1 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe de Tristan
1 évolte ou l’anxiété de la tentation, il est peu d’ hommes qui ne se reconnaissent dans l’une au moins de ces catégories. Renonc
2 re littéraire, mais comme type des relations de l’ homme et de la femme dans un groupe historique donné : l’élite sociale, la
3 (c’était le philtre du Roman) ; qu’il fond sur l’ homme impuissant et ravi pour le consumer d’un feu pur ; et qu’il est plus
4 est point sacrée pour toi ? Ou simplement que les hommes d’aujourd’hui ne sont pas moins débiles dans leurs passions que dans
5 n défenseur de la beauté, même maudite, mais d’un homme qui a le goût d’y voir clair, de prendre conscience de sa vie et de l
6 re la conscience, donc la mauvaise conscience des hommes … Qui sait où cela peut nous mener ? Là-dessus, il est temps de passer
7 lle jure n’avoir jamais été dans les bras d’aucun homme , hors ceux du roi son maître et du manant qui vient de l’aider à desc
8 e scrupule ; et surtout s’il s’agit du droit d’un homme sur une femme : c’est l’enjeu habituel des tournois. Pourquoi Tristan
9 nt. Les traits physiques et psychologiques de cet homme et de cette femme sont parfaitement conventionnels et rhétoriques. Lu
10 t à lui seul notre psyché occidentale. Pourquoi l’ homme d’Occident veut-il subir cette passion qui le blesse et que toute sa
11 ’expérience de la passion telle que la vivent les hommes d’aujourd’hui. Le succès prodigieux du Roman de Tristan révèle en nou
12 rais volontiers le romantique occidental comme un homme pour qui la douleur, et spécialement la douleur amoureuse, est un moy
2 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Les origines religieuses du mythe
13 e pas la ruse la plus élémentaire du désir ? Et l’ homme n’est-il pas « ainsi fait » qu’il s’impose parfois une certaine conti
14 ut. C’est le dépassement infini, l’ascension de l’ homme vers son dieu. Et ce mouvement est sans retour. ⁂ Les origines iranie
15 r et de la Nuit, et de leur lutte mortelle dans l’ homme . Il est un dieu de Lumière incréée, intemporelle, et un dieu de Ténèb
16 a Goethe. Et Novalis : « La femme est le but de l’ homme . » Ainsi l’aspiration vers la lumière prend pour symbole l’attrait no
17 elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes . La lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas reçu
18 Toutes les religions connues tendent à sublimer l’ homme , et aboutissent à condamner sa vie « finie ». Le dieu Éros exalte et
19 corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’ homme créé qui appartient à la Nuit, ne peut trouver de salut qu’en cessant
20 sprit ressaisit. Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme , et vrai homme. En la personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment
21 . Dieu — le vrai Dieu — s’est fait homme, et vrai homme . En la personne de Jésus-Christ, les ténèbres vraiment ont « reçu » l
22 énèbres vraiment ont « reçu » la lumière. Et tout homme né de femme qui croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant : mort
23 tel qu’il était ? Le salut n’étant qu’au-delà, l’ homme religieux se détournait des créatures ignorées par son dieu. Mais le
24 usqu’à les revêtir. Et revêtant la condition de l’ homme pécheur et séparé, mais sans pécher et sans se diviser, l’Amour de Di
25 u moi de désir et d’angoisse, c’est une mort de l’ homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux qui lui dema
26 t : Qui est mon prochain ? Jésus répond : c’est l’ homme qui a besoin de vous. Tous les rapports humains, dès cet instant, cha
27 christianisme n’est un malheur mortel que pour l’ homme séparé de Dieu, mais un malheur recréateur et bienheureux dès cette v
28 u’en Occident : celle qui pose qu’entre Dieu et l’ homme , il existe un abîme essentiel, ou comme le dira Kierkegaard « une dif
29 sion, une descente de la Grâce venant de Dieu à l’ homme . Ces deux extrêmes ainsi marqués, l’on n’aura pas de peine à démontre
30 usqu’à se perdre dans la divine perfection. Que l’ homme ne s’attache pas aux créatures, puisqu’elles n’ont aucune excellence,
31 pardonné et sanctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’ homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plus pou
32 ctifié, c’est-à-dire réconcilié, l’homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plus pour lui seul. « T
33 homme reste un homme (n’est pas divinisé) mais un homme qui ne vit plus pour lui seul. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, et
34 acrement, imposait une fidélité insupportable à l’ homme naturel. Supposons le cas du converti par force. Engagé malgré lui da
35 , mais privé des secours d’une foi réelle, un tel homme , fatalement, devait sentir en lui s’exalter la révolte du sang barbar
36 ent ont pénétré les conceptions platoniciennes. L’ homme le plus simple use couramment d’expressions et de notions qui remonte
37 mpris ? C’est qu’elle trouve dans le cœur de tout homme — et spécialement de tout Occidental — de très obscures complicités.
