1 1934, Politique de la personne (1946). Primauté du spirituel ? — Destin du siècle ou vocation personnelle ?
1 xée par les grands fournisseurs. On prétend que l’ individu se perd de plus en plus dans la masse anonyme. Je crois que c’est là
2 rois que c’est là ce qu’il peut faire de mieux. L’ individu , tel que le concevait le dernier siècle, l’homme isolé qui cultivait
3 oits de l’homme, ne mérite pas qu’on le pleure. L’ individu des libéraux, c’était, par excellence, un homme sans destin, un homme
4 voir le salut de notre époque dans un retour à l’ individu . L’individu est l’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’
5 ut de notre époque dans un retour à l’individu. L’ individu est l’origine la plus certaine du triomphe des masses. C’est parce qu
6 ertaine du triomphe des masses. C’est parce que l’ individu des libéraux était sans destin, qu’il a cru au destin des autres ; c’
7 utement organisé, une monstrueuse agglomération d’ individus assemblés par la peur et la faim, et la haine, parqués dans des caser
8 goïste et, en somme, assez lâche, qu’on appelle l’ individu . Il faut aller plus loin : les mythes collectifs n’expriment rien de
9 tâches immédiates. La personne, au contraire de l’ individu perdu dans l’Histoire, vit d’instant en instant, d’une tâche à une au
2 1934, Politique de la personne (1946). Primauté du spirituel ? — Personne ou individu ? (d’après une discussion)
10 IIPersonne ou individu  ? (d’après une discussion) Première question. — Vous parlez beau
11 coup de la personne… De mon temps, nous disions : individu . Les termes changent, selon le cours des modes, mais les réalités mor
12 vous, elle s’en va et s’en ira toujours disant : individu  ! Individu ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je
13 s’en va et s’en ira toujours disant : individu ! Individu  ! Je suis heureux de notre accord, malgré les mots, et je serais plus
14 la personne dont je parle n’a rien à voir avec l’ individu dont nous parlait le xixe  ! Le langage courant confond volontiers in
15 le xixe  ! Le langage courant confond volontiers individu et personne. Je ne pense pas qu’il y ait lieu de s’en féliciter, ni s
16 rement verbale. Reprenons l’origine des termes. L’ individu est défini par rapport à l’ensemble, à l’espèce11. Il est une partie
17 écoule normalement de la définition courante de l’ individu . Dans ces conditions, l’individualisme libéral n’est pas justifié, et
18 l’État, mais aussi contre la définition même de l’ individu , et, en fin de compte, contre la raison, — dont ils aiment pourtant à
19 éclamer par ailleurs. La conséquence logique de l’ individu , c’est l’étatisme, le fascisme ou la dictature stalinienne. Tel est l
20 le paradoxe malheureux de la démocratie laïque. L’ individu au nom duquel légiféra la Convention n’était en somme défini que par
21 osition de ce système à ceux qu’on a fondés sur l’ individu libéral, c’est le fédéralisme. L’individu étant conçu par les juriste
22 s sur l’individu libéral, c’est le fédéralisme. L’ individu étant conçu par les juristes à partir de l’ensemble, ses droits dépen
23 ie libérale ; elle est fondée sur une notion de l’ individu qui défie l’expérience et la réalité humaine. Elle a pourtant duré un
24 vidualisme qui serait en peine de montrer un seul individu réel, l’individu des droits de l’homme n’étant rien qu’un concept jur
25 rait en peine de montrer un seul individu réel, l’ individu des droits de l’homme n’étant rien qu’un concept juridique. Il y a pe
26 t Rimbaud. Ou il n’est rien. 11. Littré donne «  Individu  : 1° Tout corps considéré comme un tout distinct par rapport à l’espè
27 à l’espèce à laquelle il appartient. Ex. : « Les individus ne sont rien, et les espèces sont éternelles » (Voltaire) ; […] 3° l’
28 e, à la notion que les personnalités se font de l’ individu  ; la troisième, à la confusion courante de l’individu et de la person
29 vidu ; la troisième, à la confusion courante de l’ individu et de la personne. 12. Ceci demanderait quelques précisions. Dès que
