1
stions en vertu de la pétulance naturelle de leur
pensée
, mais voilà qu’au contraire certaines questions s’imposent à eux, ave
2
u coup au second plan le travail spécifique de la
pensée
, on la prive de ses résistances, on sabote ses instruments, on réduit
3
ndication constructive ; elle mesure à la fois la
pensée
et l’action. Elle est comme la mesure vivante de la société rénovée.
4
il et de la culture, de la main ouvrière et de la
pensée
. Elle garde la culture et rabaisse le travail. Ce faisant elle adopte
5
de tous les liens qui unissent naturellement une
pensée
et une action dévouées à une fin commune. Et voici qu’apparaît la lia
6
a destruction des lieux ou principes communs à la
pensée
et à l’action, je dis aux penseurs comme tels et aux hommes d’action
7
onnaissance du principe qui domine l’action et la
pensée
de leur époque. Nous avons vu que l’époque bourgeoise honore un princ
8
isive de ce que j’appelle la commune mesure de la
pensée
et de l’action. On voit que cette commune mesure est l’essence même d
9
re est l’essence même de toute culture. Car si la
pensée
et l’action se règlent sur des lois hétérogènes, la production n’a pl
10
s clercs, qui rapporte toutes les démarches de la
pensée
et de l’action au télos de la société, c’est-à-dire à son but suprême
11
e la règle permanente de toute action et de toute
pensée
. Vraie mesure, donc, et mesure commune. On porte l’arche au-devant de
12
urne de la seule vocation. Idole, toute action ou
pensée
si belle ou si féconde qu’elle soit, qui ne puisse être consacrée au
13
instrument qui fut commun à tous les ordres de la
pensée
cléricale ou profane, et du pouvoir temporel médiéval : c’est le lang
14
ction des clercs. Et ce n’est plus la vigueur des
pensées
qui sera la fin du langage, mais l’élégance et la conformité aux meil
15
la mesure accélère toujours la scission entre la
pensée
et l’action — dont elle est résultée par ailleurs. Tandis que les cle
16
in comme moyen de régler à la fois l’action et la
pensée
du siècle. La « grammaire » est devenue rhétorique, et maintenant la
17
urgeoise ; pour l’autre, présence effective de la
pensée
et de la foi à nos misères, activité concrète et créatrice, et garant
18
n impuissant dépit, d’un profond pessimisme de la
pensée
qui désespère d’atteindre et de mouvoir effectivement les hommes. Cas
19
ure est le constant rappel des fins communes à la
pensée
et à l’action. Et la conscience de ces fins est la vraie force animat
20
s le même sens, tout paraissait devoir unifier la
pensée
et l’action, et les aspirations des masses. Et cependant une angoisse
21
e, en imposant une fin commune à l’action et à la
pensée
. Et dans ce sens, ils sont les vrais génies du siècle, dès lors qu’il
22
onfiguration de la vie, — qui requiert surtout la
pensée
— doivent s’ordonner à une mesure commune en vue de réaliser cette fi
23
forgé par la dictature communiste pour unifier la
pensée
et l’action du peuple et de ses conducteurs, en vue d’une fin à laque
24
t dont il entendait faire la mesure commune de la
pensée
et de l’action : « Donnez d’abord le pain à tous, et le reste viendra
25
nnées, incapable de maintenir l’unité vraie de la
pensée
et de l’action. Elle est déjà divisée contre elle-même. Elle n’est pl
26
t les sources du nouveau droit qui s’établit. Ses
pensées
dominent les fondements et la forme de l’ordre social et politique no
27
qu’à la création d’une attitude centrale d’où la
pensée
et la main apparaissent organiquement inséparables… (Attitude que j’e
28
e créer, par la force, une commune mesure pour la
pensée
et pour l’action. La démonstration que j’ai esquissée à propos de
29
si nous voulons rétablir une mesure commune à la
pensée
et à l’action. Car un ordre extérieur n’est solide et fécond que s’il
30
les mesures que les hommes ont su donner à leurs
pensées
et à leurs actes, certaines ont perdu leur pouvoir parce que ceux qui
31
oute notre vie, toutes nos actions et toute notre
pensée
, — parce qu’il y a quelque chose encore à côté d’elle ou derrière ell
32
de foi est par définition l’instant et le lieu où
pensée
et action se confondent en un seul élan, où la vérité est attestée pa
