1 1942, La Part du diable (1982). L’Incognito et la révélation
1 ien. Sinon, où seraient le choix, la tragédie, la liberté  ? Quand ce non-bien, quand ce mal prend un sens, nous les dénommons d
2 ité : c’est de nous inciter à faire abus de notre liberté et des biens de la terre. Ni le diable ni l’homme pécheur ne peuvent
3 Cette duplicité de nos pouvoirs constitue notre liberté . Elle en est à la fois le signe et la condition nécessaire. Elle est
4 re. Elle est notre gloire équivoque. C’est par la liberté , à cause d’elle, et dans elle, que nous avons le pouvoir de pécher. C
5 est libre. Par le langage, il peut mentir. Par sa liberté seule il peut pécher. Et le péché n’est qu’un mensonge. Mais le menso
6 n mensonge. Mais le mensonge proféré nous lie. La liberté jouée selon la Loi s’accroît ; jouée contre la Loi se perd. Plus elle
7 ntenant que le diable ne pourrait rien sans notre liberté . Car c’est par nous seulement qu’il agit dans le monde, et c’est en p
8 ns le monde, et c’est en provoquant l’abus de nos libertés qu’il agit en nous et nous lie. Si Ève n’avait pas été libre de mange
9 m après elle. Ainsi la gloire de l’homme étant sa liberté , il est clair que c’est en ce point que le Malin devait atteindre not
2 1942, La Part du diable (1982). Hitler ou l’alibi
10 le monde acceptait de la faire sur le slogan de «  liberté  », tandis que la police et l’État chaque jour étendaient leurs pouvoi
11 u de la charité sera seul cause d’une création de liberté qui le démente. Après Hitler, après la guerre et la victoire, les peu
3 1942, La Part du diable (1982). Le diable démocrate
12 la nature essentielle du mal enraciné dans notre liberté , dans nos données premières, et dans la définition même de l’homme en
13 aties ses colonies-modèles. 29. Le démon de la Liberté Pourquoi n’a-t-on jamais aimé et célébré la Liberté autant qu’à l’
14 té Pourquoi n’a-t-on jamais aimé et célébré la Liberté autant qu’à l’époque moderne ? Serait-ce qu’elle est plus que jamais
15 au mot. Pour la plupart de mes contemporains, la liberté , c’est le droit de ne pas obéir. Quand on le leur laisse, ils s’ennui
16 an. Mais dès que le tyran sévit, leur amour de la liberté les pousse aux sommets du courage. Et ainsi de suite : ce jeu de coqu
17 ’est dire que fonder un régime sur le beau mot de Liberté équivaut à substituer à la politique de puissance telle que la formul
18 pensées par autant de déceptions automatiques. La liberté pour laquelle nous mourons n’est pas celle que l’État nous garantit.
19 ré tant d’éloquence et de vrais sacrifices. Cette liberté non qualifiée ne saurait proprement désigner l’objet d’une revendicat
20 votre race, vos fautes, et l’opinion régnante. La liberté n’est pas un droit, mais un risque à courir à chaque instant — sur le
21 n risque neuf. Mais nous parlions, dites-vous, de liberté politique. J’y viendrai donc. Ce qui est en cause dans ce plan, ce n’
22 qui est en cause dans ce plan, ce n’est point la liberté réelle des hommes, qu’aucun tyran jamais n’a pu suspendre un seul mom
23 Si l’homme ne se reconnaît point de vocation, la liberté qu’il revendique est vide ; le diable s’y mettra sous mille formes di
24 ces deux cas il reste libre, non pas au nom de la Liberté abstraite, mais au nom de sa vocation particulière. S’il choisit au c
25 à l’exercice de sa foi, il perdra par sa faute la liberté du choix, qui était toute sa dignité d’homme. Alors sans doute, il en
26 la masse anonyme des esclaves qui revendiquent la Liberté . Ils la revendiquent parce qu’ils ne sont plus libres. Le simple fait
27 férant à leur vie les vraies raisons de vivre. La liberté sans condition est un fantôme, annonciateur des pires tyrannies. J’en
28 nt le symbole dressé sur un ciel commercial de la Liberté aux yeux vides17, ne tardent pas à recevoir un rappel aux réalités. C
29 n’être pas ceci ou cela de positif lui donne une liberté indéfinie d’action, d’incognito et d’alibis à perte de vue. Vulgaire
4 1942, La Part du diable (1982). Le diable dans nos Dieux et dans nos maladies
30 jeu mondain, s’il est bien joué, ménage autant de liberté qu’il suppose, dit-on, d’hypocrisie. Il a le charme reposant des form
31 ? Je pense que c’est la créativité de l’homme, sa liberté , c’est-à-dire son « âme ». (Et c’est pourquoi l’un des premiers malhe
32 plus pouvoir aimer ni être aimé.) J’ai dit que la liberté de l’homme réside dans son pouvoir unique au monde de suivre l’ordre
33 de tricher. S’il suit l’ordre de la Création, sa liberté s’accroît, et son pouvoir de choix porte sur des enjeux toujours plus