38 être prophétique, « éternel féminin », « but de l’ homme  ». Les Celtes, déjà, tendaient donc à matérialiser l’élan divin, à lu
39 ns depuis Freud : le « type de femme » que chaque homme porte dans son cœur et qu’il assimile d’instinct à la définition de l
40 verrons, mais plutôt de la retenue… Et surtout, l’ homme sera le servant de la femme. D’où vient cette conception nouvelle de
41 onnelles — la femme se voit élevée au-dessus de l’ homme , dont elle devient l’idéal nostalgique — et naissance d’une poésie à
42 idus fut et demeure le problème du Mal, tel que l’ homme spirituel l’expérimente dans ce monde. Le christianisme apporte au pr
43 e paraît éclairer un sentiment fondamental chez l’ homme , même de nos jours.) L’âme, dès lors, se trouve séparée de son esprit
44 aiment incarné : il n’a pris que l’apparence d’un homme . C’est ici la grande hérésie docétiste (du grec dokesis, apparence) q
45 ressant à la « forme de lumière » qui dans chaque homme représente son propre esprit (demeuré au Ciel, hors de la manifestati
46 ant plusieurs vies, physiques ou autres, pour les hommes non encore illuminés — la création sera réintégrée dans l’unité de l’
47 ul n’est pas le corps physique, mais le tout de l’ homme incroyant, corps, raison, facultés, désirs — donc l’âme aussi. ⁂ La c
48 lus précisément encore : la part spirituelle de l’ homme , celle que son âme emprisonnée dans le corps appelle d’un amour nosta
49 rement religieuse, d’une conception mystique de l’ homme , fortement attestée dans la vie même des âmes. Essayons à nouveau de
50 à l’orthodoxie catholique. C’est supposer chez l’ homme du xiie siècle une forme de conscience qui ne pouvait être la sienne
51 le, le symbolisme de la Dame. Dans l’optique de l’ homme médiéval, toute chose signifie autre chose comme dans les rêves, et c
52 i qu’il se commît jamais parmi eux, surtout entre hommes et femmes (?), des excès sensuels. Or, si les religieux ne se sont pa
53 ie, ce qui ne me paraît pas croyable de la part d’ hommes qui faisaient attention à tout, leurs erreurs étaient plutôt des erre
54 rofondément connues (au sens total) par plusieurs hommes de ma génération : je veux parler du surréalisme et de l’influence de
55 se trouve que nous savons exactement, nous autres hommes du xxe siècle, comment toutes ces choses improbables se sont réellem
56 t d’ailleurs du fait que l’islam contestait que l’ homme pût aimer Dieu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Loi). U
57 catholique, ne pouvait admettre qu’il y eût en l’ homme une part divine dont l’exaltation aboutît à la fusion de l’âme et de
58 t autre que la part spirituelle et angélique de l’ homme , son vrai moi. Ce qui pourrait nous orienter vers une compréhension n
59 eption religieuse, ou simplement une théorie de l’ homme — et une forme lyrique déterminée. (Rapports entre le soufisme et la
60 x prêtres. En revanche, beaucoup professent que l’ homme étant divin, rien de ce qu’il fait avec son corps — cette part du dia
61 eprésenter la situation psychique et éthique de l’ homme en ce temps-là, nous constatons d’abord qu’il se trouve impliqué bon
62 on de l’amour ennoblissant célébrée par les mêmes hommes qui persistent à tenir la sexualité pour « vilaine » ; et nous voyons
