1 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Introduction
1 uvrage est de décrire l’aventure occidentale de l’ homme , d’en chercher les principes de cohérence, et de la comparer avec d’a
2 s et les sécurités acquises. Enfin, je dis bien l’ homme , en général, parce que je crois à l’unité finale du genre humain, quo
3 llustrent la direction générale dans laquelle les hommes créateurs et les agents de cette civilisation ont décidé de chercher
4 erais pas si tu ne m’avais déjà trouvé », dit à l’ homme le Dieu de Pascal. Mais en revanche : tu ne me trouverais pas si tu n
2 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où les voies se séparent
5 s différences éclatent. Ce serait faire tort à l’ homme que de nier leurs liens avec certaines options fondamentales qu’il a
6 tel guru jusqu’à nos jours, c’est-à-dire le saint homme qui se « détache » du clan, de la coutume, de la magie, du dogme même
7 ville sacrés ; arbres, fleuves, animaux sacrés ; hommes et femmes en prière accroupis sur leur seuil, au bord des rues et des
8 te, mais ils sont beaucoup plus : deux voies de l’ homme , deux directions maîtresses de sa Quête inlassable du Réel. Pour pass
9 rances et finalement en meurt, afin de parler aux hommes dans leur langage, dans les termes de leur existence, et de les sauve
10 emier cas d’une descente créatrice de Dieu dans l’ homme  ; dans le second, d’un essai de montée de l’homme vers ce qui nie la
11 homme ; dans le second, d’un essai de montée de l’ homme vers ce qui nie la créature. Foi et Connaissance. L’Oriental, tourna
12 ques pour ma simple chambre d’hôtel. Sept ou huit hommes , dont un travaille, dans des boutiques minuscules. La chaussée envahi
13 recoins. Silence et dignité profonde. Un groupe d’ hommes attentifs dans une cour écoute le lecteur de poèmes : il s’agit de lé
14 et de colliers de verroterie, une femme seule, un homme seul, immobile et debout. Dans la courette, un prêtre renouvelle les
15 , ou avec un Moi qui n’est qu’un simple centre. L’ homme magique, le corps magique n’a pas d’ironie ni de paradoxe, parce qu’i
16 aire. Le fakir habituel des rues et des places, l’ homme des supercheries, est de son appartenance : il forme le bord, la lisi
17 u plutôt la dissout dans la métamorphose. Animal, homme , démon, symbole, dieu ou saint, tout communique en la magie, tout se
18 e la différence entre le Toi divin et le moi de l’ homme . En revanche, l’Occident s’atteste et s’actualise là où la différence
19 he tout de même, et non pas grise. Que vaut un homme  ? Et finalement, ce qu’il importe de voir, ce sont les résultantes
20 doute lorsqu’on se pose la question : que vaut un homme  ? (un homme individuel, un exemplaire humain pris au hasard) qu’on ob
21 ’on se pose la question : que vaut un homme ? (un homme individuel, un exemplaire humain pris au hasard) qu’on obtient les ré
22 l’idée de liberté. Seule l’idée de la mesure de l’ homme renferme l’idée de son individualité. Mon second exemple, est empru
23 i de Ernst Jünger12 : La relation que soutient l’ homme avec le libre arbitre remonte à ses origines. Aussi lui reste-t-elle
24 horreur saisira toujours celui qui respecte en l’ homme un noyau de liberté auquel il n’est pas permis de porter atteinte. Ce
25 ndividualité. Pour tous les deux, la liberté de l’ homme a pour condition la personne. On dira que l’Occident a fait les chamb
26 ontraste assez simple entre deux conceptions de l’ homme et de ses fins, celle dont les conséquences ont formé l’Occident.
