1 1936, Articles divers (1936-1938). Décadence des lieux communs (décembre 1936)
1 au Pays des Merveilles On peut penser que notre langue est plus malade que n’était le latin à l’époque de la Renaissance24.
2 iques. Non seulement l’écrivain moderne use d’une langue dont le lecteur moyen trouve parfaitement normal de déclarer que « c’
3 ieu, il perd aussi le sens des noms et bientôt sa langue délire : « Il prononce des paroles vaines, des serments faux ! » s’éc
4 contre eux des révoltes qui s’expriment dans des langues nouvelles, au détriment de l’unité sacrée. Ainsi toujours : pour peu
5 , d’autre part, la grande masse des usagers de la langue cesse d’exercer aucun contrôle sur son parler, qu’elle ne soumet plus
6 rivains ne sont plus compris du peuple, et que la langue vulgaire s’encombre d’équivoques, de confusions et de malentendus par
7 ahissent en somme l’impuissance pratique de notre langue . Si les mots « portaient » réellement, les écrivains seraient moins e
2 1937, Articles divers (1936-1938). Journal d’un intellectuel en chômage (fragments) (15 avril 1937)
8  figurer » ce qui est dit. (C’est seulement de la langue des écrivains français qu’il est exact de dire, avec tous les manuels
9 t de dire, avec tous les manuels, qu’elle est une langue de discussion, parce que toujours elle vise à la formule décisive, et
10 la plus économique et la plus claire28. Or, cette langue d’échanges dialectiques rapides se trouve par là même inefficace sur
3 1937, Articles divers (1936-1938). Vocation et destin d’Israël (1937)
11 n se refermant sur sa spécialité, se forgeant une langue singulière au mépris de tout « sens » commun, et convoquant enfin, à
12 ose de surprenant. L’image physique qui, dans les langues sémitiques, est encore à fleur de sol, obscurcit la déduction abstrai