1 1946, Journal des deux mondes. Journal d’attente
1 crire que des fragments. Le « journaliste » est l’ homme sans lendemain. 5 avril 1939 Ce chef d’État offre, dit-on, d’év
2 différentes, mais non pas l’acheté et le vendu. L’ homme qui agit (achète ou vend) est défini par son action, revêt un rôle, d
3 revêt un rôle, devient une persona ; tandis que l’ homme qui subit un acte (qu’il soit acheté ou vendu) se voit assimilé par l
4 tige ». Curieuse dramatisation ! À mesure que les hommes perdent leur personnalité, c’est la matière qui s’en voit revêtue.
5 i, l’émigré, l’excité, le belliciste, et pire : l’ homme dépourvu de tact, que disait-il ? La France aime tant la paix qu’elle
6 ur le soulagement général — ce qui ferait taxer l’ homme de la rue de cynisme ou de lâcheté. Faut-il penser qu’ils sont plus c
7 e toute réalité, à toute époque de l’histoire des hommes , est apparue comme une réalité sans précédent, à ceux du moins qui os
8 seule différence. Et voilà notre chance aussi. L’ homme n’est pas fait pour vivre en état de guerre, au sens moderne de l’exp
9 e de Kant qui croyait voler mieux dans le vide… L’ homme n’est pas fait pour vivre sans menaces, sans résistances, sans vigila
10 s grand de la cité, mais les raisons de vivre des hommes qui l’habitent. Ce n’est pas la somme de leurs soucis et de leurs pla
2 1946, Journal des deux mondes. Puisque je suis un militaire…
11 rien ne dépend de nous. C’est notre liberté. Les hommes sont à la soupe. Nous dînerons dans une heure au café du village. Une
12 hargneuse et fouaillée de jurons, précipitant des hommes mal réveillés vers des attentes inexplicables sous la pluie. Mangeail
13 perdus, récupérés à la volée, c’est tout ce que l’ homme dans le rang peut constater, si toutefois la fatigue lui laisse la fa
14 e heures du matin, après l’alarme. La plupart des hommes le ressentent ; presque aucun n’oserait l’avouer. On croit que la poé
15 Couché dans l’herbe grasse, écrasé par son sac, l’ homme observe l’avant-terrain par-dessous la visière d’acier régulièrement
16 . Le vent siffle à travers les trous du casque. L’ homme tire la toile de tente qui couvre ses épaules et cherche à la caler s
17 de deux sapins pleureurs, et je constate que mes hommes ont cessé de creuser leur trou de mitrailleuse : ils préfèrent s’enfu
18 icle sur mes joues glacées et sur mon casque. Les hommes me regardent sans bouger, ne rient même pas. J’entends cette phrase g
19 it notre vie ? Il faudrait essayer de répondre. L’ homme n’est pas né pour faire n’importe quoi, sans rien comprendre. À quelq
20 ici commencent les tranchées de la guerre, et des hommes meurent. Pourquoi cette guerre, pourquoi ces morts ? D’abord, et tech
21 compte de vos heures et vous découvrirez que tout homme rêve une bonne part de sa vie. Mais il arrive aussi que certains rêve
22 risent notre opinion. Début de mars 1940 L’ homme au poignard enguirlandé. — Découvert un autre antidote : l’exposition
23 fièvre et de sa nouvelle aventure. Pourquoi les hommes les plus vivants de cette époque où la vie s’exaspère ont-ils fait à
24  ? Mais non, le romantisme est littéraire, et ces hommes ont le regard net, accoutumé à taxer le réel avec une dure exactitude
25 orte qui figure à leurs yeux le train normal de l’ homme . Leur œuvre illustre la vision de l’Ecclésiaste, ce grand maître du v
26 riture : un imaginatif, mais sans excitation ; un homme qui prend les choses telles qu’elles sont, ni vulgaires ni belles en
27 l faut pour faire du grand art, pour composer des hommes et des paysages dans une architecture théologique, c’est à peu près c
28 et des bateaux, toute une nature à la mesure de l’ homme , portant les marques de l’usage, et dominée par quelques Alpes qui so
29 s d’Alpe. Ce qu’il peint, lui, c’est la terre des hommes , vue par les yeux de qui l’habite et l’utilise, et non point des « pa
30  romantique » ou « aventurier » ou mieux encore «  homme de la Renaissance ». Rappelons alors que ce guerrier fut bon époux, e
31 isage aigu de malade, peint avec la véracité d’un homme qui sait exactement ce que vaut une vie d’homme devant Dieu. 9 mar
