1 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe de Tristan
1 Tristan naît dans le malheur. Son père vient de mourir , et sa mère Blanchefleur ne survit pas à sa naissance. D’où le nom du
2 an et lui annonce que la voile est noire. Tristan meurt . Iseut la blonde débarque à cet instant, monte au château, embrasse l
3 te au château, embrasse le corps de son amant, et meurt . 5.Énigmes Résumé de la sorte, et tout « charme » détruit, à co
4 le sort de la mère… Quand mon père m’engendra et mourut , quand ma mère me donna le jour en expirant, la vieille mélodie arriv
5 vieille mélodie me répète : —Pour désirer et pour mourir  ! Pour mourir de désirer ! Il peut maudire ses astres, sa naissance,
6 e me répète : —Pour désirer et pour mourir ! Pour mourir de désirer ! Il peut maudire ses astres, sa naissance, mais la musiq
7 ieille mélodie me répète : — Pour désirer et pour mourir . ⁂ Partant d’un examen « physionomique » des formes et des structure
8 , mariage de Tristan. — Iseut approche et Tristan meurt . Puis mort d’Iseut. Résumons encore : une seule longue période de réu
9 ître ce que tu demandes. » Et plus tard, quand il meurt  : « Je ne suis pas resté au lieu de mon réveil. Mais où ai-je fait sé
2 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Les origines religieuses du mythe
10 ait de brûler toujours plus, de brûler jusqu’à en mourir  ! L’être particulier n’était guère qu’un défaut et un obscurcissement
11 préfère aux dons du monde : Plus m’agrée donc de mourir Que de joie vilaine jouir Car joie qui repaît vilement N’a pouvoir ni
12 ait de délire — Sur tout autre… S’il ne veut pas mourir encore, c’est qu’il n’est pas assez détaché du désir, c’est qu’il cra
13 n ou près, car je vous le tiendrai bien caché. Je mourrais plutôt que de faillir en un seul mot… Quelle est la « dame » qui mér
14 t enfin cette image après la traversée d’une mer, meurt dans les bras de la comtesse de Tripoli dès qu’il en a reçu un seul b
15 a Bien-aimée de me l’avoir offerte. Celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre. C’est ici le cri même de la mysti
16 ’est l’oraison jaculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me ferez vivr
17 aculatoire de sainte Thérèse : Je meurs de ne pas mourir  ! Al-Hallaj disait : En me tuant vous me ferez vivre, car pour moi c
18 me tuant vous me ferez vivre, car pour moi c’est mourir que de vivre, et vivre que de mourir. La vie, c’est en effet le jour
19 ur moi c’est mourir que de vivre, et vivre que de mourir . La vie, c’est en effet le jour terrestre des êtres contingents et l
20 ans le monde arabe, celle des Banou Odrah où l’on mourait d’amour à force d’exalter le désir chaste, selon le verset du Coran :
21 est interdit, qui garde son amour secret, et qui meurt de son secret, celui-là meurt martyr. » « L’amour odrih » devint, jus
22 mour secret, et qui meurt de son secret, celui-là meurt martyr. » « L’amour odrih » devint, jusqu’en Andalousie, le nom même
23 ’amour-passion de notre histoire. Jaufré Rudel va mourir dans les bras de la comtesse de Tripoli, « princesse lointaine » qu’i
24 omte de Poitiers et neuvième duc d’Aquitaine, qui mourut en 1127. Dès le début du xiie siècle, ces « lois d’Amour » sont donc
25 de ce séjour, veut revenir. C’est finalement pour mourir  »86. Nous avons là l’origine évidente de la première navigation à l’a
26 39. Le premier troubadour, Guillaume de Poitiers, meurt en 1127. Les premières mentions d’une Église cathare organisée et pub
3 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Passion et mystique
27 me) qu’à leurs yeux propres (puisqu’elle les fait mourir ). C’est là l’aspect psychologique de l’aventure. Mais voici l’aspect
28 naître ce retour de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir a
29 de l’âme à une vie rénovée. « Je meurs de ne pas mourir  », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir assez pour vivre t
30 ourir », dit sainte Thérèse, mais c’est de ne pas mourir assez pour vivre toute la vie nouvelle, et pour obéir sans tourments.
