1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
1 espèce d’intelligence, ou d’ironie… Pour de tels hommes , certes il n’y a pas deux France ! Ou plutôt elles se mêlent dans un
2 essaire au cœur de chacun d’eux. Voilà l’espèce d’ hommes français que je voudrais croire la plus authentique, et la plus digne
3 oyenne. Que ne réserve-t-on l’expression pour les hommes qui résument en eux les tendances contradictoires dont le concours fa
4 res, la veille encore recouvertes de sable. Peu d’ hommes aux champs, petits hommes noirs courbés. Et le village vu des dunes t
5 uvertes de sable. Peu d’hommes aux champs, petits hommes noirs courbés. Et le village vu des dunes tantôt ressemble à un dessi
6 crète, que les raisons économiques ? Pourquoi les hommes vivent-ils sur des îles ? Quand nous sortons pour une promenade et qu
7 us ramène tout physiquement à nos limites. Mais l’ homme est ainsi fait qu’il désire sans cesse se risquer au-delà de ce qu’il
8 eau faire, je ne parviens pas à partager avec les hommes de ce village ce qui est essentiel et solide dans ma vie. Le simple f
9 e que j’écris que je me vois séparé de beaucoup d’ hommes , du plus grand nombre. Et d’abord de ceux qui m’entourent, et qui son
10 an. Clameur des masses contre le ciel fatal, et l’ homme se tait là-bas, « ne s’entend plus », dans la multitude en tumulte, t
11 ur deux armoires basses, siégeaient une dizaine d’ hommes . Deux ou trois coiffes de paysannes seulement. Et des enfants autour
12  ! etc. » C’est fini. L’instituteur s’éponge. Les hommes du fond ont applaudi brièvement. Mellouin a même crié : Très bien ! L
13 me, que trois types de pièces habitables, pour un homme qui attache de l’importance à ce qui l’entoure : appartements et gran
14 irage. L’orateur se hisse sur la scène : c’est un homme jeune encore, un peu lent d’allure, à la physionomie ouverte et série
15 l’autre fois ! » Poussés par leurs voisins, trois hommes se lèvent en haussant les épaules pour s’excuser de se mettre en avan
16 ntellectuels, les écrivains, les professeurs, des hommes distingués et très instruits. Eh bien, il y a aussi des prêtres et de
17 r son prochain comme Jésus nous aime. Si tous les hommes étaient chrétiens, il n’y aurait plus d’exploitation ni de guerre !…
18 r et nous sortons ensemble. Dans la rue noire, un homme nous rejoint : c’est celui qui a présidé la réunion. Il veut encore r
19 pensez de cette soirée »… Je le regarde. C’est un homme simple et solide, on peut lui parler en camarade. — Eh bien, si vous
20 pellent le Peuple !… je revoyais cette centaine d’ hommes dans la salle nue. Leur méfiance ou leur timidité, ou aussi leur fati
21 constatation : il est très difficile d’aimer des hommes qui ne nous sont rien, qui ne nous demandent rien, qui peut-être ne v
22 els bourgeois). Il est très difficile d’aimer ces hommes , et cependant ils sont la réalité vivante et présente du « peuple ».
23 pos de mon voisin au sortir de la conférence. Cet homme trouvait qu’il n’y avait rien à « discuter » dans les paroles de l’or
24 ligentes, ou nouvelles. C’est surtout parce qu’un homme instruit jouit d’une certaine considération sociale, sait se débrouil
25 ntérêts. Cela va de soi. Il est probable qu’aucun homme du peuple ne s’est jamais dit cela comme je le dis ici. Mais il me pa
26 ence une doctrine analogue. Il est normal que les hommes sans culture se trompent sur la nature et sur le rôle de la culture.
