1 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — D’une culture qui parle dans le vide
1 culture évoque dans l’esprit du Français moyen l’ idée de l’Université, de la Bibliothèque nationale et des œuvres complètes
2 pas comme une chose à faire, ou qui se fait. À l’ idée de culture s’associe tout naturellement dans notre esprit l’idée de l
3 s’associe tout naturellement dans notre esprit l’ idée de l’homme cultivé, plutôt que celle du créateur ; l’idée de luxe plu
4 l’homme cultivé, plutôt que celle du créateur ; l’ idée de luxe plutôt que celle de travail, de combat spirituel et de puissa
5 oriques de cette situation : Henri de Man, dans l’ Idée socialiste. Cet ouvrage fort compact, indigeste comme la plupart de c
6 e culture socialiste puisse se rapporter, c’est l’ idée que le socialisme se fait de la culture existante, bourgeoise ou capi
7 ’on anticipe en esprit sur la forme à réaliser. » Idée socialiste, p. 14.) 7. C’est moi qui souligne.
2 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
8 urgeois conquérant, disons Diderot pour fixer les idées , put triompher sans peine des conventions d’une élite mondaine, tout
3 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
9 uve enrichi, dans la synthèse : voilà qui sauve l’ idée de Progrès et garantit sa rentabilité. Et Comte, en trois formules, d
10 itique de la personne, p. 67-70. H. de Man dans L’ Idée socialiste (en particulier p. 16 et 17), décrit ce processus en terme
4 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Décadence des lieux communs
11 ie de les mettre à exécution34. « Vous n’avez pas idée , conclut Alice, combien c’est affolant de jouer avec des choses vivan
12 rendu approximatif des faits, des choses, ou des idées . Il flatte ainsi la paresse de l’esprit, décourage le sens critique,
5 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure soviétique
13 ne joie au travail dont rien ici ne peut donner l’ idée  ; mais c’est aussi, et d’une manière fort imprévue, la renaissance d’
14 -je, d’essayer d’élargir cette critique, et notre idée de la culture s’il le faut. Quand l’esprit « perd ses droits », c’est
15 le prolétariat… Dans la théorie de la culture, l’ idée d’« avant-garde » supplanta, elle aussi, sous la pression de la réali
16 ta, elle aussi, sous la pression de la réalité, l’ idée de masse. La culture soi-disant prolétarienne se révéla finalement ce
17 e début : culture socialiste, configuration d’une Idée par des hommes qui y croient, et qui, à cause de cette foi, voudraien
18 trahit les présuppositions fondamentales. Ainsi l’ idée d’un Homme nouveau, imprévisible, en vue duquel la culture communiste
19 e substitue dans les esprits les plus vivants à l’ idée du Plan scientifique. Mais avec cette idée nietzschéenne, c’est l’ave
20 ts à l’idée du Plan scientifique. Mais avec cette idée nietzschéenne, c’est l’aventure, le romantisme et l’utopie, enfin le
21 ne. Voir David Strauss et Feuerbach. 38. De Man, Idée socialiste, p. 27-28. 39. Ibid. p. 29 et 33. 40. Le troisième Plan
6 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure nationale-socialiste
22 suis le Peuple, je suis à la fois le porteur des idées de la jeunesse et de celles des anciens combattants, je suis enfin l’
23 national. Il l’est si bien qu’il n’a plus même l’ idée de le dire. 48. La plupart de ces citations sont empruntées au numér
7 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
24 issent par me répondre : Bon ou mauvais selon vos idées , c’est ce régime qui nous a délivrés de la misère53. Et cela suffit à
8 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
25 opage ? S’agit-il pour le penseur de soupeser des idées et des faits, ou au contraire de peser sur les faits ? et de créer de
26 ontraire de peser sur les faits ? et de créer des idées qui aient du poids ? Les conséquences de l’un et l’autre choix sont i
27 t-à-dire, à la limite, l’équivalence parfaite des idées , l’équilibre de la balance, ce qui peut encore s’exprimer, en termes
