1 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. N’habitez pas les villes !
1 dent en rien, pour l’ampleur de leurs vues sur le monde , à l’éloquence des conventionnels… On trouve encore dans ce livre des
2 t une liberté négative. Elle nous met à l’abri du monde et nous ramène tout physiquement à nos limites. Mais l’homme est ains
3 rs intérieur de ces gens ? Je me dis parfois : Le monde moderne n’a rien en eux. Ils sont indemnes de nos fièvres. Ils ne con
4 fois comiques, toujours révélateurs pour moi d’un monde non pas absolument nouveau, mais nouvellement intéressant. Et quand n
5 un regard trop précis, qui me donne une image du monde peu supportable, peu « vraisemblable » même ; car enfin il n’y a pas
6 rouver chez nous, dans notre campement au bout du monde . Confort profond dans cet inconfort matériel. Je viens de relire mes
7 e secrète et puissante en l’ordre significatif du monde (quoi qu’il m’advienne), ne serais-je pas désespéré, fou de possibles
8 ium ; que l’homme s’endort à imaginer un ordre du monde où sa place serait réservée, alors qu’il s’agirait au contraire de cr
9 e de créer cet ordre dans l’arbitraire insensé du monde , et parmi des déterminations qui ne tiennent aucun compte de moi : vo
10 c’est l’humilité. Si je ne suis pas important, le monde s’agrandit. Je puis encore aimer des paysages qui ne sont pas mon « é
11 déchiffrer. L’humilité m’apporte des nouvelles du monde . Ainsi je me renouvelle lentement. C’est un moyen de sortir de l’impa
12 mblables par un lien de responsabilité. Séparé du monde et remis au monde d’une manière toute nouvelle, non plus pour le subi
13 en de responsabilité. Séparé du monde et remis au monde d’une manière toute nouvelle, non plus pour le subir mais pour collab
14 mble-t-il. D’ailleurs, il y a peu de nouvelles du monde dans leurs colonnes. Les correspondances villageoises (accidents de b
15 cet homme et la culture ? N’y a-t-il pas là deux mondes qui n’ont jamais eu de contact, ni jamais de commune mesure ? Mais je
16 que si je me sens et me connais participant de ce monde « mal compassé ». (Je puis le connaître par le moyen de ma révolte, s
17 nos regards à hauteur d’homme. Et nous voyons un monde neuf où la pensée avait perdu, depuis un siècle, la coutume de cherch
18 le, la coutume de chercher ses résistances. Or ce monde nous apparaît démesurément agrandi, hors de nos prises intellectuelle
19 entre deux fuites : devant soi-même ou devant le monde . Il serait temps d’envisager maintenant comment l’homme peut être pré
20 r maintenant comment l’homme peut être présent au monde et à soi-même conjointement. Problème du siècle, ou des siècles qui v
21 tte dans le suicide à cause de sa rupture avec le monde . Qu’est-ce à dire ? c’est qu’il tombe en soi. Il n’y trouve pas de qu
22 rme où poser le pied. Il se donne tort, et non au monde . Tout le problème de l’équilibre goethéen se pose à partir de Werther
23 à le sens qu’il va donner à ses relations avec le monde  : le commerce de la société, l’action et le service d’autrui lui deme
24 ’épuiser. Goethe sera l’homme en relation avec le monde , la société, et la nature ; mais de cette relation, de cette tension,
25 pour s’édifier, bien plutôt que pour réformer un monde qui lui paraît fort acceptable (utilisable, tel qu’il est, pour un Go
26 di de cette image. » Le regard qu’il porte sur le monde est l’un des plus précis qui furent jamais portés, mais c’est en lui,
27 semblerait que l’équilibre entre sa vision et le monde soit presque absolument atteint. Et pourtant comment ne point sentir
28 y avoir beaucoup plus d’ordre en nous que dans le monde . Le vertige est à l’extérieur. Et lorsque éclate le conflit entre not
29 t lorsque éclate le conflit entre notre moi et le monde c’est au monde que nous donnons tort. Nous le mettons en question, no
30 e le conflit entre notre moi et le monde c’est au monde que nous donnons tort. Nous le mettons en question, nous démasquons s
31 i notre révolte même assure nos relations avec le monde . La tension se produit de nouveau entre les pôles individu et société
32 s nous réaliser que dans le corps à corps avec le monde et c’est toujours le conflit goethéen ; mais aujourd’hui tout se pass
33 ait bien moins de nous réaliser que d’informer un monde neuf, qui enfin nous paraisse acceptable. Les « leçons » que nous tir
34 a parfaire en l’enseignant. Ce que Goethe doit au monde , c’est de devenir Goethe. Il doit montrer l’exemple d’un individu qui
35 montrer l’exemple d’un individu qui a su tirer du monde où il est né les nourritures les plus richement assimilables. Il choi
36 jet ». Mais, tout inverse, notre effort contre le monde vise à l’affirmation d’un ordre externe, d’une communauté vivante. Le
37 s de notre engagement dans la réalité vulgaire du monde actuel. Si nous devons quelque chose à ce monde, c’est notre volonté
38 u monde actuel. Si nous devons quelque chose à ce monde , c’est notre volonté de le changer, de le connaître afin de le change
39 à tout moment à l’œuvre toujours ouverte vers le monde , trop près de lui pour n’en pas reproduire certains désordres ou disc
