homme debout, et qui s’avance. Petit panorama d’une grande démission
147 e oublie qu’il n’est d’action que par l’acte de l’ homme , que par les mains de l’homme ; et que la pensée n’agit jamais sur un
148 que par l’acte de l’homme, que par les mains de l’ homme  ; et que la pensée n’agit jamais sur une époque, mais sur les hommes
149 pensée n’agit jamais sur une époque, mais sur les hommes qui pensent avec leurs mains ; sur quelques-uns. Et comment atteindre
150 ains ; sur quelques-uns. Et comment atteindre les hommes , les persuader, les émouvoir et les mouvoir, si l’on vitupère des doc
151 rnements et autres mythes collectifs. Ce sont des hommes , un à un. Ramassons-les tous maintenant dans une imprécation qui ne n
152 ierais point. Mais le silence n’est pas donné à l’ homme par son effort. Le silence et l’intelligence pitoyable sont l’œuvre s
153 régime que dès maintenant la volonté blessée des hommes francs, par un acte, ici, que j’atteste, met en crise. 56. « Je di
154 on vice, sur la considération des fatalités que l’ homme a laissées se développer hors de ses prises. On croit se justifier, e
155 e de cette science qui recrée le passé contre les hommes , qui invente une évolution pour justifier son inaction, et qui la déd
156 ersonnes. On a voulu à l’origine (Hegel) situer l’ homme dans le concert de son époque et de ses déterminations. Et puis on a
157 nes. L’histoire humaine, ce sont les annales de l’ homme . Mais l’histoire sérieuse d’aujourd’hui, c’est l’étude de la déshuman
158 re, d’Aron et Dandieu. 73. Le prolétaire c’est l’ homme qui « vit » d’un travail purement mécanique dont il ne possédera jama
159 les produits pour en disposer à son gré. C’est l’ homme dont la vie matérielle n’est assurée — d’ailleurs médiocrement — qu’e
160 is qu’est-ce que le bourgeois comme tel ? C’est l’ homme sans problèmes réels. Et qu’est-ce qu’un problème réel ? C’est une si
161 me déplorable, désigne une revendication que tout homme raisonnable doit faire sienne. Mais cette revendication ne sera juste
162 œur des citoyens, qui est mortelle. Mais certains hommes , enlevez-leur l’âme, non seulement ils n’y sentiront rien, mais encor
163 éprouveront une espèce de renouveau. Euphorie des hommes à qui l’on a ôté l’âme. « Depuis qu’on m’a enlevé l’âme, c’est un fai
17 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
164 e — mais pour le salut de la pensée et pour que l’ homme reste humain, ou le devienne. Certes, quand nous parlons d’une durée
165 Mais cette longanimité agit aussi par nos mains d’ hommes . Si nous voulons la reconnaître utilement, reconnaissons d’abord la p
166 ent en efficacité les inventions instituées par l’ homme . Nous vivons d’elles, même si nous les nions. Nous vivons d’elles, mê
167 et non pas de l’esprit créateur, incarné par des hommes responsables. La pensée prolétarisée nous a donc menés à ce point — i
168 n’était qu’absence et remise à demain83. Quand un homme se dressait dans l’exigence de la jeunesse injuste et franche, ils n’
169 mière vertu : le réalisme Tout le malheur de l’ homme vient de ce qu’il ne pose pas les problèmes dans leur réalité, c’est-
170 les problèmes insolubles, ceux qu’il faut être un homme pour trancher. Tout le malheur de l’homme vient de ce qu’il fuit deva
171 être un homme pour trancher. Tout le malheur de l’ homme vient de ce qu’il fuit devant les alternatives absolues. La première
172 iel, etc. Je ne dis pas cela seulement contre des hommes qui se trompent ou qui nous trompent, ou qui sont faibles, — ou contr
173 questions importantes : Cela est-il possible à l’ homme dans ses limites charnelles ? Cela exige-t-il de moi un acte précis,
174 passion, là où l’on touche les vraies bornes de l’ homme , la mort, la destruction, l’angoisse et l’isolement ; là où la Parole
175 t acte créateur contient une menace réelle pour l’ homme qui l’ose. Et c’est par là qu’une œuvre touche le spectateur ou le le
