1 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — L’amour et la personne dans le monde christianisé
1 IL’amour et la personne dans le monde christianisé Éros, qui était un dieu pour les Anciens, est un probl
2 définissait comme l’Être originel, le Créateur du monde et le sauveur d’Israël, mais que le Nouveau Testament révèle au cœur
3 ée par un acte de l’amour : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » Religion dont toute la Loi est résum
4 , et celui qui est marié s’inquiète des choses du monde , des moyens de plaire à sa femme. » 4. Ainsi donc, exalté d’une part
2 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — Naissance de l’érotisme occidental
5 eligion codifiée. Instincts et passions font « le monde  », y renoncer c’est entrer en religion. Rien dans « le monde », sinon
6 renoncer c’est entrer en religion. Rien dans « le monde  », sinon le dégoût qu’on en conçoit pour avoir abusé des « plaisirs »
7 t peut-être surtout au second. Ils ne sont pas du monde des corps, qui est substantif, ni du monde de l’esprit, qui est celui
8 pas du monde des corps, qui est substantif, ni du monde de l’esprit, qui est celui du verbe, mais du monde animé de l’adjecti
9 onde de l’esprit, qui est celui du verbe, mais du monde animé de l’adjectif qui est qualification de la substance par l’émoti
10 montre comment le christianisme, en apportant au monde le « principe positif de l’Esprit », qui exclut le sensuel, a posé du
3 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — Présence des mythes et leurs pouvoirs dans divers ordres
11 s banale et la plus largement répandue dans notre monde occidental : qui n’a pas été amoureux ou malheureux de l’être pas, ou
4 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — Parenthèse sur le sens des mots
12 ’effort organisé, ni la technique qui ont fait le monde actuel. Il n’y aurait pas non plus le problème de l’érotisme ! Les au
5 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Introduction. L’érotisme et les mythes de l’âme — Pour une mythanalyse de la culture
13 e détachement de nos liens avec la chair, avec le monde , et avec notre moi distinct ? Ou bien faut-il plutôt ordonner ces rel
14 qui suscite en nous la personne ? Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde, mais plutôt comme étant destinés à le tra
15 sonne ? Nous sommes au monde comme n’étant pas du monde , mais plutôt comme étant destinés à le transformer sans relâche (d’où
6 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Nouvelles métamorphoses de Tristan
16 e passion concevable ou déclarée en fait, dans un monde où tout est permis. Car la passion suppose toujours, entre le sujet e
17 nature ? On les voit largement pratiqués dans le monde animal et dans la grande majorité des sociétés humaines connues, les
18 dit19. Comme dans Tristan, « les amants fuient le monde et lui, eux ». Enfin, comme dans Tristan, ils meurent à peu de temps
19 re « des relations déficientes et tendues avec le monde  », Ulrich conte de nouveau l’histoire de « la femme la plus merveille
20 pour Ulrich a mobilisé son hostilité à l’égard du monde . Le moment négateur du monde et du social, inhérent à toute vraie pa
21 tilité à l’égard du monde. Le moment négateur du monde et du social, inhérent à toute vraie passion, n’apparaît cependant, a
22 pas avant d’avoir fait une tentative extrême. Le monde est fugace, fluide : fais ce que veux… Un homme ne va jamais si loin
23 ssé d’agir après trois ans, ils découvrent que le monde existe encore et les appelle… « Deh ! dit Tristan, quelle départie ! 