63 e certaines forces occultes qui dorment en chaque homme et qui, une fois éveillées, transforment le corps humain en un corps
64 l’acte est toujours décrit comme étant celui de l’ homme . La femme reste passive, impersonnelle, pur principe, sans visage et
65 soumission à l’aimée est la marque naturelle d’un homme courtois. ») Voici la Chasteté : Celui qui se dispose à aimer d’amour
66 iphanie de l’Anima, qui figure à mes yeux, dans l’ homme occidental, le retour d’un Orient symbolique. Il nous devient intelli
67 célestielle, et il ne s’agit plus là de tuer des hommes et d’abattre des champions par forces d’armes : il s’agit des choses
68 ge qualifié dans une grande maison, la maison des hommes  ». Ils y recevaient l’enseignement d’un druide, et se trouvaient mis
69 nt de la puberté, donc au sortir de la maison des hommes , devaient accomplir un exploit (meurtre d’un étranger ou chasse glori
70 e une force divinisante — c’est-à-dire dressant l’ homme contre Dieu — sitôt qu’on aura décidé de lui céder. (Ce paradoxe anno
71 jure n’avoir jamais été dans les bras d’un autre homme que son mari, si ce n’est, ajoute-t-elle en riant, dans les bras du p
72 iltre d’amour symbolise l’inéluctable tyrannie. L’ homme n’est pas libre. Il est déterminé par le démon. Mais s’il assume son
73 il y avait « une énorme prépondérance numérique d’ hommes  » dont peu pouvaient se marier. D’où l’idéalisation de l’objet d’un d
74 , citée par Döllinger. Notons que la liberté de l’ homme , le pouvoir de faire le mal ou le bien, aurait ainsi pour origine non
3 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Passion et mystique
75 la faute commise doit aussi et surtout délivrer l’ homme du fait même d’être né dans ce monde de ténèbres. Elle doit conduire
76 e, mais n’en conserve pas moins les éléments de l’ homme fervent. Pour Eckhart, la vraie voie mystique n’est pas celle qui, s’
77 ais il convient de préciser encore : que pour les hommes du xvie siècle, le langage érotique était plus innocent qu’à nos yeu
78 e de la séparation instituée par le péché entre l’ homme et son Créateur ; tout aboutit à des instants de communion active dan
79 et du Christ époux de l’Église. Mais la voie de l’ homme séparé, c’est la passion — et la passion est partout dans leurs œuvre
80 de dépasser les limites de l’instinct, définit l’ homme en tant qu’esprit. C’est ce fait seul qui nous permet de parler. Qu’e
81 ureuse. Cet amour impossible laissait au cœur des hommes une brûlure inoubliable, une ardeur vraiment dévorante, une soif que
82 t divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi, mais bouleversés par sa brûlante poésie, ne cherchera plus
4 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe dans la littérature
83 que l’on peut dire après La Rochefoucauld : peu d’ hommes seraient amoureux s’ils n’avaient jamais entendu parler d’amour. ⁂ Pa
84 » à soi-même ou aux autres ce qu’on sent. Plus un homme est sentimental, plus il y a de chances qu’il soit verbeux et bien di
85 soit verbeux et bien disant. Et de même, plus un homme est passionné, plus il y a de chances qu’il réinvente les figures de
86 eusement exaspérée, naturalisme et réduction de l’ homme au sexe. C’est la défense normale que l’homme païen oppose au mythe d
