1 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Le problème de la culture
1 ts, c’est que l’on doute en réalité de la commune mesure de la culture et de l’importance qu’il y aurait à la traduire avec fi
2 age, la négation de la culture, la négation de sa mesure vivante et de la dignité de ses grands prêtres, les « clercs », dit-o
2 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — D’une culture qui parle dans le vide
3 culture ne « rend » plus. Elle n’est plus à notre mesure , elle nous offre des nourritures de luxe, et nous avons besoin de pai
4 is pouvoirs, libérés eux aussi du contrôle et des mesures de l’esprit, se débattent dans l’opportunisme, ballottés entre l’opin
5 de la culture qu’elle prétend remplacer. Dans la mesure où la culture bourgeoise est liée aujourd’hui aux conditions économiq
6 re est travail, revendication constructive ; elle mesure à la fois la pensée et l’action. Elle est comme la mesure vivante de
7 la fois la pensée et l’action. Elle est comme la mesure vivante de la société rénovée. Mais la situation se renverse au siècl
8 ourquoi : parce qu’on sentait obscurément que les mesures du siècle avaient changé. Mais on n’en avait pas une conscience assur
3 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Fatalités du rationalisme bourgeois
9 choses en les organisant, elle les a réduites aux mesures de l’utilité générale. C’est dans cette guerre d’usure, millénaire, q
10 qu’elle comporte : la réduction de l’homme à des mesures chiffrées.   Mais la raison n’est pas seulement cet instrument de not
11 i se survit. Là encore, elle est légitime dans la mesure où elle s’ordonne à un idéal plus « humain », j’entends plus favorabl
12 notre lutte contre la mort. Imposer l’ordre et la mesure humaine à l’anarchie des forces naturelles, voilà l’affirmation, ou p
4 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Hegel, Comte, Marx, ou la rationalisation
13 es d’action comme tels, voilà l’aboutissement des mesures rationnelles qui furent un temps celles du Progrès. Et nous voici rev
5 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Importance de la notion de commune mesure
14 VImportance de la notion de commune mesure Ce raccourci d’une évolution séculaire est sans nul doute stylisé :
15 nnaître cette logique interne, c’est se mettre en mesure de prédire les développements de la culture. L’histoire a toujours co
16 mportance décisive de ce que j’appelle la commune mesure de la pensée et de l’action. On voit que cette commune mesure est l’e
17 pensée et de l’action. On voit que cette commune mesure est l’essence même de toute culture. Car si la pensée et l’action se
18 qu’il n’y a vraiment culture que là où règne une mesure commune. Car sans mesure il n’est pas de grandeur, ni par conséquent
19 ture que là où règne une mesure commune. Car sans mesure il n’est pas de grandeur, ni par conséquent de valeur. On voit enfin
20 deur réelle résident dans la vérité de la commune mesure régnante. Mais un exemple ne saurait suffire quand il s’agit d’un phé
21 ains aspects fondamentaux de la notion de commune mesure . Le type à peu près idéal d’une mesure à la fois souveraine et vraie,
22 de commune mesure. Le type à peu près idéal d’une mesure à la fois souveraine et vraie, nous le trouverons chez les anciens Hé
23 casion de saisir d’un coup d’œil l’instant où une mesure , pourtant vraie, se corrompt. L’anarchie de notre langage révélera l’
24 révélera l’anarchie spirituelle d’un monde où la mesure est morte. Enfin les tentatives de rénovation qui sont en cours en UR
25 at : une culture unifiée par la force, et dont la mesure actuelle est une tactique au service de la force commune, et non pas
6 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’Arche de l’Alliance
