1 1942, La Part du diable (1982). Introduction. Que la connaissance du vrai danger nous guérit des fausses peurs
1 icatesse, à la grandeur, à l’âme, le Malin est un homme à trucs. C’est l’agent double, triple, centuple, l’agent multiple à l
2 ux qui prennent à coup sûr le plus grand nombre d’ hommes dans les basses époques spirituelles. ⁂ Encore un mot. On se trompera
2 1942, La Part du diable (1982). L’Incognito et la révélation
3 de où l’on croit aux journaux ? C’est un fait : l’ homme moderne éprouve moins de peine à prêter foi aux mensonges du jour qu’
4 elles vérités transmises par les livres sacrés. L’ homme moderne — en moi-même d’abord et par la voix que vont lui donner mes
5 à sa mort dans l’esprit de nos contemporains. Les hommes ont créé ce fantôme. Et tout d’abord, le diable est une invention jui
6 la première chute — pour s’y unir aux filles des hommes et engendrer des géants malfaisants. Ce sont les rabbins encore qui o
7 sion. Rien de plus clair que cette histoire : les hommes ont inventé le diable, ce fantôme les a tourmentés pendant des siècle
8 ’où provient toute forme, y compris la forme de l’ homme . Voltaire disait : « Dieu créa l’homme à son image, mais l’homme le l
9 forme de l’homme. Voltaire disait : « Dieu créa l’ homme à son image, mais l’homme le lui a bien rendu. » Cette boutade signif
10 disait : « Dieu créa l’homme à son image, mais l’ homme le lui a bien rendu. » Cette boutade signifie, pour un rationaliste,
11 tte boutade signifie, pour un rationaliste, que l’ homme a inventé un Dieu inexistant. Mais si l’on prend au sérieux le premie
12 n prend au sérieux le premier terme « Dieu créa l’ homme à son image », le second terme devient normal. Si l’homme ne « rendai
13 son image », le second terme devient normal. Si l’ homme ne « rendait » pas à Dieu cette forme dont l’idée lui vient de Dieu,
14 ne l’est trop — mais pas assez.) À vrai dire, l’ homme moderne doit faire un grand effort pour s’anthropomorphiser lui-même,
15 nous aide à mieux comprendre la vraie nature de l’ homme , et nos vies dans ce siècle. Je pense que les figures du mythe nous g
16 pables de bon sens. Le bien et le mal, tels que l’ homme les conçoit, sont des coutumes relatives au temps, aux civilisations,
17 berté et des biens de la terre. Ni le diable ni l’ homme pécheur ne peuvent réellement faire le mal, comme nous porte à le cro
18 s porte à le croire une formule trompeuse. Mais l’ homme peut mal faire ce qu’il fait avec les dons du Créateur. Il ne peut pa
19 t à ce moment-là que Baudelaire peut écrire : « L’ homme et la femme savent de naissance que dans le mal se trouve la volupté…
20 e, donc du bien. J’ai dit qu’il doit passer par l’ homme pour agir sur la réalité. Mais dans l’humain, par où va-t-il entrer ?
