1 1948, L’Europe en jeu. Trois discours suivis de Documents de La Haye. I
1 tte doctrine impliquée dans une philosophie de la personne , que nous étions quelques-uns à construire en pleine marée totalitair
2 je m’efforçai de confronter ma « politique de la personne  » et la doctrine fédéraliste qui en résulte, avec les réalités europé
3 licière, la négation du droit et des droits de la personne , une conception de l’homme réduit au partisan, une technique du menso
4 domine en création) c’est celui que j’appelle la personne . Et ces institutions à sa mesure, à hauteur d’homme, traduisant dans
5 éfinitions philosophiques de ces deux termes : la personne et le fédéralisme. Cette manière d’apparence rigoureuse s’autoriserai
6 randeur et de sa spiritualité. Voilà le drame. La personne , en effet, c’est en chacun de nous le conflit permanent entre la libe
7 dès que ce combat se relâche à l’intérieur de la personne , nous avons la guerre au-dehors. Je m’explique. Quand l’homme se cons
8 dividualisme ». C’est, au contraire, au nom de la personne , de prêcher l’engagement personnel, libre, efficace et constamment cr
9 r le collectivisme autoritaire. Sur le plan de la personne , et du civisme donc, la déviation vers l’anarchie d’une part, la dévi
10 nce ardente autour de cette notion centrale de la personne , car ses déviations perpétuelles vers l’individu sans devoirs ou vers
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11 e débat créateur, le dialogue permanent, c’est la personne . Voilà donc définis trois types humains, qui favorisent trois types d
12 ime totalitaire. Enfin, à l’homme considéré comme personne , à la fois libre et engagé, et vivant dans la tension entre l’autonom
13 araît indispensable. Il ne faut pas penser que la personne soit un moyen terme ou un juste milieu entre l’individu sans responsa
14 ilité et le soldat politique sans liberté. Car la personne , c’est l’homme réel, et les deux autres ne sont que des déviations mo
15 rbides, des démissions de l’humanité complète. La personne n’est pas à mi-chemin entre la peste et le choléra, mais elle représe
16 roupes de citoyens responsables, c’est-à-dire des personnes fédérées. Ayant ainsi esquissé à grands traits la conception de l’hom
17  » En effet, « un pour tous » signifie l’élan des personnes et des régions vers l’union, tandis que « tous pour un » signifie l’a
18 l’union doit apporter à chaque région et à chaque personne . Il est infiniment probable que, sur le plan européen, nous allons vo
19 eraient ainsi dans plusieurs de ses dimensions la personne même de ceux qui s’y rattachent. Certes, il est plus facile de décrét
20 on se forme de proche en proche, par le moyen des personnes et des groupes, et non point à partir d’un centre ou par le moyen des
21 ment une union douanière. Et surtout, ce sont des personnes qui créent peu à peu des réseaux variés d’échanges européens. Rien de
22 onde. La fédération sera l’œuvre de groupes et de personnes qui prendront l’initiative de se fédérer en dehors des gouvernements
23 rnements nationaux. Et ce sont ces groupes et ces personnes qui formeront le gouvernement de l’Europe. Il n’y a pas d’autre voie
24 ortels Après le congrès de Montreux, plusieurs personnes me dirent en souriant assez gentiment : « Vous avez donc pris part à
25 doute la plus urgente de l’heure. Je le dis à ces personnes , de toute ma conviction, mais je vis bien qu’elles demeuraient scepti
26 ais c’est électoral et cela passe pour pratique. ( Personne ne sait pourquoi, et bien peu se le demandent. Le jeu électoral vit d
27 oirs, ni le soldat politique sans droits, mais la personne à la fois libre et engagée, l’homme qui sait ce qu’il se doit et ce q
28 pe, jusqu’à ce qu’ils soient dûment colonisés ! » Personne n’ose dire cela, ou comme cela. Mais certains le pensent, et finissen
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29 utira ce congrès de l’Europe. Le 19 juin de 1789, personne ne prévoyait le serment du Jeu de Paume, qui marqua le lendemain un t
30 enne de la Charte des droits et des devoirs de la personne , et à laquelle puissent en appeler directement, contre l’État ou le p
31 épendent, mais qu’il est avant tout l’enjeu de la personne , la chance de l’homme au xxe siècle. Et c’est pourquoi la hiérarchie
32 rectrice de nos révolutions : c’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et reprise par
33 malgré le refus des socialistes de donner ce que personne ne leur avait demandé, ils viendront à La Haye à titre personnel, par
34 le nationalisme et l’esprit partisan, je ne vois personne au monde qui puisse le faire avec quelque chance de succès. Nous avon
35 s, qui est celle d’un très vieux Parlement, mille personnes , mille Européens. Je reconnais dans la foule quelques têtes, la moust
36 hargée de sanctionner une Charte des droits de la Personne  ; l’Assemblée de l’Europe, représentant les forces vives des nations,
37 ssemblée européenne. Mais il est fort étrange que personne n’ait songé à le compléter au lieu de l’éliminer. Comment corriger le
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38 exercice effectif des droits et des devoirs de la personne humaine, tels que les comprend l’Occident. La conception européenne d
39 rectrice de nos révolutions : c’est l’idéal de la personne humaine. Cette notion d’origine chrétienne, acceptée et reprise par l
40 icain) qui garantit les droits fondamentaux de la personne , qui respecte l’opposition, et qui entretient un climat tolérable de
41 especte les droits humains qui appartiennent à la personne , comme l’habeas corpus, le droit de circuler, le droit de professer l
42 suprême 11. Enfin, la protection des droits de la personne , qui doit rester le but principal de l’Union exige l’institution d’un
43 tion d’une Charte des droits et des devoirs de la personne , doublée d’une Charte des droits et des devoirs de la nation, toutes
44 l’Union, ne sauraient fonctionner au bénéfice des personnes , groupes et nations, que s’ils sont approuvés et soutenus par l’opini
45 s et les institutions qu’implique son idéal de la personne . L’heure est venue de rallier pour ce nouveau destin tous les peuples
46 ure aux États, à laquelle puissent en appeler les personnes et les collectivités, et destinée à assurer la mise en œuvre de la Dé
47 ur l’illustration des droits et des devoirs de la personne humaine, dont, malgré toutes ses infidélités, l’Europe demeure aux ye