87 e l’homme au sexe. C’est la défense normale que l’ homme païen oppose au mythe de l’amour malheureux. (Peut-être, pratiquement
88 t voir ce qui n’est pas. De là vient que bien des hommes ont péri pour avoir tardé d’aller vers le Seigneur. Le temps venait o
89 r le moindre rocher que trempe la mer, sait qu’un homme a été superlativement amoureux et c’est Pétrarque. Et ce qu’il y a de
90 e mieux, c’est que c’est vrai… Qu’appelle-t-on un homme simplement amoureux ? Rien d’analogue. Lui l’était d’une façon extrao
91 us haut Bien te mène Et te fait mépriser ce que l’ homme désire140. D’Elle te vient la grâce généreuse Qui te pousse au ciel p
92 voilà qui rappelle au poète que ses « qualités d’ homme  » le lient de fait à une condition pitoyable. C’est ce qu’il dit dans
93 igu est entré, et il parle : Combien souvent les hommes sur le point de mourir Se sont sentis joyeux ! Ceux qui veillent sur
94 soit que la belle-mère d’Hippolyte. Mais le vieil homme , le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qui, condamnan
95 tugaise, Mariana Alcaforado, comme elle écrit à l’ homme qui l’a séduite : « Je vous rends grâce du fond de mon cœur pour la d
96 ve de la secrète persistance du mythe au cœur des hommes du xviiie . Il fallait bien que subsistât quelque peu d’illusion amou
97 ur le cœur des femmes et sur l’esprit de certains hommes le personnage mythique de Don Juan peut s’expliquer par sa nature inf
98 satiétés, l’un des besoins les plus profonds de l’ homme demeure privé d’assouvissement, et c’est le besoin de souffrir. Un co
99 voir de « sympathie ». La femme n’est plus pour l’ homme du xviiie qu’un « objet ». Mesurons l’un à l’autre ces extrêmes : la
100 us ou moins aimable d’une sensation qui enferme l’ homme en soi… Je distingue dans la contradiction de Don Juan et de Tristan,
101 orps, la réalité d’un « objet ». Sade, qui est un homme du xviiie , connaît trop bien sa monotone tyrannie. Ce que Pétrarque
102 l à la vie. Ce n’est pas la plus noble part, et l’ homme vigoureux préférera toujours veiller à dormir. Voici deux textes qui
103 mantisme allemand. La mort est le but idéal des «  hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-Paul. Elle se confond avec l’am
104 on va retrouver la richesse du monde…Mais déjà l’ homme du xviiie se réveille et se juge ridicule : « Voilà donc à quel degr
105 épigramme : « Et encore est-il vrai que bien des hommes attachent leur destinée à des choses d’aussi peu de valeur que mes fe
106 ciale. 17.Stendhal, ou le fiasco du sublime Homme du xviiie siècle, ayant subi la « touche » du romantisme, et fréquen
107 ur l’analyse de la profanation du mythe. Voici un homme que le besoin de la passion tourmente : il a découvert dans son « âme
108 e cas Stendhal n’est pas douteux : il s’agit d’un homme qui n’aimait pas réellement, et qui surtout ne fut pas réellement aim
109 is toute mon âme, suprême volupté d’amour ! » L’ homme qui a écrit cela (dans Tristan et Isolde) savait que la passion est q
110 ce même du mythe. De même que le péché du premier homme , et de chaque homme, introduit dans le monde le temps ; de même que l
111 même que le péché du premier homme, et de chaque homme , introduit dans le monde le temps ; de même que la faute des amants l