21 té. Mais dans l’humain, par où va-t-il entrer ? L’ homme seul, dans toute la Création, peut dire ce qui n’est pas, et mentir p
22 e intarissablement prodigue de l’instinct. Mais l’ homme a reçu le pouvoir de parler, de créer, et de dénaturer. Par la grâce
23 e dire un mensonge ou l’opérer. Par le langage, l’ homme prouve qu’il est libre. Par le langage, il peut mentir. Par sa libert
24 pécher, ni Adam après elle. Ainsi la gloire de l’ homme étant sa liberté, il est clair que c’est en ce point que le Malin dev
25 ait, Satan se dévoile comme un ennemi mortel de l’ homme , qu’il avait abusé jusqu’ici en feignant de sympathiser avec l’idéali
26 e d’exister à nos yeux. Il ne présentera donc aux hommes que des masques tour à tour rassurants ou flatteurs. « Déguisement, t
27 mesure où il cultive un rêve de déification de l’ homme par sa science ; où il nie toute transcendance ; où il s’enferme dans
28 tombent des toits, et qui tombent également sur l’ homme normal et sur l’homme torturé par ses complexes. Or la chute de l’ang
29 qui tombent également sur l’homme normal et sur l’ homme torturé par ses complexes. Or la chute de l’ange Lucifer est justemen
30 farder et l’art des armes. C’était apprendre aux hommes à se faire plus beaux et plus puissants que nature. Alors, poursuit l
3 1942, La Part du diable (1982). Hitler ou l’alibi
31 t sinistre, et ces oiseaux nous attaquaient ! Les hommes discutaient à coup de bombes, qui ne prouvaient rien de ce qui était
32 ligion. — Si cela continue, se dit le diable, les hommes s’apercevront que j’existe toujours. Or il faut que cela continue, ma
33 autant que ma mémoire ne le trahit pas : — « Cet homme qu’il est inutile de nommer, et dont la censure d’ailleurs m’a fait o
34 esseur auprès de Dieu que Christ lui-même. Mais l’ homme auquel vous pensez n’est encore qu’un petit monsieur, un premier avan
35 d rang, qui peuvent aussi déchoir dans un corps d’ homme quelconque et l’occuper comme une garnison. Je l’ai entendu prononcer
36 Réfléchir ou même délirer. On ne tire pas sur un homme qui n’est rien et qui est tout. On ne tire pas sur un petit-bourgeois
37 petit-bourgeois qui est le rêve de 60 millions d’ hommes . On tire sur un tyran, ou sur un roi, mais les fondateurs de religion
38 arce que ma mission me protège. Il faut croire un homme qui dit cela. Qu’il soit un instrument de la Providence comme il l’af
39 c’est une nuance !) son destin ne dépend plus des hommes , pas même de l’homme Adolf Hitler. À plus forte raison, notre jugemen
40 n destin ne dépend plus des hommes, pas même de l’ homme Adolf Hitler. À plus forte raison, notre jugement sur lui doit être i
41 us déplorable espèce si l’œuvre accomplie par cet homme — et j’entends bien par cette puissance à travers lui — n’était pas u
42 emande s’il est intelligent. Ne voit-on pas qu’un homme intelligent, qu’il le soit très peu ou follement, si cela compte en l
43 z encore que cela suffit à vous en protéger. » Un homme quelconque, transfiguré par sa ténébreuse « mission », — Schickelgrub
44 e dis qu’avant la guerre de 1939, la majorité des hommes savaient qu’Hitler était le nom d’un désastre imminent et mondial. Po
45 les pays, et non pas seulement en Allemagne, des hommes et des femmes subissent la contagion de ce mal, changent subitement d
46 mort, terme idéal de toute passion. Autrefois les hommes demandaient des directeurs de conscience. Mais la misère des temps et
47 n conquérant. La confrontation stupéfiante de cet homme et de cette Ville était peut-être nécessaire pour faire comprendre au
48 astrophe prévue. Et devant le cadavre gisant de l’ homme qui fit trembler tout l’univers, voici que nous nous écrions avec une
49 où l’esprit va reprendre ses droits, pensent les hommes . Mais quand je suis fort, dit saint Paul, c’est alors justement que j
50 prières ou rites, sont les moyens qu’a trouvés l’ homme pour capter ses puissances obscures et les ordonner à des fins tantôt