26 aint-Martin (L’Homme de désir.) J’ai parlé d’une mesure « vraie ». Mais quels sont les critères objectifs de la vérité que j’
27 ue j’ai en vue ? Quelles sont les « notes » de la mesure vraie ? Je répondrai par deux définitions que l’exemple du peuple héb
28 uer ce qui va suivre. Et d’abord, je dirai qu’une mesure est vraie lorsqu’elle consiste dans le rappel constant des fins que p
29 constant des fins que poursuit la culture. Vraie mesure , ce sous-entendu clairement perçu par tous les clercs, qui rapporte t
30 Je m’en tiens donc à ce critère formel : la vraie mesure réside d’abord dans la conscience permanente d’une finalité commune à
31 outes nos œuvres. En second lieu, je dirai qu’une mesure vérifiée par ce critère formel doit être en même temps vérifiée par s
32 é intrinsèque. On pourrait concevoir en effet une mesure qui satisfasse au critère téléologique, et qui pourtant ne porte pas
33 permanente. On pourrait concevoir par exemple une mesure imposée par l’État et qui se révèle incapable d’épouser, pour le vivi
34 critères n’existent pas ou cessent d’exister, la mesure d’une société se détruit d’elle-même, fatalement. C’est le cas présen
35 elle-même, fatalement. C’est le cas présent de la mesure bourgeoise, nous le verrons, et ce fut le cas de la mesure qui domina
36 urgeoise, nous le verrons, et ce fut le cas de la mesure qui domina l’Europe du Moyen Âge. ⁂ L’histoire du monde n’a pas connu
37 a, une vocation démesurée où il a pris son unique mesure . S’il est vrai qu’un prophète authentique est un homme sans biographi
38 l’Arche sont les Tables de la Loi. La Loi est la mesure sacrée. C’est elle qui rappelle à la fois l’origine et la fin du peup
39 manente de toute action et de toute pensée. Vraie mesure , donc, et mesure commune. On porte l’arche au-devant des armées, dans
40 action et de toute pensée. Vraie mesure, donc, et mesure commune. On porte l’arche au-devant des armées, dans la guerre, comme
41 terdit pendant les guerres civiles : c’est que la mesure est indivisible. Dieu est au ciel, sa loi est sur la terre, et les pr
42 eur. Car ce qui est grand, c’est ce qui comble la mesure . Ce n’est pas la richesse mais la fidélité. Ce ne sont pas les moyens
43 poésie de l’Occident chrétien sera grande dans la mesure où elle sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la synthè
44 où elle sera biblique ou grecque, sublime dans la mesure où la synthèse des deux traditions sera dominée par l’élément bibliqu
45 de sa pauvreté même, qu’à cause de l’absolu de sa mesure , et de la promesse qu’elle portait. Mais cette Promesse enfin s’est i
46 tte Promesse enfin s’est incarnée. Et dès lors la mesure n’est plus dans l’ancienne Loi, mais dans la foi qui se manifeste, da
47 pas cru à sa victoire et qui repousse la nouvelle mesure , c’est-à-dire la Nouvelle Alliance, est aujourd’hui le peuple sans me
48 Nouvelle Alliance, est aujourd’hui le peuple sans mesure , sans limites et sans foyer. Sans espérance, il crée des utopies. San
49 donné au peuple l’expression légale de sa commune mesure  : le Décalogue. Ainsi la fin crée ses moyens. Cette hypothèse est auj
50 celle qui prend pour objet de son culte la vraie mesure , mais la mesure en soi, isolée de ses fins. La décadence du latin à l
51 pour objet de son culte la vraie mesure, mais la mesure en soi, isolée de ses fins. La décadence du latin à la fin du Moyen Â
7 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Sur le déclin du Moyen Âge
52 ’elle fit naître témoignent de sa primauté. Et la mesure du Moyen Âge, c’est justement cette primauté théologique. L’étudier
53 et aux législateurs, le latin. La décadence de la mesure catholique23 — et je ne dis pas de l’Église de Rome, mais bien de son
54 igure la persistance de l’esprit romain, est la «  mesure  » qui permet d’estimer la conduite des choses humaines, en tant que l