176 raison rationaliste, mais la nature profonde de l’ homme occidental, dont la tension particulière peut être définie ainsi : vi
177 de la chute originelle, qui sépara la pensée de l’ homme de la réalité totale de l’Éden, et lui permit de concevoir ce qu’il n
178 blèmes intellectuels peuvent servir de modèle à l’ homme d’action, moyennant une « réalisation » au sujet de laquelle ils nour
179 t plus honteuses encore qu’impuissantes. Ces deux hommes font peut-être « mal », mais mal à cause de l’esprit qu’ils combatten
180 le. La liberté de penser n’est réelle que chez un homme qui a reconnu et qui accepte le danger de penser. On serait parfois t
181 isque ne sont pas séparables. L’origine même de l’ homme est dans un risque. Et le progrès de l’homme n’est rien d’autre que l
182 de l’homme est dans un risque. Et le progrès de l’ homme n’est rien d’autre que l’approfondissement de son risque originel. Ce
183 t et qui aggrave l’acte instituant l’origine de l’ homme . On a curieusement abusé du sens du mot original dans la littérature
184 que cela ne lui apprendrait rien de nouveau sur l’ homme . Eh quoi ! n’en saurait-il pas assez pour agir ? pour faire son métie
185 -il pas assez pour agir ? pour faire son métier d’ homme avec ce qu’il connaît ? D’autres chercheraient plutôt ce qu’ils peuve
186 nt pas d’abord, une connaissance plus réelle de l’ homme .) L’inertie qui résulte pratiquement de confusions pareilles est, hél
187 ntion sur le rapport de vie ou de mort qui unit l’ homme , être pensant, à son langage. Le mot, corps d’une idée qui serait l’â
188 st une des exigences constitutives de l’humain. L’ homme l’étend même à tout ce qui l’entoure, dans la mesure où il voudrait l
189 é avant sa chute. Et c’est ainsi qu’il est pour l’ homme une aide vivante, un être avec lequel l’homme peut entretenir des rap
190 r l’homme une aide vivante, un être avec lequel l’ homme peut entretenir des rapports conformes à sa nature originelle. Mais q
191 -courant, à contretemps, à contre-espace. Ainsi l’ homme reste un homme debout. Et je ne dis pas qu’il s’en trouve justifié, m
192 tretemps, à contre-espace. Ainsi l’homme reste un homme debout. Et je ne dis pas qu’il s’en trouve justifié, mais bien qu’il
193 et l’évasion. Il est probable que la plupart des hommes n’ont même jamais conçu clairement qu’une troisième attitude est poss
194 omplir. Voilà le vrai moteur de la pensée. Pour l’ homme créateur, vraiment humain, et que j’appelle la personne, penser ce se
195 sans. Une danseuse célèbre, mais non : plutôt cet homme dur qui cherche ses mots dans sa pipe, et le voilà joyeux parce qu’il
196 parce qu’il a trouvé, et que cela touche d’autres hommes , qui ne savaient plus… Un style de vie : mais que celui qui le détien
197 r données concrètes : les raisons qui poussent un homme à écrire, quelles qu’elles soient ; le public auquel il s’adresse ; l
198 s une œuvre, est contagieux. Si le style est de l’ homme même, on peut dire plus précisément qu’il est de l’action même, de la
199 l opposera au conformisme la loi personnelle de l’ homme , d’autre part, il opposera à l’évasion dans l’abstrait la volonté de
200 en tant que classe. Elles sont dans les mains des hommes , d’où qu’ils sortent, qui ont compris que la révolution ne saurait êt
201 ue par et pour ce qu’il y a de plus humain dans l’ homme , la personne libre mais responsable…) Un style soumis à la rudesse no
202 d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’ homme qui se hâte », écrivait Nietzsche. Nous dirions : Ne rien écrire d’au
203 d’autre que ce qui pourrait désespérer l’espèce d’ homme qui demande à la lecture une évasion, un stupéfiant, une justificatio
204 uifs ont eu la Loi et la prophétie ; les Grecs, l’ homme dans la cité ; les Romains, l’ordre imposé par l’Empire ; le Moyen Âg
205 mais ils seront impuissants à les utiliser pour l’ homme , au bénéfice de son humanité. Secondement, ils seront impuissants à r
