1
s plaît-il d’entendre un beau conte d’amour et de
mort
?… » Rien au monde ne saurait nous plaire davantage. À tel point que
2
indre dans nos cœurs ? Que l’accord d’amour et de
mort
soit celui qui émeuve en nous les résonances les plus profondes, c’es
3
définition de la conscience occidentale… Amour et
mort
, amour mortel : si ce n’est pas toute la poésie, c’est du moins tout
4
le groupe. (Récits symboliques de la vie et de la
mort
des dieux, légendes expliquant les sacrifices ou l’origine des tabous
5
obscur et inavouable que la passion est liée à la
mort
, et qu’elle entraîne la destruction pour ceux qui s’y abandonnent de
6
passion qui veut la Nuit et qui triomphe dans une
Mort
transfigurante, elle représente pour toute Société une menace violemm
7
thes déchus deviennent vénéneux comme les vérités
mortes
dont parle Nietzsche. 3.Actualité du mythe ; raisons de notre anal
8
tte répugnance que je prévois, mais par la mise à
mort
du coupable. Le sacré qui entre ici en jeu n’est plus qu’une survivan
9
ent d’un tel geste n’est rien moins que la mise à
mort
de l’auteur. Pourtant il demeure sans effets.) Mais si tu m’épargnes,
10
a Passion de la Nuit ; dresser cette figure de la
Mort
des Amants qu’exalte l’angoissant et vampirique crescendo du second a
11
rs vies, car ils ont beu leur destruction et leur
mort
». Ils s’avouent leur amour et ils y cèdent. (Notons ici que le texte
12
rée à une troupe de lépreux et Tristan condamné à
mort
. Il s’évade (scène de la chapelle). Il délivre Iseut, et avec elle s’
13
r il regrette « Iseut la bloie ». Enfin, blessé à
mort
, et de nouveau empoisonné par cette blessure, Tristan fait appeler la
14
t dans une situation qui n’a d’autre issue que la
mort
? 6.Chevalerie contre Mariage Un moderne commentateur du Roman
15
fonde ambiguïté ? Tout égoïsme, dit-on, mène à la
mort
, mais c’est par une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut la mor
16
une ultime défaite. Celui-ci au contraire veut la
mort
comme son accomplissement parfait, comme son triomphe… Une seule répo
17
i dans l’instant de l’obstacle absolu, qui est la
mort
. Tristan aime se sentir aimer, bien plus qu’il n’aime Iseut la Blonde
18
ecrète, ravivée par l’absence. 9.L’amour de la
Mort
Mais il nous faut pousser plus loin : l’amabam amare d’Augustin es
19
leur affective plus forte que la passion même. La
mort
, qui est le but de la passion, la tue. Mais l’épée nue n’est pas enco
20
est « ce que l’on subit » — à la limite, c’est la
mort
. En d’autres termes cette action est un nouveau délai de la passion,
21
délai de la passion, c’est-à-dire un retard de la
Mort
. ⁂ On retrouvera la même dialectique entre les deux mariages du Roman
22
re de la « passion » sur le désir. Triomphe de la
mort
sur la vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’obstacle voulu
23
e à l’obstacle voulu, c’était l’affirmation de la
mort
, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une mort d’amour, vers u
24
ffirmation de la mort, c’était un progrès vers la
Mort
! Mais vers une mort d’amour, vers une mort volontaire au terme d’une
25
, c’était un progrès vers la Mort ! Mais vers une
mort
d’amour, vers une mort volontaire au terme d’une série d’épreuves don
26
rs la Mort ! Mais vers une mort d’amour, vers une
mort
volontaire au terme d’une série d’épreuves dont Tristan sortira purif
27
’épreuves dont Tristan sortira purifié ; vers une
mort
qui soit une transfiguration, et non pas un hasard brutal. Il s’agit
28
n dirait presque de pénitence au service de cette
mort
qui transfigure. Nous touchons au secret dernier. L’amour de l’amour
29
les amants malgré eux n’ont jamais désiré que la
mort
! Sans le savoir, en se trompant passionnément, ils n’ont jamais cher
30
lus secret de leur cœur, c’était la volonté de la
mort
, la passion active de la Nuit qui leur dictait ses décisions fatales.
