1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Avertissement
1 est d’abord celui de se risquer. Je demandai à l’ homme qui se tenait à la porte de l’année : « Donne-moi une lumière afin qu
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
2 raisonnement que voici : Pour les réformateurs, l’ homme devant Dieu égale zéro. Pour les modernes, un protestant égale une pe
3 pose de répondre ici. Comment passer du zéro de l’ homme devant Dieu à la valeur infinie de la personnalité ? Comment passer d
4 issance même de l’hellénisme. L’individu, c’est l’ homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour son compte, et
5 t d’abord douter, et c’est bientôt se révolter. L’ homme qui raisonne, c’est l’homme qui cherche à échapper à la terreur origi
6 ientôt se révolter. L’homme qui raisonne, c’est l’ homme qui cherche à échapper à la terreur originelle, aux liens sacrés du g
7 individualiser. Dans la tribu primitive, certains hommes se singularisent : on les considère comme des criminels, car ils ont
8 et les artistes à concentrer leur attention sur l’ homme et son destin particulier. D’où le héros, d’où la statue, d’où le tra
9 est l’histoire de la décadence de Rome. Le type d’ homme que suppose l’état romain, c’est donc l’individu embrigadé, le foncti
10 ividu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’ homme qui n’existe que par son rôle social, par sa fonction dans la cité. C
11 « rôle » que joue le citoyen. Dans l’Empire, tout homme n’est pas une persona, il s’en faut. Les esclaves, par exemple, qui f
12 de tous les temps : l’incarnation de Dieu dans l’ homme fondant une société absolument nouvelle : l’Église. Qu’est-ce que l’É
13 ent et socialement, l’Église est une communauté d’ hommes qui sont à la fois libres et engagés. Libérés par Celui qui les engag
14 rés par leur foi dans le Christ, leur Maître. Ces hommes nouveaux apparaissent donc comme des paradoxes vivants, et cependant
15 seule et même réalité : la conversion. Tel est l’ homme neuf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’individu grec, pui
16 as non plus la persona du droit romain, puisque l’ homme qui reçoit une vocation possède une dignité indépendante de son rôle
17 philosophes chrétiens à désigner la réalité de l’ homme dans un monde christianisé. Car cet homme, lui aussi, se trouve être
18 té de l’homme dans un monde christianisé. Car cet homme , lui aussi, se trouve être à la fois autonome et en relation. Ainsi l
19 maîtres mots de notre conception occidentale de l’ homme  : l’individu et la personne. Et vous voyez que la distinction entre c
20 oins, dans les débuts, que la distinction entre l’ homme naturel et l’homme chrétien. Ces bases étant posées, faisons dans nos
21 ts, que la distinction entre l’homme naturel et l’ homme chrétien. Ces bases étant posées, faisons dans nos pensées un petit s
22 viation que succomba la société au Moyen Âge. « L’ homme médiéval, écrit Burckhardt, ne se connaissait plus que comme race, pe
23 était une communauté spirituelle de personnes, d’ hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituant une multitude de c
24 ce terme, Calvin n’ajoute rien à la réalité de l’ homme chrétien, du membre de l’Église, mais il apporte une précision capita
25 ienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaque homme dans Son plan. Notez bien que nous retrouvons ici le paradoxe essenti
26 iée à nouveau. Car le rôle que Dieu attribue à un homme distingue cet homme, l’isole, mais en même temps le remet en communic
27 e rôle que Dieu attribue à un homme distingue cet homme , l’isole, mais en même temps le remet en communication avec son proch
28 ne volonté particulière de Dieu. Et dès lors, cet homme n’a pas seulement le droit d’être respecté par l’État, il a surtout l
29 d », c’est-à-dire la France « mise au pas » par l’ homme qui dit : « l’État, c’est moi » ; la France synchronisée, centralisée
30 prendre et à soutenir les régimes fédéralistes. L’ homme ne vaut rien par lui-même, dit Calvin, mais il vaut plus que tout, pl
31 condition qu’il ménage à l’Église, et l’idée de l’ homme qu’il suppose. C’est en nous plaçant à ce double point de vue : condi
32 de vue : condition de l’Église et conception de l’ homme , que nous pourrons le mieux départager les deux groupes de régimes qu
33 nt le jeu de l’ennemi. Connaître la doctrine de l’ homme fasciste, c’est définir du même coup certains dangers qui menacent en
34 que représente en chacun de nous, la personne : l’ homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’homme au
