1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
1 ers ce que la religion tient pour un crime, et la loi pour une contravention, soit au contraire qu’elles s’en amusent, et q
2 innombrable et obsédant de l’amour en rupture de loi  ? Ne serait-ce pas qu’on cherche à s’évader de son affreuse réalité ?
3 vrai dire dissous depuis longtemps. Pourtant ses lois sont encore les nôtres d’une manière secrète et diffuse. Profanées et
4 s besoin de mythe. On pourrait se contenter d’une loi , d’un traité de morale, ou même d’une historiette jouant le rôle de r
5 ifiés comme exprimant une intrépide fidélité à la loi supérieure du donnoi, c’est-à-dire de l’amour courtois. (Donnoi, ou d
6 trange amour, va-t-on penser, qui se conforme aux lois qui le condamnent, afin de mieux se conserver ! D’où peut venir cette
7 peut manquer d’être frappé de ce fait : les deux lois qui entrent en jeu, chevalerie et morale féodale, ne sont observées p
8 , dans un absolu indicible, incompatible avec les lois du monde, mais qu’ils éprouvent comme plus réel que ce monde. La fata
9 ion, que l’auteur eût tenté d’illustrer, entre la loi de chevalerie et les coutumes féodales, nous a permis de surprendre l
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
10 sion se serve des corps, et qu’elle utilise leurs lois . Mais la constatation des lois du corps n’explique nullement l’amour
11 elle utilise leurs lois. Mais la constatation des lois du corps n’explique nullement l’amour d’un Tristan, par exemple. Elle
12 ces naturelles, non converties, et brimées par la loi nouvelle. Le mariage, par exemple, n’avait pour les Anciens qu’une si
13 celle-ci prend sa source dans un système fixe de lois , qui seront codifiées sous le nom de leys d’amors. Mais il faut dire
14 front. Désormais, ces amants seront liés par les lois de la cortezia : le secret, la patience, et la mesure, qui n’est pas
15 re d’un corps aux appétits terrestres, soumis aux lois de la procréation et de la mort. Mais le Christ est venu parmi nous,
16 ieu, consommation du détachement suprême de toute loi matérielle.) Le consolamentum était administré par les évêques, et co
17 eu (comme l’ordonne le sommaire évangélique de la Loi ). Une créature finie ne peut aimer que le fini. Il en résulta que les
18 es textes, le dévot devient la proie de la triste loi karmique, comme n’importe quel débauché. » Mais la femme, dans tout c
19 onne aisément grande joie à celui qui observe ses lois , dit le premier des troubadours connus, Guillaume, septième comte de
20 urut en 1127. Dès le début du xiie siècle, ces «  lois d’Amour » sont donc déjà fixées, comme un rituel. Ce sont Mesure, Ser
21 e savons si Chrétien de Troyes a bien compris les lois d’amour que lui enseignait Marie de Champagne. Nous ne savons dans qu
22 hiltre à la fois rive à la sexualité, qui est une loi de la vie, et contraint à la dépasser dans un hybris libérateur, au-d
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
23 est en effet de reposer sur une faute contre les lois d’amour courtois, puisque tout le drame vient de l’adultère consommé.