206 t une élite qu’il nous faut reformer, une élite d’ hommes porteurs de la conscience du but commun et de la volonté de le servir
207 ée et l’action, n’étaient pas le vrai centre de l’ homme , qui est la personne ; et que pour cette seule raison, la société, l’
208 at, les lois, la pensée et l’action déformaient l’ homme et se l’asservissaient. Ainsi se trouve défini très simplement le but
209 ramener le centre de toutes choses au centre de l’ homme même, à la personne. Mais cette révolution est la plus difficile de t
210 ussi monstrueux faux pas, l’activité des quelques hommes qui cherchent à définir le vrai but et les conditions intimes d’un mo
211 être un conflit véritable — que si c’est un autre homme , en face de moi, qui me la pose. Qu’il soit là, proche ou lointain, à
212 but de la communauté est de permettre à tous les hommes d’assumer leurs responsabilités, c’est-à-dire de devenir des personne
213 canique étatiste qui tient lieu d’ordre dès que l’ homme renonce à assumer personnellement son risque vis-à-vis du « prochain 
214 lle figure l’image du rapport véritable entre les hommes , mais qu’elle la « figure » seulement, qu’elle la construit de l’exté
215 trainte politique. Le rapport véritable entre les hommes , c’est la communauté des personnes responsables. Mais la communauté n
216 . Elle est le rayonnement de l’acte qui unit deux hommes par un lien d’entraide libre, au service d’un même but, et non point
217 iscipline de marche. La vraie communauté unit les hommes en tant que différents, chacun faisant ce qu’il est le seul à pouvoir
218 résulte que de la somme de leurs altérations. Les hommes qui constituent ce groupe ne sont plus des hommes totalement « humain
219 hommes qui constituent ce groupe ne sont plus des hommes totalement « humains » puisque l’un des pôles de leur être n’est plus
220 disciplines créatrices, organiques, celles que l’ homme personnel se donne en vertu de sa vocation. Les partisans du nous ont
221 ontre n’a lieu que dans le je et dans le tu. Deux hommes ne peuvent se rencontrer spirituellement et concrètement à mi-distanc
222 seul. (C’est peut-être pourquoi le bourgeois — l’ homme du bourg — n’est pas un héros, ou cesse d’être un bourgeois quand il
223 eu. C’est en s’y soumettant qu’elle se révèle à l’ homme , lorsqu’elle s’incarne dans le Fils pour agoniser sur la Croix, qui e
224 gile a révélé lorsqu’il nous a montré dans chaque homme le Prochain. Les contradictions du monde ne peuvent pas être supprimé
225 main ? Pourquoi la liberté ? Et pourquoi tous les hommes la désirent-ils obscurément — non sans angoisse ! — de toute la force
226 ’agit d’éprouver une dernière fois. L’esprit de l’ homme se manifeste dès l’origine par le conflit qu’il institue dans le mond
227 e. C’est la tentation de sortir de la condition d’ homme telle que Dieu l’a créée. L’origine de l’histoire, c’est la chute dan
228 mort ; un instant il recrée, dans la vision de l’ homme , la forme de son corps tel que Dieu le forma. Ainsi l’acte nous réinc
229 ’histoire, d’avant cette heure pendant laquelle l’ homme perdit jusqu’au souvenir de l’image de Dieu qu’il était. L’homme créa
230 squ’au souvenir de l’image de Dieu qu’il était. L’ homme créateur n’est pas le démiurge isolé d’un idéalisme orgueilleux ; ni
231 raisonnable, d’un modèle qu’il pourrait imiter. L’ homme , en tant qu’homme est bien un créateur, mais c’est un créateur créé,
232 modèle qu’il pourrait imiter. L’homme, en tant qu’ homme est bien un créateur, mais c’est un créateur créé, un ordonnateur obé
233 un pas de plus vers le concret en situant dans l’ homme qui pense en puissance d’acte le lieu de la nouvelle mesure communaut
234 e ou qu’il échoue — pour situer en ce centre de l’ homme le centre de la société, préfigurent dès maintenant la conquête et l’
235 rel et de la liberté), Berdiaef (Destination de l’ homme ), Aron et Dandieu (Révolution nécessaire), Aron (Dictature de la libe