35 qu’il doit engager tout en gardant sa liberté, l’ homme autonome mais aussi solidaire. Ceci nous amène au second point : quel
36 à l’autre pôle : celui de l’engagement social. L’ homme étant totalement engagé, corps et esprit, dans les rouages de l’État,
37 e d’oublier que la Réforme n’est pas faite pour l’ homme d’abord. À force de louer ses effets humains, nous risquons de trahir
38 es par une sorte de nationalisme huguenot, de ces hommes qui ne sont en fait que « sortis » du protestantisme… Certes, nous p
39 te à prendre au sérieux la doctrine réformée de l’ homme et de l’État. Ceci ne signifie pas que l’Église ait à proposer un pro
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
40 rume. Plus loin, la frontière, des tranchées, des hommes en train de tuer et en train de mourir… Et puis, flottant dans d’autr
41 ait-il y avoir entre ces choses ? Pendant que des hommes se feraient tuer, pendant que mes camarades monteraient la garde dans
42 ades monteraient la garde dans la neige, d’autres hommes seraient assis dans une salle bien chauffée, et je leur parlerais de
43 es ne diffèrent pas essentiellement de nous. Tout homme porte en soi les microbes de presque toutes les maladies imaginables.
44 pas suffisant de n’accuser que la méchanceté des hommes  : c’est l’esprit même de la culture moderne, et son défaut de sagesse
45 ble : il est d’une part d’économiser du travail d’ hommes par les machines, et donc de créer du loisir ; d’autre part, d’élever
46 s voir. Il est admis, dans notre société, que les hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, aux capit
47 hommes de la pensée n’ont rien à dire d’utile aux hommes d’action, aux capitaines de l’industrie ou de la guerre. Le divorce a
48 devient confus. Plus rien n’est à la mesure de l’ homme individuel. Quand nous regardons en arrière, nous nous disons : les i
49 ar une vue générale, par une notion générale de l’ homme et des buts de sa destinée, ils pouvaient créer une belle vie ! Mais
50 vie mauvaise, antihumaine. C’eût été le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une ch
51 le rôle des hommes de la pensée que d’avertir les hommes d’action. Ils avaient là une chance et un devoir vital. Or, ils ont p
52 ire. Dès que la pensée se sépare de l’action, les hommes se trouvent séparés les uns des autres. Chacun, dans sa spécialité, s
53 n tous pays. Au cours des siècles précédents, les hommes d’une même société s’entendaient sur le sens de certains mots fondame
54 et la radio atteignent chaque jour des millions d’ hommes , et c’est tout un domaine du langage que l’écrivain ne contrôle pas,
55 Leurs conseils, leurs appels ne portent plus. Les hommes échangent des paroles en plus grand nombre que jamais, et ne se disen
56 le se détruit, quand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme, et qui engage quelque chose de son être, c’est l’ami
57 uand elle n’est plus le don qu’un homme fait à un homme , et qui engage quelque chose de son être, c’est l’amitié humaine qui
58 bordent le cadre, c’est autant dire pour tous les hommes vraiment humains. C’était très bien d’essayer de répondre au grand ap
59 te, nous sommes atteints ! À la recherche de l’ homme réel J’aime employer les mots dans leur sens étymologique. L’étymo
60 de sans mesure, un monde démesuré par rapport à l’ homme seul et aux pouvoirs de son esprit. Et de là vient notre désordre mai
61 us rebâtir un monde qui soit vraiment à hauteur d’ homme  ? Un monde où la pensée, la culture et l’esprit, soient de nouveau ca
62 : politiciens ou intellectuels, tous ont oublié l’ homme dans leurs calculs, ou bien se sont trompés sur sa nature. Ils ont pe
63 me les plus sincères, aboutissent au malheur de l’ homme . Dans ce monde qui a perdu la mesure, le seul devoir des intellectuel
64  : leur seul pouvoir — c’est donc de rechercher l’ homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’homme ne trouve sa pleine réa
65 r l’homme perdu. Or l’histoire nous apprend que l’ homme ne trouve sa pleine réalité et sa mesure qu’au sein d’un groupe humai
66 trop vaste ni trop étroit. Il n’est pas bon que l’ homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule. Le mond
67 homme soit seul ; il n’est pas bon non plus que l’ homme soit foule. Le monde rationaliste et libéral supposait que l’humanité
68 ’humanité n’était qu’un assemblage d’individus, d’ hommes qui avaient surtout des droits légaux, et très peu de devoirs naturel
69 irs naturels. L’individu rationaliste, c’était un homme in abstracto, privé d’attaches avec le sol, la patrie et l’hérédité.