27 nts européens, qui conçoit Dieu comme le Toi de l’ homme  ; et l’Asie par ceux des systèmes philosophiques et religieux de l’In
3 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Première partie. La Voie et l’Aventure — Où le drame se noue
28 t la descente du dieu dans un corps d’animal ou d’ homme , se répète aux temps sombres et catastrophiques : ainsi les dix incar
29 strologue, n’attend le salut que d’un effort de l’ homme sur son esprit. Pour le chrétien, le paradoxe n’est pas seulement dan
30 nstitutif et radical : le salut vient de Dieu à l’ homme , il est initié par Dieu seul, et donné par une grâce pure ; et pourta
31 seul, et donné par une grâce pure ; et pourtant l’ homme qui l’a reçu doit agir comme s’il le gagnait ! Ce que saint Paul expr
32 , et qu’il partit sans savoir où il allait18. » L’ homme de la foi sera l’homme en chemin, le viator, l’éternel « voyageur sur
33 savoir où il allait18. » L’homme de la foi sera l’ homme en chemin, le viator, l’éternel « voyageur sur la Terre », qui n’a pa
34 s’enracine la solidarité du genre humain. Seul un homme en tant qu’être autonome peut aimer, peut agir en vertu de la foi : o
35 Foi qu’il annonce fonde la relation nouvelle des hommes entre eux et de chaque homme avec lui-même. Mais ce n’est pas tout :
36 lation nouvelle des hommes entre eux et de chaque homme avec lui-même. Mais ce n’est pas tout : la Loi était visible, elle ét
37 le, elle était la mesure du monde, elle cernait l’ homme et le définissait par les cadres d’une cité close. Libéré par la foi
38 é close. Libéré par la foi de son cadre rituel, l’ homme se voit relié du même coup à l’Amour transcendant et au prochain. Sa
39 la Croix marquera désormais son existence. Si l’ homme du clan, de la tribu ou de la caste n’avait qu’une dimension réelle :
40 vine à la communauté comme amour du prochain. Cet homme , mieux libéré que l’individu grec, mieux engagé que le citoyen romain
41 és du christianisme, la dialectique première de l’ homme occidental. Parole et non Silence ; faite chair et non concept. Grâc
42 mais en est-il une autre en Occident ? Beaucoup d’ hommes , il est vrai, sont sans voie, et surtout dans le monde d’aujourd’hui.
43 , jusqu’à nous, c’est l’Aventure occidentale de l’ homme . Certes la voie chrétienne n’y est pas seule active, mais elle fut dé
44 eux ambitions maîtresses : trouver le secret de l’ homme et celui du cosmos. La foi dans un Dieu personnel dont le commandemen
45 chistes ou collectivistes, l’idéal directeur de l’ homme à la fois libre et responsable. L’Incarnation de Dieu dans l’espace e
46 ieu dans l’espace et le temps, dans le corps d’un homme à telle date, atteste aux yeux de l’esprit la signification et la réa
47 ion des enfants de lumière21. Et c’est pourquoi l’ homme d’Occident poursuit la science même quand il en oublie l’impulsion pr
48 dous n’est pas le logos. Elle donne pouvoir sur l’ homme , mais aussi sur les dieux. Le logos est recteur d’action ; au contrai
49 aire, le mantra, formule sacrée, sert à libérer l’ homme de la Maya et de ses pouvoirs éphémères. Loin de s’incarner, elle dis
50 même mouvement sur la totale responsabilité de l’ homme qui pèche et sur l’éternelle prescience et décision de Dieu quant au
4 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — La spire et l’axe
51 d’être actives : ce sont celles qui importent à l’ homme , parce qu’elles relèvent de sa foi, de son action ou de son sentiment
52 ltération de sens, s’agissant de définitions de l’ homme et de son rôle parmi les autres hommes, peut entraîner des guerres et
53 itions de l’homme et de son rôle parmi les autres hommes , peut entraîner des guerres et des révolutions, par le seul fait qu’e
54 ambitieux, de soldats, de matelots égyptiens et d’ hommes de main, rôde autour de l’église où siège le concile, attendant l’occ
55 ée la notion dont descendent nos conceptions de l’ homme . En apparence, il ne s’agit, lors de Nicée, que d’un iota 23, en réa
56 culièrement de celle du Christ, vrai Dieu et vrai homme à la fois. Le problème était le suivant : comment nommer les relation
57 lations intradivines et les relations de Dieu à l’ homme révélées par la venue du Christ, Dieu qui est le Père en tant que Cré
58 le masque de l’acteur, puis son rôle, et de là, l’ homme lui-même en tant que doté de droits dans la cité : le citoyen. Tout h
59 ue doté de droits dans la cité : le citoyen. Tout homme est un individu, du simple fait qu’il est un corps distinct, mais il
