1 1947, Doctrine fabuleuse. Premier dialogue sur la carte postale. La pluie et le beau temps
1 a surface des choses pour renaître au centre de l’ homme . Et désormais, de tous les événements qui paraissent autour de nous,
2 1947, Doctrine fabuleuse. Deuxième dialogue sur la carte postale. La beauté physique
2 soit réduite à se faire aimer par son cygne. Quel homme voudrait d’une femme pareille ? Un mari. Vous lui avez répondu ?… L
3 ister de chaque être, et non sa classification, l’ homme de chair et non pas son concept. Le peintre. Pardonnez-moi, je ne co
4 en dire et se comporte en moraliste, non point en homme de sens. Au contraire, celui qui la considère dans son existence prop
5 de « mesure réelle » ? Le mari. Il y a ainsi des hommes qui croient n’avoir aucune éthique, aucune philosophie, aucune religi
6 sujet d’une part et un objet de l’autre, entre un homme et une femme, par exemple. Si le sujet n’a dans l’esprit qu’une carte
7 eux encore, quelle différence voyez-vous entre un homme qui n’a pas de carte postale dans l’esprit, et n’en a jamais eu, et u
8 postale dans l’esprit, et n’en a jamais eu, et un homme qui n’a plus de carte postale dans l’esprit parce qu’il l’a complètem
9 ? Le mari. Je vous réponds sans hésiter. Le seul homme qui n’a pas une carte postale au fond de sa vision, c’est celui qui,
10 qu’ils ne savent pas de quoi vous leur parlez. L’ homme du bourg est ainsi fait : tout ce qu’il ne comprend pas lui paraît at
11 éressant : le vôtre. Le cas peut-être unique de l’ homme qui soutient vos théories sur la relativité de la beauté physique, et
12 absolument d’une autre essence que la beauté de l’ homme seul et de la femme seule, elle les anéantit et les remplace une fois
3 1947, Doctrine fabuleuse. Troisième dialogue sur la carte postale. L’homme sans ressemblance
13 Troisième dialogue sur la carte postale L’ homme sans ressemblance L’agent publicitaire. Vous connaissez, Monsieur
14 nos grands magazines : The Man of Distinction, l’ homme distingué. Je suis venu solliciter l’honneur de vous photographier po
15 ous, je vous prie, et causons. Qu’appelez-vous un homme distingué ? L’agent. Voici la liste de ceux qui ont bien voulu poser
16 imple. On incite le lecteur à penser : si Mr. X., homme distingué, boit ce whiskey, je deviendrai distingué en le buvant auss
17 deviendrai distingué en le buvant aussi. Copiez l’ homme distingué et vous vous distinguerez… Eh bien, cette petite phrase com
18 n faire bénéficier bon gré mal gré. X. Ainsi vos hommes de distinction seront devenus des hommes de la vulgarité, des cartes
19 insi vos hommes de distinction seront devenus des hommes de la vulgarité, des cartes postales en couleurs montrant les modèles
20 la ne l’empêchait pas de rester l’empereur, et un homme parfaitement distingué. X. On affirme, en effet, qu’il était fort po
21 st la seule qualité que je connaisse qui rende un homme à la fois distingué et conforme au modèle admis. Encore ne suis-je pa
22 but de l’héroïsme… À propos, dans votre galerie d’ hommes distingués, avez-vous aussi des héros ? L’agent. Nous sommes fiers d
23 plutôt vers les sportifs, les stars et les grands hommes d’affaires. X. En un mot, ceux qu’on peut imiter. Pendant la guerre,
24 tait encore une contradiction. Car le héros est l’ homme du grand courage, mais le plus grand courage cesse aussitôt de l’être
25 puisqu’il se produit justement à l’instant où un homme se voit privé de toute assurance exemplaire, jeté dans un destin sans
26 l aurait lui-même produite. S’il existe, il est l’ homme qui ne ressemble à rien, par conséquent l’homme invisible en tant que
27 l’homme qui ne ressemble à rien, par conséquent l’ homme invisible en tant que personne, inaperçu en tant qu’individu, ou peut
28 . Attaque trop simple, et je garde le point. Tout homme connu vous fera remarquer qu’il se sent méconnu dans son dessein prof
29 lui que vous irez voir parce qu’on le proclame un homme en vue, et ce héros que personne ne peut voir pour les raisons que je
30 aquelle on peut lire ces mots : Le Solitaire. Cet homme -là ne croyait pas au bonheur, mais au salut. Il ne croyait pas à la m
31 élanger toutes choses impunément. Voyez-vous, cet homme Kierkegaard, c’était le type même de l’inadapté, du rebut social, de