112 istiquée. Voie décidément trop étroite pour qu’un homme s’y engage tout entier : aussi déléguera-t-il à l’aventure quelques f
113 leurs imitateurs. Voici ce que nous disaient ces hommes  : « Nous en avons assez de souffrir pour des idées, des idéaux, des p
114 mythes désagrégés. C’est qu’il n’y a plus, dans l’ homme d’aujourd’hui, d’authenticité primitive. Ce que l’on appelle hérédité
115 vie et de tout esprit. Voilà ce que peut faire l’ homme qui se prend pour son dieu. Voilà le mouvement dernier de la passion,
5 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Amour et guerre
116 coche des flèches mortelles. La femme se rend à l’ homme qui la conquiert parce qu’il est le meilleur guerrier. L’enjeu de la
117 crit Brantôme183, qui avez combattu et tué tant d’ hommes ennemis de Dieu dans les armées et dans les villes ! Ô ! trop heureux
118 vaient une éducation aussi complète que celle des hommes , et jouissaient d’une entière égalité morale, à l’inverse de ce qui s
119 e dans la milice des condottieri « la plupart des hommes d’armes étaient ou paysans ou de la lie du peuple, presque toujours s
120 pallo, tout au début de la campagne, sur les 3000 hommes engagés, plus de 100 furent tués : « Nombre considérable par rapport
121 tion de toute passion guerrière, à mesure que les hommes desservant les machines se feraient eux-mêmes des machines, n’exécuta
122 i pitié. 6.La guerre classique L’effort des hommes de guerre, aux xviie et xviiie siècles, sera de dominer le monstre
123 ’influence du cœur humain sur les résolutions des hommes . » — « Spiritualiser » est peut-être excessif : il ne s’agissait guèr
124 oir essayé de faire la guerre en tuant le moins d’ hommes qu’ils pouvaient. Or c’était là le triomphe d’une civilisation dont t
125 leurs secrètement désirés ; mais la grandeur de l’ homme est de limiter leur champ, de les canaliser et de les utiliser, on di
126 de doute sur ce qui flatte la vraie passion de l’ homme du Moyen Âge. Gloire du sang ! Mais le xviiie siècle considéra comme
127 ccasion s’en présenterait. Un Anglais estimait un homme 480 livres sterling. C’est la plus forte évaluation, et ils ne sont p
128 en population, car, pour son argent, on aurait un homme nouveau, au lieu que, dans le système actuel, on perd celui qu’on ava
129 insinuants que Bernis, parmi cette petite bande d’ hommes qui font de la séduction de la femme le but de leurs pensées et la gr
130 nable de l’amour. C’est que la guerre échappe à l’ homme et à l’instinct ; elle se retourne contre la passion même dont elle e
131 ligences calculatrices d’ingénieurs. Désormais, l’ homme n’est plus que le servant du matériel ; il passe lui-même à l’état de
132 mme, dans ce pays, réagit aux sollicitations de l’ homme . J’écrivais en 1938 : « Le Français s’étonne des succès d’Hitler aupr
133 ’est l’étourdir de paroles flatteuses : ainsi nos hommes politiques quand ils courtisent une assemblée électorale. Hitler est
134 et organiser dans ses limites la vie complexe des hommes , même militarisés. Des mesures de police ne font pas une culture, des
135 ficiel des grands États et la vie quotidienne des hommes , il subsiste encore trop de jeu, trop d’angoisse et trop de possible.
