1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 i vaut une victoire. C’était fatal. Imaginez deux hommes qui se disputent : l’un est une brute, et son point de vue, c’est que
2 et des droits de la personne, une conception de l’ homme réduit au partisan, une technique du mensonge et de la délation, les
3 dant ce temps que font les élites ? J’entends les hommes dont la fonction serait de dénoncer ces maux, d’en rechercher les cau
4 aussi qu’il trahit, la conception européenne de l’ homme . Toute la question est de savoir si nous saurons maintenir cet équili
5 us large du terme, c’est-à-dire : une mesure de l’ homme , un principe de critique permanente, un certain équilibre humain résu
6 e active, regardent vers la Russie, et les grands hommes d’affaires regardent vers l’Amérique. À tort ou à raison — je n’en ju
7 nité la plus consciente et la plus créatrice de l’ homme . On contestait l’autre jour, ici même, l’existence d’un esprit europé
8 t par contraste comme celle d’une conception de l’ homme . Esquissons cette comparaison entre l’Europe et les nouveaux empires
9 antagonistes de la nature ou de la condition de l’ homme . À l’origine de la religion, de la culture et de la morale européenne
10 res nouveaux, il y a l’idée de l’unification de l’ homme lui-même, de l’élimination des antithèses, et du triomphe de l’organi
11 s drame. Il s’ensuit que le héros européen sera l’ homme qui atteint, dramatiquement, le plus haut point de conscience et de s
12 yr. Tandis que le héros américain ou russe sera l’ homme le plus conforme au standard du bonheur, celui qui réussit, celui qui
13 uffre plus parce qu’il est parfaitement adapté. L’ homme exemplaire, pour nous, c’est l’homme exceptionnel, c’est le grand hom
14 nt adapté. L’homme exemplaire, pour nous, c’est l’ homme exceptionnel, c’est le grand homme ; pour eux, c’est au contraire l’h
15 nous, c’est l’homme exceptionnel, c’est le grand homme  ; pour eux, c’est au contraire l’homme moyen, le common man, base ou
16 t le grand homme ; pour eux, c’est au contraire l’ homme moyen, le common man, base ou produit des statistiques. Pour nous, l’
17 n, base ou produit des statistiques. Pour nous, l’ homme exemplaire, c’est le plus haut exemple ; pour eux, c’est l’exemplaire
18 plus grand Occident nous suggère une formule de l’ homme typiquement européen : c’est l’homme de la contradiction, l’homme dia
19 formule de l’homme typiquement européen : c’est l’ homme de la contradiction, l’homme dialectique par excellence. Nous le voyo
20 t européen : c’est l’homme de la contradiction, l’ homme dialectique par excellence. Nous le voyons, dans ses plus purs modèle
21 ion qui est pour un seul. Crucifié, dis-je, car l’ homme européen, en tant que tel, n’accepte pas d’être réduit à l’un ou à l’
22 autre part, elle a pour effet de concentrer sur l’ homme lui-même, créateur ou victime de ces tensions, l’effort principal de
23 ra donc, typiquement, la volonté de rapporter à l’ homme , de mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contra
24 la volonté de rapporter à l’homme, de mesurer à l’ homme toutes les institutions. Cet homme de la contradiction (s’il la domin
25 de mesurer à l’homme toutes les institutions. Cet homme de la contradiction (s’il la domine en création) c’est celui que j’ap
26 nne. Et ces institutions à sa mesure, à hauteur d’ homme , traduisant dans la vie de la culture, comme dans les structures poli
27 nt on vient de voir qu’elle est la condition de l’ homme européen, la source vive de sa grandeur et de sa spiritualité. Voilà
28 avons la guerre au-dehors. Je m’explique. Quand l’ homme se considère seulement sous l’aspect de ses libertés, ou de ses droit
29 on profondément et vitalement contradictoire de l’ homme . Et c’est pourquoi la vocation de l’Europe et des élites qui portent
30 ntion. Le trésor de l’Europe, c’est son idée de l’ homme . Mais c’est un trésor explosif, d’où la nécessité d’une vigilance ard
31 déaux, c’est notre sens d’un absolu qui dépasse l’ homme et son bonheur, c’est notre sens du transcendant, précisément, c’est
32 quoi par dix ou cent. Vous oubliez la mesure de l’ homme . Si, par exemple, vous multipliez par dix toutes les dimensions d’une
33 sance voulue, systématique, de la complexité de l’ homme total. Ils ne sont que des expériences, et le propre d’une expérience
34 si ce qui les gêne le plus n’est pas simplement l’ homme , dans son humanité rebelle aux chiffres, l’homme en soi — l’éternel r
35 ’homme, dans son humanité rebelle aux chiffres, l’ homme en soi — l’éternel résistant ! Or, l’Europe, et c’est là sa grandeur,
36 de la création spirituelle, ce coin du monde où l’ homme a su tirer de lui-même les utopies les plus transformatrices et les p
37 et les plus riches d’avenir, pour tous les autres hommes de la planète. Mais, riches d’avenir… oui, s’il est un avenir, non se
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38 st pas entendu d’abord sur une certaine idée de l’ homme . Car toute politique implique une certaine idée de l’homme, et contri
39 r toute politique implique une certaine idée de l’ homme , et contribue à promouvoir un certain type d’humanité, qu’on le veuil
40 sache ou non. Quelle est donc la définition de l’ homme sur laquelle nous pouvons tomber d’accord, ou pour mieux dire, sur la
41 ne serions pas ici si nous pensions que le type d’ homme le plus souhaitable est l’individu isolé, dégagé de toute responsabil
42 s ici non plus si nous pensions avec Hitler que l’ homme n’est qu’un soldat politique, totalement absorbé par le service de la
43 . Si nous sommes ici, c’est que nous savons que l’ homme est un être doublement responsable : vis-à-vis de sa vocation propre
44 ce. Aux individualistes nous rappelons donc que l’ homme ne peut se réaliser intégralement sans se trouver engagé du même coup
45 vidu plus libre dans l’exercice de sa vocation. L’ homme est donc à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solidaire.