33
hée, la garantie certaine de l’unité intime de la
pensée
et de l’action. Tout le problème de la commune mesure se ramène alors
34
rité dernière de l’homme ; elle est l’attitude de
pensée
et d’action, indistinctement, qui nous rapproche de cette vérité. Mai
35
quée par une attitude de notre être, telle que la
pensée
et l’action s’y confondent indistinctement. Autrement dit : notre che
36
herchons : à la fois intime et active, réglant la
pensée
et l’action dès leur naissance, indivisible, au foyer même de leur ge
37
e est la toile de fond de tous nos drames, de nos
pensées
, de nos actions et même de nos utopies. Il n’est pas difficile, après
38
s son actualité (dans son être de relation) et la
pensée
dans ses effets. Elle agit dans la théologie, qui affirme à nouveau l
39
us refusons d’aller jusqu’au terme concret de nos
pensées
. Car alors il faudra subir les brutalités excitées par nos négations
40
ect moral de mon sujet : quelle est l’attitude de
pensée
, le parti pris fondamental qui peut nous orienter dès à présent vers
41
e toute la culture d’hier s’évertuait à séparer :
pensée
et main. « Penser avec les mains », c’est devenu pour moi comme un sy
42
vons d’une mesure nouvelle. Essai d’éthique de la
pensée
— qui est peut-être une science nouvelle, et qu’en tout cas il serait
43
ILa
pensée
prolétarisée La pensée ne vaut rien pour penser. Goethe. L’exi
44
ILa pensée prolétarisée La
pensée
ne vaut rien pour penser. Goethe. L’exigence fondamentale Tout
45
reste en dehors de la question. Et de même, toute
pensée
est vaine, qui n’a pas mis d’abord son auteur à la question, en sorte
46
e ambiance domestiquée. Il est grand temps que la
pensée
redevienne ce qu’elle est en réalité : dangereuse pour le penseur, et
47
s bons esprits, les professeurs, pour lesquels la
pensée
est un art d’agrément, un héritage, une carrière libérale, ou un capi
48
e l’opinion du monde en est à peu près là, que la
pensée
ne peut venir qu’à la remorque d’événements fatals et qui n’ont cure
49
ont cure de ses arrêts. C’est que l’on confond la
pensée
avec l’usage inoffensif de ce que les créateurs ont pensé, au prix de
50
ns l’âme, mais aussi cette âme et ce corps, cette
pensée
profonde et ce qui la révèle au jour, cet esprit qu’on dit pur, et l’
51
en forgeant quelques pièces de serrurerie. Si la
pensée
, selon le mot de Goethe, ne vaut rien pour penser, il convient d’ajou
52
, et cela s’oppose à la notion rationaliste d’une
pensée
qui ne serait rien qu’un commentaire tardif aux actions faites par le
53
est pas non plus l’exact équivalent d’agir par sa
pensée
. Car ce n’est pas l’action d’abord qui importe — et la pensée serait
54
ce n’est pas l’action d’abord qui importe — et la
pensée
serait son adjuvant — mais au contraire, si je veux penser en actes,
55
ntraire, si je veux penser en actes, c’est que la
pensée
ne me paraît juste et parfaite qu’au moment où l’acte l’atteste et la
56
n pense, et ma formule implique la primauté de la
pensée
en toute action, non moins que la nécessité de cette action par la pe
57
non moins que la nécessité de cette action par la
pensée
. Deux sens du mot penser Les plus grands malheurs de l’humanité
58
-elle nous secourir. Il s’agit ici de deux mots :
pensée
et main. Au sujet de la main, je crois en avoir dit assez pour écarte
59
s malentendus. J’appelle main ce qui manifeste la
pensée
, ce qui la rend visible et corporelle ; ce qui la rend, au double sen
60
ve. Toute la difficulté se porte alors sur le mot
pensée
, et il est clair qu’elle doit reposer là, si la pensée est bien l’age
61
e, et il est clair qu’elle doit reposer là, si la
pensée
est bien l’agent initiateur qui qualifie la main elle-même et son act
62
pense : il faut entendre qu’il pèse 61 et que la
pensée
est un poids que nous jetons dans la balance. Poids, de pensum, chose
63
ou au contraire, peser sur quelque chose ? Si la
pensée
est « ce qui pèse », faut-il l’assimiler à la balance, ou bien au poi
64
us jette aussitôt dans un choix. Pour les uns, la
pensée
reste l’office tout impartial de la balance ; pour les autres, elle f
65
herche. Nous suivrons d’une part la logique de la
pensée