27 ôle de la culture. Mais il est inquiétant que les hommes cultivés, au lieu de s’efforcer, comme ils devraient, de combattre ac
28 re 1933 « Si l’on veut réellement conduire un homme à un but défini, il faut avant tout se préoccuper de le prendre là où
29 secret de tout secours… Pour aider réellement un homme , il faut que j’en sache davantage que lui, mais il faut avant tout qu
30 r orgueil, de sorte qu’au fond, au lieu d’aider l’ homme , je cherche à me faire admirer de lui. » Cette remarque de Kierkegaa
31 de me représenter l’existence quotidienne de cet homme aux prises avec la solitude la plus désespérante, celle que lui crée
32 le la politique est encore capable de pousser les hommes à des violences. L’héroïsme vrai aujourd’hui n’est plus spectaculaire
33 les consommateurs attablés autour de moi. Que les hommes sont laids ! Chacun d’eux me frappe par une difformité particulière,
34 que ceux du reste de la France. Peut-on aimer les hommes qu’on voit ? — Ou bien, au contraire, cette laideur disparaîtrait-ell
35 lier de l’intellectuel chômeur. Il semble que cet homme -là soit à peu près le seul qui ait à la fois le droit et les moyens d
36 -dire un intellectuel chômeur, je devine chez mon homme un certain scepticisme : « Chômeur ? Allons donc, cela s’appelait boh
37 Paradoxes. — Un intellectuel chômeur n’est pas un homme démoralisé par la privation de travail. Au contraire, il peut travail
38 ces extérieures sont capables de tuer en certains hommes jusqu’à l’activité de la pensée : mon état d’esprit, quand je suis da
39 vécu aujourd’hui par une trentaine de millions d’ hommes ne peut pas être vécu de la même façon par l’intellectuel. Il atteint
40 l le met sur un pied d’égalité paradoxal avec les hommes qui l’entourent. Il le dépouille des signes extérieurs de son état, d
41 ins disent que la Providence est un opium ; que l’ homme s’endort à imaginer un ordre du monde où sa place serait réservée, al
42 nnent aucun compte de moi : voilà la croyance des hommes forts, disent-ils. Savoir quelle angoisse d’infériorité se cache sous
43 ce (ou du destin). C’est cela seul qui dispense l’ homme de jouer la comédie de la force pour s’imposer aux autres, ou s’en im
44 te il m’apparaît que ce désert est habité par des hommes dont la présence m’est plus concrète qu’ailleurs. Ou par une analogie
45 qu’elle est une terre réelle, travaillée par des hommes réels, leur imposant des conditions de vie précises et qu’il s’agit d
46 es en parcelles minuscules. Sur ces parcelles des hommes et des femmes travaillent, le buste parallèle au sol. Ces deux observ
47 ridicule des parcelles tout autour du village : l’ homme qui travaille ces bouts de champ grands comme ma chambre doit passer
48 à son tour permettrait d’autres progrès. Un seul homme ici pourrait influencer leur mentalité, c’est l’instituteur. S’il leu
49 des usages de l’île. Dès la quarantaine déjà, les hommes et les femmes ont tous le corps plus ou moins déjeté. Cela provient é
50 ien ce qui m’arrêterait dès les premiers pas. Ces hommes n’ont pas ou n’ont plus coutume de se réunir, d’être ensemble pour ca
51 s villageoises. Tout cela s’est dissous quand les hommes sont partis pour la guerre, et rien ne s’est refait depuis. Quand on
52 qui est bien dans l’harmonie de cette lande où l’ homme et ses maisons mettent les seules verticales. Existence ramenée à ses
53 e à ses deux dimensions premières. Pour la vie, l’ homme debout et actif, il faut le pain. Pour la mort, l’homme qui se recouc
54 debout et actif, il faut le pain. Pour la mort, l’ homme qui se recouche, il faut la tombe. Il y a toujours quelque grandeur d
55 es simples, rudimentaires. Mais quand je vois ces hommes et ces femmes accrochés à cette terre pauvre qu’ils grattent lentemen
56 ination de l’instinct, au niveau le plus bas où l’ homme puisse vivre sans misère, sans ambitions, sans rêves, sans tristesse.