70 avec le sol, la patrie et l’hérédité. C’était un homme libéré des servitudes et des tabous de la tribu, mais en même temps p
71 rivé de relations concrètes. Or la communauté des hommes se fonde d’abord sur des relations charnelles et concrètes. C’est pou
72 us avons assisté depuis une trentaine d’années. L’ homme isolé, dans un monde trop vaste, ne se sent plus porté au sein d’un g
73 du et de la collectivité. Il s’agit de voir que l’ homme concret n’est pas le Robinson d’une île déserte, ni l’anonyme numéro
74 les. Rester soi-même au sein d’un groupe, être un homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’homme occidental. N’allon
75 homme libre et pourtant relié, c’est l’idéal de l’ homme occidental. N’allons pas dire que c’est une utopie ! Car ce problème
76 e l’Église primitive. Le chrétien primitif est un homme qui, du fait de sa conversion, se trouve chargé d’une vocation partic
77 l’introduit dans une communauté nouvelle. Voilà l’ homme que j’appelle une personne : il est à la fois libre et engagé, et il
78 t avant tout des maladies de la personne. Quand l’ homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses prochains, il
79 tion envers lui-même, il devient collectiviste. L’ homme complet et réel, c’est celui qui se sait à la fois libre d’être soi-m
80 tion qui le relie à ses prochains. C’est pour cet homme réel qu’il faut tout rebâtir. Cependant, nous avons montré que c’est
81 endant, nous avons montré que c’est justement cet homme -là qui a le plus de peine à subsister ou à se former dans le monde mo
82 former dans le monde moderne. Car supposez qu’un homme se sente une vocation et décide de la réaliser. Il se trouve en prése
83 e l’Histoire obéit à des lois contre lesquelles l’ homme ne peut rien. Conception très lugubre, mais commode, car elle justifi
84 certains coups décisifs : ce sont précisément les hommes de science qui, les premiers, cessent d’y croire. Ils ont reconnu, de
85 objectives, de lois absolument indépendantes de l’ homme , n’était qu’une illusion rationaliste. Qu’il me suffise de rappeler i
86 l’esprit démissionne. Toute action créatrice de l’ homme normal inflige un démenti aux lois et fait mentir les statistiques. A
87 publicité ne sont exactes que dans la mesure où l’ homme n’est qu’un mouton ; elles sont fausses et inexistantes dès qu’un hom
88 on ; elles sont fausses et inexistantes dès qu’un homme redevient conscient des vrais besoins de sa personne. Prenons le dom
89 ui croit pouvoir être impartial est simplement un homme qui refuse de s’avouer ses partis pris. Il oublie que toute descripti
90 nnelle. Il n’y a de loi, répétons-le, que là où l’ homme renonce à se manifester selon sa vocation particulière. Si j’insiste
91 . Car après tout, l’économie est une création des hommes , d’autres hommes peuvent la modifier, et l’important n’est pas de pro
92 l’économie est une création des hommes, d’autres hommes peuvent la modifier, et l’important n’est pas de produire au maximum
93 l’épuisement général. Cela ne se fera que si des hommes solides, informés par une expérience séculaire, entreprennent, dès ma
94 ent, d’études précises, de calculs réalistes. Ces hommes ne peuvent guère exister et travailler que dans les pays neutres. Et
95 qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d’ hommes qui comprennent enfin que l’heure est venue, pour nous autres Suisses
96 s sur une erreur profonde quant aux pouvoirs de l’ homme et à ses fins terrestres. En appelant et préparant de toutes nos forc
97 mbat spirituel est aussi brutal que la bataille d’ hommes , mais la vision de la justice est le plaisir de Dieu seul. » 13. C