qui n’est que descriptive — pensée balance. Et d’autre part, nous ess
66
logique de la pensée qui n’est que descriptive —
pensée
balance. Et d’autre part, nous essaierons d’énumérer les conditions q
67
nous essaierons d’énumérer les conditions que la
pensée
en actes — pensée pesante — requiert de l’homme qui prétend l’exercer
68
’énumérer les conditions que la pensée en actes —
pensée
pesante — requiert de l’homme qui prétend l’exercer comme sa vocation
69
iment, et récuse toute finalité. Le sérieux de la
pensée
s’identifie ainsi au caractère purement potentiel de l’exercice de la
70
caractère purement potentiel de l’exercice de la
pensée
. (De même que pour Kant, le sérieux moral est purement formel.) D’où
71
’est parce qu’elle affecte l’existence même de la
pensée
, et par suite, la communauté que cette pensée devait régir, qu’il n’e
72
la pensée, et par suite, la communauté que cette
pensée
devait régir, qu’il n’est pas vain de l’envisager. Mais il faudra, po
73
u le former ? Entre les deux définitions de la
pensée
que nous avons formulées tout à l’heure, l’élite bourgeoise a choisi.
74
ondération, et elle n’appelle « sérieuse » qu’une
pensée
pondérée. Le comble du sérieux sera donc pour elle le comble de la po
75
xe siècle, en tant qu’elle révère et pratique la
pensée
distinguée de l’action. Voilà sa modestie, — et le siècle passé n’a p
76
leurs ouvrages. Le voici portant sa balance : la
pensée
est pondération ; à la rigueur, commentaire. Que la science vienne à
77
sonne n’entend plus et qui domine la morale et la
pensée
d’un siècle, dans ces réalités dont une sagesse terrible dit justemen
78
e, ceux qui s’occupent à peser les actions et les
pensées
d’autrui. (Et c’est encore le meilleur cas : la plupart s’occupant su
79
’acte créateur, de l’incarnation des idées, de la
pensée
manifestée, c’est-à-dire, pensée avec les mains. Réciter l’homme, c’e
80
des idées, de la pensée manifestée, c’est-à-dire,
pensée
avec les mains. Réciter l’homme, c’est l’impartialité du clerc, c’est
81
m de l’appareil interposé par sa culture entre la
pensée
et l’objet, entre le cerveau et la main, entre l’individu pensant et
82
uments de travail fournis par l’université68. Une
pensée
impartiale, cultivée, objective, sérieuse, c’est ce que nos grandes é
83
xamens, les concours, les postes à briguer… Cette
pensée
-là est scientifique, mais dans un sens assez particulier : entendez q
84
devient-il une gêne pour l’acte créateur, pour la
pensée
pesante ? Est-ce la subtilité de l’appareil qui est néfaste ? Je ne v
85
bles qui conditionnent le sérieux technique de la
pensée
, tout cela est devenu si délicat, si minutieux, si difficile à manier
86
une fois de plus avec celle d’inefficacité. Et la
pensée
se réduit à une méthode de procrastination perpétuelle. On attend le
87
s sont, non pour des règles et pour des normes de
pensée
. Or je constate que la pensée moderne a pris ses balances pour normes
88
pour des normes de pensée. Or je constate que la
pensée
moderne a pris ses balances pour normes ; et qu’en vertu de la défini
89
normes ; et qu’en vertu de la définition de cette
pensée
par elle-même, l’opération est parfaitement logique. Imaginez la révo
90
des qui garantissent la correction formelle d’une
pensée
. Nous voici donc de plus en plus guindés par l’automatisme de plus en
91
qu’hamlétique, mais qui entrave et déconcerte la
pensée
dans son exercice effectif. « Mais quoi ! dit-on, ce que vous attaque
92
le vertuisme clérical peut déprimer gravement la
pensée
. Seule, et d’abord, l’irritation de notre sensibilité éthique nous av
93
et la chargeaient d’une mission directrice. La
pensée
prolétarisée Un très petit fait spirituel est plus grand que la ru
94
iérarchies qui soumet l’homme à ses outils, et la
pensée
à ses contrôles, rien de plus frappant aujourd’hui que le destin de n
95
st qu’entre la crise matérielle et la crise de la
pensée
, il y a plus qu’un parallélisme. Elles ont une origine commune. De mê
96
sable avec le prolétaire mécanisé, la crise de la
pensée
, moins visible et pourtant plus radicale, cette crise d’impuissance e
97
l’élite, et qui maintenant la désignent à périr.