60 lité où ce même mot désignera le rôle social de l’ homme , autant que sa dignité métaphysique ? Que ce transfert ait bien eu li
61 t, on perdrait la plus belle occasion de situer l’ homme occidental au carrefour hasardeux dont je parlais plus haut : carrefo
62 poque des conciles œcuméniques. Apport grec. — L’ homme se détache du corps magique en lequel se mêlaient sans fin ni formes
63 rdres, il est à tous égards celui qui définit — l’ homme du Verbe et de l’épithète, « la mesure de toutes choses », dira Prota
64 — Il se résume dans le terme viril de citoyen. L’ homme ne tient plus sa dignité unique de quelque essence indestructible, ma
65 onversion — révolution individuelle — libère tout homme , noble ou esclave, des liens sacrés de la caste ou du clan ; en même
66 la même vocation qui lui fait découvrir dans tout homme son prochain. Ce paradoxe vécu en vertu de la foi reproduit, dans le
67 en va pas ainsi du spirituel et du charnel dans l’ homme pécheur ; ni de la liberté et du service dans l’homme converti. Ces a
68 e pécheur ; ni de la liberté et du service dans l’ homme converti. Ces antinomies, en effet, ne sauraient être résolues qu’en
69 gir dans ce monde, elle reste un don de Dieu et l’ homme n’en dispose pas. ⁂ Posons maintenant que le But de toute l’histoire
70 s supposer universels, garant du sort de tous les hommes qui leur rendent le culte civique. Dès lors, les « liturgies » de la
71 s des limites comme des fidélités, vont laisser l’ homme désemparé, étranger à soi-même dans une cité trop vaste. Du vide soci
72 les castes qui reparaissent achèvent d’enfermer l’ homme dans sa fonction sociale25. Que pourrait exiger maintenant ce vide de
73 onnées générales du problème de la communauté des hommes en Occident peuvent être résumées en termes analogues, qu’il s’agisse
74 point de la spirale ascendante où l’angoisse de l’ homme isolé, soumis au-delà de ses forces à la contradiction des idéaux qu’
75 l’est dans sa voix.) En d’autres termes : quand l’ homme en est au point de ne demander plus rien d’autre qu’un principe de co
76 donner un sens à sa vie engagée dans le monde des hommes , le communisme dit Parti, le christianisme dit Église. Le Parti est u
77 foi n’a jamais cessé d’être le vrai recours de l’ homme contre la loi, fût-elle sanctionnée par le pape. C’est pourquoi le ch
78 s connu le passage de l’esclave au serf, puis à l’ homme libre, le mouvement communal et les Cortès, l’ordre de Saint-François
79 que et divin, Jésus-Christ, les deux termes, vrai homme et vrai Dieu ? Le résultat de ce débat fondamental fut la notion de P
80 tradictoires. J’en donnerai cinq exemples. Chaque homme est à la fois distinct, unique, mais lié à un corps social, à des sem
81 ima d’un roi idéalement consciencieux (ou de tout homme qui serait entièrement absorbé par son rôle civique) ne laisse plus d
82 assumée par la foi, au prix de ce changement de l’ homme lui-même que le christianisme appelle la conversion. De même l’antino
83 reflète, ou mieux se projette, dans tout ce que l’ homme occidental pense ou fait. Notre passion de la diversité et notre pass
84 l’individualisme étant la tendance insulaire de l’ homme , le collectivisme, sa tendance totalitaire, le premier semble exalter
5 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Le Château aventureux
85 gnose n’a cessé d’inquiéter le cœur sauvage de l’ homme enfermé dans les liens d’un mariage de raison avec l’orthodoxie. Quan
86 eligieuse du phénomène et de son mythe. On voit l’ homme et la femme entrer dans la passion comme ils entreraient en religion.
87 comme n’étant pas du monde — n’est pas donnée à l’ homme pour son plaisir : elle le saisit comme une grâce exigeante, et le re
88 éifié n’est pas le Dieu d’Amour. Il n’élit pas un homme pour le sauver, mais pour l’exalter vers sa perte. Il ne lui donne pa
89 n fou, qui mime le saut de la foi, ne jette pas l’ homme dans son salut vivant ni dans un martyre salutaire, mais dans la cata
90 à la classe ; l’exigence de la liberté pour tout homme , quel que soit son rang ; le conflit de ces deux exigences, qui est l
91 tis créait un type nouveau de relations entre les hommes . Elle instituait un nouvel ordre qui bientôt prendrait la relève de l
92 L’Église, en effet, se fondait sur la réalité des hommes transformés par la foi. Elle n’avait pas pour but de convertir la soc