24 : « N’avoir plus de centre du tout, participer au monde sans réserve, sans rien garder pour soi, au sommet, cesser simplement
25 e, qui est devenue la clé de toutes les portes du monde , grâce à toi. Une fois de plus, la passion sépare du monde : Jivago
26 ce à toi. Une fois de plus, la passion sépare du monde  : Jivago et Lara détestent « les principes d’un culte menteur de la s
27 eur communauté d’âme, l’abîme qui les séparait du monde les unissait. Tous deux avaient la même aversion pour tout ce que l’h
7 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Deux princes danois. Kierkegaard et Hamlet
28 ie le possède et lui fait trouver les biens de ce monde « fastidieux, usés et vulgaires ». Le suicide le tente. Mais il réuss
29 r attentifs » malgré eux. (Mundus vult decipi, le monde veut être trompé, constate Kierkegaard à plusieurs reprises.) Mais à
30 ré, un humaniste, un homme comblé des biens de ce monde . L’appeler témoin de la vérité, c’était commettre à l’égard de l’abso
31 es souffrances dont on parle généralement dans le monde . Un témoin de la vérité, c’est un homme qui témoigne dans le dénuemen
32 mble — et cependant il faut jouer, nous sommes au monde , nous sommes en scène malgré nous… Telle est l’angoisse de la vocatio
8 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Don Juan
33 t ce qui cède, toute l’impudeur et la lourdeur du monde . C’est au point de fureur dionysiaque où la joie de détruire devient
9 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes I. Méditation au carrefour fabuleux
34 é. Le christianisme, étant esprit, a posé dans le monde la sensualité. Parce qu’il l’excluait en principe, il l’a posée comme
35 l capable de dompter Don Juan, nulle puissance du monde n’en ayant eu raison. Cette description du mythe par Kierkegaard n’e
36 poétiquement absolue, dans le fait qu’il n’y a au monde qu’un seul être bien-aimé, et que cette « seule fois » de l’amour est
37 istence concevable ». Le mythe est une « image du monde en raccourci » et, sans le mythe, « toute culture est dépossédée de s
38 idable Titan, prend sur ses épaules le fardeau du monde dionysien et nous en délivre. … Entre la portée universelle de sa mus
39 procédé, un inégalable moyen de donner la vie au monde plastique du mythe. Ce noble subterfuge permet alors à la musique d’a
40 amais plus ne lui tombera en partage ! « — Car le monde des choses tout entier ne trouvera plus une bouchée à donner à cet af
41 Du fond d’un songe je m’éveille : Profond est le monde Et plus profond que le jour ne l’a cru. Profonde est sa douleur — Mai
42 ine par un « Ou bien ? » — c’est le seul livre au monde qui finisse par : « Ou bien ? » Il ignorait sans doute que trente-hui
43 être unique et possédé à l’infini se concentre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis
44 entre le monde entier. Tristan n’a plus besoin du monde — parce qu’il aime ! Tandis que Don Juan, toujours aimé, ne peut aime
45 ertus, par la grâce d’une vertu qui transcende le monde de la Loi. Enfin tout se ramène à cette opposition : Don Juan est le
46 l’immanence pure, le prisonnier des apparences du monde , le martyr de la sensation de plus en plus décevante et méprisable — 
47 une estimation bien assurée de notre vie dans ce monde -ci, et de son sens ou de son absurdité, nous mettrait en mesure de ré
48 at sonore Dans la tourmente infinie Du souffle du Monde S’engloutir S’abîmer Inconscient Joie suprême58 ! Mais si le moi est
49 ésolue de ce nirvana romantique (où le Souffle du Monde est encore une « tourmente » !) que nous laissent les dernières mesur
10 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Première partie — Dialectique des mythes II. Les deux âmes d’André Gide
50 re rapportée, j’entends : qui modifie le moins du monde l’image que l’on connaît de lui. Nous parlions style, tournures de ph
51 Une intense affectivité le liait, le reliait, au monde du christianisme, même s’il en refusait les dimensions profondes. J’a
52 rquoi le problème religieux, tel qu’il se pose au monde christianisé, et à lui seul, libéré « par la foi » de l’empire des my
53 zsche se vantait d’avoir écrit le seul ouvrage au monde qui se termine par ou bien ? — Gide ici l’a rejoint, mais par sa vie.
