1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
1 s avant un rendez-vous. 10 novembre 1933 Ce journal n’aura rien d’intime. J’ai à gagner ma vie, non pas à la regarder. To
2 nvoyé six articles à des revues, hebdomadaires et journaux . Grande facilité de travail dans ce silence à peu près absolu. Mais a
3 appelle un Français aplati, un parfait lecteur de journaux , un minimum de Français, et non pas du tout une moyenne. Que ne réser
4  », qu’est-ce que cela signifie ? Écrire pour les journaux , sans doute, mais il n’y en a pas tant à raconter sur ce pays… Je l’a
5 saie d’amener l’entretien sur leurs lectures, les journaux qu’ils achètent, la politique, ou la religion qu’ils suivent, ils se
6 décembre 1933 Tout à l’heure, en déchirant le journal de l’île pour allumer le feu, j’ai vu l’annonce d’une conférence cont
7 village ne sont pas même tous capables de lire le journal , et j’ai remarqué qu’ils achètent absolument au hasard ceux qu’ils tr
8 re les opinions, pourtant bien tranchées, que ces journaux leur servent. Je crois qu’ils n’y pensent même pas. Peut-être que la
9 tions du second Faust, mais aussi de ces pages du Journal de voyage en Italie où, par exemple, il rapporte à Mme de Stein comme
10 t un certain nombre de phrases qu’on lit dans les journaux et qu’on entend dans les assemblées, et grâce auxquelles on reconnaît
11 voir le va-et-vient d’un lieu public, de lire des journaux de Paris et de fumer des cigarettes américaines au goût de miel, intr
12 t des hebdomadaires, je vais renouer le fil de ce journal . Tout d’abord, j’ai à constater l’échec de notre première tentative d
13 in provisoirement écarté, je serais tombé dans le journal intime, la culture des impressions ou le pittoresque. Ce séjour, par
14 ce précise et utile relativement au dessein de ce journal  : celle du loisir. Je m’aperçois que je ne savais plus, ou ne pouvais
15 oi-même. Fin de janvier 1934 Je lis dans le Journal de Kierkegaard : « La lande doit favoriser le développement de pensée
16 édition allemande où je poursuis la lecture de ce journal  : Einsamkeit (solitude), et Gottgemeinsamkeit (communion avec Dieu).
17 té ni les conversations populaires. C’est que les journaux socialistes et communistes sont rédigés par des bourgeois, ou par des
18 ou là, c’est que le peuple de France lit trop de journaux , ne lit que cela, et finit par se croire « le Peuple » tel que l’imag
19 que j’ai pu constater cette contagion ! Les deux journaux locaux gardent un ton à la fois naïf et grandiloquent, avec des malad
20 ste ou communiste de Paris, et l’un de ces petits journaux de campagne. 15 février 1934 Les gens. — Si j’avais une âme de
21 pour se soutenir. Quelquefois on nous envoie des journaux ou des revues à l’essai, mais c’est toujours de la politique. Quand j
22 ait d’intéressant à lire ? — Vous ne lisez pas de journaux politiques ? — Ce n’est pas ce qu’on cherche. Il faudrait en lire deu
23 ai 1631). Ce n’est pas Descartes qui eût écrit ce Journal  ! Mais nous, nous chercherons le salut de la pensée ailleurs que dans
24 ur d’aujourd’hui, c’est que le peuple qui lit les journaux a l’esprit plus « artializé » encore que les écrivains. Et quand ceux
25 n choisies, de rencontres, une sorte de perpétuel journal de nos relations avec le monde, empruntant toutes les formes qu’on vo
26 à me faire à ce certain ton que les revues ou les journaux exigent, et qu’il faut vivre assez longtemps loin de Paris, comme nou
27 s les imprimés qui m’arrivent au courrier, ou les journaux . C’est lassant, le manque d’argent, à la longue. Et l’on voit trop de
28 20 juin 1934 Les gens. — Je feuillette ce journal  : voici des semaines qu’il n’y est à peu près plus question des « gen
29 lement le grain de la terre —, j’ai repensé à mon journal . Je voudrais n’y avoir parlé que de ces moments élémentaires, de ces
30 un instant que c’est possible… 1. Deux petits journaux paraissent dans l’île. L’un est aux mains de M. T…, député de droite,
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
31 ne pensée isolée, d’un monologue intellectuel, du journal intime par exemple. Aucun écrivain ne se donne plus de chances de men
