1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 toute réunion de peuples comme à toute réunion d’ hommes , il faut des institutions communes, il faut une organisation : hors d
2 ts fédéralistes ou unionistes, de quelques grands hommes politiques et de plus de huit-cents députés, dirigeants syndicalistes
3 dans toute son étendue à la libre circulation des hommes , des idées et des biens ». Nous avons une union douanière qui n’a pas
4 fs ont le droit de faire massacrer des millions d’ hommes et de femmes dans des guerres toujours « justes » par définition, des
5 on, qui garde dans l’esprit de la totalité de nos hommes de gouvernement l’invincible réalité d’un réflexe conditionné par l’É
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
6 r, soit qu’ils ressemblent trop à tous les autres hommes pour former un groupe distinct. Voyons ces trois espèces d’arguments.
7 tas et d’Europa. C’est enfin dans les œuvres d’un homme qui fut d’abord grand humaniste sous le nom d’Æneas Sylvius Piccolomi
8 t pas des terres qu’il s’agit de réunir, mais des hommes . Or, les hommes ne sont pas des produits du sol, mais d’une tradition
9 qu’il s’agit de réunir, mais des hommes. Or, les hommes ne sont pas des produits du sol, mais d’une tradition ; ils ne naisse
10  ; ils ne naissent pas de la terre, mais d’autres hommes . Aux amateurs de géographie, répondons que l’Europe, c’est tout d’abo
11 ’idée de la personne, d’une certaine dignité de l’ homme . S’agissant d’observer une entité vivante, le problème consiste d’abo
12 ition irritée : « L’Européen ne serait-il pas cet homme étrange qui se manifeste comme Européen dans la mesure précise où il
13 et prétend au contraire s’identifier soit avec l’ homme universel, soit avec l’homme d’une seule nation du grand complexe con
14 entifier soit avec l’homme universel, soit avec l’ homme d’une seule nation du grand complexe continental dont il révèle ainsi
15 e pas un instant qu’elle soit l’affaire des seuls hommes cultivés ou conscients de ce qu’ils donnent à la culture, et qu’elle
16 ublées par les interventions de gens d’armes ou d’ hommes de main, et qui évoquent plutôt des conventions de partis aux USA que
17 es successives, mais au contraire dans un corps d’ homme et dans la matière même dont nous sommes faits. Tel est le dogme du D
18 cède d’une confiance intuitive dans l’accord de l’ homme et du monde et suppose une foi dans leur fondement commun, « fondemen
19 qui désignait le rôle social et relationnel d’un homme . Les Grecs avaient les termes d’hypostasis (substance propre) et de o
20 puisque le Fils est « à la fois vrai Dieu et vrai homme  » —, notre idée de la personne humaine : elle désigne l’individu natu
21 communauté, et spirituelle à l’égard de Dieu. Cet homme à la fois distingué par sa vocation unique et relié par cette même vo
22 même vocation au prochain et au Père de tous, cet homme à la fois libre et responsable donc, va devenir la vraie source du dr
23 i, sans nouveauté mesurable ou même imaginable. L’ homme échappe donc au temps et à sa dégradation : le retour éternel compens
24 unique, comme la vie du chrétien est unique, et l’ homme y joue son rôle selon sa vocation, non plus selon le seul décret des
25 selon le seul décret des astres. Du même coup, l’ homme devient responsable de ses actions et de leurs suites dans l’histoire
26 bre et responsable. (Dans plusieurs cités, chaque homme libre est appelé à revêtir une charge publique par rotation.) Mais el
27 ersonne de Jésus-Christ comme « vrai Dieu et vrai homme à la fois », selon les formules conciliaires. Mais ce n’est pas tout.