57 in que j’ai vu qu’ils avaient pris la chèvre. Des hommes mariés de 30 et 35 ans, voyez comme ils sont aujourd’hui ! Ils sont v
58 très impressionnant de se demander en face de ces hommes , à quelques mètres d’eux, quand ils travaillent sur leur parcelle, ce
59 tion. C’est par rapport à sa seule vocation qu’un homme peut arriver à savoir avec certitude de quoi et de combien il a besoi
60 s techniquement possible, c’est d’accorder à tout homme , quel qu’il soit, le « minimum vital » qui lui permette d’obéir à sa
61 ent vérifiables qui permettraient de répartir les hommes grosso modo, selon leurs vocations. Et le minimum qui leur serait acc
62 pour une heure, de leur vie. Oui, voilà bien les hommes avec lesquels je rêverais d’entreprendre une belle révolution, qui ra
63 vain a bien deux fois plus de peine à vivre qu’un homme normal, mettons qu’un fonctionnaire (c’était pour le flatter), et cel
64 haies, sans chemins creux et sans secrets, où les hommes vivent sans calcul ni prudence, dans la misère et dans la communion,
65 opprimées et naïves, conduites par des équipes d’ hommes durs, intellectuels bannis ou petits nobles déclassés ; le triomphe i
66 isine avec sa femme et ses deux enfants. C’est un homme de quarante ans, aux traits réguliers et sérieux, un peu lent de gest
67 ente d’on ne sait quoi. Condition véritable de l’ homme  : il est celui qui agit dans l’attente. Il attend des révélations. C’
68 rouve une brève angoisse : quel rapport entre cet homme à qui je parle, et le mot « homme » dans ce que j’écris ? Non seuleme
69 pport entre cet homme à qui je parle, et le mot «  homme  » dans ce que j’écris ? Non seulement ceux d’ici ne comprendraient ri
70 t-il avoir de parler de la « scission » entre cet homme et la culture ? N’y a-t-il pas là deux mondes qui n’ont jamais eu de
71 ntact, ni jamais de commune mesure ? Mais je suis homme aussi bien qu’eux. Et ce que j’écris m’intéresse tout entier, en tant
72 e que j’écris m’intéresse tout entier, en tant qu’ homme . Donc j’ai bien le droit de parler aussi de leurs problèmes. Mais enc
73 » dans mon livre, par une série de noms propres d’ hommes du peuple que j’ai connus, est-ce que mes raisonnements ne paraîtraie
74 ait en moi précisément, la présence physique d’un homme , confrontée avec les idées que j’avais en tête. Il y a probablement u
75 os allées ; et je n’y considère pas autrement les hommes que j’y vois que j’y ferais des arbres qui se rencontrent dans vos fo
76 par ce biais de ne le point regarder. La vue d’un homme de chair et d’os eût porté la déroute en son système. Mais nous, sero
77 Gundolf avec une sorte de passion jalouse pour l’ homme , avec ce même « intérêt personnel » que j’ai senti entrer en cause au
78 apparaît au seuil de l’ère moderne comme le seul homme qui ait su être utile avec grandeur, dans toutes ses pensées. Mais u
79 ous séduire : nous posons nos regards à hauteur d’ homme . Et nous voyons un monde neuf où la pensée avait perdu, depuis un siè
80 libre » fait d’elle-même, cette connaissance de l’ homme qui ne « connaît » pas en acte, qui se souvient seulement d’avoir con
81 Il serait temps d’envisager maintenant comment l’ homme peut être présent au monde et à soi-même conjointement. Problème du s
82 ace des grands individus. La définition même de l’ homme , ce qu’il a proprement d’humain, c’est cette tension entre les autres
83 ions vont se débattre et s’épuiser. Goethe sera l’ homme en relation avec le monde, la société, et la nature ; mais de cette r
84 vigueur et de tendresse réelle », notre réponse d’ homme à toute la création, longtemps trompée dans son « attente ardente » !