31
, abyssale. Qui donc oserait avouer qu’il veut la
Mort
? et qu’il déteste le Jour qui l’offusque ? et qu’il attend de tout s
32
sée à s’avouer par son excès indubitable, par une
mort
qui la manifeste au-delà de tout repentir possible ! Certains mystiqu
33
nt elle procède. Levez-vous, orages sonores de la
mort
de Tristan et d’Isolde ! Vieille et grave mélodie, dit le héros, tes
34
les vents du soir, lorsqu’en un temps lointain la
mort
du père fut annoncée au fils. Dans l’aube sinistre, tu me cherchais,
35
son ou la complicité de la passion, du goût de la
mort
qu’elle dissimule, et d’un certain mode de connaître qui définirait à
36
ces vitales, dans la souffrance et au seuil de la
mort
. Le troisième acte du drame de Wagner décrit bien davantage qu’une ca
37
phe de notre sadique génie, ce goût réprimé de la
mort
, ce goût de se connaître à la limite, ce goût de la collision révélat
38
s », dit Rimbaud. Elle n’est qu’un des noms de la
Mort
, le seul nom par lequel nous osions l’appeler — tout en feignant de l
39
t du savoir. Complicité de la conscience et de la
mort
! (Hegel a pu fonder sur elle une explication générale de notre espri
40
que l’on désire, on ne l’a pas encore — c’est la
Mort
— et l’on perd ce que l’on avait — la jouissance de la vie. Mais cett
41
, plus magnifiquement. C’est que l’approche de la
mort
est l’aiguillon de la sensualité. Elle aggrave, au plein sens du term
42
, je vous le donne en récompense ! Attirés par la
mort
loin de la vie qui les pousse, proies voluptueuses de forces contradi
43
’obstacle en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la
mort
, qui se révèle au terme de l’aventure comme la vraie fin, le désir dé
44
Tristan. — Iseut approche et Tristan meurt. Puis
mort
d’Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réunion (l’asp
45
). Auparavant : le Philtre ; à la fin : la double
Mort
; entre-temps, de furtives rencontres. 16. Thomas, qui cherche à di
46
biologique. Et il n’est pas jusqu’au désir de la
mort
que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de mort décrit par Freud
47
rt que l’on ne puisse « ramener » à l’instinct de
mort
décrit par Freud et par les plus récents biologistes. Mais on ne voit
48
rtain que les Celtes croyaient à une vie après la
mort
. Vie aventureuse, très semblable à celle de la terre, mais épurée, et
49
ortalité suppose une préoccupation tragique de la
mort
. Les Celtes, écrit Hubert, « ont cultivé certainement la métaphysique
50
« ont cultivé certainement la métaphysique de la
mort
… Ils ont beaucoup rêvé sur la mort. C’était une compagne familière do
51
physique de la mort… Ils ont beaucoup rêvé sur la
mort
. C’était une compagne familière dont ils se sont plu à déguiser le ca
52
ant. » De même, dans leur mythologie, « l’idée de
mort
domine tout, et tout la découvre »22. Et cela n’est pas sans inciter
53
istan, qui voile et exprime à la fois le désir de
mort
. D’autre part, les dieux celtiques forment deux séries opposées : die
54
ans la vie des corps le malheur même ; et dans la
mort
le bien dernier, le rachat de la faute d’être né, la réintégration da
55
Dès ici-bas, par une ascension graduelle, par la
mort
progressive et volontaire que représente l’ascèse (aspect négatif de
56
final de cette dialectique, c’est la non-vie, la
mort
du corps. La Nuit et le Jour étant incompatibles, l’homme créé qui ap
57
tte dialectique de fond en comble. Au lieu que la
mort
soit le terme dernier, elle devient la première condition. Ce que l’É
58
a première condition. Ce que l’Évangile appelle «
mort
à soi-même », c’est le début d’une vie nouvelle, dès ici-bas. Ce n’es
59
i croit cela, renaît de l’esprit dès maintenant :
mort
à soi-même et mort au monde en tant que le moi et le monde sont péche
60
t de l’esprit dès maintenant : mort à soi-même et
mort
au monde en tant que le moi et le monde sont pécheurs, mais rendu à s
61
pétuel refus de l’acte. Il commence au-delà de la
mort
, mais il se retourne vers la vie. Et cette conversion de l’amour fait
62
égoïsme, du moi de désir et d’angoisse, c’est une
mort
de l’homme isolé, mais c’est aussi la naissance du prochain. À ceux q
63
faire un dieu, et en même temps le vouaient à la
