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st toujours avouer qu’elle est insupportable… Mal
mariés
, déçus, révoltés, exaltés ou cyniques, infidèles ou trompés ; que ce
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illent au cœur des bourgeois, des poètes, des mal
mariés
, des midinettes qui rêvent d’amours miraculeuses. Le mythe agit parto
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le mari, il ne resterait aux deux amants qu’à se
marier
. Or on ne conçoit pas que Tristan puisse jamais épouser Iseut. Elle e
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dont il est la victime ! La chasteté du chevalier
marié
répond à la déposition de l’épée nue entre les corps. Mais une chaste
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urgue, législateur de Sparte, imposait aux jeunes
mariés
une abstinence prolongée. « C’est afin — lui fait dire Plutarque — qu
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rtelle et délicieuse brûlure. (« Il vaut mieux se
marier
que de brûler », écrit saint Paul aux Corinthiens.) De plus, c’est un
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ir de tout contact avec leur femme, s’ils étaient
mariés
. Il semble qu’un jeûne de quarante jours34 précédait l’initiation et
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rfecti). Seuls les seconds avaient le droit de se
marier
et de vivre dans le monde condamné par les purs, sans s’astreindre à
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s d’amour : « Un chevalier peut-il être à la fois
marié
et fidèle à sa dame ? » voilà qui nous donne à penser, si l’on songe
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ou chasse glorieuse) pour acquérir le droit de se
marier
: le combat contre le Morholt, dans Tristan, illustre exactement cett
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érance numérique d’hommes » dont peu pouvaient se
marier
. D’où l’idéalisation de l’objet d’un désir aussi difficile à satisfai
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trop fidèle se trouvent malgré eux dans l’état de
mariés
, à quoi notre héros veut échapper non pour l’amour de la liberté — qu
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» d’amour. Qu’on relise la grande lettre de Julie
mariée
(IIIe partie, lettre XVIII), analysant le passé des amants : on ne sa
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Bourgogne au xve siècle. L’amour et la mort s’y
marient
dans un paysage artificiel et symbolique de très haute mélancolie. «
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méprisable. La synthèse catholique s’efforçait de
marier
l’eau et le feu, car on pouvait tirer des Écritures et des Pères les
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qui reste vierge « fait mieux » que celui qui se
marie
, même chrétiennement. L’hérésie liée dès l’origine à la cortezia du M
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ir du xviiie siècle, le thème du « Coucher de la
mariée
» n’est plus qu’une occasion d’anodines galanteries picturales. De no
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liquent en partie la facilité avec laquelle on se
marie
encore « sans y croire ». Le rêve de la passion possible agit comme u
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secrète nostalgie, l’Iseut du rêve191 ; elle est
mariée
, naturellement. Qu’elle divorce, et il l’épousera ! Avec elle, ce ser
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l’appel suivant : « Mon amie et moi voulons nous
marier
. Nous essayons de trouver un juge de paix. N’est-ce pas une urgence »
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ent équivalents ; que si l’on « aime » il faut se
marier
sur l’heure ; qu’enfin « l’amour » doit normalement triompher de tous
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iage, l’amour du « prochain ». Si donc l’on s’est
marié
à cause d’une romance, une fois celle-ci évaporée, il est normal qu’à
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s ou de goûts, l’on se demande : pourquoi suis-je
marié
? Et il est non moins naturel qu’obsédé par la propagande universelle
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ennemi des compromis, il est contradictoire de se
marier
. Et si l’on veut tirer une traite sur son avenir, il est fort imprude
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veille de son mariage : « C’est merveilleux de se
marier
pour la première fois ! » (Un an plus tard, elle divorçait.) Sur quoi
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ent le célibat ; puis Luther et Calvin, tous deux
mariés
; puis les Pères pour avoir loué le mariage ; enfin saint Paul, pour
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, je n’en fais pas un ordre… Car il vaut mieux se
marier
que de brûler… Que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a
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tat où il était lorsqu’il a été appelé (vierge ou
marié
)… usant du monde comme n’en usant pas, car la figure de ce monde pass
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Et voici le coup de grâce ; Celui qui n’est pas
marié
s’inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur,
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es moyens de plaire au Seigneur, et celui qui est
marié
s’inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme (v. 3
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ant à cette utopie qu’obéit sans le savoir le mal
marié
, lorsqu’il se persuade qu’un second ou qu’un troisième essai le rappr
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urtant nous reprendrons un parti de sobriété. Les
mariés
ne sont pas des saints, et le péché n’est pas comme une erreur à laqu
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e suite pendant la dynastie Han. Les Chinois sont
mariés
très jeunes par leurs parents, et le problème de l’amour ne se pose p
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onte l’essence de ma culture occidentale. Les mal
mariés
y ont vu leur bréviaire, comme l’écrivait un philosophe allemand ; le
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omme l’écrivait un philosophe allemand ; les bien
mariés
, leurs abîmes survolés ; les divorcés, leur inutile et amère justific
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, laquelle veut que l’amant s’adresse à une femme
mariée
. Mais l’inverse du complexe d’Œdipe, sa réflexion dans un miroir, n’e
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lerait le tabou courtois. S’il couchait avec elle
mariée
à Marc, il violerait le tabou de l’inceste, et tout s’effondrerait —