1 1940, Mission ou démission de la Suisse. Avertissement
1 tention : ils sont tous nés d’un même souci de la personne et de son rôle dans la communauté ; et tous, ils s’adressent à la Sui
2 une conférence sur le protestantisme créateur de personnes . C’est qu’avant de rien proposer, il convient de dire qui l’on est, d
2 1940, Mission ou démission de la Suisse. Le protestantisme créateur de personnes
3 ssion générale s’est instituée sur les notions de personne , d’individu et de personnalité. Il existe un mouvement personnaliste
4 trer l’importance concrète d’une définition de la personne pour toute action dans la cité4. Ces discussions, souvent encombrées
5 este pas moins que le mot d’ordre « Défense de la personne humaine » est devenu le slogan par excellence des hommes d’État démoc
6 s théoriques que l’on a proposées entre individu, personne et personnalité. Je préfère illustrer ces notions par des exemples hi
7 rues dans l’Histoire les notions d’individu et de personne , et les systèmes qui s’y opposent, nous verrons mieux comment se situ
8 les deux tiers de la population, ne sont pas des personnes , puisqu’ils ne jouent pas de rôle dans les rouages de l’État. Il est
9 l est important de rappeler ce sens romain du mot personne . Je le traduirais volontiers en langage moderne par le terme de solda
10 vec son sens nouveau, et la réalité sociale de la personne , sont bel et bien des créations chrétiennes ou, pour mieux dire, des
11 ception occidentale de l’homme : l’individu et la personne . Et vous voyez que la distinction entre ces deux vocables si courants
12 ollectiviste. Il fallait le prévoir. En effet, la personne chrétienne était une sorte de paradoxe : elle unissait l’individu lib
13 aître ou à s’altérer, la communauté fondée sur la personne courait le danger d’une double déviation : d’une part vers l’individu
14 oir politique tendait à opprimer la liberté de la personne , en absorbant celle-ci de plus en plus dans des engagements séculiers
15 er pour proclamer les droits et les devoirs de la personne chrétienne — c’est la Réforme. Nous touchons au cœur même du sujet. Q
16 de la Réforme. Calvin ni Luther n’ont parlé de la personne en soi. Ils n’ont pas fait une théorie personnaliste, ils ne paraisse
17 ur sauver l’Église véritable, car, écrit-il, « si personne n’allait au-devant pour rembarrer ces deux vices, toute la pureté de
18 ise primitive était une communauté spirituelle de personnes , d’hommes nouveaux, à la fois libres et engagés, constituant une mult
19 de Calvin, dans la diversité « des Églises et ses personnes particulières ». Car non seulement il y a plusieurs Églises, mais à l
20 eur de chaque Église locale, il y a diversité des personnes particulières, c’est-à-dire des vocations. Avec ce terme, Calvin n’aj
21 orte une précision capitale à la définition de la personne . À tel point que je dirais volontiers que la définition protestante d
22 is volontiers que la définition protestante de la personne , c’est la vocation. La persona romaine, c’était le rôle joué par un i
23 e joué par un individu dans le plan de l’État. La personne chrétienne, ce sera le rôle que Dieu attribue à chaque homme dans Son
24 e nous retrouvons ici le paradoxe essentiel de la personne  : à la fois libre et engagée, distincte et reliée à nouveau. Car le r
25 ns la société, à sa juste place. Notons que si la personne doit être respectée par l’État, ce n’est pas en vertu d’on ne sait qu
26 ct des diversités en politique, et le respect des personnes dans la vie privée. L’un entraîne l’autre, l’un ne va pas sans l’autr
27 r d’une autre manière encore. Qui dit respect des personnes , dit préoccupation de les éduquer. Et vous savez que les problèmes d’
28 notions fondamentales telles que l’individu et la personne , abordons notre siècle et l’histoire présente. Car en définitive, c’e
29 t celui des nations qui respectent l’Église et la personne . Nous y trouvons des formes de gouvernement aussi disparates que poss
30 forts pour lever le masque, et leur mépris de la personne . Voici, à mon avis, les causes de ces deux phénomènes. En Russie, en
31 art il a toujours favorisé le développement de la personne et donc la formation d’élites civiques actives, on comprendra sans pe
32 ers qui menacent en permanence notre morale de la personne . Je vais le montrer par deux exemples dont j’essaierai de tirer des c
33 adoxe vivant que représente en chacun de nous, la personne  : l’homme qui sait ce qu’il doit engager tout en gardant sa liberté,
34 second point : quelle est la condition faite à la personne dans les pays totalitaires ? C’est très simple. On a détruit l’un des
35 ès simple. On a détruit l’un des deux pôles de la personne  : celui de la liberté ou de l’autonomie, et l’on a tout réduit à l’au
36 ennent possibles. Certes, l’on crée des ersatz de personnes , ou plutôt de personnalités — des milliers de petits Führer — mais c’
37 nalités s’appelle au vrai : caporalisation. Et la personne ainsi comprise n’est plus qu’à peine une persona au sens romain, un r