55 u’hommes simplement, c’est la vertu qui est notre mesure  ; lorsque nous agissons en citoyens : la loi ; lorsque nous agissons
56 et telle que la fixèrent les classiques, comme la mesure actuelle au xiiie siècle. Le titre même de son traité nous met en ga
57 « signes » latins, selon lui, ne sont vraiment la mesure commune qu’en tant qu’ils vivent dans les divers idiomes vulgaires et
58 inelle. Les « simplicissima signa » ne sont ainsi mesure actuelle que s’ils participent réellement à la vie de la culture, en
59 é sur le sens du langage dont dépend l’action. La mesure latine n’est valable qu’en tant qu’elle s’incarne et agit dans le lan
60 ce qui donne à Dante cette conscience aiguë de la mesure à sauvegarder. Déjà s’avance le très subtil faussaire Pétrarque. Car
61 e de symbole, le premier péché qualifié contre la mesure latine. C’est Pétrarque qui, le premier, déclare que l’idiome italien
62 a conformité aux meilleurs modèles antiques27. La mesure cesse d’être un outil. Elle se distingue de son action pratique. Elle
63 commencée. ⁂ Il faut placer cette « crise » de la mesure latine aux débuts du xive siècle. La coïncidence est frappante : c’e
64 ’un très sûr instinct — par un refus d’user de la mesure linguistique commune aux chancelleries et à l’Église : la requête est
65 : les rédacteurs de la requête ont compris que la mesure latine a cessé d’être réellement commune. Et quand Guillaume de Nogar
66 u plus grand clerc du monde, il fonde la nouvelle mesure , il inaugure la révolution29. La décadence de la mesure accélère touj
67 , il inaugure la révolution29. La décadence de la mesure accélère toujours la scission entre la pensée et l’action — dont elle
68 le : la Réforme. Considérée du point de vue de la mesure linguistique, la Renaissance n’est qu’un essai de restauration artifi
69 blics et solennels31. » Ainsi le glissement de la mesure est accompli : ce qui était le sous-entendu indiscuté, la règle vive
70 évolution spirituelle est définie : en face de la mesure ancienne qui se survit en tyrannie stérile et idolâtre, affirmer une
71 vit en tyrannie stérile et idolâtre, affirmer une mesure nouvelle, une mesure qui ramène d’un même mouvement l’Église, la poli
72 le et idolâtre, affirmer une mesure nouvelle, une mesure qui ramène d’un même mouvement l’Église, la politique et la culture à
73 l’efficace. Ce n’est plus celui qui se sert d’une mesure adorée pour elle-même, mais c’est celui qui recrée une mesure en se m
74 e pour elle-même, mais c’est celui qui recrée une mesure en se mettant au service de la foi. Luther à Worms et à Augsbourg, vo
75 our nourrir une paix fardée32 ». Ce conflit de la mesure stérilisée, idolâtrée, et de la mesure recréée, c’est dans le débat q
76 flit de la mesure stérilisée, idolâtrée, et de la mesure recréée, c’est dans le débat qui opposa Calvin au cardinal Sadolet qu
77 it qui a des pieds et des mains !33 » 23. Toute mesure vraie doit être « universelle » dans le temps de sa vérité et les lim
8 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Décadence des lieux communs
78 onversion personnelle, application d’une série de mesures économiques., transmutation de toutes les valeurs morales, etc. Et to
79 ant. Et leurs conseils paraissent obscurs dans la mesure où ils se veulent scrupuleux. C’est pourquoi la plupart renoncent à e
80 u que le sens des fins vienne à faiblir et que la mesure commune cesse d’être effectivement perçue et observée, l’on assiste à
81 ous en donnera donc de nouveaux fabriqués à notre mesure , — et quelle misérable mesure ! « Slogans » publicitaires, mots d’ord
82 x fabriqués à notre mesure, — et quelle misérable mesure  ! « Slogans » publicitaires, mots d’ordre politiques, tels sont les e