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
98 ys où tant de choses vont de soi. Il nous faut un homme comme Ramuz pour nous tirer de l’optimisme épais où s’endorment les j
99 t le plus fécond non seulement pour l’esprit et l’ homme en général, mais pour ce pays-ci, tel que l’ont fait sa nature et sep
100 le jour où il existera, l’on pourra dire que nos hommes politiques, si réellement représentatifs, dans ce pays, de l’opinion
101 s les degrés, mais fondée sur une conception de l’ homme incroyablement étriquée, devient une espèce d’asepsie qui tue les ger
102 es colonnes motorisées, mais des conceptions de l’ homme , de l’État, et des religions, des partis pris spirituels bien plus pu
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. La Suisse que nous devons défendre
103 s doivent suffire, et suffiront, pour arrêter les hommes , les chars d’assaut et les armées d’envahissement. Certes, nous somme
104 me suis perdu dans cette effrayante antithèse : l’ homme opposé à la nature ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’h
105  ; la nature dans son attitude la plus superbe, l’ homme dans sa posture la plus misérable… Eh bien, n’y a-t-il pas un ensei
106 sion de Hugo, « la posture la plus misérable de l’ homme  ». Et je suis loin de penser que nous sommes des crétins ! Je dis seu
107 nt l’altière beauté menace sans cesse d’écraser l’ homme . Il ne suffit pas de se complaire dans cette merveilleuse nature : ra
108 tend évidemment : pour obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes . Ceux qui ne savent pas que le but de toutes nos libertés est uniquem
109 orte contre nature, car l’instinct normal de tout homme le pousse toujours à prendre parti ; et qu’enfin nous devons la justi
110 l’utopie. Eh bien, j’estime qu’un chrétien est l’ homme qui doit savoir mieux que tout autre qu’une vocation est autre chose
111 r, j’opposerai cette déclaration prophétique d’un homme dont la pensée me paraît plus actuelle que jamais, Alexandre Vinet. «
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
112 l nous rend humains et nous maintient à hauteur d’ homme . (Pas question de monter jusqu’à l’ange ; nous avons bien assez à fai
113 meux », ceux parmi nous qui se souviennent d’être hommes , créatures de l’esprit autant que de la terre, chargés d’une vocation
114 erre, mais au niveau de notre action, à hauteur d’ homme . 3. Promouvoir une fédération, ce n’est pas créer un nouvel ordre sys
115 qu’une traduction automatique de la faiblesse des hommes  — fait aujourd’hui de la pratique traditionnelle du fédéralisme helvé
116 ur le fédéraliste. Je définis la personne comme l’ homme à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire, à la fois
117 me ne sont que des déviations morbides. « Quand l’ homme oublie qu’il est responsable de sa vocation devant la communauté, il
118 ystèmes gigantesques et abstraits, sur lesquels l’ homme n’a plus de prises, et qui n’ont plus d’autre moteur que l’inhumaine
119 ’est le charisme de la Suisse que de produire des hommes dont la fonction est avant tout de connaître l’Europe : juges et négo
120 ge, etc., etc. Le « Suisse international » est un homme qui peut et doit connaître l’Europe, par tradition, par goût et par n
7 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
121 t de dire, mais perpétuelle. Se figure-t-on que l’ homme a le droit et le pouvoir de décréter « l’éternité » d’une décision hu
122 our 25 ans » que faisait naguère à ses voisins un homme dont Anastasie m’a fait oublier le nom.) De même pour la neutralité «