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
24 rêve de tout le Moyen Âge païen tourmenté par la loi chrétienne —, c’est la secrète volonté qui devait donner naissance au
25 ue des échos mélancoliques. Il y a bien les douze lois d’Amour, les séparations ingénieuses, l’éloge de la chasteté, voire l
26 plus strictement réglé, dans son progrès, sur les lois d’une plus sûre esthétique. L’emploi de « personnages constants » — l
27 ision. D’où la duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine à r
28 duplicité profonde de la pièce. La loi morale, la loi du jour qu’il veut servir désormais, oblige Racine à rendre le jeune
29 homme, le Racine naturel, cherche à tourner cette loi sévère qui, condamnant l’inceste, rend impossible la passion. Et voic
30 que nul paraisse y prendre garde, se rangent aux lois de la raison du siècle, reniant l’absolu chrétien. Les « mérites » et
31 a grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi . Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le démon de l
32 nemis qui nuisent à ses projets de grandeur ? Des lois cruelles, arbitraires, impérieuses, pourront de même assassiner chaqu
33 oués de la confusion. Au xiie siècle, c’était la loi de courtoisie qui imposait la chasteté ; ici, c’est la coutume bourge
34 t compris que le drame se passe en eux, entre les lois inacceptables de la vie terrestre et finie, et le désir d’une transgr
35 re secret du plein jour : l’attrait des sexes, la loi tout animale des corps — ce qu’il faut à la société pour procréer et
36 e mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, privée de sens mys
37 le consolamentum des Purs ! Dès cet instant, les lois du jour, la haine, l’honneur et la vengeance sont devenues sans force
38 me que la faute des amants légendaires contre les lois de l’amour chaste transforme l’hymne des troubadours en un roman163 —
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
39 ire de ce peuple. L’eugénisme de Lycurgue, et ses lois minutieuses réglant les relations des époux, n’ont d’autre but que d’
40 e l’amour. Les deux domaines restent soumis à des lois tout à fait distinctes, et privées de commune mesure. Il n’en va plus
41 qui s’appelle la chevalerie. 3.La chevalerie, loi de l’amour et de la guerre « Donner un style à l’amour », telle es
42 t mis à abandonner la notion droite et simple des lois de la guerre, à spiritualiser la matière, en négligeant le sens natur
43 er la Nature, la matière, et leurs fatalités, aux lois de la raison humaine et de l’intérêt personnel. Illusion si l’on veut
44 opagande, la victoire dépend en fin de compte des lois de la mécanique plutôt que des prévisions de la psychologie. L’instin
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
45 ntradictoires sur la sainteté de la procréation —  loi de l’espèce — et sur la sainteté de la virginité — loi de l’esprit. P
46 e l’espèce — et sur la sainteté de la virginité —  loi de l’esprit. Pour l’Ancien Testament, par exemple, une descendance no
47 le condamnait la procréation comme relevant de la loi du Prince des ténèbres, c’est-à-dire du Démiurge auteur du monde visi
48 e noblesse morale, qu’elle nous met au-dessus des lois et des coutumes. Celui qui aime de passion accède à une humanité plus
49 gnit l’État dit socialiste à édicter une série de lois contre le divorce (qu’on rendit beaucoup plus onéreux), contre l’avor
50 nfants nés hors mariage. La rigueur subite de ces lois , le choc psychologique qu’elles provoquèrent, la propagande, et les m
7 1939, L’Amour et l’Occident (1972). L’amour action, ou de la fidélité
51 ue où l’on confond thérapeutique et sotériologie ( lois de l’hygiène et doctrine du salut). À vues humaines, la guérison de n
52 découvrira que la fidélité dans le mariage est la loi d’une vie nouvelle ; et non point de la vie naturelle (ce serait la p
53 et puisque le salut est justement d’échapper à sa loi démoniaque207. Faut-il voir à la source de cet aspect le plus réel de
54 8), et qui tendrait à restaurer le Cosmos dans sa loi primitive, troublée par le péché ? La volonté chrétienne de transform
55 dont le remède peut très bien lui apparaître : la loi . Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous
56 tre : la loi. Or ce n’est que le renoncement à la loi ainsi comprise qui peut nous conduire à la foi. 210. Crainte et Tr
8 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
57 y est donné par l’Amour « à celui qui observe ses lois  » ; et cette joie est dite « pure » parce qu’elle dépend d’un bien qu
58 ’est-à-dire si cet homme parvient à maîtriser les lois du désir, exalté par la retenue même que lui impose la dame : Nul ne
59 de croire que la prohibition de l’inceste est la loi minimale pour qu’une culture se différencie de la nature248, alors no
60 dont les forces constitutives sont deux êtres de lois singulières, différentes, mais qui choisissent de composer une « unio
61 le confondre avec son opposé, de le réduire à la loi de l’autre (qu’il soit le plus fort ou le plus fin) par annexion ou c