1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 errain solide ; mais je n’y rencontrais pas grand monde , à cette époque. Il a fallu la guerre, l’occupation, la réclusion, l’
2 ssaierai de mesurer sa situation nouvelle dans le monde . Enfin, j’ai hâte de lui demander : « Et maintenant, qu’allons-nous f
3 tifs : c’est que la situation de l’Europe dans le monde s’est modifiée, qu’elle s’est même totalement renversée depuis l’auto
4 sent très faibles en vérité. L’Europe a dominé le monde pendant des siècles par sa culture d’abord, dès le Moyen Âge, par sa
5 e… autant dire : une Europe absente… Imaginons le monde heureux, prospère, et puissamment organisé autour de cette absence in
6 ence insensible au grand nombre. Qu’y perdrait le monde  ? Qu’y perdraient nos enfants ? Alors paraît comme dénudée par ces qu
7 ais si maintenant nous regardons l’Europe dans le monde , ce changement de point de vue va nous faire voir une très solide réa
8 diverses et l’Europe ; puis entre l’Europe et le monde . À tous les degrés, nous retrouvons les mêmes tentations opposées, et
9 ent pour son salut, mais pour celui de la paix du monde entier. ⁂ Mesdames et messieurs, si les descriptions pessimistes de l
10 soit pas utopique d’envisager sa fonction dans le monde , son avenir et le nôtre en elle ? Pour ma part, j’entretiens une croy
11 moire. Elle est même, pratiquement, la mémoire du monde , le lieu du monde où l’on conserve et reproduit les plus vieux docume
12 me, pratiquement, la mémoire du monde, le lieu du monde où l’on conserve et reproduit les plus vieux documents des races huma
13 neuf. C’est parce que l’Europe est la mémoire du monde qu’elle ne cessera pas d’inventer. Elle restera le point de virulence
14 ce extrême de la création spirituelle, ce coin du monde où l’homme a su tirer de lui-même les utopies les plus transformatric
15 avenir, non seulement pour l’Europe, mais pour le monde . Dans une certaine mesure, qui est celle du réalisme politique, et il
16 me que ce fût dit ici, la question de l’avenir du monde se résume dans ce simple dilemme : la Planète unie ou la Bombe. Et j
17 en. Mais dans une large mesure aussi, l’avenir du monde dépend de l’attitude de l’Europe, et de son pouvoir d’invention. Ici,
18 ude nouvelle, une confiance — ouvrant l’Europe au monde , du même coup. Ce qu’il nous faut demander et obtenir — obtenir de no
19 e, les antitoxines des virus dont il a infesté le monde entier. Il n’y a de fédération européenne imaginable qu’en vue d’une
20 our instaurer un vrai gouvernement mondial. Et le monde , pour ce faire, a besoin de l’Europe, j’entends de son esprit critiqu
21 que autant que de son sens inventif. La pensée du monde , c’est l’Europe. Et s’il s’agit vraiment de penser, que penser d’autr
22 rôle de l’URSS et celui des États-Unis dans notre monde  : c’est que nous avons chez nous un parti stalinien, qui prend ses or
23 fin plus qu’aucun pays à toutes les influences du monde , et sait très bien que sa propre santé dépend de celle des autres, et
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24 re les intérêts de leur nation contre le reste du monde . La fédération sera l’œuvre de groupes et de personnes qui prendront
25 la conviction qui les inspire. Il n’y a, dans le monde du xxe siècle, que deux camps, deux politiques, deux attitudes humai
26 e la police. Or l’être des gouvernements, dans le monde actuel, c’est la souveraineté absolue. Tous les États-nations qui se
27 u’elle tient encore ou ne tient déjà plus dans le monde actuel. Et je propose quelques observations très simples, qu’il suffi
28 L’Europe est plus petite que nous ne pensions, le monde plus grand. Nos descendants s’étonneront bien que Valéry ait pu nous
29 empires, qui ont un air de vouloir se partager le monde . En 1939, il y avait en présence l’Allemagne et les démocraties : tou
30 le, et nous pousse à l’union. Notre vocation Deux mondes sont en présence, que nous n’approuvons pas, pour des raisons d’aille
31 e comme s’il n’y avait rien devant nous. Quand le monde attend de nous l’invention pacifiante et la formule d’un ordre neuf…
32 ’Europe joue son destin, et chacun de nous, et le monde avec elle. Menacée, déchirée, déjà diminuée, l’Europe finit demain, s
33 s rassemblée, rendue à sa vraie vocation, dans le monde des empires affrontés, l’Europe commence demain, et la paix avec elle
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34 urons à choisir dans un délai que la situation du monde rend très court. La faiblesse générale des utopies, c’est qu’elles so
35 ré toutes ses infidélités, elle reste aux yeux du monde entier le grand témoin — c’est la tâche dans laquelle nous nous somme
36 nt, nous voulons l’Europe, parce que sans elle le monde glisse à la guerre, et que l’alternative n’est plus, pour nous, que d
37 ait à nos yeux la valeur et le sens de la vie. Le monde entier en serait appauvri. C’est donc une notion de l’homme et de la
38 humain, celui qu’illustre justement, aux yeux du monde entier, notre existence. Pour nous, Européens, la culture véritable n
39 siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde , avec l’État et la communauté. Dans les combinaisons, variées à l’inf
40 e nos mouvements, même amical en réalité. Rien au monde ne pourra les persuader que nos intentions ne leur sont pas hostiles.
41 de sortir de cette impasse, c’est d’organiser le monde sans eux, et vous verrez que, sans eux, ce sera facile. Et cela fait,
42 isme et l’esprit partisan, je ne vois personne au monde qui puisse le faire avec quelque chance de succès. Nous avons dévelop
43 e déclare sans issue, l’Europe se doit et doit au monde d’inaugurer la troisième voie, la voie des libertés organisées. Nou
44 au névrosé. Il faut que l’Europe reste le lieu du monde où les pouvoirs composent avec leurs opposants : c’est tout le problè
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45 l’espoir et la vision qui, sans lui, manquent au monde  ? Mesdames et messieurs, je le sais bien, certains pensent que, pour
46 siècle en siècle, ses rapports avec Dieu, avec le monde , avec l’État et la communauté. Toute notre histoire illustre ce débat
47 e économique de notre temps. Jamais l’histoire du monde n’aura connu un si puissant rassemblement d’hommes libres. Jamais la
48 ui sont celles de la communauté, afin d’ouvrir au monde la voie qu’il cherche, la voie des libertés organisées. Elle est de r
49 tes ses infidélités, l’Europe demeure aux yeux du monde le grand témoin. La conquête suprême de l’Europe s’appelle la dignité
50 n l’Europe joue son destin et celui de la paix du monde . Soit donc notoire à tous que nous, Européens, rassemblés pour donner
51 de l’électricité actuellement disponibles dans le monde .