93 ’imaginent qu’il en résultera nécessairement un «  homme nouveau » plus libre ou plus heureux. Si l’on veut rendre compte à la
94 ble, ont abouti à renforcer la tyrannie soit d’un homme , soit d’une classe, et toujours de l’État. Adoptant les valeurs de la
95 e toute la personnalité dont il tend à priver les hommes réels, comment va-t-il se comporter dans le monde ? L’idéal primitif
96 incapable d’animer l’existence tout entière de l’ homme . « L’orgueil national est loin de la vie quotidienne », remarque Simo
97 de guerre. Cette rhétorique émeut des millions d’ hommes , qui en oublient du même coup leurs rudiments d’histoire. J’ai dit qu
98 ritable transcende. Elles mesurent la dérive de l’ homme occidental quand il cesse de marcher à l’étoile. Elles illustrent tro
99 ent et allumé sa soif inextinguible. Mais quand l’ homme en vient à sentir qu’il ne pourra jamais atteindre au but final s’il
100 chouer dans la durée. Devant l’impossible défi, l’ homme dit : c’est trop pour moi, mais je ne saurais plus vivre et ressentir
101 s à la vertu. Le Dieu du christianisme a laissé l’ homme libre de pécher ou de croire au pardon. L’homme se révolte alors cont
102 l’homme libre de pécher ou de croire au pardon. L’ homme se révolte alors contre cette liberté radicale et vertigineuse, au no
103 (Origine et sens de l’Histoire, p. 79.) 38. Tout homme est mon frère, quoi qu’il fasse ou pense, si je suis chrétien. Tout c
6 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience du temps historique
104 e, au xviie siècle, crut pouvoir la préciser : l’ homme avait été créé en 4004 avant J.-C., le 23 octobre, à 9 heures du mati
105 ges de Dieu, c’est-à-dire depuis la création de l’ homme , il ne s’est écoulé que six ou huit-mille ans. » Cuvier partage ces v
106 pendant, vers 1950, nul ne peut plus douter que l’ homme existe depuis environ cent-mille ans. Aux toutes dernières nouvelles
107 s sont-ils donc nés et morts depuis qu’il y a des hommes sur cette planète ? Si un démographe génial pouvait nous dire demain
108 r la mort. Mais c’est bien à partir de là que les hommes touchés par le message évangélique ont découvert le temps irréversibl
109 insi l’Histoire, conscience nouvelle du temps des hommes , est née de la même rupture des grands rythmes cosmiques et des fatal
110 ’histoire Mais il reste à mieux voir comment l’ homme , délivré des « religions » par la foi, trouve alors le courage except
111 yclique et de l’éternel retour, c’est parce que l’ homme a peur du temps. Voilà le fait fondamental. Car le temps est lié à la
112 ée de sens. Contre le malheur et son absurdité, l’ homme n’a d’autre recours que d’attribuer un sens à ce qu’il subit sans l’a
113 olue nouveauté, ni par conséquent de scandale. (L’ homme d’aujourd’hui, qui croit qu’il ne croit plus à rien, mime encore ce m
114 chétype. Cette rupture du Cercle cosmique livre l’ homme à l’imprévisible, c’est-à-dire à la grâce de Dieu, mais aussi à la li
115 e le temps a été vaincu au matin de Pâques, que l’ homme ne lui appartient que par la chair (étant au monde mais non du monde)
116 le temps dans sa réalité. Sans la Résurrection, l’ homme n’aurait pas la preuve d’une existence qui échappe au temps et à la m
117 gaard. Or la foi n’est jamais parfaite, et dans l’ homme converti persiste « le vieil homme ». Son mouvement naturel sera de c
118 ite, et dans l’homme converti persiste « le vieil homme  ». Son mouvement naturel sera de chercher et d’inventer contre le tem
119 ne voilé : il y a l’Histoire de Dieu et celle des hommes , et si la première intervient dans la seconde par des actes libres, e
120 ssé durant l’intermède médiéval, l’état civil des hommes et des actions humaines n’a cessé de se préciser, tandis que la Fin e
121 nse pas en droit — contre l’idée occidentale de l’ homme . L’importance apparente des collectivités, des civilisations, des pé
122 ue », ainsi configuré, devient aussi distant de l’ homme concret que Brahma d’un paria sans voie. Et l’Histoire dans l’esprit
123 ociale, de l’action d’un pays ou de l’option d’un homme , il n’est donc plus question de demander si c’est « vrai ». C’est « d
124 it saint Paul. Mais l’Histoire absolue veut que l’ homme tout entier soit uniquement du monde : elle le coupe de l’Esprit. Ce
125 ion de l’action personnelle. Rien d’étonnant si l’ homme , dès qu’il croit cette Histoire, se découvre impuissant devant elle e