34 ente, il perd les autres possibilités, il perd sa liberté , sa proie le lie. « Que servirait à un homme de gagner le monde s’il
35 plus riches et populeux. Mais vous avez perdu la liberté de monter ou de descendre à votre choix. Vous êtes pris dans un mécan
36 le Prince de ce monde, et dont le prix est notre liberté . Et c’est pourquoi la morale du succès, qui fut la vraie morale améri
37 ns appel. L’angoisse de l’homme moderne devant sa liberté peut se mesurer au nombre des tireuses de cartes et de leurs clients
38 le » : c’en est fait de la toute petite chance de liberté qui nous restait. Cette « fatalité » de la passion n’est qu’une maniè
39 ion avec celles de la déficiente réalité, avec la liberté de l’être aimé et le respect de son mystère. Rien de moins ne suffira
40 ion la plus commune de nous faire abuser de notre liberté . Reste la femme, dont l’homme ne se lassera jamais de faire un ange
41 de anime la femme contre sa condition. Dans cette liberté que l’homme lui laisse, elle s’éprouve inconsciemment frustrée. La vo
42 sclave. Dans ce dernier cas, elle ne conçoit sa «  liberté  » que sous la forme d’une passion pure, indépendante de tout objet, m
43 ’un coup tant d’assurance ? Se faire tuer pour la liberté d’avoir ses propres opinions, c’est magnifique, mais c’est aussi mett
5 1942, La Part du diable (1982). Le Bleu du Ciel
44 ctoire finale. Là gît le secret de la plus grande liberté d’action et d’imagination. Car aussitôt nous voici délivrés du souci
45 bilité de chacun envers autrui, il n’est point de liberté civique possible : la dictature devient inévitable dans toute société
46 rain désordre. Il n’y a d’ordre vrai que dans la liberté . Il n’y a de liberté que chez les hommes qui réalisent leur vocation
47 y a d’ordre vrai que dans la liberté. Il n’y a de liberté que chez les hommes qui réalisent leur vocation et qui la servent. Et
48 ent. Et l’homme libre est le seul qui respecte la liberté de ses semblables. Tout cela se tient. Sens du prochain, responsabili
49 la se tient. Sens du prochain, responsabilité, et liberté sont choses intimement liées ; elles s’engendrent mutuellement et ne
50 lliance. Ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté est le fondement vivant de l’ordre ; qu’elle ne peut être donnée à pe
51 licité ; ceux qui n’ont pas encore compris que la liberté est foncièrement incompatible avec tout cela ; ceux qui ne savent pas
52 dictateur. Ceux qui n’ont pas encore compris que liberté égale responsabilité, ceux-là n’ont aucun droit de revendiquer une li
53 ité, ceux-là n’ont aucun droit de revendiquer une liberté dont ils ne sauraient rien tirer s’ils la recevaient par impossible,
54 ypocrisie, et Dieu sait si les mots démocratie et liberté en sont une, pitoyable ou scandaleuse, dans la bouche de milliers de
55 tuer ou de tuer, nous en sommes là, au nom de la liberté et de la démocratie. Cet « un peu » représente une énorme ambition, s
56 édéralisme, est la seule qui permette aux mots de liberté , d’ordre, d’humanité et de démocratie de signifier quelque chose qui
57 mots d’ordre. Or que voyons-nous aujourd’hui ? «  Liberté  », « ordre », « esprit », « démocratie » prennent tous les sens que l
58 ifient. J’ai dit que l’ordre véritable suppose la liberté de l’homme responsable. Mais combien de bourgeois apeurés s’obstinère
59 olchévisme ? D’autres se battaient au nom de leur liberté contre un tyran qui menait sa guerre au nom de la liberté du peuple a
60 contre un tyran qui menait sa guerre au nom de la liberté du peuple allemand. Cet autocrate botté se proclamait un jour le seul
61 eraient d’une part la tyrannie et d’autre part la liberté  ? Mais dites-moi donc ce qu’est la liberté, pour vous ? Vous hésitez,
62 art la liberté ? Mais dites-moi donc ce qu’est la liberté , pour vous ? Vous hésitez, c’est compliqué, et plus vous y réfléchiss
63 os vies, bon gré, mal gré, pour sauvegarder cette liberté , et c’est très bien. Mais ce serait mieux encore si le mot avait un s
6 1982, La Part du diable (1982). Postface après quarante ans
64 la Création pour la mieux adapter à nos désirs de liberté ou de puissance, pour la mieux asservir à nos passions. Non seulement
65 tion des mécanismes inhumains aux dépens de notre liberté , ou encore, en langage psychologique : prédominance de l’agressivité
66 humaine dotée d’une vocation — autant dire de la liberté , d’un homme ou de toute une cité. Vous me direz que ce diable-là devi
67 du règne des fatalités par la seule faute de nos libertés défaillantes. Je l’ai montré nous détournant de nos raisons de vivre