85 e originel. Et voilà pratiquement la réponse de l’ homme  : pillage, ruses, destruction, dévoration, le tout accompagné de sent
86 une certaine « sympathie » (souffrir avec) que l’ homme éprouve pour ses victimes : « Je regrette vraiment beaucoup, mais il
87 ffisante. Elle est plus juste, et plus digne de l’ homme que ces vertus de carnassiers que nous partageons, d’ailleurs maladro
88 uère plus satisfaisants que nos rapports avec les hommes . Mais attention : Si l’homme n’est que nature, il reste dans l’ordre
89 s rapports avec les hommes. Mais attention : Si l’ homme n’est que nature, il reste dans l’ordre naturel en tuant pour assurer
90 lui, comme le font tous les autres animaux. Si l’ homme n’est que nature, mon scrupule est contre nature. Et toute espèce de
91 bout du compte. C’est uniquement s’il y a dans l’ homme une vocation surnaturelle, la mission de restaurer l’harmonie primiti
92 m, et du bifteck. Il n’y a que ça de sérieux. » L’ homme est un animal raisonnable. C’est de plus en plus évident. 22 mai 1
93 Dieu » (Spinoza). « Tout l’univers s’adresse à l’ homme dans un langage ineffable qui se fait entendre dans l’intérieur de so
94 ains 8, 20-24). 24 mai 1934 On dirait que l’ homme n’est pas fait pour durer : la vie étale nous ennuie, c’est ce qui na
95 paru sans bruit il y a plus de dix-huit mois. Les hommes sont bons ! Du moins certains d’entre eux. Sur le moment, ce qui m’a
96 où il est écrit : caisse. Je frappe et entre. Un homme penché vers le guichet parle au gérant. Le gérant me fait un signe, e
97 oires de fils ingrat, de nièce coureuse, etc. Les hommes sont ennuyeux les uns pour les autres, dès qu’ils ont cessé de s’éton
98 ltipliées : peu d’aventures dans l’existence d’un homme qui cherche à se posséder, plutôt qu’à se fuir dans les hasards. C’es
99  » bourgeois pour simplifier, on croirait que les hommes ne peuvent plus arriver à se connaître, tels qu’ils sont, qu’à la fav
100 sont peut-être aussi les plus communs à tous les hommes , — comment le savoir, on n’en parle jamais. Le grain de la terre ; et
101 eu »… Qui sait si beaucoup n’aimeraient pas qu’un homme parle devant eux de ce qu’ils aiment ou voudraient aimer ? de cette v
102 e cette « lenteur des choses » dont la moitié des hommes tire tout ce qu’elle a de contentement ? Je songe à ceux qui voudraie
103 dre social. Un Werther d’aujourd’hui, ce serait l’ homme qui céderait au vertige du social démesuré, rompant avec son ordre in
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
104 frères verticaux. Le rationaliste idéal, c’est l’ homme couché ; tout au plus, l’homme assis. Celui qui se fait servir. Mais
105 ste idéal, c’est l’homme couché ; tout au plus, l’ homme assis. Celui qui se fait servir. Mais quoi, je suis injuste pour les
106 ataires. Il en est au moins deux qui furent des «  hommes debout », des hommes en marche. Nietzsche au-dessus de Gênes et sur l
107 moins deux qui furent des « hommes debout », des hommes en marche. Nietzsche au-dessus de Gênes et sur les bords des lacs de
108 e donc scientifique. Il ne part pas de ce que les hommes veulent être, ni de la conscience globale qu’ils ont de leur état (et
109 voire de « mystification ». Il part de ce que les hommes sont malgré eux, du point de vue abstrait et inhumain de la Statistiq
110 du meilleur statisticien, ou, au contraire, de l’ homme le plus humain ? Sera-t-elle fondée sur la réalité telle qu’elle est
111 réalité telle qu’elle est vécue et voulue par les hommes réels et concrets, ou bien sur la réalité telle qu’elle paraît chiffr
112 », l’État qu’ils veulent soumettrait le tout de l’ homme à la part de servitude matérielle que comporte sa condition. Sans mêm
113 il y a vraiment lieu de se plaindre de ce que les hommes modernes aient trop d’idées ? Se plaint-on qu’ils aient trop de sensa
114 ant, à maintenir le droit imprescriptible de tout homme à sécréter le plus d’idées possibles. Surtout si l’on se trouve être
115 . Je ne m’en tiendrai pas là. Je souhaite que les hommes aient tous des masses d’idées, et par-dessus le marché qu’elles soien
116 comprendre les « conditions psychologiques » de l’ homme moderne et leur problématique inépuisable et délicate. Car elles exig
117 es naissent simplement d’une volonté qui est en l’ homme de chercher en toutes choses le vrai. Si l’on décrète qu’il n’y a plu
118 sans prochain à cette heure où mes frères (?) les hommes sont plus éloignés que jamais ? « La nuit est faite pour dormir », me