32 n homme qui sait exactement ce que vaut une vie d’ homme devant Dieu. 9 mars 1940 Il nous est né hier une fille que nous
33 ons ! » murmurait en passant devant le 5e étage l’ homme qui était tombé du 10e). De nouveau, cette attente épuisante… Je m’am
3 1946, Journal des deux mondes. Anecdotes et aphorismes
34 vis-à-vis de mon peuple ! Je ne suis qu’un petit homme du commun ! si je perds mon prestige, je perds tout ! Vous, monsieur
35 près de la frontière Rappelé à la troupe. Les hommes gonflés à bloc crient : « À Stuttgart ! » La Hollande écrasée. Je tra
36 n conquérant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au
37 sais qu’il peut y apparaître dans un instant des hommes qui me tireront dessus. Je n’ai même plus mon pistolet, que je déposa
4 1946, Journal des deux mondes. La route de Lisbonne
38 un spirituel Anglais de mes amis. Pour combien d’ hommes le billet du Clipper ou d’un petit paquebot américain n’est-il pas le
39 eut mourir. J’ai vu la France toute pareille à un homme qui vient de tomber sur la tête. Il se relève, se tâte, et ne sait pa
40 aradoxe du siècle où tout est fait pour réduire l’ homme à l’anonyme, pour le priver du sentiment de sa vocation, de sa différ
5 1946, Journal des deux mondes. Premiers contacts avec le Nouveau Monde
41 omme elles sont belles dans ce pays ! » Quant aux hommes , nègres exceptés, je leur trouve des visages plutôt informes, mal fin
42 Peu ou point de chemins marqués, nulle trace de l’ homme dès qu’on s’éloigne des grandes pistes cimentées. On m’avait mis en g
43 ble que ce continent, mystérieusement, refuse à l’ homme son intimité. Rien d’étonnant si l’idéal du paysan américain est de s
44 clamée par une milliardaire au dessert : « Si cet homme -là (c’est Franklin-D. Roosevelt que les républicains désignent de la
45 e les républicains désignent de la sorte), si cet homme -là est réélu, je n’ai plus qu’à remplir ma cave de conserves, car je
46 un découpage de ciel mat, tout est fait de main d’ homme sur table rase, imbriqué, condensé, superposé, pour un usage massif,
47 à la foule de Times Square. Je n’avais vu tant d’ hommes ensemble qu’en Allemagne, lors des grands discours du Führer. Nous ét
48 nversations des voisins dans un bar, coudoyer des hommes déformés ou épais, des femmes malades ou trop vernies, — Times Square
49 r la sensation directe du monde tel que le crée l’ homme privé de l’Esprit, l’une des entrées de la Voie Négative et du Désert
50 st retiré. Ce n’étaient pas « les péchés » de ces hommes et de ces femmes, ni les miens, dont nul ne peut juger et qui peut-êt
51 . Vous dites et il dit ce qu’il y avait à dire. L’ homme à lunettes est sûr que tout ira bien, votre plan lui paraît « fascina
52 acte le plus sérieux du monde, le plus digne de l’ homme , le plus adulte ! 16 janvier 1941 « Highbrow ». — Les critique
53 erez dans la Cinquième Avenue, et vous verrez des hommes en bottes. Ce n’est pas le temps de bâtir. C’est le mauvais temps du
54 ’est toujours par une crise, par une chute, que l’ homme se voit jeté dans la réalité de l’existence, c’est-à-dire dans le tem
6 1946, Journal des deux mondes. Voyage en Argentine
55 aura sa revanche, comme la Femme sur le monde des hommes . ⁂ Suramérique. — Ce terme pourrait désigner le continent américain
56 Unis, la terre soit vierge, et qu’elle impose à l’ homme tous les vertiges de l’imagination sur table rase. Et le mélange des
57 nge, plus jeune et plus ancienne qu’aucune autre. Homme infime, ivre d’existence pure et seule, tombé du ciel comme un aéroli
58 u ? Tu as compris simplement que l’existence de l’ homme qui peut se lever, qui peut marcher, est un miracle. Tu te lèves et t
7 1946, Journal des deux mondes. Solitudes et amitiés
59 Si le détail est laid, voyez l’ensemble. Pour un homme qui est seul, Manhattan est sublime. Il n’y a qu’à s’oublier dans l’é
60 t-on me servir encore ? Au fond de la salle, deux hommes et une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ayant rem
61 t une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ayant remarqué, je l’entends dire : « Voilà le diable ! » Ils se re
62 des hautes études 11. Cela ne fait pas vivre son homme plus d’un mois, mais cela fait vivre un peu de culture française.