126 fet, par la seule conviction que la vocation d’un homme peut être plus vraie que la règle — d’où les martyrs des premiers tem
127 venture. Devant le risque béant, soudain total, l’ homme qui n’a pas de foi cède au vertige. Sa dernière résistance à l’angois
128 s Dieu… Le christianisme est la « religion » de l’ homme moderne et de l’homme historique, de celui qui a découvert simultaném
129 me est la « religion » de l’homme moderne et de l’ homme historique, de celui qui a découvert simultanément la liberté personn
130 s’imposait avec une bien plus grande urgence à l’ homme moderne, pour qui l’histoire existe comme telle et non comme répétiti
131 xiste comme telle et non comme répétition, qu’à l’ homme des cultures archaïques et traditionnelles, qui pour se défendre de l
132 hrétien du mot (= pour Dieu tout est possible), l’ homme détaché de l’horizon des archétypes et de la répétition ne peut plus
133 lle condition humaine. Toute autre situation de l’ homme moderne, à la limite, conduit au désespoir. 42. La première socié
7 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’expérience de l’espace
134 rte (à très peu de régions près, bien cernées), l’ homme s’y sent à l’étroit et se met aussitôt à calculer l’exploration possi
135 le symbole était la croix, et prédisait « que des hommes blancs semblables à lui viendraient un jour de l’Est, par la mer » et
136 aissant le passage des options fondamentales de l’ homme à son action concrète dans l’histoire : c’est l’aventure absurde et m
137 hrétienne, les voici revenus à l’œuvre en un seul homme , dans cet Ulysse au cœur chrétien, d’origine juive, qui sera fondateu
138 biographe, l’évêque Bartolomé de las Casas, « cet homme illustre voulut s’appeler Colón… mû par la volonté divine qui l’avait
139 voix très compatissante qui me disait : Oh, sot, homme lent à croire et à servir ton Dieu, le Dieu de tous ! Qu’a-t-il fait
140 qu’on appellera divines : fabulation du cœur de l’ homme , irrépressible, mais qui peut lui faire prendre pour la voix de la fo
141 e Nouveau Monde. Le centre du monde est dans l’ homme Jamais Colón n’a su ce qu’il avait trouvé, et que c’était un Nouve
142 écouverte : « Il fallait qu’une ère commence où l’ homme explorerait la surface de la planète, puis sonderait ses profondeurs,
143 fini qui est dans le microcosme. Il fallait que l’ homme découvre l’homme, pour mieux se connaître ; que les Cannibales créent
144 le microcosme. Il fallait que l’homme découvre l’ homme , pour mieux se connaître ; que les Cannibales créent Caliban dans le
145 Rousseau et lui fassent chanter les mérites de l’ homme naturel et préparer la Révolution française, les droits de l’homme et
146 e la découverte des Autres et de l’invention d’un homme nouveau ! Tout cela, bien sûr, reste ambigu, comme l’idée même du Pro
147 ratie. Ainsi l’espace ouvert ajoute aux âges de l’ homme , comme la mesure du temps calculée sur les astres a permis la navigat
148 t celle-ci nous ramène enfin à la découverte de l’ homme . Ces enchaînements lointains rattachent l’ethnographie et l’anthropol
149 mieux à dire que : « l’Inde et le Cathay » ? Tout homme de peu de foi se rassure par un système, ou fait un Plan. Mais projet
150 lus que dans l’erreur ou dans l’échec. Quant à l’ homme de la foi, nous le trouvons en marche comme Abraham qui partit sans s
8 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’exploration de la matière
151 Jésus-Christ est à la foi « vrai Dieu » et « vrai homme  » en une seule et même Personne, et si cette Personne à son tour est
152 t de beaucoup. Au couple d’opposés vrai Dieu-vrai homme correspondent d’une manière immédiate, terme à terme, la transcendanc
153 elles ? Il est bien vrai que le but dernier de l’ homme est de connaître Dieu, mais Dieu lui-même s’est rendu connaissable da
154 ie, dans cette existence toute charnelle 57 que l’ homme doit se convertir ; c’est « ici-bas », sans évasion possible, qu’est
155 t à la gloire des enfants de Dieu. » Voici donc l’ homme chargé d’une mission cosmique, armé par elle pour affronter un monde
156 t attestée par Dieu, et qui attend son salut de l’ homme sauvé. Il est très important que Kepler ait écrit : « Les œuvres de D
157 cède d’une confiance intuitive dans l’accord de l’ homme et du monde — accord réalisé une fois en Jésus-Christ, et promis au c
158 ter Job par des pensées spécieuses. Il exige de l’ homme un savoir qui cependant paraît sans cesse se tourner en réquisitoire