51 ils, les bras au ciel. Mais c’est très simple. Un homme qui meurt de faim mange n’importe quoi pour tromper sa faim, faute de
52 aura trop d’avions du même côté.) Mais comment l’ homme compensera-t-il l’absence de guerre ? Voici la tragédie nouvelle : no
53 causer quelque turbulence. C’est calculer sans l’ homme , sans son humanité, sans son délire — sans la nécessité vitale et cré
54 n’est pas si court de vue. Il n’oublie pas que l’ homme a toujours su produire les ingrédients indispensables à sa torture, à
55 que la névrose créée par le rationalisme. (Mais l’ homme tient à varier ses plaisirs, ou les prétextes du plaisir.) Elle risqu
56 eligion comme toutes les autres, un écran entre l’ homme et Dieu, une fantasmagorie psychologique où l’homme n’adore que son p
57 mme et Dieu, une fantasmagorie psychologique où l’ homme n’adore que son propre reflet. » Ce sera le temps de regretter les di
58 rs des choses. Mais l’un des grands plaisirs de l’ homme est de prévoir. Il s’imagine, et je ne sais s’il a tort, que la lucid
4 1942, La Part du diable (1982). Le diable démocrate
59 e diffèrent pas essentiellement de nous. Car tout homme porte dans son corps (et dans son âme) les microbes de toutes les mal
60 le chrétien véritable, s’il existait, serait cet homme qui n’aurait d’autre ennemi à craindre que celui qu’il loge en lui-mê
61 é. Nous sommes tous, nos ennemis y compris, des «  hommes de bonne volonté »13. Pourtant voyez ce qui se passe dans le monde, e
62 ous rappeler notre slogan démocratique : Tous les hommes se valent ! Certes, il y a des degrés dans le mal, il y a des inégali
63 aux noms. Nous avons cru à la bonté foncière de l’ homme . Par gentillesse pour les autres, évidemment… Mais c’est toujours une
64 incipal effet de nous aveugler sur la nature de l’ homme , c’est-à-dire sur la nature essentielle du mal enraciné dans notre li
65 onnées premières, et dans la définition même de l’ homme en tant qu’il est humain. Nous avons été optimistes par principe, et
66 cela ; et qu’après tout, « les nazis étaient des hommes comme nous ». Voilà le danger que court la démocratie américaine, apr
67 e découvrir un jour qu’« après tout, ils sont des hommes comme nous ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme nous dan
68 s comme nous ». Et c’est bien vrai : ils sont des hommes comme nous dans ce sens que leur péché est aussi en nous, secrètement
69 supposition, elle-même humoristique, que tous les hommes sont égaux, elle ne peut fonctionner sans humour, non plus qu’une mac
70 parties. C’est le sens de l’humour qui sauve les hommes vivant dans un État démocratique. Et de quoi les sauve-t-il ? De l’as
71 le signe primordial de notre condition humaine. L’ homme est libre, et cela signifie qu’il est placé à chaque instant dans une
72 ans ce plan, ce n’est point la liberté réelle des hommes , qu’aucun tyran jamais n’a pu suspendre un seul moment, mais c’est le
73 moment, mais c’est le droit que l’État laisse à l’ homme d’obéir à sa vocation. Si l’homme ne se reconnaît point de vocation,
74 État laisse à l’homme d’obéir à sa vocation. Si l’ homme ne se reconnaît point de vocation, la liberté qu’il revendique est vi
75 Opinion publique est la plus ordinaire. Mais si l’ homme se reconnaît une vocation, il ne demandera point d’autre droit que ce
76 la liberté du choix, qui était toute sa dignité d’ homme . Alors sans doute, il entrera dans la masse anonyme des esclaves qui
77 n perdant la tête se met à fonctionner contre les hommes sans que personne n’y puisse plus rien. Présentation de la police mod
78 erne. 31. Le démon de la Sécurité Lorsque l’ homme se trouve confronté avec un des périls normaux de l’existence, deux p
79 Il comprend tout et il a tout prévu. Il connaît l’ homme dans sa vulgarité, et se flatte de savoir l’y réduire. Il vous expliq