28 énomène communautaire qui domine l’existence de l’ homme médiéval ne peut être compris dans ses structures complexes qu’à part
29 généralement européen, le plus commun à tous les hommes de notre continent, et l’on peut voir en lui le plus proche équivalen
30 agissent toutes, sans exception, dans la vie des hommes d’aujourd’hui. Un seul exemple : le dogme de la Trinité, hors de la t
31 ur l’avenir collectif. Nous voyons au contraire l’ homme d’Europe chercher la singularité, la différence, qu’il lui arrive de
32 vec cette religion qui fit dépendre le salut de l’ homme , non point de l’observance des rites collectifs, mais de la conversio
33 ir l’Europe comme cette partie de la planète où l’ homme , sans relâche, se remet en question et veut changer le monde, de tell
34 tes, sérieuses ou non, dérivent de la notion de l’ homme introduite par le christianisme. Je ne parle pas ici du converti, de
35 istianisme. Je ne parle pas ici du converti, de l’ homme chrétien au sens courant, du membre d’une Église, plus ou moins pieux
36 Je parle, d’une manière plus générale, du type d’ homme (croyant ou non) que le christianisme a permis de concevoir, et qu’il
37 uisent pas toujours directement cette notion de l’ homme , en dérivent en tout cas d’une manière démontrable, fût-ce par une su
38 rdre du cosmos, crime absurde. En Inde, les seuls hommes touchés par l’idéologie communiste sont restés longtemps ceux que l’O
39 l cette maxime de la démocratie qui affirme qu’un homme en vaut un autre, et donc qu’une femme aussi en vaut une autre : disp
40 oi, que vient distinguer, dans toute la masse des hommes de tous les temps, mon amour à jamais personnel. Ces deux exemples so
41 d’un progrès toujours possible reste vital pour l’ homme européen ; et que nos vies perdraient leur sens, si vraiment nous ces
42 de toutes les créations accumulées par les grands hommes , héros, savants, législateurs et saints. Nous pensons que tout cela r
43 tières actuelles de leur État, ils oublient que l’ homme n’est pas un légume, et que le légume qui a la plus grosse racine, qu
44 ’un individu, le débat sur la responsabilité de l’ homme qui a contrevenu aux lois, etc. Ceux hérités du christianisme, tels q
45 de l’union sembleront se dérober sous les pas des hommes politiques et des économistes. Car avant de « faire l’Europe », il fa
46 t les conceptions de l’éducation, selon le type d’ hommes qu’elle veut former. 19. Parabole des trois colombes Du point d
47 n clairement : il est de former et promouvoir des hommes à la fois libres et responsables, conscients de ce qu’ils se doivent
48 laquelle ils se trouvent engagés. C’est ce type d’ homme en équilibre dynamique qui mérite le nom de personne et qui reste le
49 pièces de théâtre, arsenal de citations pour les hommes politiques, et finalement : superstition moderne du « sens de l’histo
50 se toute tentative verbale pour exprimer ce que l’ homme européen a conçu de plus pur, de plus fort et de plus exaltant. Voilà
51 uctures musicales se raccordent au psychisme de l’ homme européen qui a conçu les machines et la personne. Un intellectuel ind
52 nues tant de brillantes créations de la main de l’ homme  ? Où sont-ils, ces remparts de Ninive, ces murs de Babylone, ces pala
53 la croyance chrétienne en la valeur égale de tout homme devant Dieu, quelle que soit sa nation, sa couleur ou sa race. L’Égyp
54 L’Égypte ancienne ne croyait rien de tel. Le mot homme y était synonyme d’habitant de la vallée et du delta du Nil. Il y ava
55 « cet être intermédiaire entre l’Autrichien et l’ homme  ».) Pour les Grecs et les Chinois également, il existait deux espèces
56 « Il n’y a plus ni Juifs ni Grecs, ni esclaves ni hommes libres, ni hommes ni femmes, car vous êtes tous fils de Dieu, vous êt
57 Juifs ni Grecs, ni esclaves ni hommes libres, ni hommes ni femmes, car vous êtes tous fils de Dieu, vous êtes tous un en Jésu
58 ’elle formerait intimement de considérer tous les hommes comme dignes et capables, un jour ou l’autre, de participer pleinemen
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
59 s large du terme. Avant de chercher à quel type d’ homme correspond une telle politique, et quel type d’homme elle entend prép
60 me correspond une telle politique, et quel type d’ homme elle entend préparer ou éduquer, constatons qu’elle traduit une forme
61 t se constituaient les premières définitions de l’ homme comme individu distinct, et de la cité ou auto-nomie (littéralement a
62 et même Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme … fils unique en deux natures, sans confusion (ni) séparation. L’union
63 ase de notre analyse, plaçons une conception de l’ homme analogue au modèle bipolaire posé par le concile de Chalcédoine. La p
64 us servir de module. La personne humaine, c’est l’ homme considéré dans sa double réalité d’individu distinct et de citoyen en