63 surcroît. Où trouver un pays qui ne harcèle pas l’ homme , et qui lui laisse le loisir d’être humain, au lieu de le forcer sans
64 connaît d’autres désastres que ceux qu’organise l’ homme lui-même : la guerre et la révolution. Seul pays dont tous les manuel
65 ture dont ils jouissent est le climat normal de l’ homme . Ils ont raison, s’ils n’oublient pas toutefois que ce climat « norma
66 d’une mission universelle. Pendant des siècles, l’ homme a pu y consacrer son ingéniosité à faire des arts, des armes et des l
67 ensemble du genre humain, des normes idéales de l’ homme , le luxe même. La France, disposant des énergies que libère une natur
68 sant des énergies que libère une nature amie de l’ homme , se trouve placée par cette nature même au rang de grande puissance d
69 vail lui-même est jeu. Tous les prétextes que les hommes se donnent pour en sortir, un jour ou l’autre, me paraissent hypocrit
8 1946, Journal des deux mondes. L’Amérique en guerre
70 inges établirent la célébrité, ce qui distingue l’ homme du singe, ce n’est pas l’intelligence mais la mémoire. Faute de mémoi
71 a Fondation Rockefeller : c’est l’un des quelques hommes qui savent tout ce qu’on invente et tout ce qu’on est en train de rec
72 des chiens aux singes — se rapprochant ainsi de l’ homme , ce qui n’est pas sans inquiéter, surtout en Russie soviétique. On pr
73 mesure et production. — Une armée de 9 millions d’ hommes a été formée en moins de deux ans. Soixante millions d’hommes et de f
74 formée en moins de deux ans. Soixante millions d’ hommes et de femmes — près de la moitié de la population — participent à l’e
75 ion. À partir d’un certain moment, la gloire d’un homme confère de l’importance à la moindre opinion qu’il exprime — par posi
76 e qu’embrasse mon regard, tout est fait de main d’ homme sauf les mouettes. Qu’on ne me parle plus des lois économiques et de
77 réalités d’un monde tout artificiel que nous, les hommes , avons bâti selon nos caprices, nos passions et nos raisons folles. S
9 1946, Journal des deux mondes. Virginie
78 ors. Dans un fumoir, à droite, en contrebas, deux hommes en veste de chasse et deux jeunes femmes très blondes boivent des whi
79 us sans ralentir. Une femme en jaune, suivie d’un homme . Comme ils s’approchent, on voit qu’elle tient la bride d’une main, e
80 ssent, remontent… Paraît dans la porte du fond un homme en veste de chasse qui tient des verres de whisky à la main. Deux fem
81 sseoir un peu à l’écart de notre groupe. Un autre homme apporte un plateau. On le renvoie chercher des verres et des bouteill
82 nt. Nous aurons peu pensé, pendant la guerre. Les hommes politiques de ce temps ne sont pas plus hardis que leurs prédécesseur
83 uand elle est au contraire l’état dans lequel les hommes éprouvent le plus grand mal à pousser leurs efforts au maximum. La gu
84 ange et qui l’intimidait : le regard sérieux de l’ homme et de la femme du peuple, ce jugement précis et humain, bien plus ins
85 n peut bien dire que Ford, par exemple, qui est l’ homme le plus riche d’Amérique, est loin d’être le plus puissant puisque to
10 1946, Journal des deux mondes. Le choc de la paix
86 de. Politicien rusé autant qu’honnête, gros petit homme à la face de clown, Fiorello, la Fleurette ou le Chapeau, comme le pe
87 es se préparent à parler du message de Noël aux «  hommes de bonne volonté », répétant sans scrupules avec M. Romains une grave
88 sur la terre, bonne volonté (de Dieu) envers les hommes  ». Est-il besoin de la bombe, et des grèves, et de la famine européen
89 me de l’Europe, pour que nous comprenions que les hommes ont fort peu de bonne volonté ? La plupart sont involontaires. Ils ne
11 1946, Journal des deux mondes. Journal d’un retour
90 pidité des transports, par exemple. Combien peu d’ hommes d’aujourd’hui vivent leur temps et se trouvent pratiquement en mesure
91 évrier 1946 Vers le milieu du xxe siècle, les hommes firent en sorte de réduire à peu de chose les avantages que la machin
92 eux que l’Europe, si j’y reviendrai jamais ! Et l’ homme est né pour circuler, non pour s’enraciner comme une victime des dieu
93 sa pleine mesure, toute la Terre promise à tout l’ homme  ! Début d’avril 1946 La Guardia Field dans une matinée bleue, c
94 ons aux appareils plus délicats que les sens de l’ homme . Cette belle crise radio-poétique s’étant heureusement dénouée dans l
12 1946, Journal des deux mondes. Le mauvais temps qui vient
95 turiers, mais je voudrais pouvoir compter sur des hommes prêts à maîtriser l’aventure désormais probable, face à la démesure u
96 de lui comme un défi manifestant la vocation de l’ homme  : le fond de la réalité n’est pas l’ordre mais le chaos. Voilà qui ét
97 ise les Européens, la police politique traque les hommes libres sans que personne ose dire pour quoi ni protester, et ce n’est
98 ’il y en a, seront maintenues ou reposées par les hommes qui auront su, pour leur compte, s’équilibrer dans le chaos, aussi lo