Pensée
privée de mains, mains privées de pensées, si leur confort fut à ce p
98
à périr. Pensée privée de mains, mains privées de
pensées
, si leur confort fut à ce prix, l’échéance s’annonce tragique. La loi
99
ait dans les choses, ou dans les conditions de la
pensée
scientifique, dans le progrès des événements, dans le jeu des idées,
100
vrai qu’elle les dispensait d’être sujets de leur
pensée
! — à une Nécessité qu’ils croyaient déceler et décrire dans les fait
101
décrivaient et codifiaient la démission de leurs
pensées
. « Pourquoi vous agiter ! On ne va pas contre son temps. — On ne peut
102
le développement magnifique de nos instruments de
pensée
, et s’il est vrai en général que le danger n’est pas dans nos outils,
103
ins, il n’est pas moins urgent de préciser qu’une
pensée
qui s’abandonne au rythme de ses mécaniques, proprement, se prolétari
104
rement, se prolétarise. Je veux dire qu’une telle
pensée
ne vit plus de sa création75. Simplement, elle s’assure une survivanc
105
ble à jamais décrié, à tristement la qualifier de
pensée
prolétarisée. En vérité, c’est une dure ironie qui fit glisser nos ma
106
par l’opinion publique, se traduit dans la serve
pensée
— et pas seulement à l’Université ! — par l’usage immodéré et automat
107
jours liées — que doit s’adresser la pitié. La
pensée
sans douleur Cette sobriété méfiante et cette absence de pétulance
108
ici donc à ce point d’étrangeté où l’on oppose la
pensée
et l’action jusque sur le plan de l’éthique76. Or un homme qui profes
109
radiction » règne au cœur du monde moderne, et la
pensée
bourgeoise a réussi ce tour pendable de la faire passer pour le bon s
110
f. Admirable invention, que l’on peut baptiser la
pensée
sans douleur et qui comblait si doucement la débilité morale du siècl
111
vivons nous rend son examen relativement aisé. La
pensée
sans douleur, en effet, est d’abord une pensée systématique. Cet adj
112
La pensée sans douleur, en effet, est d’abord une
pensée
systématique. Cet adjectif évoque dans nos esprits modernes une visi
113
un État fort, n’était pas justement le fait de la
pensée
systématique, de la pensée qui délègue aux systèmes en cours (ou à l’
114
ustement le fait de la pensée systématique, de la
pensée
qui délègue aux systèmes en cours (ou à l’État) l’office du choix, fa
115
acte et de l’engagement personnel. Comme si cette
pensée
systématique et cette délégation du choix n’étaient pas, d’autre part
116
Il est mieux qu’amusant. Les disciplines de la
pensée
prolétarisée Le système du penseur distingué, qui ne veut plus for
117
l’examen des bonnes raisons, non des excès de la
pensée
distinguée.) Cependant, l’homme est ainsi fait qu’il ne décrit ou ne
118
e de souffrir et d’aimer ? Est-ce que toute cette
pensée
distinguée ne suppose pas, en fin de compte, le secret désir de rédui
119
ui serait celle de la démission spirituelle de la
pensée
bourgeoise ? Nous touchons ici au dernier chaînon de notre cycle. Bon
120
cela qui constitue le modèle calligraphique de la
pensée
moderne. Ces milliers d’étudiants enseignent à leur tour dans les lyc
121
ison, précisément, déforme. Le vice profond d’une
pensée
descriptive, c’est qu’elle trahit toujours ses présuppositions dès l’
122
: ce sont ces lois nées du dessaisissement de la
pensée
. On ne récite pas l’homme. On le forme, et si l’on s’y refuse, on le
123
ute honnêteté irresponsables de leur destinée.