46 ui qu’il doit à son prochain — indissolubles. Cet homme qui vit dans la tension, le débat créateur, le dialogue permanent, c’
47 itiques, et sont en retour favorisés par eux. À l’ homme considéré comme pur individu, libre mais non engagé, correspond un ré
48 ésordre, lequel prépare toujours la tyrannie. À l’ homme considéré comme soldat politique, totalement engagé mais non libre, c
49 bre, correspond le régime totalitaire. Enfin, à l’ homme considéré comme personne, à la fois libre et engagé, et vivant dans l
50 politique sans liberté. Car la personne, c’est l’ homme réel, et les deux autres ne sont que des déviations morbides, des dém
51 holéra, mais elle représente la santé civique. Un homme qui boit de l’eau et qui se lave n’est pas à mi-chemin entre celui qu
52 ainsi esquissé à grands traits la conception de l’ homme sur laquelle nos travaux doivent se fonder et qu’ils ont pour but ult
53 e. Voici ce que je leur fis observer. Dès que des hommes s’efforcent, de nos jours, de rassembler les nations et les peuples à
54 aix et l’union. On ne traite jamais d’utopiste un homme qui préconise la guerre, la juge prochaine, et veut tout disposer, dè
55 nde ne le voit pas d’un coup d’œil, c’est que « l’ homme moderne est démodé » comme l’a dit un Américain : sa conscience est e
56 aits possibles instaurés par sa propre science. L’ homme moderne pense encore dans le cadre des nations, quand le jeu des forc
57 ier, nous nous méfions du second. Notre idée de l’ homme n’est pas celle du Kremlin, ni celle du businessman américain. Nous n
58 itique, dans l’économie et les mœurs, l’idée de l’ homme commune aux peuples de l’Europe : ni l’individu sans devoirs, ni le s
59 s, mais la personne à la fois libre et engagée, l’ homme qui sait ce qu’il se doit et ce qu’il doit aux autres. Voilà ce que c
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60 maintenir et d’illustrer une certaine notion de l’ homme et des risques humains dont, malgré toutes ses infidélités, elle rest
61 dans toute son étendue à la libre circulation des hommes , des idées, et des biens. Pour assurer ces libertés organisées, certa
62 avant tout l’enjeu de la personne, la chance de l’ homme au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie des Conseils que nous
63 ’entends la garantie des droits élémentaires de l’ homme , antérieurs à l’État, supérieurs à l’État, et sans lesquels, pour nou
64 r en serait appauvri. C’est donc une notion de l’ homme et de la liberté qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est
65 ique et politique, que cela seul compte, et que l’ homme de la rue se fiche un peu de ma notion européenne de l’homme et de la
66 rue se fiche un peu de ma notion européenne de l’ homme et de la liberté. Ce point de vue passe aux yeux de certains pour réa
67 et plus qu’au pain qu’il mange à une notion de l’ homme , qu’il ne sait pas toujours formuler, mais pour laquelle il sait mour
68 e nous : élargir et approfondir notre notion de l’ homme et de sa liberté. Cela signifie ensuite : aménager, et transformer en
69 effet, élargir et approfondir la conception de l’ homme et de sa liberté n’a jamais été, en Europe, l’apanage d’une doctrine
70 aire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’ homme . Cette idée-là n’est donc pas simple, mais dialectique ; elle n’est p
71 e de ses éléments, réside le risque original de l’ homme européen, son aventure. Dans ce débat auquel chacun de nous participe
72 rchons maintenant dans quelle notion commune de l’ homme et de sa destinée se fonde notre refus simultané de l’individualisme
73 ceptée et reprise par l’humanisme, est celle de l’ homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité, à la foi
74 bles, mais de fait ou de droit, antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même quand il accepte le dialogue, assume le drame,
75 an, en Amérique, je parlais de ces choses avec un homme qu’il serait difficile de soupçonner d’anticommunisme hystérique : Al
76 ains socialistes continentaux, suivis de certains hommes en dehors des partis, ont déclaré que l’absence des travaillistes don