80 rapport le fameux livre de Mr. Dale Carnegie et l’ Homme de Cour de Balthazar Gracián. Ce jésuite avait mis en manuel les maxi
81 fins utiles : c’est une version démocratique de l’ Homme de Cour, que l’on pourrait intituler l’Homme de l’Antichambre. Notons
82 de l’Homme de Cour, que l’on pourrait intituler l’ Homme de l’Antichambre. Notons d’abord que du jésuite à notre expert en pop
83 fissent ». Exemple : Le plus profond besoin de l’ homme , selon le professeur Dewey, étant de se sentir important, ne perdez p
84 exte véritable ne dit pas « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » mais « Paix sur la terre, et bonne volonté (de Die
85 r la terre, et bonne volonté (de Dieu) envers les hommes  ». Ce qui est complètement différent. 14. Je ne parle pas des héros
5 1942, La Part du diable (1982). Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
86 c’est-à-dire Dieu caché autant que révélé dans l’ homme Jésus. Et quelques-uns seulement surent connaître le Christ dans le f
87 us reconnaître dans nos idoles. Voici comment les hommes s’enchaînent aux dieux qu’ils créent. Ceux qui ne l’ignoraient pas on
88 re vérité. Or aux yeux de ceux qui les servent, l’ homme n’existe qu’en elles et par elles. Dans la mesure où nous leur obéiss
89 ent du dieu Classe ou du dieu Race. Les dieux des hommes sont sans pardon. Ce sont des diables. Toutefois, le diable est sans
90 s ne sont pas les pensées de Dieu mais celles des hommes . » Qu’est-il donc arrivé ? Comment cette « pierre » sur qui l’Église
91 déjà devenue pierre d’achoppement ? Pourquoi cet homme , auquel le Christ vient de dire qu’il parlait selon le Père, parle-t-
92 car lorsque Pierre croit, il est l’Église. (Tout homme qui croit, dans l’instant de la foi devient Pierre à son tour, et fon
93 sont-elles moins déprimantes que le préjugé de l’ homme moderne, qui ne sait rien de la théologie, croit pouvoir s’en passer,
94 t devait être en bonne odeur à l’Éternel, car cet homme avait le cœur pur. À quelques mètres, derrière lui, suivaient le dia
95 ent le Philanthrope, d’un œil critique. Un pauvre homme l’arrêta pour lui demander une cigarette, dans un anglais de réfugié.
96 Mais moi je vais l’organiser ! » 42. Le diable homme du monde Qui donc disait que le diable est un monsieur très bien ?
97 ration du démon », dit André Gide, l’un des rares hommes que j’aie connus qui croient au diable et qui en parlent bien. La dis
98 ce est le vrai sens de l’œuvre, pour autant que l’ homme peut en juger. Elle ravit au démon le bénéfice de ses conseils intére
99 le conte ? Je pense que c’est la créativité de l’ homme , sa liberté, c’est-à-dire son « âme ». (Et c’est pourquoi l’un des pr
100 aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’ homme réside dans son pouvoir unique au monde de suivre l’ordre — ou de tri
101 sa liberté, sa proie le lie. « Que servirait à un homme de gagner le monde s’il perdait son âme ? », dit l’Évangile. Le Pacte
102 és au nom d’un destin sans appel. L’angoisse de l’ homme moderne devant sa liberté peut se mesurer au nombre des tireuses de c
103 anthrope ou le mondain, l’artiste, l’auteur, et l’ homme qui réussit, cette galerie de victimes est classique au point d’en êt
104 onne… La foule, c’est le lieu de rendez-vous des hommes qui se fuient, eux et leur vocation. Elle n’est personne et tire de l
105 une abstraction qui n’a pas de mains, mais chaque homme isolé a, dans la règle, deux mains, et lorsqu’il porte ces deux mains
106 urs au même et unique artifice : faire croire à l’ homme qu’il n’est pas responsable, qu’il n’y a pas de Juge, que la Loi est
107 Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’ homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l’Éternel Dieu, au milieu
108 es arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’ homme et lui dit : Où es-tu ? Il répondit : J’ai entendu ta voix dans le ja
109 de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? L’ homme répondit : La femme que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre
110 ttrape, ils disent que c’était l’autre. Ainsi les hommes de notre temps, poussés par leurs « complexes de culpabilité » et fuy
111 action jouent dans le même sens. Elles poussent l’ homme à rechercher les occasions d’être dépossédé de soi. Elles font de cha
112 sses possibles, au sens précis de concentration d’ hommes , sans la radio, les haut-parleurs, la presse et les transports rapide
113 ais ces moyens techniques n’ont pas tout fait : l’ homme les a faits d’abord, et ce n’est point par hasard qu’il a fait ceux-l
114 ans la rue seulement. Elle est dans la pensée des hommes de ce temps, elle a ses sources au plus intime des existences individ
115 sons une ville nous resterons unis, se disent les hommes . Ils la font, et c’est là précisément que « l’Éternel confondit leur
116 la ville et la tour que bâtissaient les fils des hommes . Et l’Éternel dit : voici, ils forment un seul peuple et ont tous le
117 lle du phénomène de confusion des langues. Si les hommes ne se sont plus entendus lors de la construction de ce premier gratte
118 ver. Faudra-t-il détruire notre monde, pour que l’ homme s’y retrouve et se refasse un habitacle à sa mesure ? Le phénomène le
119 ’exprimer qu’en termes de contradiction. Jamais l’ homme ne fut plus puissant, et jamais il ne s’est senti, en tant qu’individ
120 et soyez comme des dieux, oubliez votre mesure d’ hommes  ! » Mais, plus on monte et mieux on tombe. Allez chercher maintenant
121 devrait être conçue normalement pour abriter les hommes . Il n’est pas naturel de lui ajouter des étages. Car en tombant du qu
122 , qu’il croie la science ou invoque le mystère, l’ homme d’aujourd’hui montre une constante et masochiste propension à se voul
123 . Ceux de mes contemporains qui se représentent l’ homme comme un complexe de glandes endocrines, d’enzymes et de vitamines, o
124 que « cela explique tout ». Étrange névrose de l’ homme moderne ! Quoi de plus sot que de prétendre expliquer la conduite et
125 ui est responsable de cette méchante décision ? L’ homme ou son foie ? Nous sommes bien trop intéressés à nier le péché person
126 la passion : « Une femme appartient de droit à l’ homme qui l’aime et quelle aime plus que la vie, et il n’y a d’unions à jam
127 uiproquos entre le vice et la vertu. Nulle part l’ homme ne se dupe mieux sur ses motifs et ne se paye plus aisément de sophis
128 « Ne trouve-t-on pas dans la tête ce qui unit les hommes — la compréhension de l’utilité et du préjudice général — et dans le
129 le toute l’étendue de notre ennui, le dégoût de l’ homme moyen pour sa vie quotidienne, l’absence de buts et d’intérêts puissa
130 plus sensibles et les plus communes. Assez peu d’ hommes sont réellement tentés de voler le portefeuille du voisin, mais presq
131 oler le portefeuille du voisin, mais presque tout homme s’est vu tenté de prendre la femme du voisin, soit en recourant aux r
132 nt. D’autre part, il est lié à la créativité de l’ homme , il en est l’aspect corporel, le symbole ou le signe physique. Or nou
133 ole ou le signe physique. Or nous savons que si l’ homme peut pécher, c’est uniquement parce qu’il est libre, c’est-à-dire par
134 gnifiante, et déprime secrètement l’humanité de l’ homme . Le sexe n’est pas plus divin qu’il n’est honteux, mais il est lié in
135 é intimement aux fonctions les plus humaines de l’ homme , à ses pouvoirs de création dans tous les ordres, à ses jugements est
136 abuser de notre liberté. Reste la femme, dont l’ homme ne se lassera jamais de faire un ange ou un démon. « Instrument dont
137 s s’y tromper. Quelle soit moins bien armée que l’ homme contre Satan, c’est ce que fait voir le récit de la Chute. Croyez bie
138 sommé ». La femme n’est pas plus diabolique que l’ homme , mais plus facilement égarée, parce qu’elle manque d’objectivité, de