38 entive, inattaquable tant qu’elle reste pure, des personnes librement solidaires, telles qu’en forme l’éthique protestante. Seule
39 est bien souvent que le résidu, l’empreinte d’une personne sur un individu qui ne croit plus à sa vocation, et qui a simplement
40 l’importance pratique de cette distinction entre personne et personnalité. Hitler peut former, lui aussi, des personnalités éne
41 ni surtout ne veut former, ce sont justement des personnes , des vocations irréductibles aux ambitions spirituelles de l’État. Ce
42 ctibles aux ambitions spirituelles de l’État. Ces personnes -là, ce sont ses véritables adversaires, les seuls sérieux, et il le s
43 ue l’on ne peut pas tolérer, c’est précisément sa personne , c’est-à-dire sa vocation particulière, qui est de prêcher l’Évangile
44 ent opérer, dans le concret, la distinction entre personne et personnalité. Je ne vois aucune raison de lui laisser le bénéfice
45 entre et l’axe même de la notion chrétienne de la personne , à la fois libre et engagée. Il en résulte que la Réforme, et spécial
46 et d’abord contre les déviations humanistes de la personne  : transformons nos démocraties individualistes en démocraties vraimen
47 « personnalités », mais de nos vocations, de nos personnes , alors seulement nous pourrons répéter la fière devise des vieux hugu
3 1940, Mission ou démission de la Suisse. La bataille de la culture
48 te guerre étrange, si lentement engagée, comme si personne n’y croyait tout à fait, comme si personne n’avait très bien compris
49 mme si personne n’y croyait tout à fait, comme si personne n’avait très bien compris pourquoi les peuples, tout à coup, commença
50 s un monde à ce point stupéfié par une guerre que personne ne voulait, et qui tout de même, était là ? Il n’y avait plus qu’à se
51 les de l’action. Si les discours ne trompent plus personne , si les mots n’ont plus de pouvoir, si les critiques même les plus pe
52 nstres froids. » Mais à part ces deux solitaires, personne ne sut ou n’osa voir à quoi devait conduire le Progrès, abandonné à s
53 , nous en avons ajouté d’autres sur lesquels plus personne ne s’entend. Tout le monde veut défendre l’esprit, mais pour certains
54 munauté nouvelle. Voilà l’homme que j’appelle une personne  : il est à la fois libre et engagé, et il est libéré par cela même qu
55 nous souffrons sont avant tout des maladies de la personne . Quand l’homme oublie qu’il est responsable de sa vocation envers ses
56 homme redevient conscient des vrais besoins de sa personne . Prenons le domaine de l’histoire, par exemple. Nous y voyons s’opér
57 volonté de recréer des groupes à la mesure de la personne , matériellement et moralement, que je vois la commune mesure de la ci
58 de et une culture sur la base de la diversité des personnes et des vocations, c’est aujourd’hui le seul moyen de préparer une pai
59 ssi de ses échecs, que nous connaissons mieux que personne . Tout mon espoir est qu’il se forme ici des équipes de fédérateurs, d
60 ns encore su conserver une cité à la mesure de la personne , nous qui sommes encore épargnés, ne perdons pas notre délai de grâce
4 1940, Mission ou démission de la Suisse. Neutralité oblige, (1937)
61 s matérielles, ou sociales, ou nationales. Ce que personne n’a jamais eu l’idée de mettre en question parmi nous. Par exemple, d
62 l’opposition tragique à l’intérieur d’une même «  personne  », des vocations spéciales d’autres nations. Et c’est là notre vocati
63 de l’équilibre fondamental entre les droits de la personne et ceux de la communauté. 20. On pourrait signaler aussi la garde de
5 1940, Mission ou démission de la Suisse. Esquisses d’une politique fédéraliste
64 véritablement personnaliste. La philosophie de la personne est d’ailleurs la seule philosophie acceptable pour le fédéraliste. J
65 hie acceptable pour le fédéraliste. Je définis la personne comme l’homme à la fois libre et engagé, à la fois autonome et solida
66 tral et l’autonomie des régions fédérées. Car une personne , au sens où je l’ai définie, sait qu’elle doit normalement sacrifier
67 j’entends l’exercice libre des vocations. Pour la personne , point de contradiction de principe entre ces deux nécessités vitales
68 encore et surtout, par volonté. Leur esprit, leur personne , retrouvent ainsi plusieurs grandes dimensions, au-delà des limites d
69 n européenne, si elle se fait, sera faite par des personnes , et non point par des troupes, au sens politicien du terme. Les troup
70 quement au pouvoir des systèmes totalitaires. Les personnes , telles que je les définis, ne peuvent vouloir qu’un organisme fédéra
71 ne troupe d’employés anonymes, mais une équipe de personnes responsables.) C’est le charisme de la Suisse que de produire des hom
6 1940, Mission ou démission de la Suisse. Appendice, ou « in cauda venenum » Autocritique de la Suisse
72 du Christ qui n’ont de sens que par rapport à sa Personne , à son Royaume, à son Éternité. Répéter que les tièdes seront vomis,