136 s’agissait d’éviter des dépenses excessives — les hommes coûtant cher — et de ne pas effrayer les peuples au point de rendre i
6 1939, L’Amour et l’Occident (1956). Le mythe contre le mariage
137  : que la passion est l’épreuve suprême, que tout homme doit un jour connaître, et que la vie ne saurait être à plein vécue q
138 , où nul bonheur ne saurait s’établir, tant que l’ homme ne sera pas Dieu. Le bonheur est une Eurydice : on l’a perdu dès qu’o
139 ués — et cette nuance est décisive. Le moderne, l’ homme de la passion, attend de l’amour fatal quelque révélation, sur lui-mê
140 é. Et illusion de plénitude. Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’homme de la passion cherche au contraire à êtr
141 Je nommerai libre un homme qui se possède. Mais l’ homme de la passion cherche au contraire à être possédé, dépossédé, jeté ho
142 sur cette double ignorance. Le passionné, c’est l’ homme qui veut trouver son « type de femme » et n’aimer qu’elle. Souvenez-v
143 décrire une illusion apprise par la majorité des hommes du xxe siècle : or plus encore que l’image de la Mère, ce qui les ty
144 rd ». De nos jours — et ce n’est qu’un début — un homme qui se prend de passion pour une femme qu’il est seul à voir belle, e
145 passion relève des statistiques publicitaires. L’ homme qui croit désirer « son » type de femme se trouve intimement détermin
146 eut ? Supposons maintenant que, malgré tout, l’ homme parvienne à se fixer sur un type, compromis entre ce qu’il aime et ce
147 plus délicieuse que toute possession au cœur de l’ homme en proie au mythe. C’est la femme-dont-on-est-séparé : on la perd en
148 à la confusion sans grandeur où se débattent les hommes du temps profane : au lieu de l’épée du chevalier, entre le bourgeois
149 e glisse vers le type contraire du Don Juan, de l’ homme aux amours successives. Les catégories se détruisent, l’aventure n’es
150 a comparaison, qui est le monde de la jalousie. «  Hommes et femmes dès qu’ils passent leur seuil souffrent de jalousie », dit
151 nostalgie de la passion, devenue congénitale à l’ homme occidental. Le mariage qui se fondait sur les convenances sociales, d
152 connaissances psychologiques en est un autre : l’ homme et la femme du xxe siècle, même très sommairement informés de l’exis
153 exaltation de la « Femme-Enfant » salvatrice de l’ homme rationnel, ou l’annonce répétée d’une revanche imminente du principe
154  résoudre » les contradictions qu’endurent tant d’ hommes et de femmes dans leur mariage. Des synthèses se préparent, peut-être
155 ur) ; soit par le passage où Jésus proclame que l’ homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni ; soit par des entretiens de Jé
7 1939, L’Amour et l’Occident (1956). L’amour action, ou de la fidélité
156 s raison, dès l’instant qu’on parle raison. Car l’ homme de la passion est justement celui qui choisit d’être dans son tort, a
157 de la passion, il n’y a pas une « erreur » sur l’ homme ou Dieu — a fortiori pas une erreur « morale » — mais une décision fo
158 « morale » — mais une décision fondamentale de l’ homme , qui veut être lui-même son dieu214. La passion brûle dans notre cœur
159 e naïveté du moraliste qui prétendait détourner l’ homme de cette voie mortelle, divinisante, en lui « prouvant » qu’elle débo
160 la vie qui est la faute à racheter ! Mais tuer l’ homme avant qu’il ne se tue, et le tuer autrement qu’il ne veut l’être, c’e
161 ps à venir. S’il n’est peut-être pas possible à l’ homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder
162 ’il n’est peut-être pas possible à l’homme — à un homme déterminé — de connaître ses propres désirs et de sonder en vérité se
163 quand la foi veut l’éternité ! Que répondre à cet homme qu’il n’ait déjà mieux dit ? Il a su louer le philistin et le romanti
164 ou ce jeune fou qui aime la fille du roi, mais l’ homme pieux qui estimait que la religion devait être un amour heureux, un m
165 Que dit l’Apôtre ? Je pense qu’il est bon pour l’ homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l’impudicité, qu