4 1947, Doctrine fabuleuse. Quatrième dialogue sur la carte postale. Ars prophetica, ou. D’un langage qui ne veut pas être clair
32 n du droit ne se pose plus. C’est l’attitude de l’ homme qui a vu quelque chose, ou simplement qui a cru voir, et qui voudrait
33 ouver sa vision et la faire pressentir à d’autres hommes . Une vision ne se transmet pas, c’est le contraire d’une carte postal
34 sous un angle de vision quelconque. Je dis que l’ homme qui a vu quelque chose doit parler la langue des prophètes et compose
35 sser le risque d’être obscur. Passe encore pour l’ homme de Patmos, qui avait vu la fin de notre Histoire : l’ampleur de sa vi
36 vient avec le premier doute… Petites visions des hommes de peu de foi, visions de la fin de nos courtes passions : la possess
5 1947, Doctrine fabuleuse. Miroirs, ou Comment on perd Eurydice et soi-même
37 vague d’une consolation2 gratuite. Il y a dans l’ homme moderne un besoin de vérifier qui n’est plus légitime dès l’instant o
6 1947, Doctrine fabuleuse. L’ombre perdue
38 ste une anxiété plus sérieusement troublante. « L’ homme sans ombre » rôdait depuis longtemps dans les régions obscures de la
39 misso, lui, s’en étonnera. Tel est le calcul de l’ homme sans ombre. Surprendre ce Français, c’est passer au soleil : c’est do
40 roduisit dans la conscience moderne le mythe de l’ homme qui a perdu son ombre, sous les traits pathétiques et naïfs du célèbr
41 ortune. Il croit surtout qu’elle seule assure à l’ homme une dignité. C’est un bourgeois, de la plus dangereuse espèce : le bo
42 ence ?) Schlemihl est donc le type classique de l’ homme qui perd le contact social. L’or même ne suffit pas à rétablir tous l
43 s, il n’a pas d’ombre ! » Que reste-t-il à un tel homme  ? Le suicide ? Rien n’est plus loin de sa pensée. Sa vision du monde
44 iffèrent-ils essentiellement des états d’âme d’un homme sain ? Ne sont-ils pas plutôt de simples fixations d’état qui, normal
45 sains après l’amour ? Durant quelques moments, l’ homme éprouve une sensation de vide, de légèreté et en même temps de lourde
46 folie de la persécution.) Il arrive aussi que cet homme se sente trop lucide, perçant toutes choses à jour, et lui-même, d’où
47 nt : « On ne peut comparer la Liquor Vitae dans l’ homme à autre chose qu’à une ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de
48 e ombre sur la paroi, laquelle (ombre) vient de l’ homme et se forme d’après lui : telle est aussi la Liquor, qui est microcos
49 de plus noble dans le corps tout entier et dans l’ homme  ». Je la rapproche alors de ce Selbst ou Soi-même dont parle Chamisso
50 e serait-ce point pour la raison qu’en beaucoup d’ hommes la créativité paraît avoir son siège dans le seul sexe, que la pudeur
51 e là ? Ne serait-ce point pour cette raison que l’ homme cherche à le dissimuler comme quelque chose de sacré, et que les fds
52 vre en marchant vers lui à reculons ? Mais chez l’ homme qui parvient à la conscience de sa mission spirituelle, le centre de
53 ret « sacré » étant le lien de la créativité de l’ homme , celui qui a perdu son ombre se promène parmi les hommes avec l’angoi
54 celui qui a perdu son ombre se promène parmi les hommes avec l’angoisse de voir révélée au grand jour non son secret, mais ju
55 ement ou de quelque autre sorte, il n’est plus un homme créateur. À l’inverse, la chasteté (corporelle et spirituelle) rénove
56 chasteté (corporelle et spirituelle) rénove en l’ homme son élan vers le monde. Elle le porte au-devant de tout, comme un peu
57 sa peau » partagent les richesses du désir. Et l’ homme a retrouvé son ombre. Suite et fin de la fable Peter Schlemihl
58 llemand que d’avoir su élever les faiblesses de l’ homme , et quelques-unes de ses plus folles illusions, à la hauteur du mythe
59 s l’ombre de Chamisso ? Une ombre qui a perdu son homme , cette fois, mais non pas ses charmes profonds. C’est le siècle prése
60 Chamisso « laisse deviner sa destinée tragique d’ homme incomplet et sans patrie ». Voici quelques souvenirs curieux sur le g
61 me, dirions-nous aujourd’hui. Le qualificatif « d’ homme ayant perdu son ombre » fut trouvé par M. de Rubulles qui, le voyant
7 1947, Doctrine fabuleuse. Angérone
62 proche de son terme. Quand le désir s’empare d’un homme , il arrive qu’il le rende muet. Il arrive même que le désir se manife