Pensée
bourgeoise et doctrines étatistes Au terme de cette brève analyse
124
re non, et même un peu plus fort que d’autres. La
pensée
prolétarisée ne vit pas de ses créations — elle ne crée pas —, mais e
125
royance illusoire en la valeur de leur liberté de
pensée
peut servir de prétexte à certains intellectuels pour repousser une d
126
i de mentionner deux traits qui sont communs à la
pensée
bourgeoise et aux divers collectivismes. Le premier, c’est le postula
127
premier, c’est le postulat de l’inactualité de la
pensée
. Le second, c’est la volonté d’assurer l’homme contre les risques de
128
d’actualité que n’en comporte l’abdication de la
pensée
devant les faits, abdication dont il est né et qu’il sanctionne. Doct
129
’entends dans le conflit et l’acte personnels. La
pensée
libre du bourgeois et la science des faits du marxiste restent des ab
130
tout homme préoccupé de la valeur concrète de sa
pensée
, j’entends le problème que pose la liaison de l’étatisme et d’une cul
131
déjà nantis par la « révolution » marxiste. Cette
pensée
, prolétarisée en fait par ses abandons, se flatte d’être un jour reco
132
x qu’ils représentent l’aspect scientifique de la
pensée
contemporaine, on comprendra sans peine la belle ruse de certains de
133
l’homme, que par les mains de l’homme ; et que la
pensée
n’agit jamais sur une époque, mais sur les hommes qui pensent avec le
134
s aujourd’hui ? L’implication éthique de la serve
pensée
est seule passible d’une mise en question réelle, irritante et peut-ê
135
ui font appel à la correction des manières ou des
pensées
ou des passions, contre le style, contre le rythme singulier qui trah
136
x-là participent de la démission permanente de la
pensée
, de son inactualité, de sa séparation, de sa servitude inhumaine, de
137
nera la lâcheté sociale par décret des tyrans, la
pensée
sans douleur par diplômes et titres, la religion sans foi par le resp
138
c’est-à-dire de repos forcé pour toute espèce de
pensée
. 61. Littré : « Penser, du lat. pensare, proprement peser, puis exam
139
Encore une fois, il ne s’agit pas de soumettre la
pensée
aux mains, mais de la rendre active. 68. On peut faire une thèse en
140
tolérances, prouvant ainsi que les erreurs de la
pensée
n’ont pas nécessairement à ses yeux de conséquences pratiques. 77.
141
IIÉléments d’une morale de la
pensée
Je veux que tu me dises ta pensée maîtresse, et non que tu t’es éc
142
morale de la pensée Je veux que tu me dises ta
pensée
maîtresse, et non que tu t’es échappé d’un joug. Nietzsche. De même
143
ont bornés jusqu’ici à proclamer la liberté de la
pensée
. Il serait temps qu’ils usent de cette liberté. Il serait temps, en p
144
La liberté de penser ne doit pas signifier que la
pensée
est libre au sens idéaliste, qu’on lui donne vacance, ou qu’elle n’a
145
ce, ou qu’elle n’a plus de condition concrète. La
pensée
qui agit n’est pas libre, mais au contraire libératrice . Et c’est un
146
cela qui nous importe — mais pour le salut de la
pensée
et pour que l’homme reste humain, ou le devienne. Certes, quand nous
147
a reconnaître utilement, reconnaissons d’abord la
pensée
créatrice dans nos vies, celle qui demeure l’ouvrière efficace et méc
148
d’un siècle collectif. Est-ce à dire qu’une telle
pensée
n’ait d’autre fin que de conservation, de permanence ? Loin de là. Sa
149
mesure nouvelle, une mesure qui soit commune à la
pensée
et à l’action, à l’élite et au peuple que cette élite devrait aider.