159 irituellement analphabètes pour la plupart61, les hommes de science du xixe siècle durent se sentir d’autant plus libres de s
160 d’ailleurs fondées dans l’erreur. Mais comme cet homme moyen serait fort incapable de vérifier les faits affirmés par la sci
161 ns cesse au non-manifesté66. À ce cycle infini, l’ homme oppose sa Question. Nulle réponse, nul refus de répondre, et nulle in
162 issable. C’est le nom de l’absence de Dieu pour l’ homme . L’infini et l’omniprésence, l’ordre et son principe immuable, la pre
163 ristologie éveille l’attente et l’exigence dans l’ homme naturel. 57. Rappelons que « la chair » selon saint Paul n’est pas s
164 aul n’est pas seulement le corps physique, mais l’ homme naturel tout entier, le complexe indissociable corps-intellect-âme vo
165 orthodoxe, et s’est développée contre lui. 61. L’ homme de science moyen du xixe siècle est moins hostile qu’indifférent au
9 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — L’aventure technique
166 spectaculaire du machinisme pur, opérant loin des hommes par une délégation prolongée mais souveraine de leurs pouvoirs sur la
167 fois répétées contre la « mise en esclavage de l’ homme par la machine » ne trahissent-elles pas plus d’angoisse devant la li
168 us d’angoisse devant la liberté vertigineuse de l’ homme que devant les limitations que la machine lui ferait subir ? Résulten
169 ergson. On dénonce la « dépersonnalisation » de l’ homme qui serait liée à la production en série. On prédit le règne des robo
170 nd), contre les forces impersonnelles qui nient l’ homme et sa dignité, et qui menacent de stériliser ses facultés les plus hu
171 ment. Mais remontons au paléolithique. Pourquoi l’ homme fabrique-t-il des outils ? Autant de réponses que de conceptions de l
172 tils ? Autant de réponses que de conceptions de l’ homme . Les uns décrivent l’homo faber comme répondant au défi de la Nature 
173 décisions de sa pensée. D’autres prétendent que l’ homme n’était poussé que par l’envie d’améliorer son sort ou d’amasser plus
174 ie « économique » ou utilitaire suppose un type d’ homme peu connu ou ignoré jusqu’au xixe siècle : le type d’homme qui préci
175 connu ou ignoré jusqu’au xixe siècle : le type d’ homme qui précisément rédigea nos manuels scolaires, et qui n’a jamais rien
176 er et Schubart, on nous a représenté une espèce d’ homme de proie qui se jette sur la Nature pour la soumettre à sa « volonté
177 reflétant le goût du temps plus que la réalité. L’ homme primitif — qui vit encore en chacun de nous — a-t-il vraiment rêvé de
178 omme « naturel » précisément. Quand l’esprit de l’ homme entre en jeu, ce n’est pas pour attaquer cette Nature animée d’intent
179 s choses un peu plus fortes ou plus solides que l’ homme , et qui le mettent en mesure de jouer sa partie en compensant les fai
180 c’est le système des conventions sacrées entre l’ homme et les forces naturelles. Ce n’est donc pas des « lois » de la Nature
181 rme majorité des inventions, jusqu’à notre ère. L’ homme crée des outils parce qu’il joue avec les démons cachés dans le feu o
182 Nature. Jusqu’ici, la Nature demeure l’Objet de l’ homme , son vis-à-vis et son miroir. Il ne sait pas encore qu’il n’y voit qu
183 ments d’une civilisation naissante permettent à l’ homme de mettre une sorte de distance entre la Nature et sa vie — cette dis
184 la mort. Bientôt, les plus spirituels d’entre les hommes concevront Dieu comme semblable à leur Bien : il sera bon, juste, par
185 épuré », c’est-à-dire en fait un dualisme. Car l’ homme est conçu désormais comme une âme enfermée dans un corps. Il ne sera
186 réprouvée par l’hostilité des plus « purs », les hommes moins spirituels pourront se donner licence d’exercer leurs arts et l
187 r, pour la première fois dans l’Histoire. Déjà, l’ homme dispose des moyens de maîtriser plusieurs des aspects de « l’inhumani
188 orels (transports rapides, télécommunications). L’ homme n’est pas encore, il s’en faut, au terme parfait de l’entreprise, mai
189 urd’hui comme leur dû. Que veulent en général les hommes occidentaux ? La santé, un meilleur salaire, une meilleure protection
190 it du tout. On n’a pas inventé l’auto parce que l’ homme en avait besoin, mais c’est l’inverse ! Cependant, l’existence d’inno
191 étique (au sens premier du terme) et qui est de l’ homme en général. Mais quelque chose d’unique se produisit en Europe aux dé