63 te tout d’abord par ce mutisme. À tel point que l’ homme ne retrouvera l’usage de la parole qu’avec le « terme » où l’esprit s
64 bauché vulgaire gémit d’avoir perdu la volupté. L’ homme du désir : il ne peut aimer qu’indéfiniment. Il n’aime que cela : reg
8 1947, Doctrine fabuleuse. Don Juan
65 cte de Mozart. Non, ce n’est pas l’animal, mais l’ homme , et non d’avant, mais d’après la morale. Point de Don Juan ni chez le
66 te inconstance forcenée ? Alors Don Juan serait l’ homme de la première rencontre, de la plus excitante victoire ? « La nouvea
67 crit le vieux Casanova. Mais déjà ce n’est plus l’ homme du plaisir qui parle ainsi. La volupté du vrai sensuel commence au-de
68 olies femmes peuvent exercer sur presque tous les hommes , n’évoque pas une idée de santé. Mais dans cette furie insolente, dan
69 ituels ? Don Juan serait par exemple le type de l’ homme qui n’atteint pas au plan de la personne où pourrait se manifester ce
70 tendez : s’il possède vraiment. Don Juan serait l’ homme qui ne peut pas aimer, parce qu’aimer c’est d’abord choisir, et pour
71 ’esprit : il n’y a plus de vérité qui tienne. Les hommes se rendent ou tombent dans le doute à la première séduction d’une hyp
72 choses à une amie : « J’ai connu, me dit-elle, un homme marié avec lequel ayant été coquette en vain, il me dit en me quittan
9 1947, Doctrine fabuleuse. La gloire
73 éprouve alors le besoin de se faire confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui l’entourent ne songerait pas
74 confirmer. Un homme en communion active avec les hommes qui l’entourent ne songerait pas à rechercher la gloire. Car la gloir
75 est ce que donne la foule qui fait la gloire d’un homme .) La gloire antique était virile, comme le don. Alexandre exemplaire,
76 reste sous l’empire de la comparaison. Beaucoup d’ hommes n’imaginent pas qu’on puisse avouer sa vanité, ou bien ils croient qu
77 rgueil, ils croient que c’est par vanité… Je suis homme  : donc vaniteux, naïf, retors, orgueilleux, etc. Quel avantage à fein
10 1947, Doctrine fabuleuse. Le nœud gordien renoué
78 ent. — Un faible enfant pourrait le dénouer ! — L’ homme le plus fort ne pourrait pas le dénouer, et il faudrait alors l’épée
11 1947, Doctrine fabuleuse. Le supplice de Tantale
79 e logique de la matière est abolie pour peu que l’ homme se manifeste. Serait-ce un pur lieu de l’esprit ? Oui, car à l’instan
80 elles de l’esprit ; et des dieux irrités contre l’ homme , c’est-à-dire d’un esprit coupable. Regardons bien ce paysage imagina
81 corps, une eau, une branche et un rocher. C’est l’ homme coupable, environné des emblèmes de sa peur et de sa convoitise, embl
82 t ici à des événements intérieurs. Tout tient à l’ homme et tout illustre une des structures fondamentales de son être. Tantal
83 té sont ici comme des signes de la Grâce, dont un homme chercherait à s’emparer par subterfuge, afin de s’assurer un empire t
84 ils de Dieu. Au lieu du Père livrant son Fils aux hommes pour qu’ils le tuent, mais aussi pour qu’ensuite ils revivent par la
85 nt par la consommation de son corps spirituel, un homme tue lui-même son fils, et donne sa chair aux dieux pour qu’ils en meu
86 ieux, Tantale se voit refuser celle du commun des hommes . Sa jalousie se réfléchit dans la frustration du désir. Et son défi a
87 que. C’est autant dire que dans le monde païen, l’ homme reste seul avec lui-même et se ferme aux interventions d’une transcen
88 ice de Tantale. C’est son orgueil et sa dignité d’ homme  : il se révolte contre tout, sauf soi. C’est pourquoi rien ne change
89 i rien ne change autour de lui. Considérons ici l’ Homme du Désir, Tantale symboliquement réduit, dans la légende, à sa faim,
90 de, à sa faim, à sa soif et à sa peur. Il est cet homme qui, dans chacun de nous, préfère le désir même douloureux, d’avoir é
91 . À la limite, et dans la logique d’un mythe où l’ homme s’identifie à l’une de ses tendances, celui qui gagne est donc toujou
92 ne s’agit que d’une mauvaise farce, indigne d’un homme de sens. Le fiscal Knol se sent prêt à pleurer de colère. Pasvogel, l
93 nouveau Testament n’en demande pas davantage à l’ homme pour le faire hériter de son royaume : il demande un instant de foi.
