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Le drame de la
liberté
, aujourd’hui Si l’on passe en revue tous les arguments avancés depu
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ents avancés depuis des siècles pour ou contre la
liberté
humaine en soi, on en vient vite à ne plus savoir si elle existe ou n
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ieu du xxe siècle, c’est moins le problème de la
liberté
qui nous importe, que son drame. De l’issue de ce drame dépendent nos
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ne se définissent clairement que par rapport à la
liberté
. D’un côté, les peuples qui se disent libres et qui entendent le rest
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ivent en régime totalitaire, et qui n’ont pas nos
libertés
, qu’ils jugent trompeuses. Tous les autres motifs de conflit que l’on
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e tous, des deux côtés, c’est que nous voulons la
liberté
, et que les autres veulent la dictature. Ils la préfèrent — provisoir
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a préfèrent — provisoirement disent-ils — à notre
liberté
qu’ils nomment purement « formelle », affirmant que leur dictature pr
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melle », affirmant que leur dictature prépare une
liberté
« réelle ». Mais alors, s’il est clair que l’enjeu est en définitive
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, s’il est clair que l’enjeu est en définitive la
liberté
, n’est-il pas urgent que nous prenions une conscience nette et forte
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e nous prenions une conscience nette et forte des
libertés
concrètes que nous avons ? Si nous voulons gagner d’avance — avant un
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de savoir ce que nous défendons. Quelles sont nos
libertés
? Sont-elles purement formelles ? Les voulons-nous vraiment ? Et somm
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ns pas besoin d’une idéologie, car nous avons nos
libertés
. Et ce n’est pas notre passé que nous défendons, mais bien les libert
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pas notre passé que nous défendons, mais bien les
libertés
qu’il a conquises, et qui sont la réalité présente de nos vies, bien
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rquoi les hommes d’aujourd’hui ont-ils peur de la
liberté
et sont-ils tentés d’y renoncer ? Secondement : quelles sont les libe
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tés d’y renoncer ? Secondement : quelles sont les
libertés
réelles que nous avons, et que demain nous pourrions perdre ?
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« Pourquoi l’homme de ce temps a-t-il peur de la
liberté
? » demanderait un long examen de conscience de notre civilisation, u
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’il en est réduit à désirer qu’on le libère d’une
liberté
sans contenu. Ils ont compris que l’homme moderne cherche un guide (D
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pourquoi tant d’hommes, de nos jours, fuyant une
liberté
qui les laisse sans défense et les angoisse, choisissent la tyrannie,
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se sentir plus à l’aise dans notre atmosphère de
liberté
, y souffraient d’une sorte d’inquiétude perpétuelle. Chez eux, tout e
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dans la mesure justement où elle le délivre de sa
liberté
. Car sa liberté signifiait l’obligation constante du choix individuel
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ustement où elle le délivre de sa liberté. Car sa
liberté
signifiait l’obligation constante du choix individuel et la disciplin
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mme recule naturellement devant les risques de la
liberté
. Il va se cacher derrière la règle d’un parti, la règle collective, l
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ssamment en sens inverse de ses revendications de
liberté
et de progrès, devenues purement verbales et routinières. Quand on lu
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nt verbales et routinières. Quand on lui vante la
liberté
en général, et qu’on l’oppose avec indignation aux tyrannies totalita
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. Il croit enfin que ces dictatures préparent des
libertés
bien plus concrètes que celles dont jouit l’Occident. Rien ne sert al
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fesser, c’est qu’il est en pleine fuite devant la
liberté
, c’est qu’il cherche un refuge contre elle, contre lui-même aussi peu
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remède : réformes sociales La fuite devant la
liberté
, bien qu’elle soit par essence une attitude mentale et affective, se
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mplement se sentira) dans une telle situation, la
liberté
lui fera plus peur qu’envie. Tout traitement sérieux du mal totalitai
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e du nom, c’est donc de rendre un homme apte à la
liberté
. Il serait vain de décréter toutes sortes de libertés légales ou mora
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erté. Il serait vain de décréter toutes sortes de
libertés
légales ou morales pour des hommes qui ne connaîtraient pas, qui n’au
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as, qui n’auraient pas appris leur mode d’emploi.