119 dès qu’on veut le serrer de près.) La vérité de l’ homme est dans le dialogue. Dans son affirmation, dans ses questions ou ses
120 on, dans ses questions ou ses réponses à d’autres hommes bien réels. Le monologue n’est qu’une suppression artificielle des co
121 ciales ou spirituelles, qui sont celles de chaque homme existant. (Ne pas confondre dialogue avec perplexité complaisante ou
122 mple, ou n’y vont pas, elles qui savent. Pour les hommes , c’est tout autre chose. Ils sont éloquents et naïfs, revendicateurs
123 leurs sept francs par jour. Pendant ce temps, les hommes sont sur la place et protestent contre le gouvernement. Ce sont les r
124 s les conférences, prennent la parole au Cercle d’ hommes , citent des livres sur la politique… 12 novembre 1934 J’ai rele
125 ymbolique et précise. Ils n’éveillent plus chez l’ homme du peuple les mêmes espoirs, les mêmes dégoûts que chez nous. Leur ré
126 fin du fin, c’était de prendre au mot les pauvres hommes préalablement abêtis par l’école, par la presse, par les partis et pa
127 grand roman de la pissotière, croyez-vous que cet homme tout de même ne disait pas lui aussi « aidez-moi ! », à sa façon vulg
128 oir, dans une salle attenante au temple, pour les hommes de sa paroisse. « C’est le seul moyen de les avoir, me dit-il. Comme
129 parler moi-même, dans quelques jours, au cercle d’ hommes de Saint-J., j’ai besoin de prendre contact. 3 décembre 1934 S
130 tact. 3 décembre 1934 Soirée au « Cercle d’ hommes  ». — Ils étaient en effet une quarantaine hier soir. Je suis entré co
131 locales, provoquant chaque fois de gros rires. L’ homme du peuple — et je pense qu’il en va de même du bourgeois peu cultivé
132 vains français.) — Que de bonne volonté chez les hommes de ce Cercle ! Comme ils s’appliquent à comprendre, comme ils sont vi
133 s » dans la région. Auditoires variés : cercles d’ hommes , fraternités réunissant bourgeois et travailleurs, réunions amicales
134 t bien ainsi, me dis-je, on peut redouter que ces hommes ne sachent pas faire la distinction entre le marxisme et l’anarchie.
135 teur qui se présentera un jour ou l’autre comme l’ homme de gauche à poigne ? J’ai questionné à ce sujet quelqu’un qui connaît
136 un qui connaît bien son monde. La vie même de cet homme consiste, en effet, à connaître intimement le plus grand nombre de fa
137 prendre le mot dans le sens le plus actif : car l’ homme dont je parle n’est pas un enquêteur, simple curieux ou spectateur. C
138 e ? — Ça non. D’ailleurs, communistes ou pas, les hommes d’ici ne viennent guère au culte. Ce n’est pas l’envie qui manque, ma
139 sses sous les platanes, et le dimanche matin, les hommes y vont boire leur pastis. Si l’on va au culte, il faut défiler devant
140 ut défiler devant les terrasses, c’est gênant. Un homme me disait l’autre jour : Ah, monsieur le pasteur, si on pouvait entre
141 organise. Vous avez déjà parlé dans des cercles d’ hommes , vous voyez le genre. — Et les communistes y viennent ? — Bien sûr, l
142 croyance. Tout de même, on se dit souvent que ces hommes mériteraient mieux que ce qu’on leur donne, en fait de doctrine. En r
143 n’aurait plus de honte à la confesser devant les hommes  ; et s’il a honte, c’est qu’il ne craint pas Dieu, mais qu’il croit a
144 ? Tout simplement en témoignant, en annonçant aux hommes la vérité et le chemin. Point n’est besoin d’actions extraordinaires,
145 désordre sordide, les singularités curieuses des hommes et des choses, autant de manies et d’irritants témoignages de laisser
146 e forte entaille au doigt en travaillant. Ce gros homme , violacé d’ordinaire, en est tout pâle. Je vais discuter le coup avec
147 ’empêche que je me sens atteint dans ma dignité d’ homme et de travailleur. Je lui ai bien dit, dès le début, que mon travail
148 lus de communauté. Car s’il est vrai que tous les hommes sont frères de par leur commune origine, cela nous conduit tout au pl
149 tion du Prochain. 17 février 1935 Cercle d’ hommes . — Hier soir, le sujet de l’entretien était le problème de l’autorité
150 tir de la réunion, je surprends cette phrase d’un homme , dans la cour, tandis qu’il donne du feu à son copain : « Pour moi, c
151 faute. J’ai de nouveau parlé en intellectuel. En homme qui veut savoir pour quelles raisons il prend ou ne prend pas parti.
152 e alors les opprimait — est justement l’état de l’ homme vraiment homme, et le signe d’une accession à la condition générale !