mort
, le christianisme le replace dans son ordre, et là, le sanctifie par
64
t de vue de la vie, au malheur absolu, qui est la
mort
. Le christianisme n’est un malheur mortel que pour l’homme séparé de
65
stres, soumis aux lois de la procréation et de la
mort
. Mais le Christ est venu parmi nous, pour nous montrer le chemin du r
66
ura conduira quelques-uns des « purs » jusqu’à la
mort
volontaire, mort par amour de Dieu, consommation du détachement suprê
67
ques-uns des « purs » jusqu’à la mort volontaire,
mort
par amour de Dieu, consommation du détachement suprême de toute loi m
68
cusé devant le pape Innocent III d’avoir causé la
mort
de cinq-cents personnes ! D’ailleurs, quand on démontrerait, à suppos
69
jamais trahir leur foi, et cela quelle que fût la
mort
dont ils se verraient menacés. C’est ainsi que les registres de l’Inq
70
rence de leur rhétorique amoureuse. ⁂ Thème de la
mort
, que l’on préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Qu
71
ns le corps appelle d’un amour nostalgique que la
mort
seule pourra combler ? Dans les Képhalaïa ou Chapitres de Manès52, on
72
solamentum, généralement donné à l’approche de la
mort
), comment il se voit de la sorte « ordonné » dans l’Esprit de Lumière
73
sprit de Lumière ; comment enfin, au moment de sa
mort
, la forme de Lumière, qui est son Esprit, lui apparaît et le console
74
en même temps symbole du Désir divin. Sohrawardi (
mort
en 1191) voyait dans Platon — qu’il connaissait par Plotin, Proclus e
75
les autres siècles) ? g) Enfin, la louange de la
mort
d’amour est le leitmotiv du lyrisme mystique des Arabes. Ibn-al-Farid
76
fatigue, son commencement une maladie, sa fin la
mort
. Pour moi cependant la mort par amour est une vie ; je rends grâce à
77
ne maladie, sa fin la mort. Pour moi cependant la
mort
par amour est une vie ; je rends grâce à ma Bien-aimée de me l’avoir
78
ontingents et le tourment de la matière ; mais la
mort
, c’est la nuit de l’illumination, l’évanouissement des formes illusoi
79
voir Dieu sur le Sinaï, il exprima le désir de sa
mort
. Et l’on conçoit que le terme nécessaire de la voie illuminative d’un
80
oprement insensée de religions jamais tout à fait
mortes
, et rarement tout à fait comprises et pratiquées ; de morales jadis e
81
étermine le cycle incessant des naissances et des
morts
, la fonction sexuelle76 ». Ainsi parle Shiva77 : « Pour mes dévots, j
82
nce dans son corps, qu’aurait-il à craindre de la
mort
? » comme le dit un upanishad. Dans le tantrisme, la maithuna (union
83
symbolise l’état par excellence du péché et de la
mort
: l’acte sexuel80. » Mais l’acte est toujours décrit comme étant celu
84
stique cathare — c’est-à-dire aboutit à la double
mort
volontaire92. Ainsi s’explique par des raisons spirituelles la format
85
ts qui racontent le voyage d’un héros au pays des
morts
. Ce héros, Bran, Cuchulainn, ou Oisin, « est attiré par une mystérieu
86
s se donnent rendez-vous en un lieu désert, où la
mort
les précède, empêchant leur réunion « car il était prédit par les dru
87
leur vie, mais qu’ils se rencontreraient après la
mort
, pour ne jamais se séparer »95. Il serait aisé de multiplier ces comp
88
plus précis. On se rappelle que Tristan, après la
mort
de ses parents, fut élevé à la cour du roi Marc son oncle. Or il étai
89
é — il nous en reste près de 19 000 vers, mais la
mort
des amants, quoique annoncée, ne fut jamais écrite — est à la fois pl
90
Mais s’il assume son destin de malheur jusqu’à la
mort
, qui le libère du corps, il peut atteindre au-delà du temps et de l’e
91
onduire au détachement final et bienheureux, à la
mort
volontaire des « parfaits ». Cette pénitence a donc une signification
92
llement dominante — celle qui s’épanouira dans la
mort
des amants. Reprenons par exemple le récit de l’« aspre vie » dans la
93
e l’union et la fusion totale, mais au-delà de la
mort
des corps. Pour les cathares, il n’y avait pas de rachat possible de
94
s créées, et plus facilement ils parviennent à la
mort
volontaire dans l’endura. Au contraire, les mystiques chrétiens voien
95
cueilleront comme la révélation dernière, dans la
mort
. Ainsi de leur attitude envers les créatures : ils ne les retrouvent