3 1934, Politique de la personne (1946). Primauté du spirituel ? — Précédence ou primauté de l’économique dans le marxisme ? (Introduction à un débat dans un cercle privé)
30 qu’il veut atteindre, qui sont la libération de l’ individu et la suppression de l’État, sont sans commune mesure avec les moyens
4 1934, Politique de la personne (1946). Idoles — Humanisme et christianisme
31 créateur, pour rebâtir un monde à la mesure de l’ individu considéré comme autonome, et « calculable » humainement. Le Plan est
5 1934, Politique de la personne (1946). Idoles — Antimarxiste parce que chrétien
32 d’autonomie. Et le but final : la libération de l’ individu , reste toujours hétérogène à ces moyens, qui sont, en l’espèce, l’org
6 1934, Politique de la personne (1946). Idoles — Fascisme
33 ons « un fascisme larvé ». Quand nous traitons un individu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet individu partage les op
34 idu de « fasciste », cela ne signifie pas que cet individu partage les opinions d’Hitler ou de Mussolini, mais simplement qu’il
7 1934, Politique de la personne (1946). Problèmes de la révolution personnaliste — D’un Cahier de revendications
35 et leurs créations politiques, condamnation de l’ individu , de la « pensée » bourgeoise (la pensée sans douleur !), des méthodes
8 1934, Politique de la personne (1946). Problèmes de la révolution personnaliste — Communauté révolutionnaire
36 a conception abstraite de l’homme considéré comme individu indifférencié. Or ces deux conceptions sont également à la base de to
37 tion d’apparence toute philosophique : celle de l’ individu et de la personne. L’égalité contre la fraternité Considérer l’
38 re la fraternité Considérer l’homme en tant qu’ individu abstrait (principes de 89) et fonder sur cet individu toutes les inst
39 vidu abstrait (principes de 89) et fonder sur cet individu toutes les institutions, et la morale, c’est méconnaître la nature co
40 ont alors sanglants. L’évolution de la notion d’ individu , d’homme en soi, d’homme type, est trop connue pour que nous la repre
41 même. Les personnes existent, bien que brimées. L’ individu n’a jamais existé qu’à l’état de définition. Partir des conflits quot
42 t pour laquelle il est responsable. Alors que « l’ individu  » se balade au gré des théories dans le monde abstrait et juridique d
9 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — Liberté ou chômage ?
43 nt substitué pour les besoins de leurs systèmes l’ individu abstrait, l’atome désigné par un chiffre et dépourvu de résistance ac
10 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — Groupements personnalistes
44 egel cette mécanique de l’histoire qui supprime l’ individu , le conflit tragique et la responsabilité spirituelle. C’est dans cet
45 s définitions à l’acte constituant la personne (l’ individu engagé dans un conflit concret). Sur cette notion de l’homme actif et
11 1934, Politique de la personne (1946). Appendices — Qu’est-ce que la politique ?
46 que est, d’une part, la science des rapports de l’ individu et de l’État — politique intérieure —, d’autre part la science des ra
12 1940, Politique de la personne (1946). À la fois libre et engagé — Le protestantisme créateur de personnes
47 le s’est instituée sur les notions de personne, d’ individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste qui a pris p
48 istinctions théoriques que l’on a proposées entre individu , personne et personnalité. Je préfère illustrer ces notions par des e
49 mment sont apparues dans l’Histoire les notions d’ individu et de personne, et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux
50 urs sans doute plus que jamais. Prenons d’abord l’ individu . Contrairement à ce que peut nous faire croire une certaine polémique
51 re croire une certaine polémique réactionnaire, l’ individu n’est pas une invention du siècle des Lumières et de la Déclaration d
52 ance signale la naissance même de l’hellénisme. L’ individu , c’est l’homme de la tribu qui tout d’un coup se met à réfléchir pour
53 ré du groupe. On les expulse : voilà les premiers individus . Ceci est important : à l’origine, individu est synonyme de criminel.