83 es, quel que soit leur régime politique. Ainsi la mesure n’est plus cette loi qui vit en l’homme réel et personnel, cette alli
9 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Tentatives de restauration d’une commune mesure
84 IXTentatives de restauration d’une commune mesure Au cours des analyses historiques qui précèdent, nous avons vu comm
85 t, apparaissent et se défont en même temps que la mesure qui les anime. Car la mesure est le constant rappel des fins communes
86 en même temps que la mesure qui les anime. Car la mesure est le constant rappel des fins communes à la pensée et à l’action. E
87 arnent, soit qu’ils la créent contre une ancienne mesure défaillante (prophètes et révolutionnaires) soit qu’ils la maintienne
88 urent les plus grands de ce siècle, quelle est la mesure qui nous permet de porter un tel jugement ? Si nous disons qu’ils ont
89 se n’avait plus d’idéal. L’argent était devenu la mesure effective et pourtant il n’unifiait rien, et ne rappelait aucune fin
90 és et des cultures, de ce que je nomme la commune mesure , le spectacle des deux plus grandes révolutions du xxe siècle suffir
91 là deux tentatives colossales pour restaurer une mesure commune. Le seul mot de totalitaire qui qualifie les deux régimes fon
92 poque. Ils ont refait au moins provisoirement une mesure , en imposant une fin commune à l’action et à la pensée. Et dans ce se
93 s qu’il s’agit de construire. Mais que valent ces mesures imposées ? Quelle est la vérité des fins qu’elles servent ? Et si ces
10 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure soviétique
94 XLa mesure soviétique La plupart des erreurs que l’on commet lorsqu’on se mêle
95 ser ces terres immenses, n’eussent pas adopté des mesures très différentes de celles que décréta Lénine. Mais d’autre part, on
96 iert surtout la pensée — doivent s’ordonner à une mesure commune en vue de réaliser cette fin commune qu’est l’univers sociali
97 l’univers socialisé. ⁂ On connaît le nom de cette mesure , son incarnation très visible et ses moyens d’action ou même de contr
98 e de contrainte : c’est le PLAN40. J’insiste : la mesure effective à quoi s’ordonne toute la construction russe n’est plus la
99 si dans l’histoire universelle, on trouverait une mesure commune qui apparaisse à première vue plus strictement, plus arithmét
100 nais. L’assimilation de la culture (et donc de sa mesure ) au Plan, est même si radicale, ou si naïve, que les Soviets en sont
101 notre examen de la valeur du Plan considéré comme mesure culturelle, sans plus tenir compte de ces énormités peut-être inévita
102 ennal nos deux critères objectifs de vérité de la mesure . 1° Le Plan joue-t-il parmi les communistes russes le rôle d’un perma
103 s les pays capitalistes. L’avantage d’une commune mesure donnant un sens aux moindres tâches individuelles, qu’elle situe dans
104 it être, en tous les domaines, le caractère d’une mesure vivante ? L’idéal du Plan soviétique, qui est le monde intégralement
105 té des êtres. Il fallait désormais recourir à une mesure qualitative que le Plan ne pouvait fournir, n’ayant pas voulu en prév
106 t tenter l’esprit. Il serait vain de le nier : la mesure imposée par le Plan et qui régit encore l’action pratique des communi
107 communistes, est d’ores et déjà combattue par une mesure spirituelle toute différente, et à certains égards, contraire. C’est
108 ogiquement de Marx, et dont il entendait faire la mesure commune de la pensée et de l’action : « Donnez d’abord le pain à tous
109 — devait résulter une scission, et le désir d’une mesure plus vivante. La scission vient de s’opérer, et seule l’inquisition i
110 ues réussit à masquer son étendue. Le désir d’une mesure plus vivante se manifeste bien souvent à l’insu de ceux qu’il tourmen