139 de sa raison. Elle manque de forme, et c’est à l’ homme de lui en donner. Mais si l’homme au contraire se met à l’adorer, à r
140 e, et c’est à l’homme de lui en donner. Mais si l’ homme au contraire se met à l’adorer, à rendre un culte aux valeurs féminin
141 i est le chef de la femme, et que la femme sans l’ homme ne peut être sauvée. C’est une constatation bien plus qu’une prescrip
142 que ne prévoyait pas sa nature. Insensiblement, l’ homme renonce à exercer son rôle de chef. La femme l’a persuadé qu’elle éta
143 mme contre sa condition. Dans cette liberté que l’ homme lui laisse, elle s’éprouve inconsciemment frustrée. La voici livrée à
144 la société. La femme qui n’est plus dominée par l’ homme — que la faute en soit à l’homme ou à elle-même — perd sa féminité ou
145 us dominée par l’homme — que la faute en soit à l’ homme ou à elle-même — perd sa féminité ou devient son esclave. Dans ce der
146 ne sait pas, un démon le saura pour elle. Chez l’ homme qui se laisse aller à ce genre d’argument, c’est une lâcheté plus naï
147 i comme une femme, s’il n’est plus maîtrisé par l’ homme en lui. Contre les romans et les films, et contre l’opinion courante
148 s alors nous ne saurons jamais. Il se tait. « Cet homme ne m’aime pas, pense la femme. Allons en battre un autre. » Moralité
6 1942, La Part du diable (1982). Le Bleu du Ciel
149 ant du deuxième temps de l’attaque. Il y faut des hommes réveillés. Deutschland erwache ! — Allemagne, réveille-toi ! hurlait
150 ècle, que nous devons attendre un vrai réveil des hommes … Mais cette attente encore, qu’elle ne soit point passive parmi les v
151 disait Sénèque : conter le rêve est le fait de l’ homme qui ne dort plus. C’est un écho lointain du grand cri de saint Paul :
152 craties capitalistes et commerçantes : Fils de l’ homme , dis au prince de Tyr : Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel. Ton cœur
153 sur le siège de Dieu au sein des mers ! Toi tu es homme , et non Dieu. Par ta sagesse et par ton intelligence Tu t’es acquis d
154 ton meurtrier, diras-tu : Je suis Dieu ? Tu seras homme , et non Dieu Sous la main de celui qui te tuera. Face aux Tyrans tou
155 que nous devenions, chacun pour notre compte, un homme , une personne responsable. Le seul obstacle irréductible, c’est le Sa
156 devenir un ? Mais pour devenir ou pour rester des hommes , simplement, dans l’érosion universelle par le néant, il nous faut te
157 ser le démon qu’en soi-même. Diogène cherchait un homme , la lanterne à la main. Je ne m’étonne pas qu’il n’en ait point trouv
158 ait point trouvé. Le vrai moyen de rencontrer un homme , c’est d’en devenir un soi-même. (Si ce n’est pas le seul moyen, c’es
159 ul moyen, c’est assurément le plus court.) Chaque homme vivant une vie plus responsable est une défaite pour le diable, d’ore
160 ué d’amour et d’espérance. Il n’est pas bon que l’ homme soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’homme soit foule : c’est ê
161 ’homme soit seul. Il n’est pas bon non plus que l’ homme soit foule : c’est être seul encore, c’est être seuls en masse. La so
162 n masse. La solitude est un état divin qui chez l’ homme tourne vite au diabolique. « En la solitude un homme converse avec lu
163 me tourne vite au diabolique. « En la solitude un homme converse avec lui-même, et comme a dit un sage, il n’est pas toujours
164 dans la liberté. Il n’y a de liberté que chez les hommes qui réalisent leur vocation et qui la servent. Et l’homme libre est l
165 i réalisent leur vocation et qui la servent. Et l’ homme libre est le seul qui respecte la liberté de ses semblables. Tout cel
166 êmes des trahisons de leur fin. Il faut aider les hommes si faibles d’aujourd’hui à devenir un peu plus responsables, un peu p
167 rgument suivant : le gigantisme moderne prive les hommes de la possibilité d’être et de se sentir responsables dans la société
168 dit que l’ordre véritable suppose la liberté de l’ homme responsable. Mais combien de bourgeois apeurés s’obstinèrent à voir d