153 rimait — est justement l’état de l’homme vraiment homme , et le signe d’une accession à la condition générale ! Avouer ses sup
154 e comprendre à d’autres, en un éclair, que chaque homme est irréductible, et que chaque homme a ses aveux à faire. Et l’on co
155 que chaque homme est irréductible, et que chaque homme a ses aveux à faire. Et l’on comprend ainsi, soudain, que l’on est un
156 Et l’on comprend ainsi, soudain, que l’on est un homme « comme les autres » par cela même que l’on s’éprouve absolument dist
157 it jamais partir de la réalité irrationnelle de l’ homme  : d’ailleurs elle ne le pourrait pas. Ma loi vaut tout juste pour moi
158 r compte de toutes les bizarreries auxquelles les hommes s’attachent comme à leur bien le plus précieux !) Au contraire, la po
159 s’est stabilisé. Au vrai, chacun peut voir que l’ homme d’aujourd’hui se déshumanise rapidement parce qu’il cesse de se croir
160 notre cas, l’État devient totalitaire. « Là où l’ homme veut être total, l’État ne sera jamais totalitaire. » Or l’État, c’es
161 out de plus en plus totalitaire. C’est donc que l’ homme se défend de moins en moins. Ses « superstitions » personnelles (son
162 contre les lois qui les limitaient normalement. L’ homme cessant de croire à sa loi — à ses superstitions incomparables — se m
163 es tyrannies impersonnelles. C’est l’instant où l’ homme dit : « Que voulez-vous que j’y fasse ? » ou encore : « Ils sont les
164 el est le « moment » de l’angoisse de ce temps. L’ homme sain dit : « Voilà ce que je ferai parce qu’il le faut. Et que voulez
165 s de littérature, philosophes, paysans, cercles d’ hommes , groupant des ouvriers et des bourgeois… J’ai parlé en plein air, dan
166 joie de voir son public, de s’entretenir avec ces hommes et ces femmes pour qui l’on écrivait sans le savoir. Découverte des d
167 peu, je découvre que le public, c’est une série d’ hommes et de femmes isolés, qui ont chacun leurs raisons très concrètes et s
168 évéler la vraie raison d’une communion entre deux hommes  : c’est toujours une raison unique, qui ne vaut qu’entre lui et moi,
169 nime un rêve, dans une chambre nocturne. C’est un homme qui rencontre un autre homme dans sa situation concrète et ses habits
170 e nocturne. C’est un homme qui rencontre un autre homme dans sa situation concrète et ses habits de tous les jours, sa maladr
171 a faiblesse, touche à son terme dans le cœur d’un homme . Je dois à ces rencontres d’avoir pressenti quelquefois — assez pour
172 out ce travail de mise au point, d’adaptation à l’ homme réel, m’a conduit à une conclusion dont j’attends avec impatience la
173 mune mesure de langage et de sensibilité avec des hommes de toutes les classes et de tous les métiers. Certes, ce n’est jamais
174 u’il s’agit de retrouver, c’est le contact avec l’ homme qui réfléchit et qui fait la critique des idées non point à l’aide de
175 mes plus des gens utiles. Nous ne sommes plus des hommes normaux chargés d’une vocation d’expression et de réflexion. Nous som
176 ion d’expression et de réflexion. Nous sommes des hommes spéciaux exploitant leur spécialité pour arriver à un succès sur le m
177 , sera donnée une conférence au profit des vieux, hommes et femmes, âgés de soixante ans au mois de juillet 193017. Tous ceux
178 er que le malheur seul peut encore rassembler les hommes en communautés pacifiques ? Vendredi saint (avril 1935) Pour v
179 ui ne peuvent être rapportées à la situation de l’ homme prenant la Cène sont en dernier recours vaines et illusoires. Nuit
180 lettres ; ouverture d’un chalet de nécessité pour hommes et dames sur la place principale. Si c’est cela l’antifascisme, les f
181 ponctuer ses raisonnements d’alcoolique. Entre un homme maigre, casquette et veste de toile bleue proprette, visage nerveux e
182 ’est jour de foire.) — Allons, tant mieux, fait l’ homme . Et si des fois on vous en demande de trop, vous n’avez qu’à donner l
183 bon, c’est toi qu’on va mettre à la mairie ? — L’ homme au visage maigre fait un geste réticent. Le vieux le tient par la man