192 er certains de ses résultats, il fallait d’autres hommes que les meilleurs savants, et surtout une autre visée que celle qui o
193 d œuvre d’une transfiguration de la matière par l’ homme , lui-même démiurge délégué par Dieu73. La filiation des alchimistes a
194 ion de la puissance (non sur la Nature mais sur l’ homme ) l’ont aveuglée quant aux moyens. Et quant aux fins : la technique de
195 fins : la technique devait contribuer à libérer l’ homme du travail, c’est-à-dire de la peine requise par les besoins de sa su
196 mesure pas les valeurs spirituelles, ni ce que l’ homme perd en les tuant en lui. Historiquement, le paradoxe éclate si l’on
197 lle humiliation de voir, en face de la machine, l’ homme tombé si bas ! Le cœur se serre quand on parcourt ces maisons fées où
198 es, ont l’air de penser, de vouloir, tandis que l’ homme , faible et pâle, est l’humble serviteur de ces géants d’acier… J’admi
199 e pas voir en même temps ces pitoyables visages d’ hommes , ces jeunes filles fanées, ces enfants tordus et bouffis. » La bourge
200 re qui représente le Mal, mais c’est l’œuvre de l’ homme , l’implacable Technique, personnifiée et mythifiée, qui nous domine e
201 le. La Nature doit être sauvée, par le moyen de l’ homme sauvé, ayant été soumise à la corruption non de son gré, mais à cause
202 à cause du péché76. Il s’ensuit que l’effort de l’ homme pour la soumettre aux volontés humaines sera bon, s’il fait partie de
203 ra bon, s’il fait partie de l’effort divin dans l’ homme  ; très mauvais, s’il procède de notre orgueil. Le mal n’est pas dans
204 eil. Le mal n’est pas dans les choses mais dans l’ homme . Il est lié à notre liberté. Il tient à notre condition, comme l’enve
205 imaginer, dès lors, que la technique, créée par l’ homme , puisse acquérir une existence indépendante ? Son mal provient de not
206 nguer. 1° L’idée chrétienne que le mal est dans l’ homme , et que la Nature est innocente, leur fait craindre que la technique
207 ire du mal plutôt que du bien, tout en séparant l’ homme des rythmes naturels, considérés sous leur seul aspect régulateur. Pe
208 e d’une sorte d’intrinsèque capacité de nuire à l’ homme . Retour à la magie77. Cette double confusion me paraît rendre compte
209 objet. Ce qui est horriblement dangereux, c’est l’ homme . C’est lui qui a fait la Bombe et qui se prépare à l’employer. Le con
210 e de vous-même. Erreur sur la belle voiture. Cet homme , dit-on, est un esclave de sa voiture. Voyez les soins dont il l’ento
211 ’un « monde sans âme », mais dans le fait que des hommes ne sont plus que les « compléments vivants d’un mécanisme mort ». Or,
212 responsable. Ce n’est pas la machine qui rend un homme esclave : ce sont certains comportements que d’autres hommes imposent
213 ave : ce sont certains comportements que d’autres hommes imposent à l’ouvrier, moins pour lui rendre aisé le maniement de sa m
214 rendement calculé. C’est alors du rendement que l’ homme est esclave, quel que soit le régime qui l’exige, capitaliste ou comm
215 C’est son système, non la machine, qui asservit l’ homme . Mais Taylor a créé ce système selon les conceptions matérialistes de
216 système selon les conceptions matérialistes de l’ homme , issues du siècle des Lumières. Incriminez ces conceptions, non la te
217 non la technique. Erreur sur les inventions. « L’ homme volant » de Vinci devait semer de la neige sur les villes accablées p
218 serait une invention du diable : elle priverait l’ homme de sa liberté, voulue par Dieu. Le vrai problème La grande plai
219 lés. La technique a plus fait pour rapprocher les hommes de la nature que les théories naturistes, maudissant la technique. La
220 omesse effarante : le loisir. La technocratie. L’ homme qui cesse de sentir et de vouloir les buts derniers de son existence,
221 ger véritable ; non pas elle, il est vrai, mais l’ homme qui parle ainsi. Ernst Jünger a bien vu que la technique tend alors v
222 r elle-même, mais bien par un certain usage que l’ homme en fait. D’où l’idée, répandue dans les élites, qu’un peu plus de tec
223 turels soit atteint. La technique a multiplié les hommes dont elle augmentait les besoins. Il peut sembler que plus on la déve
224 alisme87. Beaucoup d’esprits légers s’imaginent l’ homme comme une sorte de ballon qui ne demande qu’à « s’élever » dès qu’il
225 pour avoir partagé un même repas rituel avec les hommes . 70. Les automates du xviiie siècle sont pur jeu. Ils sont pourtant