166 pelle le Royaume de Dieu : (« Il n’y aura plus ni hommes ni femmes »), je borne ma vision et mon espoir à une perfection relat
167 le philistin que dénoncent les romantiques, ou l’ homme moral pris dans les rets sociaux, et incapable désormais de concevoir
168 ni… Et cela nous sera des plus utiles dès que les hommes se régleront sur la raison et l’intérêt : quand ils n’auront plus de
169 and ils cesseront de mériter cet inquiétant nom d’ homme , au sens actuel. Car pour ceux du siècle présent, je pense que la fid
170 par Dieu… (Et peut-être, plus tard, après coup, l’ homme découvre que la folie du sacrifice consenti était la plus grande sage
171 nge de plaisir d’une « liaison »). Mais combien d’ hommes savent-ils la différence entre une obsession que l’on subit et un des
172 actes. Il serait totalement absurde d’exiger de l’ homme un état de sentiment. L’impératif : « Aime Dieu et ton prochain comme
173 e de sens ; ou s’il était réalisable, priverait l’ homme de sa liberté. 5.Éros sauvé par Agapè Alors l’amour de charité,
174 Nuit divinisante, mais le Jugement du Créateur. L’ homme naturel ne pouvait pas l’imaginer. Il était condamné à croire Éros, à
175 ’Éros ne pouvait le conduire qu’à la mort. Mais l’ homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le cercle s’ouvrir 
176 nous avons appris cette nouvelle : ce n’est pas l’ homme qui doit se délivrer lui-même, c’est Dieu qui l’a aimé le premier, et
177 femme. (I. Cor., 7.) La femme étant l’égale de l’ homme , elle ne peut donc être « le but de l’homme219 ». En même temps, elle
178 eux qui s’aiment. Dieu manifeste son amour pour l’ homme en exigeant que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme t
179 anifeste son amour pour l’homme en exigeant que l’ homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’homme témoigne de son amour pou
180 que l’homme soit saint comme Dieu est saint. Et l’ homme témoigne de son amour pour une femme en la traitant comme une personn
181 ession de soi et de respect220. Au contraire de l’ homme érotique, l’homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femm
182 e respect220. Au contraire de l’homme érotique, l’ homme de la fidélité ne cherche plus à voir dans une femme seulement ce cor
183 e jamais sans laisser de traces dans le cœur d’un homme moderne, intoxiqué d’images — du moins perd-il son efficace : ce n’es
184 ement pour révéler sa vérité. Et c’est pourquoi l’ homme qui croit au mariage ne peut plus croire sérieusement au « coup de fo
185 ’une très puissante nature sensuelle. Don Juan, l’ homme des coups de foudre et de la vie « orageuse », serait une sorte de su
186 s. Mais le viol, comme la polygamie, révèle que l’ homme n’est pas encore en mesure de concevoir la réalité de la personne che
187 ersonnalise les relations humaines. Par contre, l’ homme qui se domine, ce n’est pas faute de « passion » (au sens de tempéram
188 réé ; et c’est ainsi que la Renaissance définit l’ homme  : un microcosme. Tout ce qui détruit cette volonté centrale, ou en dé
189 aucune, et qu’il est en deçà du conflit. Pour cet homme -là le seul progrès concevable est dans la crise de sa sécurité, c’est
190 sans invoquer la foi de Kierkegaard. Selon lui, l’ homme fini et pécheur ne saurait entretenir avec son Dieu — qui est l’Étern
191 cœur même de la foi chrétienne ! Car voici : cet homme mort au monde, tué par l’amour infini, devra marcher maintenant et vi
192 fication croissante de l’instinct, à mesure que l’ homme se virilise : c’est l’argument du Dr Maranon en faveur de la monogami
193 antienne, c’est ce qui ne peut être utilisé par l’ homme comme une chose, comme un instrument. 221. Sur la liaison absolument
194 .) 225. « L’idée antique du travail indigne de l’ homme libre se retrouve dans la chevalerie », écrit Henri Pirenne, Histoire
195 nfidèle croie — devrait conduire à désirer pour l’ homme non chrétien qu’il traverse tout le « bonheur » de la passion. Or on
196 passions ». Mais voilà ce qu’il faut ajouter : l’ homme livré à ses dérèglements conçoit un désespoir dont le remède peut trè