150
risquer dans les conflits qui existent, ou que la
pensée
crée, la mission d’une culture nouvelle sera d’accepter le combat, d’
151
créateur, incarné par des hommes responsables. La
pensée
prolétarisée nous a donc menés à ce point — il n’est question ni de s
152
s du jeu. Ainsi le plus profond antagonisme de la
pensée
occidentale vient s’incarner dans notre génération. (Et déjà ce n’est
153
il y a peu de mérite, pour l’heure, à récuser une
pensée
qui ne menace pas encore à bout portant.) Søren Kierkegaard est proba
154
été faite. Si le caractère distinctif de la serve
pensée
— de la pensée soumise aux processus économiques par exemple, ou bien
155
e caractère distinctif de la serve pensée — de la
pensée
soumise aux processus économiques par exemple, ou bien à la sécurité
156
le, ou bien à la sécurité morale — est d’être une
pensée
non éthique, ou supposant une éthique a posteriori, le caractère déci
157
éthique a posteriori, le caractère décisif de sa
pensée
« existentielle » est au contraire l’a priori éthique. Kierkegaard es
158
e sens qu’elle affirme justement l’a priori d’une
pensée
formatrice, là où Montaigne veut réduire la pensée à l’a posteriori d
159
ensée formatrice, là où Montaigne veut réduire la
pensée
à l’a posteriori d’une récitation de ce que « les autres » auraient f
160
les autres » auraient formé. On a trop dit que la
pensée
commence dans l’ignorance et dans le doute. On en a même tiré prétext
161
gement. Mais il s’agit bien moins de savoir où la
pensée
commence, que de savoir où elle se manifeste réellement, comme une fo
162
mme une force qui pèse et pose une certitude. Une
pensée
réelle, c’est une pensée qui agit, et en ce point elle se confond nat
163
pose une certitude. Une pensée réelle, c’est une
pensée
qui agit, et en ce point elle se confond naturellement avec une réali
164
ans l’acte qui joint la pesée à la résistance, la
pensée
à la main qui travaille. Dans cet acte, pensée et objet témoignent de
165
la pensée à la main qui travaille. Dans cet acte,
pensée
et objet témoignent de leur existence concrète, sont le concret. (Ou
166
ce ?) Hors de cet acte, et disjointe sa prise, la
pensée
devient « l’esprit pur », la résistance devient « la matière », tout
167
ppose seul l’a priori éthique : l’actualité de la
pensée
. Toute pensée réelle agit dans l’immédiat, au lieu de rêver dans l’av
168
priori éthique : l’actualité de la pensée. Toute
pensée
réelle agit dans l’immédiat, au lieu de rêver dans l’avenir et le pas
169
es. Je chercherais à démontrer chaque fois que la
pensée
y joue un rôle décisif, et que c’est elle qui guide la main, et qui s
170
qui considère que l’action est indépendante de la
pensée
, et qu’elle subit des lois que la pensée doit se borner à décrire. Je
171
te de la pensée, et qu’elle subit des lois que la
pensée
doit se borner à décrire. Je répondrais qu’une telle culture est ou b
172
ttitudes morales qui favorisent l’actualité de la
pensée
, qui en résultent, et qui en témoignent. Mon ambition se borne donc i
173
borne donc ici à formuler quelques critères de la
pensée
qui est pensée avec les mains. Ce seront, si l’on veut, les « vertus
174
à formuler quelques critères de la pensée qui est
pensée
avec les mains. Ce seront, si l’on veut, les « vertus » — ou « valeur
175
es alternatives absolues. La première vertu d’une
pensée
active sera donc de s’attacher aux problèmes qui se posent et non pas
176
ser : Dieu, mal, souffrance, responsabilité de la
pensée
, but de la littérature, valeur de l’argent, sens dernier du progrès m
177
où l’on tient les conditions de possibilité de la
pensée
. Dans ce complexe typiquement moderne se fondent presque toutes nos e
178
out sentimentalisme88 naît de la séparation de la
pensée
ou du désir et de son acte. C’est pour cela que nous sommes si fiévre
179
ui souvent ne résisteraient pas à cinq minutes de
pensée
sobre, mais surtout qui ne résisteraient pas à ces deux questions imp
180
ique déprime et énerve à la fois presque toute la
pensée
moderne. L’Occident ne pourrait s’en guérir qu’en revenant à une éthi
181
el pourrait nous apporter d’utiles disciplines de
pensée
.) Quand nous reconnaîtrons les vrais problèmes, les vrais dilemmes qu
182
ue la violence devient cela, dans un monde que la
pensée
abandonne à ses « lois », pour se retirer dans une sécurité où elle v
183
n’a rien créé et qu’il n’a fait que réciter. Une
pensée
qui se met à l’abri des atteintes bouleversantes de la réalité se con
184
its. La réalité vivante est dans le conflit.) Une
pensée
tendue vers l’action saura seule donner forme aux réalités obscures q
185
nts, et quant aux autres, elle les détruit. Si la
pensée
se refuse à peser, à violenter, elle s’expose à subir sans fruit tout
186
ue » est en même temps l’origine et l’effet d’une
pensée
prolétarisée, non éthique. Sa permanence au cours de toute l’histoire
187
’est-à-dire de la chute originelle, qui sépara la
pensée
de l’homme de la réalité totale de l’Éden, et lui permit de concevoir
188
it faire dans ses limites. Dès cet instant, notre
pensée
se mit à mentir, à dire ce qui n’est pas et qu’on ne veut pas faire.