32 plus de chances de mentir que celui qui écrit un journal intime, une prétendue « relation » de ses pensées et sentiments. C’es
33 rd que cet auteur, s’il a l’intention d’écrire un journal , pense et sent en vue du journal, donc autrement qu’il ne ferait sans
34 tion d’écrire un journal, pense et sent en vue du journal , donc autrement qu’il ne ferait sans ce projet. C’est surtout qu’en s
35 serait l’affirmer devant autrui. Le monologue du journal intime est un artifice qui veut se faire prendre pour la sincérité, a
36 me fait réagir.) Me suis-je assez méfié du genre journal intime ? Depuis six semaines que nous sommes à A…, me suis-je assez i
37 . Enfin ceux qui sont occupés par l’imprimerie du journal local, par les garages ou à la mairie, sont communistes et mènent les
38 alle, dans un coin arrangé en cabinet de lecture. Journaux et illustrés, quelques livres sur la table. Puis on s’est assis sur d
39 est-à-dire d’un peu tout : de l’enseignement, des journaux , de traditions et anecdotes locales. Discussion n’est d’ailleurs pas
40 quand j’écoute ce qui se dit chez la marchande de journaux , quand je m’informe des raisons de tel parti, de l’idéal de tel indiv
41 méchant : que ce pays est à l’image des quelques journaux qu’on y lit. Une autre impression que j’ai eue cet après-midi sur la
42 lui glisse un de ces jours que j’écris « pour les journaux  ». 3 février 1935 Déclassé. — L’intellectuel l’est toujours. C
43  problème des gens ». — Kangourou de Lawrence, ce journal à peine romancé d’un intellectuel livré à des proximités inévitables,
44 les rues, les gens, les PTT, les magasins et les journaux , nous irrite ou excite notre ironie. Si l’on nous écoutait, il faudra
45 é à R… de mon projet de publier sous le titre de Journal d’un intellectuel en chômage les pages que je suis en train de rédig
46 ’on trouvera sans doute indiscret, de ma part, ce journal . Un tel jugement ne serait pas très franc, d’ailleurs. L’indiscrétion
47 m’en prenne. Tout ce que je compte dire dans mon journal , c’est qu’on peut être très content d’un sort matériel très médiocre.
48 des idées non point à l’aide des opinions de son journal , mais à l’aide de sa vie concrète. Celui-là seul peut faire sentir à
49 mars 1935 Place aux vieux ! — Je lis dans un journal socialiste du Midi sous la rubrique « La vie régionale » qui chaque j
50 en est fournie par ces phrases cueillies dans un journal révolutionnaire : « L’organisation lutte afin de faire accorder une r
51 eillesse. Notre opinion publique, à en croire les journaux , est actuellement dominée par le souci des élections académiques et d
52 onvocations » communiquées le 30 mars 1935 par un journal de la région : — les « ayants-droit » à la carte d’ancien combattant 
53 le, je parcours comme chaque jour, la plupart des journaux parisiens et méridionaux. Un vieux bonhomme au nez violacé traîne ses
54 uelle trahison des « petits » représente alors ce journal  ! Leur seule force contre les capitalistes, et surtout contre leurs s
55 t si possible, plus médiocre que celle des grands journaux d’information. On leur impose une mystique confectionnée à l’usage de
56 comprend sa situation, et ne voit pas que « son » journal est sans rapport réel avec cette situation. Mais les intellectuels, d
57 stime nécessaires : il vous débite des clichés de journal , ou se contente de hocher la tête et de menacer le capitalisme ou les
58 mot de tout cela, on s’en tiendra aux clichés du journal . On n’aura pas le temps ni le courage, ni même l’idée de pousser plus
59 toutes les classes, d’exprimer ce que taisent les journaux , les orateurs et les affiches. Et c’est la volonté réelle des travail
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
60 sse de la Porte d’Italie, au milieu de ce que les journaux appellent le « peuple en liesse ». Eh bien, quel manque de fantaisie
61 oisin intolérable. — En face de moi, derrière mon journal , il y a un être d’une espèce inquiétante. C’est son contact qui m’en
62 ues qui s’est assise à côté de moi. J’abaisse mon journal  : je vois un homme plutôt petit, à la tête pointue. Des yeux en lames