31 ds religieux des Celtes, donc d’une religion déjà morte , de même notre littérature et nos passions utilisent par abus, et san
32 je brûle et je languis, en criant ; en vivant, je meurs , et en mourant, je vis. Pourtant, je n’aime pas, mais j’ai soif d’aim
33 aux troubadours et aux mystiques orthodoxes : «  Mourir de ne pas mourir. »114 La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui
34 et aux mystiques orthodoxes : « Mourir de ne pas mourir . »114 La « brûlure suave ». Le « dard d’amour » qui blesse sans tuer
35 celui de la franciscaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir. » 115. J. Baruzi, Introduction à des recherches
36 scaine Angèle de Foligno : « Je meurs du désir de mourir . » 115. J. Baruzi, Introduction à des recherches sur le langage mys
4 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe dans la littérature
37 plainte de Jacques de Lentino : Mon cœur souvent meurt , et plus douloureusement que de mort naturelle, pour vous Dame qu’il
38 au port jamais n’arrive Mille fois chaque jour je meurs , mille je nais…132 (Sonnet 164.) Ailleurs, il parle de Laure comme
39 rle : Combien souvent les hommes sur le point de mourir Se sont sentis joyeux ! Ceux qui veillent sur eux Disent : l’éclair a
40 apothicaire Ta drogue est rapide. En un baiser je meurs . Le consolament de la Mort vient de sceller le seul mariage qu’ait j
41 e : Ce n’est qu’en m’aimant trop qu’elle me fait mourir  ; Un moment de froideur, et je pourrais guérir ; Une mauvaise œillade
42 iment : chercher cette satisfaction serait folie. Mourir ensemble ! (Mais silence ! ceci paraît exalté, et pourtant c’est si v
43 re qu’elle offre à Tristan est destiné à le faire mourir  : mais d’une mort que l’Amour condamne, d’une mort selon les lois du
44 e trop violent, cet éclairage annonce que le jour meurt , et que déjà l’aube n’est plus qu’un crépuscule vainement exalté. ⁂ U
45 ’elle-même et de tout le créé. Elle n’aspire qu’à mourir dans cette solitude. Qu’on lui parle et qu’elle-même se fasse toute l
46 u’il donne de sa fiancée perdue, Sophie von Kühn, morte à 16 ans. Il note « ses plats préférés » et qu’« elle boit volontiers
5 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Amour et guerre
47 ais de plus de quatre arpents ; sinon ils devront mourir ou se rendre. Et cette règle étrange, si l’on en croit Froissart, coû
48 cte du crime sadique, la possession d’une victime morte , donc en fait la non-possession. Elle n’exprime plus l’instinct sexue
6 1939, L’Amour et l’Occident (1972). Le mythe contre le mariage
49 isir. Il ne peut vivre que dans l’acceptation, et meurt dans la revendication. C’est qu’il dépend de l’être et non de l’avoir
7 1972, L’Amour et l’Occident (1972). Post-scriptum
50 il croit reconnaître le château du Graal, et qui mourra mystérieusement dans un désert alpestre, tout près du nid d’aigle d’H
51 t », on peut aussi soutenir que les troubadours «  mouraient d’amour comme nous mourons de soif » (p. 73). Il n’en reste pas moins
52 ue les troubadours « mouraient d’amour comme nous mourons de soif » (p. 73). Il n’en reste pas moins que l’« amour-trépas des A
53 ssort de Fin’Amors » (p. 242). Mais il y a plus : mourir d’amour, mourir au service de la Dame et, par ce service à l’extrême,
54 rs » (p. 242). Mais il y a plus : mourir d’amour, mourir au service de la Dame et, par ce service à l’extrême, tendre au salut
55 adours ne sont très loin de l’endura d’amour dont meurt Tristan et où Isolde le rejoint en « joie suprême ». H. Davenson lui-
56 s répètent qu’ils sont nés « pour désirer et pour mourir , pour mourir de désirer », en passant par les grands troubadours du x
57 ’ils sont nés « pour désirer et pour mourir, pour mourir de désirer », en passant par les grands troubadours du xii e siècle e
58 nu sa vie jusqu’à ce qu’il l’eût vue. Et ainsi il mourut entre ses bras : et elle le fit ensevelir à grand honneur dans la mai
59 t qui s’épanouit dans la mort, car « celui qui ne meurt pas de son amour ne peut en vivre ». Mais pour al-Hallaj, l’Amour s’a
60 rtes, Tristan n’a pas pu désirer sa mère, qui est morte en couches. Mais sa tristesse vient de cette mort, comme son nom même
61 e que son oncle l’envoie en Irlande plutôt pour y mourir que pour avoir Iseut. » Mais il n’en jure pas moins devant Dieu « qu’
62 edoublée par le souvenir de sa mère, qu’il a fait mourir en venant au monde.) Conquis par les prouesses de Tristan, le roi d’I
63 mort des Banou Odrah, la tribu légendaire où l’on meurt quand on aime. Freud l’a bien vu : nulle civilisation ne pourrait sur