169 ois apeurés s’obstinèrent à voir dans Hitler, cet homme des masses, « le rempart » de leur ordre contre le bolchévisme ? D’au
170 ans sa source elle est « la vie et la lumière des hommes  » ! Hélas, qu’avons-nous fait de la parole ! Elle ne saurait plus mêm
171 te la confusion de notre langage. Il sait que les hommes ne peuvent s’engager que par des paroles claires et nettes, et qu’en
172 mal est trop profond, le désespoir trop vrai, les hommes trop occupés à se détruire et les mots, justement, trop dépourvus de
173 nous ont montré d’une manière convaincante que l’ homme « moral » n’était qu’un hypocrite, un faible, un refoulé ou un raseur
174 rnier terme de sa corruption. « Je demande à tout homme qui pense de me montrer ce qui subsiste de la vie. »34 Et je réponds 
175 té sur ce qui est mauvais. » « Pour connaître les hommes , il ne suffit pas de les mépriser. »35 « Les personnes faibles ne peu
176 i nous rend insensible au vertige. Je pense que l’ homme le plus lucide au monde c’est l’homme qui prie. Et que le plus grand
177 pense que l’homme le plus lucide au monde c’est l’ homme qui prie. Et que le plus grand des psychologues, c’est celui qui conç
178 meilleurs, car l’Ecclésiaste avait raison, « les hommes ne savent rien, tout est devant eux, tout arrive également à tous : m
179 Pain et le Vin. Je lui oppose aussi les œuvres d’ hommes où sa part a été consumée. Je lui oppose le bleu du ciel. Le bleu des
180 celui qui t’en donne. Ce peut être n’importe quel homme , celui qui passe sur ton chemin et qui s’arrête… 31. Régime parlemen
7 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
181 t-on me servir encore ? Au fond de la salle, deux hommes et une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ayant rem
182 t une femme attablés causent et boivent. L’un des hommes m’ayant remarqué, je l’entends dire : « Voilà le diable ! » Ils se re
183 que nous soyons à peu près du même âge, voilà un homme plus moderne que moi. 16 mars Réveillé il y a quelques minutes, il es
184 que l’expression mythique des terreurs intimes d’ hommes simples et qui n’ont pas lu Freud. Ainsi le diable ne serait rien qu’
185 avait engendré Jésus-Christ. » Et quand le pauvre homme était dans le feu, il criait à l’aide et toujours disait qu’il n’étai
186 oma le mit cinq fois sur le feu, et fut le pauvre homme tellement brûlé que jamais depuis ne se soutint sur ses pieds et est
187 es termes : — Un être spirituel n’est rien pour l’ homme qui n’en a jamais fait l’expérience. Même si cet être existe en soi d
188 ’en être atteint, ce qui pèche ? Or je sais que l’ homme n’est pas bon. Il naît tel que l’a fait son programme génétique, lequ
189 comme de peser sur le bouton de mon transistor. L’ homme a peu de chances contre le diable. L’intervention d’un agent différen
190 ernel, et qu’il ne prévoie pas l’action libre des hommes non seulement en lui, dans son cadre, mais pour lui, comme agent de s
191 ». Ainsi trouvons-nous établi, dans l’esprit de l’ homme d’aujourd’hui, un principe qu’on ne peut aimer ni accepter, mais qu’i
192 d’une vocation — autant dire de la liberté, d’un homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce diable-là devient étrangem
193 un ange déchu, réduit à une fonction relative à l’ homme . En tant que force de néantisation de ce qui existe, et pas seulement
194 t sa position psychologique qui seule importe à l’ homme de notre siècle. Et peut-être, un peu plus sérieusement, sa position
195 es déchets de ce qui n’a plus de raison d’être. L’ homme qui n’a pas de vocation — c’est-à-dire qui refuse de chercher, de déc
196 u quand il n’y a de certain que les pouvoirs d’un homme sur d’autres hommes, ou sur la nature et le temps ? Laisse ton âme, c
197 certain que les pouvoirs d’un homme sur d’autres hommes , ou sur la nature et le temps ? Laisse ton âme, cette fumée si elle e