111 rix de salaires merveilleux44. Il découvre que la mesure qu’on voulait imposer à son orgueil n’est encore qu’une immense caric
112 ie de concevoir une illusion, une démesure ou une mesure qui fasse battre pendant cinq ans le cœur d’un peuple. Cela suffira s
113 nous être utile pour une future construction : la mesure pseudo-marxiste que les Soviets proposent en exemple s’est avérée, ap
114  ; et j’ajouterai : de critique méfiante, dans la mesure où les jeunes communistes viennent à nous avec cette morgue que l’on
11 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — La mesure nationale-socialiste
115 XILa mesure nationale-socialiste L’élite française s’est fait depuis quelques a
116 versité et peuple : la guerre était partout et la mesure commune nulle part. Hitler parut et dit : Je suis le Parti, je suis l
117 ande à venir. C’était l’incarnation de la commune mesure , la fin de l’angoisse, et l’inauguration d’un Troisième Empire religi
118 Allemagne, l’Allemagne c’est Hitler. » — Voilà la mesure , et son incarnation visible à tous. « La nation est le contenu et la
119 voir d’action »48. — Voilà les fins auxquelles la mesure doit conduire, avec une rigueur fanatique, — ce fanatisme traduisant
120 leur d’un dessein millénaire. ⁂ Comment une telle mesure va-t-elle pouvoir régir l’ensemble des activités intellectuelles ? Co
121 bien qu’à l’esprit des usagers de la culture, la mesure prétendue universelle. Or cette mesure étant en fait celle qui a régl
122 ulture, la mesure prétendue universelle. Or cette mesure étant en fait celle qui a réglé d’abord l’action, et l’action de mass
12 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — Leçon des dictatures
123 ns leur essai de créer, par la force, une commune mesure pour la pensée et pour l’action.   La démonstration que j’ai esquissé
124 s situations de départ différentes, prouve que la mesure réelle, dans l’un et l’autre cas, n’est pas la doctrine, mais la tech
125 a technique de l’action sur les masses. C’est une mesure partielle, valable pour la seule action au cours de laquelle elle s’e
126 i sont censées configurer la culture. 2° Or cette mesure partielle ne peut pas réussir à créer une communion vraiment vivante.
127 sprit est la suivante : ou bien il se soumet à la mesure faite pour régler l’action (entendez l’action politique !), c’est-à-d
128 ent une force d’opposition, détruisant la commune mesure . Ce processus est déjà commencé dans les deux dictatures rivales, et
129 cer par l’extérieur, si nous voulons rétablir une mesure commune à la pensée et à l’action. Car un ordre extérieur n’est solid
13 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — commune mesure et acte de foi
130 XIIIcommune mesure et acte de foi Parmi toutes les mesures que les hommes ont su donne
131 Icommune mesure et acte de foi Parmi toutes les mesures que les hommes ont su donner à leurs pensées et à leurs actes, certai
132 ont failli à leur vocation. Tel fut le cas de la mesure des Juifs, et de la mesure médiévale. C’est la vraie trahison des cle
133 . Tel fut le cas de la mesure des Juifs, et de la mesure médiévale. C’est la vraie trahison des clercs : l’idolâtrie, la simon
134 la simonie ou la sécularisation. Il est d’autres mesures qui se détruisent d’elles-mêmes, malgré toute la fidélité de ceux qui
135 i dénonce leur insuffisance. Tel fut le cas de la mesure rationaliste qui conduisit la bourgeoisie à son triomphe, puis à sa n
136 triomphe, puis à sa négation ; tel est le cas des mesures politiques que s’imposent les dictatures. Du court destin de la cultu
137 e et unique constatation : celle de l’échec d’une mesure rigoureuse, monumentale, effectivement commune, mais partielle. J’ai
138 qué ailleurs la maxime qui paraît justifier cette mesure et qui explique son insuffisance : « Commençons par le matériel !52 »