189
seule de supprimer radicalement l’hiatus entre la
pensée
et l’action, il appartient à une éthique « actuelle » de critiquer le
190
de cette liberté est gratuit, c’est-à-dire que la
pensée
n’a pas à se préoccuper de ses effets. Ils seraient au reste tout prê
191
t comme s’ils ignoraient, qu’il n’y a pas plus de
pensée
sans effets que d’effet sans causes. Ou mieux : ils croient que les c
192
stème dont l’acte initial est une démission de ma
pensée
ou de mes mains ne produira jamais rien de valable pour ma pensée ni
193
mains ne produira jamais rien de valable pour ma
pensée
ni pour mes mains ; bien plus, qu’un tel système, loin de préparer un
194
prit pur ! Il est l’acte d’un créateur dont toute
pensée
se forme en acte. Précisons encore ce langage. Quand je parle d’autor
195
c leurs mains : si ces mains sont brutales, et la
pensée
qui les exerce encore abstraite, c’est que le monde abandonné par les
196
, y a perdu le sentiment. Résumons-nous : pour la
pensée
active, rien n’est pratique ou théorique, tout est concret au sens pr
197
s où j’entends ce mot, qui est l’indivision de la
pensée
et de son geste. L’autorité de même sera l’indivision de la pensée et
198
geste. L’autorité de même sera l’indivision de la
pensée
et de ses risques. Et ce qui révélera dans un auteur l’autorité, ce s
199
istant à soumettre sans cesse l’automatisme de la
pensée
à sa volonté créatrice, et à revendiquer âprement la primauté du risq
200
ne sont pas radicales. Parce que mes mains et ma
pensée
ne sont pas unies par ma vue, mais par mon acte ! Maximes infiniment
201
t, c’est-à-dire la présence du réel. Il rend à ma
pensée
sa gravité, son poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la pensée
202
on poids, sa raison d’être. Il me rappelle que la
pensée
en tant que telle n’est jamais séparable de sa création, qui la sanct
203
clercs défendent et définissent une liberté de la
pensée
qui n’est au vrai qu’une assurance contre toute espèce de sanction. I
204
pour le penseur, s’il sait que la violence de sa
pensée
fonde la seule autorité valable. La liberté de penser n’est réelle qu
205
e à toutes ses activités. C’est en ce sens que la
pensée
avec les mains est nécessairement une pensée originale, une pensée qu
206
e la pensée avec les mains est nécessairement une
pensée
originale, une pensée qui reproduit et qui aggrave l’acte instituant
207
ains est nécessairement une pensée originale, une
pensée
qui reproduit et qui aggrave l’acte instituant l’origine de l’homme.
208
journaux. Ce serait donc le premier office d’une
pensée
modestement technique, mais servant des fins créatrices, que d’élabor
209
d’autre les éléments qu’il désunit, mots et idée,
pensée
et acte, corps et âme, etc. Dès lors, leur réunion même ne suffit plu
210
ation Tout ce que j’ai dit contre une certaine
pensée
, puis en faveur d’une certaine éthique, vise uniquement à désigner l’
211
’opposent absolument à l’acte d’incarnation d’une
pensée
; car celui-ci n’est pas une évasion puisqu’il cherche toujours son p
212
a dépasser. Pourtant, toute volonté d’incarner la
pensée
côtoiera ce double péril. C’est là sa dialectique particulière, c’est
213
de plus — c’est capital — naîtra d’un élan de la
pensée
vers une fin qu’elle invente ou qu’elle a vue. Car la pensée qui agit
214
une fin qu’elle invente ou qu’elle a vue. Car la
pensée
qui agit, c’est celle qui sait où elle va. Septième vertu : l’imag
215
oindre et d’accomplir. Voilà le vrai moteur de la
pensée
. Pour l’homme créateur, vraiment humain, et que j’appelle la personne
216
l’imagination, et sa vision. Penser, exprimer sa
pensée
, ce sera toujours créer les voies qui conduisent au but dernier. Ce s
217
. Nous retrouvons ici la division du mot et de la
pensée
, qui a pour premier effet de priver la pensée de son efficacité. C’es
218
la pensée, qui a pour premier effet de priver la
pensée
de son efficacité. C’est que l’on a pris l’habitude de penser, de par
219
sme, soit que l’on oublie les fins communes de la
pensée