96
assion de la passion sans terme, la volonté de la
mort
sans retour. L’on s’aperçoit, à cette limite, que la prouesse était l
97
même, l’obéissance même dans la lucidité. Si « la
mort
m’est un gain », c’est que « Christ est ma vie », et Christ s’est inc
98
le chrétien ne se jette pas dans l’illusion d’une
mort
d’amour transfigurante, mais au contraire accepte les limites de sa t
99
st la vertu chrétienne de l’Agapè, forte comme la
mort
, mais non point ivre ; intime, mais humble à l’extrême, et en même te
100
l est initial, et non final. Pour le chrétien, la
mort
à soi-même est le début d’une vie plus réelle ici-bas, non la catastr
101
e, une ardeur vraiment dévorante, une soif que la
mort
seule pouvait éteindre : ce fut la « torture d’amour » qu’ils se mire
102
elle-même. La passion des « parfaits » voulait la
mort
divinisante. La soif qu’elle laisse au cœur des hommes sans foi, mais
103
par sa brûlante poésie, ne cherchera plus dans la
mort
que la suprême sensation. Et de même, l’amour de la Dame, dès qu’il c
104
œur souvent meurt, et plus douloureusement que de
mort
naturelle, pour vous Dame qu’il désire et aime plus que lui-même… J’a
105
enfin ce dont on parle. « Cet Amour est-il vie ou
mort
? » demande courageusement le premier. Et le second répond : « Du pou
106
ond : « Du pouvoir de l’amour provient souvent la
mort
… L’amour existe lorsque le désir est si grand qu’il dépasse les limit
107
me consume et détruit. (Les Yeux de ma dame.) Ô
mort
vivante, ô mal délicieux142 Comment as-tu sur moi tel pouvoir, si je
108
la vie : c’est une nuit infernale et une cruelle
mort
. Et pourtant ! (voici bien ce qu’on peut appeler le comble des misère
109
s passions » préromantique. Et voici l’appel à la
mort
: « Que s’ouvre donc la geôle où je suis enfermé Qui me clôt le chem
110
« nuit infernale » devient le Jour, la « cruelle
mort
» une Vie nouvelle, et pour qu’à la passion ne manque pas le sublime,
111
fort qu’il me donne l’audace de négocier avec la
mort
! La lucidité même d’un tel cri, où s’avoue le dernier secret du myt
112
x qui veillent sur eux Disent : l’éclair avant la
mort
. Mais moi pourrai-je Nommer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma femme
113
r avant la mort. Mais moi pourrai-je Nommer cette
mort
éclair ? Ô mon amour, ma femme, La mort a sucé le miel de ton haleine
114
mer cette mort éclair ? Ô mon amour, ma femme, La
mort
a sucé le miel de ton haleine Et n’a pas eu de prise encore sur ta be
115
r tes lèvres, tes joues, Et le pâle drapeau de la
mort
n’est pas avancé. … Ah ! chère Juliette Pourquoi es-tu si be
116
uoi es-tu si belle encore ? Dois-je penser Que la
mort
non substantielle est amoureuse Et que le monstre maigre te conserve
117
iser Scellez un marché sans âge avec la dévorante
mort
! Viens amer conducteur. Viens guide repoussant. Toi désespéré pilote
118
ide. En un baiser je meurs. Le consolament de la
Mort
vient de sceller le seul mariage qu’ait jamais pu vouloir l’Éros. Voi
119
rême de la chasteté exaltée. Et la négation de la
mort
, chez Milton, le conduit à des conclusions bien proches de celles des
120
l’amour mais l’obstacle n’est plus la volonté de
mort
, si secrète et métaphysique dans Tristan : c’est simplement le point
121
ending. Le vrai roman courtois débouchait dans la
mort
, s’évanouissait dans une exaltation au-delà du monde… Maintenant, l’o
122
es, l’éloge de la chasteté, voire les défis à une
mort
libératrice. Mais la dialectique sauvage de Tristan n’est plus ici qu
123
ruisseau, le Lignon, Céladon désespéré appelle la
mort
; Astrée, de son côté conçoit la même pensée. Ils vont demander la fi
124
ne sera désenchantée, selon l’oracle, que par la
mort
du plus fidèle amant et de la plus fidèle amante. (Thème de Tristan :
125
chantement. Astrée et Céladon évanouis (c’est une
mort
métaphorique) sont transportés chez le druide Adamas où ils se réveil
126
et pure, qui s’appelle la Princesse de Clèves. La
mort
s’y atténue en séparation volontaire, et la chevalerie fait place à l
127
st point une nécessité qu’il y ait du sang et des
morts
dans une tragédie, ajoute Racine, il suffit que l’action en soit gran
128