77 e tel, n’est pas pour la fédération, peut être un homme sincère et respectable, mais il serait difficile de le considérer com
78 , et, comme le veut son vrai génie, pour tous les hommes . Le congrès de La Haye ou la voix de l’Europe Cette architectur
79 denhove, le sourire voltairien de Lord Layton, un homme en noir qui porte une longue chaîne en sautoir… Où suis-je ? À quelle
80 e qu’on m’a remis. « L’Europe, c’est la terre des hommes continuellement en lutte avec eux-mêmes, c’est le lieu où aucune cert
81 dans toute son étendue à la libre circulation des hommes , des idées, et des biens. ») Depuis deux semaines, j’ai parcouru quel
82 ns pratiques qu’ils en déduisent adoptées par des hommes politiques qui pensent encore en termes de nations, d’unification rat
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83 ur quelles bases ? Et pour quel bien que tous les hommes vraiment désirent ? C’est à l’esprit, à la culture, ont-ils pensé, qu
84 dre à ces grandes questions écrasantes que tant d’ hommes les plus éminents dans la vie culturelle de l’Europe ont accepté de n
85 humilité ses lourds devoirs, pour la défense de l’ homme et de ses libertés ? Permettez-moi de vous citer, entre cent, deux ré
86 rs, je le sais bien, certains pensent que, pour l’ homme de la rue, les seules raisons sérieuses que nous ayons de vouloir une
87 a défense d’une notion proprement européenne de l’ homme , de sa culture, de son sens de la vie, c’est quelque chose de seconda
88 laissons-nous coloniser le plus vite possible. Un homme dont il me plaît d’invoquer l’ombre tutélaire sur ce Congrès, Paul Va
89 tèmes économiques et politiques : une notion de l’ homme et de la liberté, qui est en définitive notre vrai bien commun. C’est
90 ns et leur force d’appel aux termes de liberté, d’ homme et de droits de l’homme, nous ne pouvons pas nous contenter de les re
91 omprend l’Occident. La conception européenne de l’ homme 4. S’il est vrai que les motifs immédiats de notre union sont d’ordre
92 n ensemble de spécialités qui ne concernent pas l’ homme de la rue. Elle naît d’une prise de conscience de la vie, d’un besoin
93 on de l’existence, et d’augmenter le pouvoir de l’ homme sur les choses. Elle a fait la grandeur de l’Europe. Car, du point de
94 aire l’Europe et à modeler l’idée européenne de l’ homme  : antiquité et christianisme, Église et État, catholicisme et protest
95 rchons maintenant dans quelle notion commune de l’ homme et de sa destinée se fonde cette critique alternée de l’individualism
96 ceptée et reprise par l’humanisme, est celle de l’ homme doublement responsable envers sa vocation et envers la cité : à la fo
97 ment valables mais pratiquement antagonistes. Cet homme est fidèle à lui-même tant qu’il accepte le dialogue et le dépasse en
98 es idéologies 6. Cette description succincte de l’ homme européen nous met en mesure de clarifier maintenant quelques-uns des
99 exercice des droits fondamentaux que possède tout homme en tant qu’homme. L’État ne peut ni donner, ni retirer ces droits, qu
100 ts fondamentaux que possède tout homme en tant qu’ homme . L’État ne peut ni donner, ni retirer ces droits, qui lui sont antéri
101 le, l’Europe garde la mission de témoigner pour l’ homme , d’inventer la synthèse, que prépare son histoire, entre la liberté e
102 n commun attachement aux droits fondamentaux de l’ homme , notamment à la liberté de pensée et d’expression ; Considérant que l
103 coordination des recherches sur la condition de l’ homme européen au xxe siècle, en particulier dans les domaines de la pédag
104 monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’ hommes libres. Jamais la guerre, la peur, et la misère n’auront été mises en
105 ête suprême de l’Europe s’appelle la dignité de l’ homme , et sa vraie force est dans la liberté. Tel est l’enjeu final de notr
106 mais aussi pour en élargir le bénéfice à tous les hommes , que nous voulons l’union de notre continent. Sur cette union l’Europ
107 dans toute son étendue à la libre circulation des hommes , des idées et des biens. 2) Nous voulons une Charte des droits de l’h
108 dans nos milieux professionnels et syndicaux, les hommes et les gouvernements qui travaillent à cette œuvre de salut public, s