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solue, n’interviennent dans le roman qu’à titre d’
obstacle
mythique et de figures rituelles de rhétorique. Sans elles, la fable
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’on partage ses intentions. Nous avons vu que les
obstacles
extérieurs qui s’opposent à l’amour de Tristan sont dans un certain s
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jet de la vraisemblance, que la gratuité même des
obstacles
invoqués peut révéler le vrai sujet d’une œuvre, la vraie nature de l
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us profonde que celle de leur bonheur. Pas un des
obstacles
qu’ils rencontrent ne se révèle, objectivement, insurmontable, et pou
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une occasion de se séparer. Quand il n’y a pas d’
obstacle
, ils en inventent : l’épée nue, le mariage de Tristan. Ils en invente
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ur, pour l’exalter à l’infini dans l’instant de l’
obstacle
absolu, qui est la mort. Tristan aime se sentir aimer, bien plus qu’i
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tentement, plutôt qu’à son vivant objet. D’où les
obstacles
multipliés par le Roman ; d’où l’indifférence étonnante de ces compli
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e formule dont lui-même ne s’est pas satisfait. L’
obstacle
dont nous avons souvent parlé, et la création de l’obstacle par la pa
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ont nous avons souvent parlé, et la création de l’
obstacle
par la passion des deux héros (confondant ici ses effets avec ceux de
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ence romanesque et de l’attente du lecteur) — cet
obstacle
n’est-il qu’un prétexte, nécessaire au progrès de la passion, ou n’es
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as sans intérêt de dégager cette dialectique de l’
obstacle
dans le Roman. Lorsque ce sont les circonstances sociales qui menacen
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ement de Dieu, etc.), Tristan bondit par-dessus l’
obstacle
(le saut d’un lit à l’autre en est le symbole). Quitte à souffrir (sa
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s. Puisqu’il en est lui-même le fauteur, c’est un
obstacle
qu’il ne peut plus vaincre ! N’oublions pas que la hiérarchie des fai
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e des préférences du conteur et de son lecteur. L’
obstacle
le plus grave, c’est donc celui que l’on préfère par-dessus tout. C’e
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n arme à celle de son rival. Cela signifie qu’à l’
obstacle
désiré et librement créé par les amants, il substitue le signe de son
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s, il substitue le signe de son pouvoir social, l’
obstacle
légal, objectif. Tristan relève ce défi : d’où le rebondissement de l
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ns avec Tristan. Le premier de ces mariages est l’
obstacle
de fait. Il est symbolisé par l’existence concrète du mari, méprisé p
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e rebondissements faciles. L’existence du mari, l’
obstacle
de l’adultère, c’est le premier prétexte venu, le plus naturellement
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blanc avec une femme qu’il trouve belle, c’est l’
obstacle
qu’il ne peut surmonter que par une victoire sur lui-même (aussi bien
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a vie. ⁂ Ainsi donc cette préférence accordée à l’
obstacle
voulu, c’était l’affirmation de la mort, c’était un progrès vers la M
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ctique passion-obstacle. Vraiment ce n’est plus l’
obstacle
qui est au service de la passion fatale, mais au contraire il est dev
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nt l’amour le plus intense, on désire en secret l’
obstacle
. Au besoin, on le crée, on l’imagine. Il me paraît que cela explique
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poir humain, de tout amour possible, au sein de l’
obstacle
absolu et d’une suprême exaltation qui se détruit par son accomplisse
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-même. Et cela suppose une recherche secrète de l’
obstacle
favorable à l’amour. Mais ce n’est encore là que le masque d’un amour
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ce n’est encore là que le masque d’un amour de l’
obstacle
en soi. Et l’obstacle suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme
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e le masque d’un amour de l’obstacle en soi. Et l’
obstacle
suprême, c’est la mort, qui se révèle au terme de l’aventure comme la
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vre IILes origines religieuses du mythe 1.L’«
obstacle
» naturel et sacré Nous sommes tous plus ou moins matérialistes, n
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it… Donnons une page à ce genre d’objections. ⁂ L’
obstacle
dont on a vu le jeu au cours de notre analyse du mythe, n’est-il pas
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ie féodale, de même, honorait dans la chasteté un
obstacle
instinctif à l’instinct, ayant pour fin de rendre les guerriers plus
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son corps l’humble serviteur de son âme ; plus d’
obstacles
à ses élans vers le Souverain Bien !… Se souvenant des romans françai
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Bel Accueil contre les entreprises des galants. L’
obstacle
à l’union amoureuse est figuré par l’exigence morale, et non plus du
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n demeure les « contrariétés » de l’amour, mais l’
obstacle
n’est plus la volonté de mort, si secrète et métaphysique dans Trista
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mensonge. En vérité, il souffre de l’absence d’un
obstacle
entre son Angélique, trop fidèle, et lui-même. Il manque un « roi Mar
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mants une justification grandiose. S’ils aiment l’