nt la pressentir, il eût fallu pousser jusqu’à la
mort
, — cette mort que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur classique,
129
ir, il eût fallu pousser jusqu’à la mort, — cette
mort
que Racine ne juge pas nécessaire. La pudeur classique, tant vantée,
130
résulte, c’est que l’obstacle est un masque de la
mort
, et que la mort est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qu
131
ue l’obstacle est un masque de la mort, et que la
mort
est le gage d’une transfiguration, l’instant où ce qui était la Nuit
132
voulait nous libérer de la vie matérielle par la
mort
; et l’Agapè chrétienne veut sanctifier la vie ; mais les « passions
133
1. Phèdre, ou le mythe « puni » Le thème de la
mort
est écarté dans Bérénice par une « censure » morale évidemment chréti
134
rêmes de l’aveu. Phèdre, c’est la revanche de la
mort
. Oui, Racine le sait maintenant, c’est une nécessité qu’il y ait du s
135
t, c’est une nécessité qu’il y ait du sang et des
morts
dans une tragédie, si elle a pour sujet l’amour-passion. Seulement, c
136
le a pour sujet l’amour-passion. Seulement, cette
mort
, il ne la désire pas comme une transfiguration : il a pris le parti d
137
transfiguration : il a pris le parti du jour, la
mort
n’est plus que le châtiment de ses trop longues complaisances. C’est
138
st sa propre passion, qu’il châtie en vouant à la
mort
la fille de Minos, et sa victime ! Racine, sous le couvert de son suj
139
mpt de toute imperfection : ce qui faisait que la
mort
de ce jeune prince causait beaucoup plus d’indignation que de pitié.
140
allait cette douloureuse poussée de la volonté de
mort
cherchant à se délivrer d’elle-même par l’impossible aveu, se retenan
141
parition du mythe au xiie siècle, triomphe de la
mort
de l’amante, renversant toute la dialectique de Tristan et de Roméo :
142
te la dialectique de Tristan et de Roméo : Et la
mort
à mes yeux dérobant la clarté Rend au jour qu’ils souillaient toute
143
ion totale se lie indissolublement au désir de la
mort
qui libère. C’est parce que la passion n’existe pas sans la douleur q
144
ission ; et de l’hommage un engagement jusqu’à la
mort
. Mais Don Juan aime le crime en soi, et par là se rend tributaire de
145
tyr d’un ravissement qui se mue en joie pure à la
mort
. On peut noter encore ceci : Don Juan plaisante, rit très haut, provo
146
: Don Juan plaisante, rit très haut, provoque la
mort
lorsque le Commandeur lui tend la main, au dernier acte de Mozart, ra
147
ue au contraire son orgueil qu’à l’approche de la
mort
lumineuse. Je ne leur vois qu’un trait commun : tous deux ont l’épée
148
du chevalier. Au surplus, le roman n’aboutit à la
mort
qu’après un renoncement à la passion, et cette mort de Julie est chré
149
rt qu’après un renoncement à la passion, et cette
mort
de Julie est chrétienne — autant qu’il peut dépendre de Rousseau. (Il
150
tianisme, alors que la légende glorifiait dans la
mort
l’entière dissolution des liens terrestres. 15.Le romantisme allem
151
in dire leur nom. L’adoration de la Nuit et de la
Mort
accède pour la première fois au plan de la conscience lyrique. Napolé
152
beau [de sa fiancée] la pensée m’est venue que ma
mort
donnerait à l’humanité un exemple de fidélité éternelle, et qu’elle i
153
une tragédie, tout ce qui est limité finit par la
mort
, toute poésie a quelque chose de tragique. Une union qui est conclue
154
tragique. Une union qui est conclue même pour la
mort
est un mariage qui nous donne une compagne pour la Nuit. C’est dans l
155
us donne une compagne pour la Nuit. C’est dans la
mort
que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la mort est une nuit d
156
que l’amour est le plus doux ; pour le vivant, la
mort
est une nuit de noces, un secret de doux mystères. L’ivresse des sens
157
sir, une divine langueur168… » L’exaltation de la
mort
volontaire, amoureuse et divinisante, voilà le thème religieux le plu
158
sie albigeoise que fut le romantisme allemand. La
mort
est le but idéal des « hommes élevés » de la Loge invisible de Jean-P
159
de vue de ce monde n’est plus qu’un élan vers la
mort
, une séparation essentielle. Tel est le tragique de l’Ironie transcen
160
ront toujours figure d’adolescents. Le goût de la