11 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — Rudolf Kassner et la grandeur humaine
54 a vision, c’est-à-dire l’appréhension poétique du monde . Il faut savoir être secret pour penser avec autorité. Il faut savoir
55 s — Freud en particulier, dans Christ et l’Âme du monde  — mais bien plutôt qu’à force d’approfondir leur domaine propre, il l
56 que, pour Kassner, Rilke appartient décidément au monde du Père, « monde des enfants, des femmes et des vieillards », monde p
57 , Rilke appartient décidément au monde du Père, «  monde des enfants, des femmes et des vieillards », monde passif, féminin, s
58 onde des enfants, des femmes et des vieillards », monde passif, féminin, sans conflit et sans drame, sans négation ni dialect
59 flit et sans drame, sans négation ni dialectique, monde « phallique » aussi, « mélange très singulier de candeur enfantine et
60 ingulier de candeur enfantine et de perversion », monde spatial, antihistorique, désincarné, lunaire, monde de l’âme et non d
61 nde spatial, antihistorique, désincarné, lunaire, monde de l’âme et non de l’esprit, profondément antipaulinien, et qui perme
62 tenir pour l’un des plus grands depuis Dante. Le monde de Kassner, au contraire, est le monde du Fils, de la Parole qui tran
63 Dante. Le monde de Kassner, au contraire, est le monde du Fils, de la Parole qui tranche et institue le drame, le monde ouve
64 de la Parole qui tranche et institue le drame, le monde ouvert par la tragédie grecque, par l’Évangile, monde du Dieu-Homme e
65 e ouvert par la tragédie grecque, par l’Évangile, monde du Dieu-Homme et du paradoxe, du sacrifice et du Retour (Umkehr), de
66 Retour (Umkehr), de la Personne et de la Liberté. Monde viril où ne peut régner que « cette prose qui exclut les vers : Blais
67 ent, Kassner en vient à l’aspect « asiatique » du monde rilkéen, et au bouddhisme. Il a toujours aimé le Bouddha, dit-il. Il
68 sner des derniers temps de sa vie a pu relier son monde et celui de Rilke. Par un suprême dépassement des concepts, au nom du
69 paraître le visage. Entre les deux « abîmes » du monde magique, qui est le monde sans mesure d’avant le drame, d’avant l’idé
70 les deux « abîmes » du monde magique, qui est le monde sans mesure d’avant le drame, d’avant l’idée et la Parole — et du mon
71 ant le drame, d’avant l’idée et la Parole — et du monde collectif, qui est sa contrepartie plate et abstraite, et que vous no
72 Bath, qui haïssait les boutons et n’admettait au monde que les boucles : Mon oncle s’agitait tout particulièrement et s’aba
73 cellence. C’est elle qui nous permet de passer du monde magico-mythique à celui de la personne et de la liberté. 89. C’est l
12 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — La personne, l’ange et l’absolu ou Le dialogue Occident-Orient
74 puisque sa vie « nouvelle » est à la fois dans le monde et hors du monde, à la fois manifestée par son amour (Agapè) et « cac
75 nouvelle » est à la fois dans le monde et hors du monde , à la fois manifestée par son amour (Agapè) et « cachée avec le Chris
76 tte part de la personne dès maintenant libérée du monde où elle vit encore en exil, mais « héritière du Royaume », dès mainte
77 e complet ou chaque groupe d’êtres appartenant au monde de Lumière a sa Fravarti » — Ohrmazd, le Dieu lumineux a lui-même la
78 paraissent ainsi comme la contrepartie visible du monde invisible, mais premier, des archétypes. L’événement majeur, la scène
79 oissent les plantes d’immortalité », au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinvat s’é
80 alité », au centre du monde spirituel (qui est le monde réel des Archétypes), le pont Chinvat s’élance, reliant un sommet au
81 ), le pont Chinvat s’élance, reliant un sommet au monde des Lumières infinies. À son entrée, se dresse devant l’âme sa Dâenâ,
82 penser qu’il s’agit bien ici de la même « mort au monde et à soi-même » que le Christ exige de ses disciples, et qui est la c
83 e premier moteur non seulement de l’homme mais du monde , c’est son action qui configure l’idée du moi que nous nous faisons,
84 point d’amour du prochain. Tous les moralistes du monde s’accordent avec les spirituels dans leur condamnation de l’égoïsme,
85 tous les termes à la fois dans le surnaturel (ou monde céleste) et dans le sensible terrestre, la structure des relations en
86 s castes et la condamnation de toute curiosité du monde ) ; d’autre part, en tant que doctrines elles proposent aux spirituels