184 s passer à tabaque, toute la bande ! — Oh ! dit l’ homme , si vous y arrivez, c’est bien votre droit ! — Notre droit ? Peuchère
185 un peu triste, ou peut-être gêné. Entre ces deux hommes , je n’hésite pas : je vote pour le communiste. C’est un Méridional du
186 e. C’est un Méridional du type sérieux, un de ces hommes qui pourraient sauver sa région de la totale décrépitude où l’ont lai
187 ales. Mais il y a bien d’autres aspects. Ces deux hommes sont du même niveau social, sans doute parents, de mœurs et de langag
188 té et du bon sens. Ils auraient avec eux tous les hommes — bourgeois ou intellectuels — qui détestent la politique et la combi
189 e confectionnée à l’usage des moujiks… Quel est l’ homme sain qui oserait affirmer que ce quotidien lamentable, hérissé de cli
190 communiste est une sinistre trahison des pauvres hommes . Beaucoup, je le sais, résistent à l’intoxication, mais cela prouve s
191 s cela prouve simplement, une fois de plus, que l’ homme du peuple ne comprend pas profondément ce qu’on lui donne à lire ou à
192 la bassesse et du mensonge en service commandé. L’ homme à la veste bleue, je le comprends et je l’aime dans son effort maladr
193 Parti, ou encore à une équipe de techniciens et d’ hommes de main d’imposer à ce peuple déprimé un cadre politique nouveau, qui
194 ment. Question de langage. Revenez voir ces mêmes hommes que j’ai dit, revenez deux fois, trois fois, vingt fois, prenez-les s
195 mble.) Conclusion : il appartient à des équipes d’ hommes nouveaux, jeunes et sortis de toutes les classes, d’exprimer ce que t
196 quels intérêts ? — Nous comptons sur l’effort des hommes les plus humains. C’est peu, dites-vous. Mais rien d’autre n’est vrai
197 mais contre ceux qui l’ont tentée. C’étaient des hommes qui ne supportaient pas la société capitaliste, disaient-ils ; mais d
198 raient-elles pas d’un usage plus normal là où les hommes sont séparés par de grandes distances désertes ? C’est un symbole. On
199 pour faire quelque chose en commun avec tous ces hommes , ou leurs fils… — Demain, il faut remettre en place les aquarelles, l
200 r l’île. 11. Je n’ai pas suivi le conseil de cet homme , et n’ai pas lu le livre. Je lui laisse donc la responsabilité du com
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
201 de tabac, légumes défraîchis. D’une allée sort un homme en espadrilles. Il porte un broc et va le remplir au bord de la chaus
202 ple, les « artistes » aujourd’hui, sont les seuls hommes qui se préoccupent de colorer leur vie. On n’en a pas assez tenu comp
203 s délices du peuple. Je regarde autour de moi ces hommes en casquette et leurs femmes. On peut penser : ce sont des ouvriers e
204 leurs classes. On peut aussi penser : ce sont des hommes pour qui le Christ est mort. Ils ont chacun en eux ce problème insond
205 près tous ; ce mystère que représente pour chaque homme sa propre vie, dès que la question de Dieu s’y pose. L’observation de
206 ki, Lagerlöf ou Ramuz — ont su prendre la vie des hommes « quelconques » sur le fait de l’invraisemblable, de la vérité mystér
207 Bienheureux Henri Suso : « Quand tu es parmi les hommes , oublie tout ce que tu vois ou entends, et tiens-toi seulement à ce q
208 ntérieur. » Je voyais la laideur et la beauté des hommes , mais je me souvenais de cette « révélation » : Tu aimeras ton procha
209 à côté de moi. J’abaisse mon journal : je vois un homme plutôt petit, à la tête pointue. Des yeux en lames de canif serrés co
210 urquoi pas ce bonheur-là ? Si c’est celui que ces hommes désirent et qui les satisfait ? Pourquoi pas cette vie aux allées dro
211  : il n’y aura plus de tension créatrice chez ces hommes grossièrement satisfaits. Qu’est-ce que cela fait s’ils sont enfin he
212 t parce qu’il existe que nous savons encore que l’ homme est né pour autre chose que ce bonheur18. Qu’il est né pour un Bonheu
213 t parle saint Paul. L’ennui sera la condition des hommes qui auront tout sauf la seule chose nécessaire. Craignons qu’ils ne p
214 3 dans les deux sens.   1933-1935 18. « Que l’ homme est né pour le bonheur, certes, toute la nature l’enseigne » (Gide).