54 iers individus. Ceci est important : à l’origine, individu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent p
55 idu est synonyme de criminel. Mais peu à peu, ces individus se groupent pour constituer de nouvelles communautés (les thiases), c
56 me et conscient. La définition la plus noble de l’ individu nous est fournie à ce moment par Socrate, lorsqu’il nous dit : Connai
57 qu’aux antipodes de Socrate, une définition de l’ individu … Toutefois, ce mouvement centrifuge par rapport à la communauté d’ori
58 el à une communauté nouvelle et plus solide, où l’ individu isolé retrouve des contraintes qui le rassurent, et l’État sa puissan
59 nt qu’il n’aura plus affaire qu’à une poussière d’ individus déracinés, n’offrant plus de résistance appréciable. Vous voyez qu’en
60 ffet, ou plus exactement, de succession fatale. L’ individu ne s’oppose à l’État qu’à la manière dont le vide s’oppose au plein :
61 solution sociale commencé par l’individualisme. L’ individu s’était abstrait du groupe naturel ; l’État liquide les groupes natur
62 , de « mise au pas ». C’est avec la poussière des individus que l’État fera son ciment. Diviser pour régner, déraciner pour mieux
63 e d’homme que suppose l’État romain, c’est donc l’ individu embrigadé, le fonctionnaire ou le soldat, l’homme qui n’existe que pa
64 spontanée, l’Église lui rend sa dignité humaine d’ individu en même temps que son rôle actif de persona. Spirituellement, il se p
65 euf, créé par l’Église chrétienne. Ce n’est pas l’ individu grec, puisqu’il se soucie davantage de servir que de se distinguer. E
66 ts de notre conception occidentale de l’homme : l’ individu et la personne. Et vous voyez que la distinction entre ces deux vocab
67 nne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’ individu libre et la persona ou fonction sociale, dans un composé original dom
68 ébuts de la Grèce, en ce sens qu’une révolte de l’ individu ne tarde pas à se manifester. Cette révolte, c’est la Renaissance. El
69 ront ma description de la Grèce individualiste. L’ individu de la Renaissance est d’abord un révolté qui oppose ses besoins propr
70 al, sont souvent cités comme les premiers types d’ individus au sens moderne. Nous retrouvons ici cette liaison mystérieuse entre
71 cette liaison mystérieuse entre la naissance de l’ individu et le crime social. Enfin l’individu de la Renaissance se livre à une
72 issance de l’individu et le crime social. Enfin l’ individu de la Renaissance se livre à une activité toute nouvelle : l’expérime
73 l’oppression collective et contre la révolte de l’ individu , ce qui va se dresser pour proclamer les droits et les devoirs de la
74 l problème. Mais ils ne parlent pas non plus de l’ individu ou de la collectivité, et cependant toutes les réalités que désignent
75 . La persona romaine, c’était le rôle joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que D
76 ion avec son prochain. Ainsi la dignité de chaque individu est garantie non pas du seul fait qu’il existe physiquement, mais du
77 ues, certaines notions fondamentales telles que l’ individu et la personne, abordons notre siècle et l’histoire présente. Car en
78 ite son pouvoir, il n’y a plus aucun recours de l’ individu à l’absolu divin, il n’y a donc plus aucune liberté. Tous les abus de
79 masque, une fonction extérieure, c’est-à-dire un individu embrigadé, et non pas une vocation. Milliers de masques durs, volonta
80 que le résidu, l’empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement été formé par un
81 ocation, ce n’est rien de plus, après tout, qu’un individu aux caractères accusés. Ainsi l’on glisse du calvinisme à l’individua