Liberté
reste un mot vide de sens et d’appel, pour qui n’a pas le goût du ris
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de la sécurité matérielle, et l’éducation pour la
liberté
, — c’est-à-dire la remise en marche du progrès en Occident — cela ne
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nt et détruisent lentement notre goût de la vraie
liberté
. Mais nous sommes menacés de l’extérieur par quelque chose qui mettra
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qu’il a la rage. De même, quand on n’aime plus la
liberté
, on dit que celle qu’on possède encore ne vaut plus rien, qu’elle est
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ns. La vérité est différente : ce ne sont pas nos
libertés
qui sont malades, mais notre sens et notre goût de la liberté. Ou plu
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sont malades, mais notre sens et notre goût de la
liberté
. Ou plutôt, c’est le sens et le goût des défaitistes dont nous venons
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es dont nous venons de parler. Ils ont peur de la
liberté
, ils en sont fatigués, ils désirent secrètement des disciplines massi
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ou bien des gens qui ont perdu la conscience des
libertés
réelles dont ils jouissent ; ou bien des gens que la tyrannie attire
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Libertés
« formelles » et libertés « réelles » Nos libertés réelles et quoti
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Libertés « formelles » et
libertés
« réelles » Nos libertés réelles et quotidiennes, en Occident, nous
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ertés « formelles » et libertés « réelles » Nos
libertés
réelles et quotidiennes, en Occident, nous les avons toujours connues
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entions que l’air, demain, que presque toutes nos
libertés
peuvent nous manquer, nous sentirions qu’elles valent toutes les « my
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s de règlements dictatoriaux. On nous dit que nos
libertés
européennes ne sont plus que des mots, de grands mots, qu’elles sont
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entende par réelle (en opposition à formelle) une
liberté
qui se traduit par des résultats mesurables, matériels, et n’est donc
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ogne1. Il faudrait en déduire logiquement que les
libertés
dites formelles permettent un niveau de vie très supérieur à celui qu
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à celui qu’ont atteint les peuples jouissant des
libertés
dites réelles. Je préfère en déduire, pour ma part, qu’on a bien mal
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rrecte en théorie. Prenons donc quelques-unes des
libertés
les plus banales en Occident, et voyons, dans quelques cas précis, le
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ons, dans quelques cas précis, les limites de ces
libertés
, mais aussi ce qu’on nous offre en échange. Nos libertés et les leu
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mais aussi ce qu’on nous offre en échange. Nos
libertés
et les leurs Nous possédons la liberté de circuler. Circuler, c’es
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Nos libertés et les leurs Nous possédons la
liberté
de circuler. Circuler, c’est le contraire d’être en prison ; c’est un
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d’être en prison ; c’est un symbole concret de la
liberté
. Qu’en est-il de ce droit en Occident ? Nous l’utilisons largement, n
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frontières, sauf pour des raisons politiques. La
liberté
de circuler, quoique imparfaite, paraît donc « défendable », chez nou
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ir neuf, — pour nous faire croire en somme qu’une
liberté
est « formelle » quand on l’a, « réelle » quand on ne l’a plus. L’emp
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st chez nous que je le trouve. Autre exemple : la
liberté
de l’expression. On ne dira point qu’elle est parfaite en Occident, l
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fait, avec le droit de protester, c’est toute la
liberté
de l’expression qui disparaît. Or l’homme qui perd la liberté de l’ex
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’expression qui disparaît. Or l’homme qui perd la
liberté
de l’expression est déjà moralement en prison. Celui qui n’ose même p
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la plus grande, à la plus typiquement humaine des
libertés
que nous pouvons perdre : La liberté de la pensée J’avoue que d
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aine des libertés que nous pouvons perdre : La
liberté
de la pensée J’avoue que dans mes jeunes et folles années, je me s
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nous en priver ; même en prison, l’homme garde la
liberté
de penser, de penser ce qu’il veut, de penser à ce qu’il veut. Pourqu
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r nourriture et logis ? Et je parlais des « pâles
libertés
» définies par la Charte de l’Atlantique, des libertés inutiles et ab
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tés » définies par la Charte de l’Atlantique, des
libertés
inutiles et abstraites que l’on met en avant pour éviter de faire fac
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s pas encore compris, vu et senti, que toutes les
libertés
dont les meilleurs ont soif peuvent être vidées d’un seul coup, si no
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us comme des droits. Or nous pouvons perdre cette
liberté
, voilà ce que j’ignorais il y a quinze ans et que nul ne doit plus ig
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le de l’habeas corpus. Il découvre soudain que la
liberté
humaine par excellence, comme l’a dit récemment Ignazio Silone, c’est
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Contre-offensive de la
liberté
Nous avons formulé jusqu’ici deux thèses principales. La première,
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eux thèses principales. La première, c’est que la
liberté
, dans notre monde complexe et démesuré, est sentie par beaucoup comme
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a seconde, c’est que nous possédons un capital de
libertés
réelles dont nous n’avons plus même conscience. Il en résulte que nou
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te. D’autres, habitués jusqu’à l’inconscience aux
libertés
conquises par notre religion, par nos révolutions et par nos sciences
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le paradis et la grandeur, la justice et la vraie
liberté
; et ils vont répétant que nous n’avons rien à opposer à ces « mystiq
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leurs. Car les faits nous suffisent, et quant aux
libertés
, nous en avons plus que nous n’en méritons. Quand nous aurons compris
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lent. Quand nous aurons compris ce que valent nos
libertés
, nous commencerons à mesurer nos forces. Quand nous les aurons mesuré
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ans tous les temps, n’ait point imaginé une seule
liberté
que les Européens n’aient voulu vivre. À des degrés divers, parfois j
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r. Mais elle est d’autre part la condition de nos
libertés
et de l’esprit créateur. C’est à cause d’elle que l’Occident demeure
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ood ! Dans l’idée de la personne s’enracine toute
liberté
concrète, créatrice et vécue. Au contraire, c’est de la masse homogèn
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s à être masses. Et c’est pourquoi Personne égale
Liberté
, tandis que masse égale contrainte. Il n’y aura jamais de liberté « e
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que masse égale contrainte. Il n’y aura jamais de
liberté
« en masse ». Il n’y aura jamais de liberté réelle que dans le besoin
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is de liberté « en masse ». Il n’y aura jamais de
liberté
réelle que dans le besoin, le droit et la passion de différer de son
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de propagande au sens moderne, c’est justement la
liberté
, puisqu’elle cesserait d’être la liberté si l’on tentait de l’imposer
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ement la liberté, puisqu’elle cesserait d’être la
liberté
si l’on tentait de l’imposer. Mais on peut et l’on doit prendre consc
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ent par des faits. Nous pouvons perdre toutes nos
libertés
. Nous pouvons aussi les sauver en décidant de les répandre. Si nous v
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la défensive, contre le rayonnement de nos vraies
libertés
. Or le meilleur moyen de les faire rayonner, c’est de les faire passe