226 alyse, aux yeux de laquelle le mal qui est dans l’ homme peut être « ramené » à des inadaptations éthico-sociales. Ce qui ne f
10 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Deuxième partie. La Quête occidentale — Les ambivalences du progrès
227 est certain. Les guerres du siècle ont tué plus d’ hommes que toutes les autres guerres de notre Histoire, mais l’humanité s’es
228 ne peut arrêter la marche du Progrès », conclut l’ homme de la rue, et il se trompe. Car il n’y a pas progrès du simple fait q
229 urd’hui, la Russie soviétique offre ou impose à l’ homme des masses plus de sécurité et beaucoup moins de problèmes que nos li
230 ’une manière assez simple. Prenons l’exemple de l’ homme chrétien. Il peut lire dans les Écritures « qu’il n’y a pas un juste,
231 être séparé de la Vérité vivante, et que tous les hommes sont pécheurs. Il cherche donc. Il cherche à se rapprocher de la Véri
232 par sa certitude. Prenons ensuite l’exemple de l’ homme scientifique. Celui-ci lit l’histoire des sciences. Elle lui fait voi
233 e reproche, à leurs yeux rédhibitoire, d’être des hommes « qui ont cessé de chercher » et « qui se croient les détenteurs de l
234 en soi : simplement, il se refuse à croire qu’un homme puisse vraiment y accéder. (L’Hindou le croit.) S’il est tenté de s’e
235 u même et de l’autre, du prochain et de soi, de l’ homme et de quelque chose ou de Quelqu’un qui transcende l’homme : tout amo
236 de quelque chose ou de Quelqu’un qui transcende l’ homme  : tout amour est paradoxal. Et si l’on essaie d’échapper à ce paradox
237 Il y a progrès quand le défi s’élargit, forçant l’ homme à se poser des questions et à prendre des décisions d’une portée touj
238 Il y a risque, au sens où je l’entends, lorsque l’ homme se trouve en présence d’options toujours plus signifiantes, exigeant
239 ffaire de foi, de sensibilité au spirituel dans l’ homme  ; et plus généralement, de sympathie humaine. Il faut beaucoup aimer
240 nnel, de l’élargissement ambigu des pouvoirs de l’ homme sur lui-même et sur le cosmos où il existe, bien qu’il soit propremen
11 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Le drame occidental
241 qu’en loisirs, au lieu de réinvestir la peine des hommes en vue de profits insensés. Mais ceci nous rejette au problème généra
242 accordée (non par décision d’un parti) soit à un homme soit au régime. Car l’homme ou le régime auxquels on fait confiance s
243 d’un parti) soit à un homme soit au régime. Car l’ homme ou le régime auxquels on fait confiance se sentent responsables et le
244 re que l’électeur juge moins sur les faits et les hommes que sur la base d’à priori traditionnels, et dans un sentiment de méf
245 exigeant et apaisant que le christianisme pour l’ homme et l’âme individuelle. Il ne s’accommode pas de l’opposition, vie du
246 verselle. Il n’a jamais cessé d’offrir à tous les hommes , quelle que soit leur race ou leur classe, ou leur degré d’évolution,
247 ibilité de se convertir à lui et de devenir des «  hommes nouveaux ». Il doit donc gagner à long terme — bien qu’un tel pronost
248 vues humaines. (En fait, il a « gagné » dès que l’ homme y croit, depuis 2000 ans à jamais, pour chacun et pour tous, contre p
249 s’accorder : par la guerre bien souvent puisque l’ homme n’est pas bon, mais vers la paix quand l’accord s’établit par l’échan
12 1957, L’Aventure occidentale de l’homme. Troisième partie. Où allons-nous ? — Où l’Aventure et la Voie se rejoignent
250 é en leur temps : « Point de culture tant que des hommes ont faim ! » il n’y aurait pas de civilisation. Nous serions sans moy
251 est pas l’affaire des experts commerciaux, ni des hommes politiques, ni même des sociologues. Le dialogue vrai ne saurait donc
252 ajoute sans transition : « Lorsque des millions d’ hommes en Orient n’ont rien à manger, parler d’humanisme et de l’évolution d
253 ler d’humanisme et de l’évolution de l’idéal de l’ homme n’est qu’une caricature ; il faut prendre des mesures efficaces pour
254 toutes les formes d’adoration que peut imaginer l’ homme devant Dieu. Tous les chemins mènent à Dieu, dit en somme la Bhagavad
255 mémoire anticipée des choses à venir ; comme si l’ homme était en puissance de tout ce qu’il peut imaginer ; comme si la vérit
256 r ce que nous rêvons qu’elle est, et cela seul. L’ homme est défini par ses rêves qui, bien plus que l’action, façonnent son r