94 c’est-à-dire qu’elle s’annule de soi-même. Si un homme croit pouvoir s’autoriser du mérite de ses œuvres, il ne pleurera pas
95 ssitôt, comme la branche chargée de fruits. Si un homme veut la Vie éternelle par seule crainte de mourir à cette vie tempore
12 1947, Doctrine fabuleuse. La fin du monde
96 ondition, elle imagine des idées qui détruisent l’ homme , l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée
97 me, l’on rencontre sans trop d’effroi l’idée de l’ homme détruit ; l’idée de l’homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée qu
98 d’effroi l’idée de l’homme détruit ; l’idée de l’ homme qui pense cette idée, détruit ; l’idée que vous, et qui pensez, un jo
99 à tout jamais dans un futur indéfini. Ainsi de l’ homme , ainsi de l’humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’homme m
100 humanité. Pourtant un jour, tel jour ordinaire, l’ homme meurt. Pourquoi suis-je donc ici à remuer ces choses ? Il est vrai qu
101 ien plutôt qu’il ne nous avertit de son but. Si l’ homme savait un jour ce qu’il en est de son destin et de sa liberté, s’il v
102 ’empire de ce monde ? À l’Ecclésiaste ou au Jeune Homme  ? Le sage ne rallierait pas avec moins d’envie le débauché, dont il f
103 menace, mais aussi de l’incapacité où se trouve l’ homme à penser concrètement sa fin ? D’où vient qu’imperceptible encore au
104 n, ni rien. Elle ne peut être en soi pensée, et l’ homme en elle reste à peu près dénué de réalité, jusqu’au jour où la Fin le
105 st pas le jouet du vertige. Le temps vient où les hommes n’auront plus à se défendre, mais seulement à se révéler tels qu’ils
106 où qu’ils soient. Plus d’évasions spirituelles. L’ homme fuyant la Terre où le diable sévit, se réfugie sur les hauteurs et dé
107 acilement glisser, tout se trouver changé, et les hommes poursuivre leur discours, pénétrant dans l’horreur sans mémoire ? Il
108 et mieux. Il entendait par « chair » le tout de l’ homme , intelligence et belle âme comprises. Et ce n’est point que nous aimi
109 justification, leur être. Voici l’instant où les hommes s’aperçoivent que leurs efforts et leurs soucis se tournaient vers ce
110 n Voici le principe du second jugement. Chaque homme poussé à la limite de son expression, et chaque homme forcé à l’extré
111 e poussé à la limite de son expression, et chaque homme forcé à l’extrémité de son choix, cria le « terme » de sa vie, la pro
112 antes heureuses, par l’effet de quelque pitié. Un homme vint, comme viennent les somnambules, le corps en paix, mais le visag
113 l d’une angélique hilarité. Et nous sûmes que cet homme était très grand.) Troisième jugement ou le pardon Toute chose
13 1947, Doctrine fabuleuse. L’eau ou L’esprit de la tempête
114 ortaient à leur surface l’Arche de Paix, mais les hommes qui voulaient encore la danse pour danser furent noyés : ils allèrent
115 l’Esprit dans l’âme des enfants, l’eau-mère. Et l’ homme s’y noie et y meurt de douleur, il est noyé par l’amertume non par l’
116 le prix du Royaume, un don pur. 9. — Ainsi pour l’ homme deux fois né, mort par l’eau et le sel dans la danse, mais ressuscité