mort
, chez les Allemands, exalte la saveur de vivre : c’est peut-être qu’i
161
ure, puisque mystique et religion, pour lui, sont
mortes
. Mais il est obligé de constater que ce désir de passion, et la passi
162
fondamentale de l’être, un choix en faveur de la
Mort
, si la Mort est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’a
163
e de l’être, un choix en faveur de la Mort, si la
Mort
est la libération d’un monde ordonné par le mal. Mais l’audace de cet
164
ristan est destiné à le faire mourir : mais d’une
mort
que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du jour et de la veng
165
rir : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’une
mort
selon les lois du jour et de la vengeance, brutale, accidentelle, pri
166
e l’erreur qui doit sauver l’Amour. Au philtre de
mort
, elle substitue le breuvage d’initiation. Ainsi l’étreinte unique de
167
c’est la passion — ils ont déjà pressenti l’autre
mort
, celle qui est le seul accomplissement de leur amour. Le deuxième act
168
le leitmotiv du duo d’amour est déjà celui de la
mort
. Encore une fois revient le jour : le traître Mélot174 blesse Tristan
169
s’évanouit dans la grâce lumineuse au-delà de la
mort
physique. Or le drame achevé par la musique, c’est l’opéra. Ainsi, ce
170
mythe ou d’une œuvre ; d’autre part, désigne leur
mort
. Ainsi le mythe « achevé » par Wagner a vécu. Vixit Tristan ! Et s’ou
171
llèlement, il convient de citer le Triomphe de la
Mort
de d’Annunzio — commentaire admirable de Wagner — Anna Karénine, et p
172
rchons. Mais l’obstacle signifie, à la limite, la
mort
, le renoncement aux biens terrestres. C’est ce que nous ne voulons pl
173
pandre dans la conscience profane l’« instinct de
mort
» longtemps refoulé dans l’inconscient ou canalisé dès sa source par
174
t une fois contemplé la beauté est déjà voué à la
mort
… » 166. Les italiques sont dans le texte original. 167. Autre visio
175
re 1.Parallélisme des formes Du désir à la
mort
par la passion, telle est la voie du romantisme occidental ; et nous
176
, à l’origine, la lutte du Jour et de la Nuit. La
mort
y joue un rôle central : elle est la défaite du monde et la victoire
177
onde et la victoire de la vie lumineuse. Amour et
mort
sont reliés par l’ascèse, comme par l’instinct sont reliés désir et g
178
duché de Bourgogne au xve siècle. L’amour et la
mort
s’y marient dans un paysage artificiel et symbolique de très haute mé
179
e plus élevée : l’action entreprise par amour. La
mort
devient alors la seule alternative à l’accomplissement du désir, et l
180
question de condamner la vie. Et « l’instinct de
mort
» semblait neutralisé. ⁂ C’est sur cette Italie heureuse, immorale et
181
de mouvements automatiques, destinés à donner la
mort
à distance, sans colère ni pitié. 6.La guerre classique L’effor
182
siégée en ne faisant de part et d’autre que trois
morts
. C’est l’art savant qui est à l’honneur. Maurice de Saxe écrit : « Je
183
e qu’il fut. Et cette suprême politesse devant la
mort
, à Fontenoy. ⁂ Mais voici la totale « profanation » de la guerre et d
184
t (sans le savoir) qu’au-delà de cette gloire, sa
mort
soit véritablement la fin de tout. L’ardeur nationaliste, elle aussi,
185
nsi sans se l’avouer qu’elle préfère le risque de
mort
, et la mort même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort
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l’avouer qu’elle préfère le risque de mort, et la
mort
même, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la mort », hurlaient
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me, à l’abandon de sa passion. « La liberté ou la
mort
», hurlaient les jacobins à l’heure où les forces ennemies paraissaie
188
t vingt fois supérieures, à l’heure où liberté et
mort
étaient bien près d’avoir le même sens… Ainsi la nation et la Guerre
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ation et la Guerre sont liées comme l’Amour et la
Mort
. Désormais le fait national sera le facteur dominant de la guerre. «
190
nt, à l’inverse des intérêts : elles préfèrent la
mort
héroïque. (De tous temps les guerres de religion ont été de beaucoup