. J’entends par données concrètes : les raisons qui poussent un homme
220
a masse, mais aussi de l’individu, le style d’une
pensée
active se distinguera par une double opposition : d’une part il oppos
221
y soumettre ses moyens. Le style qu’il faut à une
pensée
communautaire ne sera pas forcément « populaire », car le peuple qui
222
nombre de mesures communes réglant leur vie, leur
pensée
, leur action, leur lutte contre la mort et l’anarchie. Les Juifs ont
223
but commun et de la volonté de le servir par leur
pensée
. Le plan précis du cadre matériel nouveau importe moins que la restau
224
, définissable : c’est l’acte d’incarnation de la
pensée
, le geste profond, spécifique et ordonnateur de la puissance occident
225
jusqu’à présent la société, l’État, les lois, la
pensée
et l’action, n’étaient pas le vrai centre de l’homme, qui est la pers
226
te seule raison, la société, l’État, les lois, la
pensée
et l’action déformaient l’homme et se l’asservissaient. Ainsi se trou
227
nd il devient un héros.) Précisons : réaliser une
pensée
, ce n’est pas seulement la mettre à exécution — ce qui pourrait signi
228
ire d’amour, une affaire de solitude menacée. Une
pensée
et une vie sont aux prises : qu’on les laisse donc seules à ce débat
229
a mange et qu’on l’oublie. Ainsi de tant d’autres
pensées
, d’un désir ou d’un idéal : ils ne s’incarnent qu’à ce prix. Combien
230
tres, et guident notre main. Par eux s’incarne la
pensée
, et c’est là l’héroïsme de l’esprit. Car toute incarnation s’opère au
231
i du monde, et il est admirable de l’aimer. Et la
pensée
même de Dieu ne s’est point soustraite à cette loi, c’est-à-dire à ce
232
te de la logique interne du désordre régnant — la
pensée
prolétarisée —, nous104 avons entrepris la description d’un nouvel or
233
ssèchent. Or l’origine du relâchement est dans la
pensée
même : c’est elle d’abord qui a péché. Mais du péché dans lequel nous
234
ère. Mais au fond de l’abîme de la Séparation, la
pensée
a reçu, par l’incarnation de l’esprit, une nouvelle puissance de salu
235
u spirituel, c’est la primauté du créant, de la «
pensée
qui pense » sur la « pensée qui est pensée ». Primauté décisive mais
236
té du créant, de la « pensée qui pense » sur la «
pensée
qui est pensée ». Primauté décisive mais pourtant reperdue sans cesse
237
e la « pensée qui pense » sur la « pensée qui est
pensée
». Primauté décisive mais pourtant reperdue sans cesse. Car il n’arrê
238
comment le souci d’honnêteté et le sérieux de la
pensée
universitaire aboutissent normalement à un faux : « se boucher les ye
239
Puis définir la part de décision personnelle, de
pensée
véritable, de finalité réfléchie, que comporte chacune de ces classes
240
tes qui comporte le maximum d’interventions de la
pensée
n’est pas précisément celle qui détermine les grands mouvements socia
241
91. Qu’est-ce qui, dans notre langage ou notre
pensée
, n’est pas conformiste ? C’est ce qui est créé, c’est-à-dire ce qui n
242
ontinentale ouverte au monde. VUn traité de la
pensée
engagée Ceux qui ne croient pas, avec certaines factions de la jeu
243
mensuelle intitulée par les soins de Mounier « La
pensée
engagée ». Un an plus tôt j’avais publié Politique de la personne ,
244
r des « intellectuels » français. […] Pour qu’une
pensée
s’engage dans le réel, il ne faut pas ni ne saurait suffire qu’elle s
245
ans l’utilisation accidentelle et partisane d’une
pensée
que réside son engagement. C’est au contraire, dans sa démarche intim
246
cidé tout récemment de renoncer à l’usage de leur
pensée
devant la menace hitlérienne, ont exprimé en toute clarté qu’ils étai
247
risques personnels compris — car il n’est pas de
pensée
innocente, de création sans sacrifice, d’incarnation sans doutes parf
248
ent que Penser avec les mains est un traité de la
pensée
engagée, et même le premier de sa sorte. VIPour une écologie polit
249
se reconnaissait dès lors non pas à son style de
pensée
, d’écriture ou de vie, mais au seul fait qu’il signait exclusivement