obstacle
et le tourment qui en résulte, c’est que l’obstacle est un masque de
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stacle et le tourment qui en résulte, c’est que l’
obstacle
est un masque de la mort, et que la mort est le gage d’une transfigur
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t doublement dans Phèdre. D’abord en faisant de l’
obstacle
un inceste, c’est-à-dire une entrave qu’il n’est plus admissible de v
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ourrait s’identifier139. Mais Spinoza néglige « l’
obstacle
». Dans le fait, nos passions humaines sont toujours liées à des pass
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re, il y a toujours quelque séparation et quelque
obstacle
: la société, le péché, la vertu, notre corps, notre moi distinct. Et
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tre en intelligence et en sexe. À vrai dire, tout
obstacle
détruit, la passion n’a plus où se prendre. Et l’on parle de « passio
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t. Presque plus rien n’est défendu. De la pudeur,
obstacle
naturel, on garde ce qu’il faut pour la rhétorique du désir, mais non
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ne tyrannie. Ce que Pétrarque négligeait, c’est l’
obstacle
physique dont il faut se venger. Il n’existe que trop, cet objet, c’e
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rassasier son désir. Lui aussi va multiplier les
obstacles
les plus gratuits, les prétextes de séparation, les situations volupt
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notre exégèse de Tristan, notre dialectique de l’
obstacle
. Il y a pourtant cette différence capitale que Rousseau aboutit au ma
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gard désabusé, cesseront bientôt d’être les vrais
obstacles
. Et le mythe, appauvri de ses formes extérieures, deviendra ce qu’il
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gie passionnée. Dans l’Obermann de Sénancour, l’«
obstacle
» est purement intérieur, il est dans la dualité du moi qui ne peut n
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ériorisation progressive du mythe, à mesure que l’
obstacle
invoqué s’effrite et se dissout dans une critique sceptique, tandis q
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assion des âmes prisonnières des formes. Tous les
obstacles
surmontés, quand les amants sont seuls enveloppés de ténèbres, c’est
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oute mise en scène théâtrale se trouve recréer un
obstacle
à la compréhension directe du mythe. Les acteurs, les costumes, les d
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sociation psychologique, de la dégradation de « l’
obstacle
» extérieure, et de la reconnaissance lucide — par là même, antiroman
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adictions intimes. En effet : point de roman sans
obstacles
. On les multiplie donc, sans souci d’une invraisemblance que le désir
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r haleter, et c’est ce que nous cherchons. Mais l’
obstacle
signifie, à la limite, la mort, le renoncement aux biens terrestres.
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nous devient clair. Il s’agit donc de supprimer l’
obstacle
à temps, ce qui amène par définition la fin du roman et du film : « e
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es à tel point qu’elles tendent à n’offrir plus d’
obstacles
absolus, donc exaltants pour la passion ; d’autre part, dans les pays
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(ou lui) qui assume désormais la dialectique de l’
obstacle
exaltant, de l’ascèse et de la course inconsciente à la mort héroïque
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sionnément. Elles deviennent l’une pour l’autre l’
obstacle
. Le but réel, tacite, fatal, de ces exaltations totalitaires est donc
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notion centrale). Cette dépréciation générale des
obstacles
institutionnels entraîne une chute de tension morale d’où résulte une
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« passion » nouvelle. On s’ingénie à renouveler l’
obstacle
et le combat. On imagine différente la femme que l’on tient dans ses
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ale et trop sereine. C’est qu’il faut recréer des
obstacles
pour pouvoir de nouveau désirer et pour exalter ce désir aux proporti
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me perd son « attrait », parce qu’il n’est plus d’
obstacles
entre elle et lui. Pitoyables victimes d’un mythe dont l’horizon myst
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, mais il est la victime d’un ordre social où les
obstacles
se sont dégradés. Ils cèdent trop vite, ils cèdent avant que l’expéri
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ne passion débile pour s’inventer de plus secrets
obstacles
. Je songe à la psychologie de la jalousie, qui envahit nos analyses :
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ussie jusqu’à Staline ? Le processus de ruine des
obstacles
sociaux, pour s’y être développé sans violences extérieures, n’avait
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emps ») ; puis condamne enfin ce mariage, suprême
obstacle
du « stade religieux », puisqu’il nous lie au temps, précisément, qua
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tient encore, en fait, l’idée de fidélité. Mais l’
obstacle
n’est pas sérieux, on le tourne de tous les côtés. Voyez les excuses
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ent ? C’est qu’elles n’y ont pas trouvé les mêmes
obstacles
. Ainsi notre chance dramatique est d’avoir résisté à la passion par
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egaard à un mariage heureux selon le monde. Ici l’
obstacle
indispensable à la passion est d’une nature à tel point subjective, s
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Mais alors, lorsqu’une créature aime son Dieu, l’
obstacle
de la transcendance introduit dans l’amour un malheur essentiel (quoi