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est évidemment plus efficace. La technique de la
mort
à grande distance ne trouve son équivalent dans nulle éthique imagina
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niverselle des industries et arts appliqués de la
mort
, avec démonstrations quotidiennes sur le vif. b) Cette collectivisat
193
rtains signes convenus, mais sera concrètement la
mort
de ce pays. Encore une fois, dès que l’on abandonne l’idée de règles,
194
nt, de l’ascèse et de la course inconsciente à la
mort
héroïque, divinisante. Tandis qu’à l’intérieur et à la base, on stéri
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totalitaires est donc la guerre, qui signifie la
mort
. Et comme on le voit dans le cas de la passion d’amour, ce but est no
196
’amour-passion, les amants ne disent : je veux la
mort
. Seulement, tout ce que l’on fait prépare cette fin. Et tout ce que l
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menace permanente que la passion et l’instinct de
mort
font peser sur toute société. La réponse du xiie siècle avait été la
198
mbole du Désir lumineux : son au-delà, c’était la
mort
divinisante, libératrice des liens terrestres. Il fallait donc qu’Ise
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ets, trop faciles à saisir. Au lieu de mener à la
mort
, elle se dénoue en infidélité. Qui ne sent la dégradation d’un Trista
200
stan, car la vraie vie qu’il appelait, c’était la
mort
transfigurante. Mais nous avons perdu la transcendance. La mort n’est
201
rante. Mais nous avons perdu la transcendance. La
mort
n’est plus qu’une lente consomption. À cette lumière, que jette sur
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majeur, irrévocable, que signifie le choix de la
mort
contre la vie. Et comment échapper au démon que l’on fixe ? Pour atta
203
ut mais l’amour même, et au-delà de cet amour, la
mort
, c’est-à-dire la seule délivrance du moi coupable et asservi. Tristan
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ète passion. Le mythe s’empare de l’« instinct de
mort
» inséparable de toute vie créée, et il le transfigure en lui donnant
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ait la polygamie) — et non plus de la vie pour la
mort
(c’était la passion de Tristan). L’amour de Tristan et d’Iseut c’étai
206
t non pas Agapè, qui a glorifié notre instinct de
mort
, et qui a voulu l’« idéaliser ». Mais Agapè se venge d’Éros en le sau
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pas détruire ce qui détruit. « Je ne veux pas la
mort
du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la mort parce qu’il ve
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du pécheur, mais sa vie. » ⁂ Éros s’asservit à la
mort
parce qu’il veut exalter la vie au-dessus de notre condition finie et
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ivrance. Et l’Éros ne pouvait le conduire qu’à la
mort
. Mais l’homme qui croit à la révélation de l’Agapè voit soudain le ce
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n de la vie ardente qui est un masque du désir de
mort
. Dynamisme inverti, et autodestructeur. Mais l’autre aspect du dynami
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cette union tout à fait monstrueuse des forces de
mort
et des forces créatrices va dénaturer à la fois la guerre, et le géni
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ions. Mais ce qui produit la vie produit aussi la
mort
. Il suffit qu’un accent se déplace pour que le dynamisme change de si
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nouvelles à la passion. C’est notre vie et notre
mort
. Et c’est pourquoi la crise moderne du mariage est le signe le moins
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même de la foi chrétienne ! Car voici : cet homme
mort
au monde, tué par l’amour infini, devra marcher maintenant et vivre d
215
e de fini228 »… Ainsi l’extrême de la passion, la
mort
d’amour, initie une vie nouvelle, où la passion ne cesse d’être prése
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ment et non pas notre délivrance. Ce n’est pas la
mort
, la désincarnation, qui est le salut ; mais l’acte de la grâce fait p