139 Il faut faire maintenant le dernier pas : si une mesure se révèle trop étroite, c’est que la fin qu’elle prépare et symbolise
140 hose. Ainsi l’action va d’un côté, réglée par une mesure autoritaire, — l’argent, le Plan, l’État, le chef — et l’esprit va d’
141 ime tout, qui exige tout, et qui impose à tout la mesure de son espérance ? Car il ne s’agit de rien d’autre, à chaque instant
142 seul exemple. Juger le système soviétique, ou la mesure soviétique, ce n’est pas discuter telle ou telle modalité de son appl
143 it bien aboutir là. Car si l’on peut vérifier une mesure au moyen de critères formels — c’est à quoi je me suis employé au cou
144 ui ne soit un acte de foi. Juger le système ou la mesure soviétique, c’est uniquement, et après tout comme avant tout, faire o
145 ée et de l’action. Tout le problème de la commune mesure se ramène alors à ceci : quelle est cette vérité dernière assez certa
146 s conditions, et en vertu de notre destinée, à la mesure soviétique ou à la mesure hitlérienne, c’est qu’elles sont extérieure
147 de notre destinée, à la mesure soviétique ou à la mesure hitlérienne, c’est qu’elles sont extérieures à la personne. Elles sou
148 , mais non pas pour l’homme total. Elles sont des mesures de propagande, non pas d’éducation réelle. Elles poursuivent et incar
149 actique. Enfin, et du seul fait qu’elles sont des mesures de propagande, elles sont précisément trop simples. Elles se définiss
150 otre être lorsqu’il tend activement vers elle. La mesure que nous cherchons ne peut donc être définie qu’en relation avec la v
151 au seul appel du but final. Cette méthode sera la mesure que nous cherchons : à la fois intime et active, réglant la pensée et
152 Mais il reste à tirer de notre examen de quelques mesures anciennes ou actuelles, la conclusion précise en vue de quoi nous som
14 1936, Penser avec les mains. Première partie. La commune mesure — L’appel à la commune mesure, ou l’Europe du xxe siècle
153 XIVL’appel à la commune mesure , ou l’Europe du xxe siècle Je ne connais qu’un moyen de résister
154 emples de civilisations anciennes fondées sur des mesures déterminées, et tirant justement de ces mesures ce que nous appelons
155 s mesures déterminées, et tirant justement de ces mesures ce que nous appelons leur grandeur. L’Inde ancienne, la Grèce d’Homèr
156 ui symbolisaient leur grandeur. Et l’histoire des mesures communes ordonnées à ces grands desseins, et ordonnant toutes choses
157 s ou des organismes en lesquels s’incarnèrent des mesures , selon les temps et les lieux, ou les astres. C’est pourquoi j’ai bor
158 e à celle de quelques incarnations ou symboles de mesures communes. J’ai choisi ces signes à dessein aussi divers et précis que
159 Plan russe, le concept de Führer. Cependant, une mesure n’est rien, et ses symboles ne signifient rien, si l’on oublie les fi
160 nce d’un grand dessein, c’est l’incarnation d’une mesure commune à tous les ordres et qui les harmonise. Il était nécessaire d
161 aussi les mécanismes ou les fatalités de quelques mesures , et leurs rapports avec les fins qu’elles ont servies ou qu’elles ent
162 s ou qu’elles entendent servir. La question de la mesure d’une civilisation est sans nul doute la question-mère de toute probl
163 vu qu’elle ne comporte pas de réponse en soi. Une mesure n’est en soi ni vraie ni fausse ; elle n’est que plus ou moins fidèle
164 cte de foi — déterminera notre jugement sur cette mesure . ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dans notre civilisation défai
165 sur cette mesure. ⁂ Si nous voulons restaurer une mesure dans notre civilisation défaite, il nous faudra donc commencer par ce
166 faudra donc commencer par ce qui détermine toute mesure  : il nous faudra commencer par la fin ! Et non pas emprunter ici ou l