65 ion dont l’exercice le relie à la communauté, cet homme se constitue dans la dialectique des contraires, et ce caractère va s
66 re à tous les groupes qu’il formera avec d’autres hommes , ses semblables. Ces groupes devront être à leur tour à la fois auton
67 d’enracinement et de mobilité… La situation de l’ homme qui veut à la fois sa vie privée et une vie sociale est homologue de
68 es, j’entends selon qu’elles intéressent tous les hommes de toutes les régions, certains hommes de toutes les régions, certain
69 t tous les hommes de toutes les régions, certains hommes de toutes les régions, certains hommes de certaines régions, tous les
70 , certains hommes de toutes les régions, certains hommes de certaines régions, tous les hommes de quelques régions, ou d’une s
71 s, certains hommes de certaines régions, tous les hommes de quelques régions, ou d’une seule. Je conviendrai que le nombre des
72 e notamment par le chiffre élevé des suicides. L’ homme des ensembles à bon marché, trop serré avec d’autres chez soi, et qui
73 outes tailles et de toutes natures, auxquelles un homme choisit de donner allégeance. 33. Le fédéralisme commence C’est
74 alimenter la pensée des sociétés et de dicter aux hommes ces “images de comportement”, dont Bertrand de Jouvenel a si justemen
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
75 l’État-nation, en effet, n’est pas simplement un homme qui a tort, ou qui persiste méchamment dans son erreur. C’est bien pl
76 méchamment dans son erreur. C’est bien plutôt un homme qui souffre de la crainte morbide de perdre une puissance magique qui
77 rt, l’État ne trahit mieux son mépris foncier des hommes . Car l’autarcie implique que le bien-être des citoyens soit sacrifié
78 hoisir. Pour la première fois dans l’histoire, l’ homme se voit aujourd’hui en situation de choisir librement son avenir. Jus
79 modèles neufs pour une cité rendue à l’usage de l’ homme . Il faut mettre en commun à l’échelle fédérale continentale tout ce q
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
80 La grande force de l’État-nation, c’est que les hommes et les femmes d’aujourd’hui qui ont passé par l’école et croient savo
81 uristes, à des responsables du Plan et même à des hommes politiques comme Mendès-France, Pleven, Giscard d’Estaing, Edgar Faur
82 des États-nations. Ce qui empêche la plupart des hommes d’aujourd’hui de le voir, ou d’en croire leurs yeux quand ils le voie
83 és, incertitudes, blocages mentaux, qu’éprouve un homme de cette seconde moitié du xxe siècle à concevoir une Europe des rég
84 rois degrés) a imposé depuis un siècle et demi. L’ homme d’aujourd’hui, formé par les manuels, croit, sans la moindre discussi
85 ique de la nation, c’est-à-dire de l’ensemble des hommes vivant à l’intérieur d’un territoire délimité par les hasards des gue
86 correspond à quelque chose de fondamental chez l’ homme néolithique (nomade fixé au sol à partir du Xe millénaire avant notre
87 ême réduction correspond à la seconde nature de l’ homme alphabétisé, caractérisé par l’hypertrophie de la fonction visuelle e
88 du « voir » et du « comprendre » qui s’ensuit. L’ homme de la civilisation visuelle, de l’imprimé, de la lecture des signes a
89 ignés, des plans, des cartes et des graphiques, l’ homme de la « galaxie Gutenberg » si génialement décrite par McLuhan, ne pe
90 e des imbéciles dans ce monde-là. Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous, peu ou prou, et dans son système
91 s réalités Dès le milieu du siècle dernier, un homme avait prévu très exactement l’évolution de l’État-nation vers le règn
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
92 ruit des pas, sur ses places la rumeur des voix d’ hommes et de femmes et les jeux des enfants. Qui serait contre cette Europe
93 n’y eut plus même de centre du cosmos, et alors l’ homme se découvrit centre de tout par sa conscience de soi dans l’infini. L
94 un milieu humanisé, ni sauvage nature écrasant l’ homme , ni mascaret de béton écrasant nos jardins et nos cultures. Seule, l
95 nières que l’on assigne à la vie personnelle de l’ homme et à son rôle dans la cité. Dès 1934, j’écrivais : Une politique à h
96 Dès 1934, j’écrivais : Une politique à hauteur d’ homme , c’est une politique dont le principe de cohérence s’appelle responsa
97 ividualiste ; elle s’oppose à l’exploitation de l’ homme par ses créations, par l’État et par les bavards radiodiffusés. Elle
98 -ils, et c’est le cas, une minorité. Il y a peu d’ hommes réellement humains : mais c’est à eux que le pouvoir doit revenir, c’
99 fait que diminuer les occasions légitimes qu’a l’ homme de décharger des pulsions naturelles48. » Cette agressivité s’accroît
100 planète indispensable au monde de demain, où les hommes de toutes races pourront trouver non pas le plus de bonheur, peut-êtr