1 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte
1 i aujourd’hui vous écrasent, discutent le sort du monde par-dessus votre tête et sont prêts à vous jouer aux dés. Je vous le
2 fait pas le poids, qui n’est plus à l’échelle du monde nouveau. C’est que l’union de l’Europe n’est pas faite, et il faut do
3 mais dans les consciences, non seulement face au monde qui peut aller sans nous, à la rigueur, mais face à notre vocation, e
4 e peuvent être atteints que si les divers pays du monde acceptent de dépasser le dogme de la souveraineté absolue des États e
5 paix européenne est la clé de voûte de la paix du monde . En effet, dans l’espace d’une seule génération, l’Europe a été l’épi
6 e l’Europe, à nouveau, le moteur de l’histoire du monde . Entre le peu qui est en train de se faire et le défi qui nous est ad
7 us on va et plus mal on va. Toutes les raisons du monde , tant négatives que positives, nous commandent d’unir l’Europe, mais
2 1970, Lettre ouverte aux Européens. I. L’unité de culture
8 chrétien. Elle devient possible, dès lors que le monde sensible n’est pas absurde, mais qu’il existe un accord entre notre e
9 onfiance intuitive dans l’accord de l’homme et du monde et suppose une foi dans leur fondement commun, « fondement de l’être
10 fondement commun, « fondement de l’être dans le monde , à savoir Dieu », comme l’écrit Ernest Ansermet dans ses Fondements d
11 t de rappeler qu’Einstein, juif conscient dans un monde culturel pénétré de concepts chrétiens, ait exprimé sa révolte devant
12 l’idée que Dieu pourrait « jouer aux dés avec le monde  ». Enfin, il est nécessaire de marquer que le christianisme, à ses dé
13 ique. Ainsi la civilisation hindoue : la durée du monde s’y calcule en jours de Brahma, chacun valant 4320 millions d’années
14 ions. Le christianisme apporte alors un troisième monde de valeurs, assez mal compatibles avec celles de la sagesse grecque e
15 ’absurdité non pas au moi qui la ressent, mais au monde ou à la société, voilà qui est proprement occidental. Cela donne le r
16 t la fatalité, ne serait pas concevable hors d’un monde qui date ses années de la Crucifixion, hors d’un monde né avec cette
17 qui date ses années de la Crucifixion, hors d’un monde né avec cette religion qui fit dépendre le salut de l’homme, non poin
18 relâche, se remet en question et veut changer le monde , de telle manière que sa vie personnelle y prenne un sens. 7. Une
19 a même extension dans l’espace et le temps que le monde christianisé. L’Asiatique traditionnel, brahmaniste ou bouddhiste, ne
20 révolutionnaires ne peuvent se former que dans un monde qui tient la liberté et la vocation prophétique pour plus vraies que
21 pement d’une grande passion. Enfin, le citoyen du monde soviétique se doit de rejeter avec une horreur officielle l’idée non
22 aturelle », est en réalité exceptionnelle dans le monde . On peut la qualifier d’extravagante ou d’immorale, et l’Église peut
23 chrétienne et qu’elle est inconcevable hors d’un monde où Pascal peut placer dans la bouche même du Christ cette phrase célè
24 créateur, et l’Oriental, qui tend à s’ordonner au monde des dieux, nous ayons à choisir : je dis que nous avons choisi. Je ne
25 Europe, pour la sauver d’abord, et pour servir le monde ensuite. La connaissance des réalités contemporaines constitue la seu
26 tion ou ambition ; – fonction de l’Europe dans le monde décolonisé, et conditions nécessaires à son exercice ; – idéaux direc
27 graphie à partir de la découverte géographique du monde . Et l’on sait le rôle décisif que ces sciences ont joué dans l’évolut
28 ns de tous les ordres qui ont modifié l’aspect du monde depuis cinquante ans, la part des Européens est largement prépondéran
29 és de Paris ou dans nos livres. Je dirai plus. Le monde moderne en tant que tel peut être appelé une création européenne. Pou
30 nnombrables tensions, déchirantes et fécondes. Le monde entier reçoit avec avidité nos machines, nos doctrines, nos remèdes e
31 s secrets de puissance matérielle — en un mot, le monde reçoit nos produits. Mais il ne reçoit pas les valeurs religieuses, é
32 daigne l’amour du prochain. 21. L’Europe et le monde  : position du problème Voici donc ce que l’Europe a créé, voilà ce
33 ce que l’Europe a créé, voilà ce qu’elle offre au monde entier, et elle ne peut faire autrement, car toutes les créations que
34 que je viens d’énumérer sont en expansion vers le monde , appellent le monde, s’en nourrissent, et toutes préparent son unité,
35 rer sont en expansion vers le monde, appellent le monde , s’en nourrissent, et toutes préparent son unité, après avoir exploit
36 e d’exiger davantage ou de proposer mieux dans le monde d’aujourd’hui ? Certes, l’Europe réelle est loin de tels sommets, mai
37 st issue du même complexe, et elle répond dans le monde de l’âme au même défi que la science dans le monde des corps et de l’
38 onde de l’âme au même défi que la science dans le monde des corps et de l’intellect. Les structures musicales se raccordent a