28 ’une époque ? Apparemment là où personne n’aura l’ idée d’aller le chercher : dans cette convention la plus généralement admi
29 spective de l’acte créateur, de l’incarnation des idées , de la pensée manifestée, c’est-à-dire, pensée avec les mains. Récite
30 romotion à l’ancienneté, ce parcours prétendu des idées , que tout impétrant aux diplômes se voit forcé d’accomplir sous condu
31 , dans le progrès des événements, dans le jeu des idées , bref dans tout ce que l’on nomme l’Évolution. Ils ont cru pouvoir s’
32 rer un mot qui me paraît susceptible de fixer les idées du lecteur, même le moins religieux. Si les intellectuels ont succomb
33 e scrupule, afin de mieux fixer, par exemple, les idées d’un lecteur sympathique, je tiens à marquer toutefois que le complex
34 ur mystique de la richesse, dans leur recours à l’ idée d’homme moyen pour justifier la revendication du minimum de vie, expr
9 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
35 aux armes à un appel à l’existence. On préfère l’ idée d’un massacre à l’incarnation d’une idée ! Il faut en prendre son par
36 réfère l’idée d’un massacre à l’incarnation d’une idée  ! Il faut en prendre son parti : cet écrit n’apportera rien qui nourr
37 eurs. Mais simplement une insistance à forcer les idées jusqu’aux lisières du concret, jusqu’au bord de l’action qui les épro
38 tes. Car ils ont en commun cette illusion que les idées existent indépendamment des faits. Les premiers y voient la garantie
39 que les clercs n’en avaient sur l’application des idées . Les uns et les autres ignorent, ou se conduisent comme s’ils ignorai
40 ent que le clerc n’a d’autorité vraie que sur les idées gratuites, et que les systèmes politiques ne triomphent qu’à la faveu
41 ation. Seule, détient le pouvoir de s’incarner, l’ idée qui crée un risque dans ma vie. Ce risque atteste l’existence d’un co
42 ssé de l’être ? On dit : le mot est le corps de l’ idée . Acceptons provisoirement cette expression douteuse, si elle peut att
43 être pensant, à son langage. Le mot, corps d’une idée qui serait l’âme de cette combinaison ? De fait, vit-on jamais âme sa
44 une faute originelle. La distinction entre mot et idée est sa conséquence immédiate. Partons de cette distinction comme d’un
45 rt et d’autre les éléments qu’il désunit, mots et idée , pensée et acte, corps et âme, etc. Dès lors, leur réunion même ne su
46 tion qu’il faut combattre, ce sont d’une part les idées , et de l’autre les mots. Bornons-nous à cela qui nous est immédiat, t
47 int instinctive, comment confondre dans un acte l’ idée et le mot distingués, comment restituer leur pouvoir, leur impatience
48 ngage revient à celle de l’exacte incarnation des idées dans les mots : c’est d’abord une question de véracité. Toutefois, la
49 igne de moindre résistance. Disons pour fixer les idées  : cette imagination est celle de l’homme d’affaires moyen, ou encore
50 s sécurités apprises qui joint avec témérité deux idées ou deux êtres nés de milieux hostiles, et conclut, comme à la volée,
51 r à partir de la fin. L’étymologie grecque du mot idée , c’est le verbe voir. Toute idée prend sa source et son élan dans une
52 e grecque du mot idée, c’est le verbe voir. Toute idée prend sa source et son élan dans une vision. Certes, penser, c’est pa
53 re de devenir des personnes. Telles sont les deux idées polaires qui sous-tendent l’édifice personnaliste. Rien ne les précis
54 e dans l’Histoire. C’est avant tout devenir cette idée , et le théâtre de sa passion. Voilà qui peut mener plus loin que l’ac
55 petites souffrances de la souffrance pour qu’une idée devienne ce mythe qui vive en nous et dans lequel nous vivions, jusqu
56 it dire qu’il faut avaler les idées100, et qu’une idée qui ne peut être mastiquée, puis avalée, n’a pas plus de valeur que l
57 façons d’avaler. Il y a même l’oubli. Ainsi de l’ idée du bonheur : qu’on la détruise, qu’on la mange et qu’on l’oublie. Ain