167 fins qui ne sont pas les nôtres. On ne refait une mesure qu’en retrouvant une foi. Mais on ne retrouve une foi qu’en discernan
168 en résulte et s’en souvient. L’ersatz de commune mesure , dans les régimes bourgeois capitalistes, c’était l’argent. Mais le c
169 c’était l’argent. Mais le crédit s’écroule, et la mesure devient le manque d’argent. C’est cette angoisse avant tout qui expli
170 urgentes, enfin solides, de s’aimer ? La commune mesure des États neufs, c’est au contraire une mystique conquérante. Mais là
171 ne peut survivre bien longtemps à la ruine de la mesure spirituelle qui avait déterminé sa forme et défini ses buts lointains
172 reur possible, et à elle seule, que toute commune mesure est morte parmi nous, et que nulle mesure vraie n’est encore restauré
173 commune mesure est morte parmi nous, et que nulle mesure vraie n’est encore restaurée. Le régime libéral n’a plus la force de
174 une grandeur quelconques dépendent à la fois des mesures et du lieu et du temps où on les mesure. Seuls donc les groupes de fo
175 fois des mesures et du lieu et du temps où on les mesure . Seuls donc les groupes de forces ou d’hommes, exactement situés dans
176 ns le temps ou l’espace, peuvent en appeler à une mesure commune. Seul l’homme déterminé par ses relations prochaines et activ
177 lations prochaines et actives peut se sentir à la mesure des temps nouveaux. Sinon, il n’est qu’angoisse et arbitraire, isolem
178 niverselle, religieuse : l’attente d’une nouvelle mesure , d’une nouvelle image du monde où l’homme s’éprouve de nouveau réel,
179 s voisins ; ou bien nous recréerons notre commune mesure originale, à la faveur d’une révolution qui nous apporte au moins l’é
180 mpénétrable54. Nos fins sont d’autres fins, et la mesure qui doit les incarner ne sera inventée que par nous. Non seulement no
181 rce personnelle, celle que donne la vérité. Notre mesure commune ne sera pas collective, extérieure à notre personne : cela n’
182 lus individuelle : on ne peut pas ressusciter des mesures mortes. Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’
183 Je dis qu’elle sera personnelle, qu’elle sera la mesure de l’homme en tant qu’il se possède dans ses relations actives avec t
15 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Préambule
184 tre, vers ce que je pressens, vers cette nouvelle mesure que l’élan seul pour la saisir va préciser. ⁂ Il m’a semblé qu’à l’or
185 e notre crise et de la décomposition des vieilles mesures , il y avait une crise de l’esprit, et une défection de la culture ; e
186 rte quel homme d’envisager tous les aspects de la mesure que nous ne faisons que pressentir. C’est pourquoi, laissant dans les
187 t devenu pour moi comme un symbole de la nouvelle mesure . Il s’agira maintenant d’en éclaircir le sens, d’en dégager les conte
188 firmer le sens encore obscur que nous avons d’une mesure nouvelle. Essai d’éthique de la pensée — qui est peut-être une scienc
16 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — La pensée prolétarisée
189 lémique, et qu’en ce sens elle est exacte dans la mesure où elle provoque. Tournons sa pointe vers un adversaire qui va se dés
190  ; pour les autres, elle figure la force même que mesure la balance, et qui se passerait aussi bien de ce contrôle. Non point
191 e contrôle. Non point qu’aucune force existe sans mesures , mais le choix qui importe est celui-ci : préfère-t-on lire la mesure
192 x qui importe est celui-ci : préfère-t-on lire la mesure à l’aiguille, au terme d’une opération correcte, ou préfère-t-on la l
193 minismes figurant à ses yeux la vérité en soi, la mesure de toutes les mesures, et le correctif nécessaire à toute opinion per
194 es yeux la vérité en soi, la mesure de toutes les mesures , et le correctif nécessaire à toute opinion personnelle. Lorsqu’un cl