39 t ils expriment et transportent, en fait, tout un monde de valeurs complètement étranger à nos croyances traditionnelles ? »
40 n de l’humanité où les Européens, ayant créé « le monde  », se voient menacés d’être dépossédés par ce monde même qu’ils ont s
41 nde », se voient menacés d’être dépossédés par ce monde même qu’ils ont suscité et qui se voit en mesure d’abuser de nos pouv
42 ller du fait que le génie européen rayonne sur le monde entier, ils préfèrent nous parler de notre éclipse. Au lendemain de l
43 t de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. M
44 ’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde . Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Les
45 goisse quant à l’état présent de l’Europe dans le monde , et que, d’autre part, les plus grands esprits du siècle précédent n’
46 ereurs chinois s’imaginèrent qu’ils dominaient le monde entier ; c’était moins orgueilleux que naïf, car chacun ignorait que
47 satisfaire, du moins séduire tous les peuples du monde . Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans le monde plus de machin
48 . Nous avons vu aussi que l’Europe envoie dans le monde plus de machines et d’assistants techniques que de livres et de missi
49 , et de Paul Valéry lui-même, reproduites dans le monde entier, enregistrées sur bandes et sur microsillons, elles sont en me
50 s propres pouvoirs et notre vocation. Aux yeux du monde , il n’y a qu’un seul péril sérieux : le péril blanc. La civilisation
51 rendre au tragique, quand elle atteint l’Asie, le monde arabe ou l’Afrique, dresse contre nous au nom de nos principes des re
52 que notre vocation est désormais de présenter au monde , et d’illustrer d’abord par l’exemple vécu, l’art et la science œcumé
3 1970, Lettre ouverte aux Européens. II. L’union fédérale
53 moins réussies dans l’empire communiste, dans le monde arabe, en Afrique et en Amérique latine, cependant qu’une volonté d’u
4 1970, Lettre ouverte aux Européens. III. La puissance ou la liberté
54 xixe siècle, suivis de nos jours par le reste du monde , notamment par le tiers-monde, mal décolonisé à cet égard… Qu’est-ce
55 temps, puisqu’il est à la fois trop petit pour le monde , trop grand pour ses régions, et sans correspondance autre qu’acciden
56 son régime politique est l’un des plus stables du monde , depuis plus d’un siècle. Ce que l’on ignore généralement, c’est la m
5 1970, Lettre ouverte aux Européens. IV. Vers une fédération des régions
57 -de-France « ne se reconnaît plus de supérieur au monde  », traite donc l’Empire de haut en bas (faute d’avoir pu se faire éli
58 républicaine, et au xxe siècle dans le reste du monde . Modèle monstrueux, si l’on y réfléchit, mais c’est précisément ce qu
59 nt monopoliser. Le problème du petit État dans le monde des Grands, c’est en vérité le problème de tous les États du monde sa
60 c’est en vérité le problème de tous les États du monde sauf trois, c’est-à-dire d’environ cent-trente pays (plus souverains
61 niveau des empires véritables qui dominent notre monde , et surtout pour résister à la satellisation politique ou économique.
62 ficacité de sa participation dans les affaires du monde . Mais en même temps, les États-nations unitaires et centralisés — et
63 et souples, pleines de vitalité, ouvertes sur le monde , elles noueront entre elles des relations d’échanges aussi nombreuses
64 sateurs qui prétendent aujourd’hui se partager le monde . Si nous n’en sommes encore qu’à la petite aube de la formation des r
65 certaine liberté de jugement39 . Là où, dans le monde stato-national, on ne parlait que de superficies, on parle ici d’abor
66 on d’un échelon administratif. Préférons, dans le monde régional, cette liberté modeste mais réelle aux ivresses de l’indépen
67 ra le complexe de Procuste. Au contraire, dans le monde des régions, la liberté de chacun et l’efficacité de son action seron
68 propre à convaincre le pire des imbéciles dans ce monde -là. Aux yeux de cet homme gutenbergien, que nous sommes tous, peu ou
69 ns l’indivision » : grande maxime qui conteste un monde  : celui de la République une et indivisible des jacobins, de l’Empire
70 que dans une Europe fédérée, au seuil de l’ère du monde uni.) Le collège groupant les chefs et responsables de ces agences ou
71 Rhin en France et le Land badois en RFA. Rien au monde ne saurait empêcher les citoyens habitant cette région économique, de
72  : Le petit État existe pour qu’il y ait dans le monde un coin de terre où le plus grand nombre d’habitants puissent jouir d
73 ance et Progrès, n° 1, novembre 1967. 36. Cf. Le Monde (dont on cite ici la version), puis Actes du Colloque sur l’organisat
6 1970, Lettre ouverte aux Européens. Lettre ouverte, suite et fin
74 réponse à la contestation de la jeunesse, dans le monde entier, ne relève pas de l’économie, et encore moins de la politique
75 mais bien ce coin de la planète indispensable au monde de demain, où les hommes de toutes races pourront trouver non pas le