40 et clarifier l’univers intérieur. Nous, c’est le monde informe, impersonnel, hétéroclite et quotidien qu’il nous faudrait cl
41 rte de perpétuel journal de nos relations avec le monde , empruntant toutes les formes qu’on voudra, roman, essai, commentaire
42 e vérités plus touchantes que cette découverte du monde à un niveau où elle n’est pas connue, où elle n’a pas encore posé de
43 aux-semblants. Cette descente de l’esprit dans le monde quotidien, c’est le vrai progrès de l’esprit, c’est l’ouverture de no
44 e pureté. Il faut penser à eux quand on juge « le monde  »… Nous mangeons les premiers légumes du jardin : salades et radis. P
45 aturité : c’est le moment où l’on découvre que le monde ne comporte pas d’autres réponses que celles qu’on a le courage de lu
2 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. Pauvre province
46 s le régime présent. Elle met en question tout un monde qui ne nous laisse plus de choix qu’entre un rationalisme « libéral »
47 très facilement vers 18 ans, — furieux contre le monde , contre soi-même… Et pourtant il a dû sentir que j’avais de l’amitié
48 itaire, veillée trop lucide peut-être, puisque le monde n’y porte plus d’ombres. Je me souviens de ces nuits de Paris, pleine
49 et qu’on aurait grand tort de croire que rien au monde dépend de nous. Ceci vaut pour les femmes, qui sont la part la plus c
50 stionné à ce sujet quelqu’un qui connaît bien son monde . La vie même de cet homme consiste, en effet, à connaître intimement
51  : celui qui sait qu’il ne croit pas aux dieux du monde , et qui le prouve. Comment le prouve-t-il ? Tout simplement en témoig
52 traordinaires, surhumaines : se rire des dieux du monde est assez héroïque aux yeux du monde, pour qu’il soit vain de cherche
53 des dieux du monde est assez héroïque aux yeux du monde , pour qu’il soit vain de chercher mieux. 20 décembre 1934 « Ô p
54 té extrême ; que rien n’a de sens en soi, dans le monde , ni le monde même, lancé vers le néant, et que c’est à cause de cela,
55 que rien n’a de sens en soi, dans le monde, ni le monde même, lancé vers le néant, et que c’est à cause de cela, et non pour
56 . Très curieuse, cette reprise de contact avec le monde de la « culture ». Il m’apparaît que c’est le monde où les problèmes
57 nde de la « culture ». Il m’apparaît que c’est le monde où les problèmes dépendent surtout des termes dans lesquels on les po
58 termes dans lesquels on les pose. Ou encore : le monde des problèmes communicables. On se les repasse de l’un à l’autre, per
59 nt les femmes de la nation la plus raisonnable du monde . Le mari est un vieux laïcard, il accuse les curés d’obscurantisme, i
60 otre image scientifique (physico-mathématique) du monde , est fausse. Il est totalement impossible de concevoir la vérité simu
61 nt infiniment moins à notre image scientifique du monde que cette petite phrase si courante : il a la veine. Mais notre jacob
62 es, un langage innocent et raisonnable : voilà le monde à son contentement ; à la mesure de l’amitié humaine. J’entends un br
63 l’on nous écoutait, il faudrait refaire ce petit monde de fond en comble ! La lecture de Lawrence m’a fait prendre une consc
64 vie réelle. Telle est notre situation — celle du monde bourgeois capitaliste, mais aussi celle des dictatures, d’une manière
65 vec ça que je pourrais faire une carrière dans le monde , à supposer que l’envie m’en prenne. Tout ce que je compte dire dans
66 assis une petite anse qui est pour moi le lieu du monde le plus pur. Une transparence vert bleu sur des cailloux ronds où le
67 availleurs de Bouillargues, prouvant à la face du monde que nos militants héroïques n’ont pas perdu leur peine depuis 89 ! Ou
68 : « Place aux Vieux ! » On se demande s’il est au monde un seul pays, hormis la France, où cette phrase soit possible. Où les
69 rofondément rassurant. Il est encore un peuple au monde pour qui le souci de se montrer humain prime cette volonté de puissan
70 l dites. J’accepte à la rigueur cette division du monde en gros et en petits, si c’est le seul moyen pratique de faire valoir
71 le colonial-moyenâgeux. On pourrait loger bien du monde . Des initiés naturellement. Personne ne monte jamais là-haut, ni maré
72 jeunesse rurale, ce sentiment d’être à l’écart du monde , — et de n’être lié à son voisin que par le souvenir de vieilles offe
3 1937, Journal d’un intellectuel en chômage. L’été parisien
73 , sous les marronniers de l’avenue, tout ce petit monde me paraît libre et presque heureux. Soir villageois, ciel de province
74 esse ! Je m’y ennuie presque autant que dans « le monde  ». Dans « le monde », on s’agite plus vivement, sur un fond d’ennui m
75 e presque autant que dans « le monde ». Dans « le monde  », on s’agite plus vivement, sur un fond d’ennui multicolore. Ici tou
76 lancée névralgique, l’inutilité de penser dans un monde où l’on rit comme cela. 28 juillet 1935 Le Prochain. — Dans l
77 plus grave qu’ils ne le croient. L’ennui dans le monde actuel, c’est un de ces derniers signes, une de ces dernières preuves
78 re vocation spirituelle. Cet ennui qui envahit le monde moderne possède une signification métaphysique et religieuse infinie.