195 alances, et pendant qu’on y est, aux poids et aux mesures . Certes, car eux aussi naquirent d’un acte autorisé. Si des penseurs
196 , en effet. Vous les voyez parfois, perdant toute mesure , s’élancer dans des envolées délirantes qui les portent jusqu’aux éto
197 cle. Elle en figura tout ensemble le bon goût, la mesure , et la suprême astuce. Toutefois le danger d’un écart, par ailleurs c
198 leurs mérites respectifs. 71. Voir : La commune mesure , chap. 2 à 4. 72. Voir les chapitres sur le Servage et le Travail,
17 1936, Penser avec les mains. Deuxième partie. Penser avec les mains — Éléments d’une morale de la pensée
199 par une voie négative, l’intuition d’une nouvelle mesure . Maintenant il faut repartir, il faut prouver, comme Diogène le mouve
200 ut prouver, comme Diogène le mouvement, que cette mesure existe, qu’elle a un sens. Or, pour qu’une chose, ou une action ou un
201 que réalité en mouvement, comme par exemple notre mesure nouvelle, on peut décrire la situation d’où le mouvement résulte, ou
202 c’est concevoir et reconnaître dès maintenant une mesure nouvelle, une mesure qui soit commune à la pensée et à l’action, à l’
203 connaître dès maintenant une mesure nouvelle, une mesure qui soit commune à la pensée et à l’action, à l’élite et au peuple qu
204 élite devrait aider. C’est surtout incarner cette mesure par des actes, et transformer le monde à son image. Voilà sans doute
205 e désigne ma formule, et dont je dis qu’il est la mesure , le fondement de la culture apte à régir une communauté nouvelle ? Il
206 retrouver dans tel ouvrage qui s’ordonnerait à la mesure que nous cherchons. Première vertu : le réalisme Tout le malheu
207 res de l’époque. Il paraît même décroître dans la mesure où croît la quantité des discours, des journaux. Ce serait donc le pr
208 mme l’étend même à tout ce qui l’entoure, dans la mesure où il voudrait l’humaniser. Tout être vivant porte le nom qu’Adam lui
209 e qui se sait sans fin dans cette vie, et dont la mesure n’est jamais dans aucun résultat en soi, mais seulement dans l’acte r
210 — Ils nous disent tous d’aller à notre vie. La mesure occidentale Depuis quelques milliers d’années que les peuples édif
211 qu’ils n’ont imaginé qu’un assez petit nombre de mesures communes réglant leur vie, leur pensée, leur action, leur lutte contr
212 par le roi ; et nous voyons les Russes bâtir une mesure matérielle et les Allemands une mesure populaire, qui ne sont encore
213 bâtir une mesure matérielle et les Allemands une mesure populaire, qui ne sont encore que des raisons d’État, perfectionnées
214 gande. En somme, il n’y a guère que deux types de mesures  : le principe spirituel ou le cadre institutionnel. Le grand prestige
215 d’une culture et d’une économie qui n’ont plus de mesure commune depuis cent-cinquante ans déjà. Nous assistons à des essais d
216 pas à situer, à baptiser, l’incarnation de cette mesure spirituelle. L’Arche de l’Alliance, l’Église, le César, le Roi, le Di
217 tateur, l’État : voilà des signes matériels de la mesure . Est-il possible de leur opposer dès maintenant un signe aussi grandi
218 tre génération. C’est le principe spirituel de la mesure qu’il nous faut tout d’abord définir, et le signe naîtra ensuite. Or
219 nautaire, que nous appelons. Incarnation de la mesure occidentale : la personne Je ne reprendrai pas ici la distinction
220 s je tiens cet « excès » pour plus sérieux que la mesure même qu’il s’agit d’éprouver une dernière fois. L’esprit de l’homme s
221 Dieu, notre acte est seulement restaurateur. À la mesure de sa violence, il tente de rétablir les créatures dans leur état inc
222 pense en puissance d’acte le lieu de la nouvelle mesure communautaire. Enfin j’ai essayé de circonscrire le point central, le