87 : La vie n’a servi de rien à celui qui quitte ce monde sans avoir réalisé son propre monde intérieur. Elle reste invécue, co
88 qui quitte ce monde sans avoir réalisé son propre monde intérieur. Elle reste invécue, comme les Vedas non récités, ou toute
89 regard que nous portons sur lui, il en jaillit un monde ou l’autre : l’Occidental ou l’Oriental. Tous les risques d’erreur so
90 ue nous lui rendons, nous arrivons à connaître le monde et à l’anéantir en l’absorbant. Mais que nous devenions Shiva, la fem
91 nous devenions Shiva, la femme est dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.125 » —
92 femme est dissoute et le monde avec elle. Car le monde ne doit pas être refusé mais dissous.125 » — Je veux voir l’autre en
13 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Deuxième partie — L’amour même
93 ô amant ! » Jusqu’au point où l’Élue, devenant le monde — « On est seul avec tout ce que l’on aime » — l’amour confond le moi
94 oi et son objet, et enfin « Seul je suis, moi, le Monde  ! » À cette limite de l’extrême différence actualisée, tout ce qui av
95 ans le « flot houleux » et dans la « tourmente du Monde  » — sa mort d’amour, sa « Joie suprême 128. » 3. Le plaisir sexuel. —
96 propre maître et se meut à sa fantaisie parmi les mondes . Mais celui qui pense autrement reste dépendant. Il demeure dans les
97 croît l’indifférencié, elle accroît l’entropie du monde . À l’extrême, que le Mythe symbolise avec une grande simplicité dans
98 est atteinte que par la pensée, mais à travers le monde des sensations, lorsque au-delà des corps à notre échelle, au-delà du
99 « tout » dépend d’une décision à prendre ; qu’un monde coloré, déployé, dense et stable s’étende autour de nous qui allons d
100 e Vide qui baigne tout ? L’antimatière ? D’autres mondes parallèles, qui seraient le nôtre en creux ? Mais nous voulons l’au-d
101 vert un jour, non sans stupeur : Il y a un autre monde , mais il est dans celui-là.129 Qu’entendait-il ? Qu’avait-il vu ?
102 Qu’entendait-il ? Qu’avait-il vu ? Quel autre monde  ? Et pourquoi n’y en aurait-il qu’un ? Il y a le monde du Vide, l’aut
103  ? Et pourquoi n’y en aurait-il qu’un ? Il y a le monde du Vide, l’autre monde de la science : il est là, parmi nous et tout
104 urait-il qu’un ? Il y a le monde du Vide, l’autre monde de la science : il est là, parmi nous et tout autour de nous, ici et
105 ous le Royaume ! Le Royaume « qui n’est pas de ce monde  », et qui pourtant est « au-dedans de nous », car il est plus nous-mê
106 vers ; il n’est pas loin d’ici ou d’à présent, du monde des formes, qui est la Nature, la Parabole — mais ici, maintenant, et
107 mence du Plérome à venir, quand « la figure de ce monde passera », et que l’invisible sera vu. Quand tu le sais, l’amour comm
108 nt, proche et lointain dans l’espace et le temps, monde et personne, désir, souffrance et joie. Et nous pouvons aimer ces for
109 oin de sentier perdu dans la forêt d’avril, petit monde complexe et fortuit, terre et pierres, herbe humide, ciel clair entre
110 ien d’autre n’importe en vérité : rien d’autre au monde ne m’appelle. J’ai pu douter de l’être, et du devenir, et de toutes n
111 nces ; et je ne cesse de douter de notre image du monde , du vide et des distances inconcevables calculées à partir de nos for
14 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — L’amour selon les évangiles
112 . Les voici. Amour divin Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique… (Luc, III, 16). Le Père m’aime parce q
113 a vie la perdra, et celui qui hait sa vie dans ce monde la sauvera pour la vie éternelle (Jean, XII, 25). Jésus sachant son h
114 5). Jésus sachant son heure venue de passer de ce monde au Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, mit le co
115 Père, et ayant aimé les siens qui étaient dans le monde , mit le comble à son amour pour eux. (Suit le récit du lavement des p
116 e semence » est posée dans « ce siècle », dans le monde apparent où nous vivons. 2. Jésus n’a jamais parlé de sa naissance vi
117 la puissance (je te donnerai tous les royaumes du monde ). Mais non point par cela qui, pour tous les ascètes et puritains, fi
15 1961, Comme toi-même. Essais sur les mythes de l’amour. Annexes — Post-scriptum
118 i, selon le Shiva samhita « détruit la Ténèbre du monde et doit être tenu pour le secret des secrets ». Dans la seconde versi
119 e leur personne est en jeu, et qu’il n’y a pas au monde deux personnes identiques. Pour les autres, une morale générale et tr